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 |  Sujet: L'amnésie totale Ven 29 Nov - 5:47 | |
| Ploc... Ploc... Ploc...
Noir. Tout est noir. D'ailleurs, je ne me souviens pas avoir déjà vu une autre couleur. Ni quoi que ce soit d'autre. Pourquoi je ne m'en souviens pas ? Pourqoi je ne me souviens de rien ?
Ploc... Ploc... Ploc...
Et ce bruit. Régulier. Constant. Ce bruit est la seule chose qui puisse me permettre de survivre. D'abord parce que je me raccroche à lui comme à une corde, afin de ne pas sombrer totalement dans la folie. Mais aussi parce que ce bruit est produit par de l'eau. Une minuscule flaque d'eau dans un coin de cette gigantesque salle. Et une petite goutte qui vient frapper la surface de cette onde et la troubler. C'est à cette petite goutte que je dois la vie. Chaque jour, elle étanche ma soif. Chaque jour. C'est bien étrange comme formulation lorsque l'on ne sait pas mesurer le temps. Je suis ici depuis environ trois jours. Du moins, c'est ce que j'imagine. Je ne souviens pas être arrivé ici.
Ploc... Ploc... Ploc...
C'est long. Et puis cette douleur. J'ai affreusement mal dans tout le corps. J'ai l'impression qu'on m'a arraché le côté gauche du visage. J'avance lentement le bout des doigts vers ma figure. Je sens le contact froid de ma chair. D'un doigt, je parcours les traits de ce visage qui m'est inconnu. Je ne me souviens réellement de rien. Quel est mon nom ? Qui suis-je ? Pourquoi suis-je ici ? Tant de questions sans réponse. Une plaie. C'est une plaie qui me cuît le visage. Du haut de l'oeil gauche à la base du cou. Elle ne saigne pas. Je débute un minutieux examen de mon corps.
Ploc... Ploc... Ploc...
Des plaies. Beaucoup de plaies. Et des cicatrices. J'ai le haut des épaules brûlés. Certaines plaies supurrent. Je porte un T-shirt fin, déchiré par endroit, et un pantalon de toile. Je suis pieds nus. Cet examen m'a épuisé. J'ai soif. Je me traîne jusqu'à la source, trempe les lèvres dans l'eau. La douleur est telle que je m'évanouis. Je souffre.
Ploc... Ploc... Ploc...
Un éclat. J'entrouvre un œil. Une aveuglante lueur me brûle la rétine. Je baisse ma paupière. Pourquoi y-a-t'il de la lumière ? Et cette forme sombre ? Cette forme. Je me rends brusquement compte de mon erreur. J'ouvre les deux yeux. Une silhouette se profile dans l'encadrement d'une porte. Un homme de grande taille. Je ne vois de lui que le blanc de ses yeux, qui brille dans le noir. J'ai peur.
Ploc... Ploc... Ploc...
Il s'approche. Je ne vois toujours pas son visage. Il m'empoigne et tente de me traîner par la porte. Il viens me torturer. Je résiste. Il me lâche et je rampe vers le centre de la salle. Une main sur ma cheville. Je quitte le sol, la tête en bas. Le temps s’arrête. Et mon cœur ne bat plus.
Ploc... Ploc... Ploc...
Tout s'accélère. Je ne maîtrise plus rien. C'est comme si quelqu'un agissait à ma place.
Yūdokuna Kumo
Une étrange fumée s'échappe de moi. Le garde tousse et me lâche. Je m'écrase au sol. J'ai mal.
Je me relève, le poing en l'air. Un craquement. Du sang. Il s'évanouit, le nez brisé.
J'enjambe le corps endormi. Je sors de la salle. Je cours.
Des centaines de portes, le long d'un couloir unique. Je fonce. Ma vie en dépend. Au bout du corridor, une autre porte. Je la défonce d'un coup d'épaule.
De l'air ! Je suis à l'air libre !
Je cours, je ne m'arrête pas. Rien ne peux m'arrêter ! Le vent fait voler mes cheveux. Tous mes sens sont en éveil. C'est tellement bon. Je n'ai plus peur, plus jamais. Je cour toujours, la distance est mon allié.
Mais le temps me rattrape. La nuit tombe, et bientôt je ne vois plus à un mètre devant moi.
Je m'arrête, m'appuis sur un arbre et reprend mon souffle. Je m'assied et contemple le paysage qui s'offre à moi. Un immense forêt, belle par son feuillage verdoyant et ses chants d'oiseaux. Je m'assoupis en songeant à mon passé...
Dernière édition par Kyouhu Fumetsu le Lun 2 Déc - 18:36, édité 1 fois |
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