Sujet: Parce qu'il faut bien commencer quelque part... Jeu 20 Mar - 12:55
Kyûji rageait intérieurement alors qu'il se glissait entre les passant du petit village de Shin'hei. Non seulement il avait l'impression de chercher une aiguille dans une botte de foin, car les rares informations qu'il avait pu recueillir sur les voleurs étaient bien maigres, mais de plus, il était personnellement tracassé. Il aurait eu envie de dire non à Hanako lorsque celle-ci s'était proposée pour partir à la recherche de l'Akatsuki. Elle avait sûrement quelque chose en tête, et son projet était sûrement des plus nobles. Mais pour le jeune homme, elle n'avait clairement pas la maturité et la force nécessaire à une telle entreprise. Son coeur se serra à l'idée même qu'elle se fasse capturer, ou pire, tuer par un des membres de l'organisation au manteau rouge et noir... Il respira fortement, en proie à un malaise, mais Matatabi put le calmer assez facilement. Sans le Bijuu, Kyûji aurait été en proie à des crises d'angoisse permanentes, trop de pression sur lui, sur sa famille, sur ses amis. Il était perpétuellement au bord du précipice... Et le démon avait un pouvoir apaisant sur son esprit.
Cela n'empêchait pas le garçon de ruminer ses tracas. Lui-même n'aurait pas dû partir à la recherche des criminels, étant donné qu'il était une des proies de ceux qu'il cherchait ardemment. La raison aurait voulu qu'il se cantonne à remplir quelques missions éparses, dans les abords du village en priorité, mais il ne pouvait se résoudre à laisser à d'autres la tâche qui lui incombait, celle pour laquelle on l'avait formé, son devoir. Il avait donc commencé par ce qui était pour lui prioritaire : retrouver les sharingans. Après tout, l'Akatsuki étant très probablement en possession de ces yeux, rechercher ces derniers revenait à trouver l'organisation. Et même s'il aurait préféré se mettre en chasse, il devait tout d'abord retrouver la trace des sharingans...
Il fut sortit de ses tourments par un petit garçon qui lui rentra littéralement dedans ! Ce dernier tomba en arrière, et poussa un grognement de douleur. Kyûji l'aida à se relever, agacé.
– Fais attention où tu marches gamin...
Son ventre se mit à grogner à son tour. Mazette... Cela faisait deux jours qu'il n'avait pas mangé un morceau, trop occupé à courir de partout pour interroger des gens, chercher des indices, noter tout ce qu'il avait pu observer et relire tous les rapports concernant des membres de l'Akatsuki à la suite de la mort de Naruto. Cette fois-ci, le gargouillis se fit plus fort, et il sentit sa tête lui tourner. La voix impérieuse du démon à deux queues résonna dans son esprit :
"Va te restaurer, tu ne pourras pas continuer dans ces conditions !"
Sans discuter, Kyûji écouta la voix de la sagesse. Il savait que s'il ne suivait pas ses conseils, Matatabi lui rendrait la vie impossible. Il avisa un restaurant non loin, à la devanture un peu sale. Il semblait vendre des sushis, des brochettes de pieuvre, et bien entendu, des nouilles. La pancarte était à moitié décrochée, la peinture, écaillée par endroit, laissait entrevoir le bois vermoulu, et une impression d'insalubrité s'en dégageait. Pourtant, la porte d'entrée était impeccable, le sol balayé, et aucune mauvaise odeur ne venait incommoder le jeune Hyûga. Les apparences pouvaient parfois être trompeuses... Il entra.
Les tables étaient cirées, l'établissement rempli. Il put tout de même discerner une petite place, à laquelle il s'assit. Il étala ses jambes lasses, s'étira un peu. Kyûji ôta son manteau, et se mit à l'aise. Il avait opté pour une tenue assez discrète, ni une tenue militaire, ni sa tenue d'Anbu. Ses joues étaient rêches, il ne s'était pas rasé depuis une semaine, au moins. Il se gratta le menton d'un air songeur. C'est alors qu'une petite silhouette attira son attention.
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Sujet: Re: Parce qu'il faut bien commencer quelque part... Ven 28 Mar - 22:46
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Kyûji & Hime
Le monde s’étend à perte de vue. Les plaines, les forêts, les maisonnettes perdues. Le ciel s’offre à toi dans toute sa splendeur bleutée. Le vent t’enveloppe de sa fraîcheur comme une seconde peau, fait s’envoler tes boucles blondes inondées de soleil. Toute la beauté de l’univers semble être présente en un seul lieu, et se présente, brute, à tes yeux d’enfants. Trop jeune pour apprécier cet instant de sérénité, tu te contentes de fixer un point de l’horizon, sans vraiment le voir. Tu attends simplement. Observer des hommes aussi grands que des pions sur un échiquier agir comme s’ils pensaient être les plus grands de l’univers ne t’amuse plus. Pas plus que les oiseaux gros comme des points esquissés à la pointe d’une plume qui volent dans l’azur. L’absence de cailloux sur le sol chaotique n’éveille plus ta curiosité. La rugosité du bois dansant sous tes paumes a désormais tendance à te faire mal. L’aspect cotonneux et les formes évocatrices des nuages ne te transporte plus aussi loin qu’avant. Tes rêves s’effritent les uns après les autres. Du sang a coulé sur ton visage, sur tes vêtements. La vie d’êtres humains s’est déversée une dernière fois sur ton corps avant de s’évanouir à jamais dans une nature souillée par leur présence. La chaleur douceâtre qui se dégageait de leurs corps mutilés t’a marqué comme un fer chauffé à blanc. Non contente de salir ta peau de porcelaine, elle a également entaché ton âme d’enfant. S’il n’y avait eu que ça, tu aurais pu attendre que le traumatisme s’atténue. Mais de nouveaux monstres viennent hanter tes cauchemars. Des créatures d’encre noire, liquide, étouffante. Les bruits d’une chair qui se déchire. D’horribles gargouillis. Des cris que se noient dans la mort. Les fantômes de ceux que ton compagnon de route a charcutés.
Tu voudrais avoir sa force. La force d’affronter la mort en face, sans ciller, sans te dérober. Rester de marbre et ne plus t’écrouler lorsque le souffle te manque. Garder tes distances avec ces meurtres qui ne te concernent pas. Mais tu en es incapable. Ton rythme cardiaque s’accélère, tes jambes flageolent, tes yeux se nimbent d’un rideau de larmes. Tu ne peux que t’incliner face à ce golem qui tranche les corps ennemis comme il respire. Tu devrais le craindre. Cesser de fermer les yeux sur sa violence inouïe, te défaire de ce compagnon dangereux. Le quitter à tout jamais et t’en aller en direction d’une vie normale. Un village où tu cesserais de piller les habitants pour t’y installer. Où tu trouverais une famille aimante et une école formant de grands ninjas. Où tu t’épanouirais à la façon d’une fillette de ton âge. Le grand type te suivrait-il ? Certainement pas. Et c’est bien ça qui te dérange. Il n’y a pas meilleure protection contre la cruauté du monde que ce tas de muscles à la détente facile. Depuis votre rencontre, tu sais que tu n’as pas à avoir peur de cet être agressif. Il a beau passer son temps à tuer ceux qui s’approchent un peu trop près de lui, tu ne le vois pas comme un être animé de mauvaises intentions. Il ne s’en prend qu’à ceux qui lui cherchent des noises. Ou qui s’en prennent à toi. Mais jamais aux vrais innocents. Et, plus important encore, il est incapable de te faire du mal. Dans le cas contraire, il s’en serait pris à toi depuis bien longtemps. Mais tu es là. Dans son ombre, toujours à ses côtés. Ta présence l’a changé. Tout comme la sienne a une grande influence sur ta vision du monde. Sans lui, tu serais probablement restée imperméable aux barbaries de la survie en pleine nature. Tu n’aurais tué personne, et personne n’aurait eu ta peau. Comme ç’avait été le cas jusqu’à ce fameux jour. La mort t’effleurait sans vraiment représenter de réel danger. A présent qu’elle vient régulièrement te chatouiller les narines, s’exposer à tes yeux écarquillés d’horreur, tu t’ouvres à de nouvelles perspectives. Un phénomène léger, dont tu n’as même pas conscience. Ton comportement ne change pas. Tu es toujours cette petite boule d’énergie, prête à prendre des risques inconsidérés dans la simple optique de se divertir. A croire que ta bonne humeur ne connaît aucune limite. Mais dès que tu trouves le sommeil, tes démons prennent vie. La noirceur que tu évinces durant la journée prend l’ascendant et meurtrit tes rêves d’enfant. Tu ne vois plus seulement de cruelles flammes dévorer des corps à l’agonie. Tu revois ces fontaines de sang s’élever dans un ciel d’un blanc immaculé. Tu entends des cris, des supplications. Et tu te réveilles en sursaut, persuadée que la sueur qui perle sur ton visage est l’incarnation sanglante de tes cauchemars. Il te faut un moment avant de revenir à la réalité. Tu flottes un long moment, seule dans un couloir oppressant, avant de reprendre tes esprits. Quand tu émerges enfin des profondeurs tortueuses de ton âme, tu te recroquevilles sur toi-même et attends le lever du jour. Et la vie reprend son cours.
Tu pousses un léger soupir et redescends sur terre. Agile comme un écureuil, tu te défais du froid manteau du vent, et dégringoles de branche en branche avant de renouer contact avec le sol. Tu esquisses quelques pas prudents, vérifiant que tu n’as pas perdu l’habitude de marcher. Puis tu décides d’écouter ton estomac, qui te crie de lui offrir quelque chose. De l’eau, des fruits, de la viande, n’importe quoi. La première chose qui te passera sous la main. Bien décidée à lui obéir, tu vas chercher ton garde du corps. Tu le trouves appuyé contre un tronc d’arbre, les yeux résolument clos. Le vieux est encore en train de pioncer. Tu lèves les yeux au ciel, exaspérée. Tu comprends qu’il ait besoin de reprendre des forces, mais ne pourrait-il pas attendre que la lune soit haut dans le ciel ? Tu voudrais qu’il comprenne à quel point chaque minute est précieuse. Tu veux t’amuser, profiter, rire, et surtout découvrir le monde tout entier. Un rêve qui prend du temps. Tu ne peux te permettre te perdre une seule seconde. Alors, avec ou sans ton compagnon à cape noire, tu vas te mettre en route. Et puisqu’il ne semble pas décidé à ouvrir les yeux, tu as fait ton choix. Il n’aura même pas besoin de se mettre en colère. Tu rentreras avant qu’il ne se rende compte de ta soudaine disparition. Persuadée que ton escapade ne s’éternisera pas, tu te mets en chemin. Direction le village le plus proche. Celui que tu pouvais observer à loisir, cachée au sommet de ton perchoir. Tu es sûre d’y trouver de quoi te rassasier. Tu te mets à fredonner un air de ta composition, et souris en songeant à ce que tu pourrais rapporter à ton grand-père adoptif. Les ogres ont toujours faim lorsqu’ils se réveillent.
Le trajet est plutôt court. Pas d’embûche ni de ninja mal intentionné. Tu n’éprouves pas le besoin de te cacher, de masquer ton arrivée. Tu pénètres le petit village comme si tu y habitais depuis toujours. Tu arpentes ses petites rues comme si tu les connaissais déjà, un grand sourire étirant tes lèvres. Tu ne cesses de tourner la tête à droite, à gauche, observant les habitants se livrer à leurs activités quotidiennes. Les adultes échangent des banalités en souriant tout comme toi, s’interrompant de temps à autre pour saluer des gamins turbulents. L’espace d’un instant, tu oublies la faim qui te tenaille le ventre, préférant t’imprégner de l’ambiance locale. Tu observes les commerçants fermer leurs établissement le temps d’une pause déjeuner, les artistes de rue jongler, les adolescents vanter leur talent au sabre. En fermant les yeux, tu peux te délecter à loisir des sons qui animent les environs. Des cris, des bruits de pas foulant le sol, des objets qu’on laisse tomber par inadvertance. Mais tu les rouvres bien vite. La petite voleuse que tu es doit trouver un magasin à dévaliser pour satisfaire son appétit et sa soif de danger. Tu es tout d’abord tentée par une petite épicerie non loin de là, mais à première vue, elle a l’air vide. Un détail qui ravirait le plus inexpérimenté des cambrioleurs. L’expérience t’a appris que là où il y a du monde, tu passes inaperçue. Ta petite taille y est pour beaucoup. Ta discrétion et ton agilité naturelle font le reste. Persuadée que les choses vont se faire de plus en plus intéressantes, tu te mets en quête d’un endroit fréquenté. Tu laisses ton nez guider tes pas. Plusieurs petits restaurants t’attirent de par leurs effluves, mais ils sont déserts. Ou alors l’agencement ne te permet pas d’espérer dérober quelque plat que ce soit. Tu dois rebrousser chemin à plusieurs reprises, convaincue de pouvoir trouver mieux ailleurs. Et ta persévérance finit par porter ses fruits. Tu arrives à l’entrée d’un restaurant à la devanture peu avenante. Mais ton nez de ventre affamé sait reconnaître l’odeur d’une nourriture de qualité. Le fumet qui se dégage de l’établissement te met l’eau à la bouche. Et on ne saurait t’y tromper. Ton ouïe surdéveloppée t’indique que la salle est pleine à craquer. Le brouhaha des discussions sans intérêt te parvient de l’intérieur. Sans hésiter une seconde, tu franchis le seuil de la porte.
Aucune clochette au son cristallin ne vient trahir ton arrivée. Les clients, bien trop nombreux, accaparent toute l’attention du personnel. Aucun serveur ne vient à ta rencontre pour t’indiquer une table. A quoi bon, de toute façon ? Elles sont toutes occupées. Leur empressement auprès de la clientèle t’évite de passer par un interrogatoire pourtant légitime. Que fait une fillette seule ici ? A-t-elle de l’argent pour payer sa commande ? A-t-elle perdu ses parents ? Prendre la peine de répondre à ces interrogations éveillerait les soupçons. Tu veux à tout prix éviter de te faire remarquer. Aussi, tu te glisses comme une ombre entre les tables couvertes de mets fumants tous plus appétissants les uns que les autres. La plupart accueillent des familles entières, bruyantes et distraites. Ce ne sont pourtant pas des cibles qui retiennent ton attention. Tu préfères les proies solitaires. Bien plus faciles à atteindre et à berner. Tu ne cherches pas à réaliser l’impossible. Tu veux simplement manger. Tu te faufiles entre les pieds à quatre pattes sur le sol, t’arrêtant pour éviter de faire trébucher les serveurs survoltés. Ta position t’offre une vue imprenable sur les zones à éviter et sur les autres, plus fréquentables. Tu ne tardes pas à repérer une paire de chaussures seule à une table. Tu te précipites en sa direction, puis te caches sous le meuble en attendant de te décider sur la manière de procéder. Tu attends que la voie soit libre avant de sortir de ta cachette. Tu te réfugies derrière la chaise du brave homme, assis seul à sa table. D’un âge certain, il se penche au-dessus de son assiette, le dos tout voûté au-dessus de ses brochettes parfumées. A moitié aveugle, le pauvre homme n’y voit pas grand-chose malgré les grosses lunettes qui lui barricadent les yeux. Il se saisit d’une brochette de viande, la porte à quelques centimètres de ses énormes verres, et l’étudie longuement avant de mordre dedans. Discrètement, tu retournes sous la table et attends ton heure. Tu laisses le vieillard terminer sa bouchée avant de passer à l’action. Son coude se soulève une nouvelle fois, te donnant le signal que tu attendais. Avec des gestes lents et précis, tu remontes à la surface. Le nez collé à la table, tu vérifies que le vieux ne remarque pas ta présence. Trop absorbé dans la contemplation de son repas, il laisse ta main experte lui dérober une brochette de poulpe. Dès que tu as ton trophée en main, tu retournes te cacher sous la table, et dévores férocement un morceau d’octopode. Mais lorsque tu tournes la tête vers la gauche, tu croises le regard d’un homme attablé un peu plus loin.
Ton cœur rate un battement et ta gorge se serre. Tu jurerais que l’homme avait les yeux tournés dans ta direction. Mais depuis ta cachette, ils te paraissent vides. La curiosité te coupe l’appétit. Tu décides de vérifier si tes soupçons sont fondés ou non. Tu coinces la brochette entre tes dents et sors de ta planque. Toujours à quatre pattes, tu vas te mettre à l’abri sous une autre table. Lorsque tu cherches le regard de l’homme, tu le trouves posé sur toi. Tu le soutiens sans ciller, sans bouger. Tu attends, pétrifiée. Est-ce que ton petit manège l’amuse simplement ? Ou bien est-ce qu’il t’a vue voler la nourriture de ce pauvre homme qui n’avait rien demandé à personne ? D’interminables secondes s’écoulent, mais ton spectateur ne bronche pas. Il finit même par détourner les yeux. Distraitement, tu avales un nouveau morceau de poulpe. Mâcher t’aide à réfléchir. Ou à trouver le courage de te mettre en mouvement. Fruit de ta réflexion ou folie pure et dure, tu te redresses et te diriges vers cet homme intrigant à pas précipités. Trop craintive à l’idée qu’il puisse te tendre un piège, tu préfères ne pas l’approcher de trop près. Tu t’arrêtes au niveau du coin de table le plus éloigné de cet étrange personnage. Tu t’accroupis un peu, ne laissant que tes grands yeux verts dépasser de la table. Ces derniers s’agrandissent sous l’effet de la surprise. Tu ne t’étais pas trompée. Les yeux de l’inconnu sont bel et bien vides. Deux iris résolument blancs, sans la moindre pupille. Tu n’en avais encore jamais vu de tels. Oubliant la raison de ta présence ici, tu te hisses sur la pointe des pieds et poses tes paumes sur le bois ciré, comme si tu voulais te pencher en direction de cet homme en dépit de ta petite taille.
- Dis Monsieur, qu’est-ce que tu as fait à tes yeux ? Ils sont tout bizarres.
Sujet: Re: Parce qu'il faut bien commencer quelque part... Dim 13 Avr - 22:50
Kyûji était fasciné par l'enfant. Ainsi accroupie, camouflée entre les meubles, elle en était presque invisible, à grignoter son larcin avec une expression affamée. Elle était bien portante, mais sa manière de scruter les alentours telle une bête à l'affût témoignait d'un sentiment d'insécurité criant. Soit elle était tout simplement pauvre, et l'idée de se faire prendre, son butin à la main, la terrifiait, soit elle n'avait jamais connu la tranquillité d'un foyer... Elle avait davantage l'air d'une petite bête apeurée que d'une petite fille à sa maman. Il l'avait lâchée du regard un instant en poussant un puissant bâillement, et lorsqu'il rouvrit les yeux, elle avait disparue. Quelle curieuse petite fille...
– Dis Monsieur, qu’est-ce que tu as fait à tes yeux ? Ils sont tout bizarres.
Il manqua sursauter, pris au dépourvu ! Elle avait dû ramper silencieusement jusqu'à sa table, et distrait, il ne l'avait pas vue, ni entendue arriver. Il lui sourit cependant d'un visage chaleureux, ses grands yeux blancs plissés dans une expression de tranquillité absolue. La présence de la petite fille l'apaisait, sans qu'il ne puisse dire pourquoi.
– Je ne leur ai rien fait petite. Il s'agit de leur couleur naturelle, c'est un trait caractéristique de ma famille. Je suis sincèrement navré de ne pas en avoir d'aussi jolis que les tiens.
Il prit un court instant pour contempler les pupilles iridescentes de l'enfant. Leur couleur émeraude avait des reflets étranges, qui l'emplissaient d'une douce mélancolie. Au même moment, il sentit son ventre chauffer doucement, comme si le démon partageait ses émotions. Il se passa la main sur l'abdomen, caressant sa peau de ses doigts fins. Kyûji tressaillit, et sortit de sa torpeur. Le magnétisme qui se dégageait du visage de la petite fille était singulier, presque effrayant. C'est alors qu'il se rappela qu'elle avait sûrement faim.
– Souhaites-tu manger quelque chose ? Je te paye ce que tu veux, n'hésite pas à prendre ce qui te plait.
Elle semblait hésiter, et recula d'un pas en s'éloignant de la table. Il lui rendit un regard désolé, presque triste. Il n'avait pas voulut l'intimider, mais peut-être y était-il allé trop brusquement ? Après tout, il ne s'agissait que d'une enfant...
– Je te prie de m'excuser petite... Je ne voulais pas te faire peur. Je m'appelle Kyûji Hyûga, je viens du village caché de Konoha. J'aimerais beaucoup faire ta connaissance. Soyons amis, dit-il en lui tendant la main d'un air avenant.
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Sujet: Re: Parce qu'il faut bien commencer quelque part... Jeu 29 Mai - 17:17
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Kyûji & Hime
Tout à ses secrètes rêveries, l’homme ne remarque pas ta petite silhouette se pencher en sa direction. Seul le son de ta voix d’enfant le sort brusquement de sa torpeur. Ses yeux vides, agrandis de surprise, se plissent cependant vite en un chaleureux sourire. Ses lèvres suivent le mouvement, et s’étirent en un masque avenant. Sa réaction ne te surprend guère. Les adultes n’ont pas pour habitude de se méfier des enfants de ton âge. Des êtres qui leur semblent inférieurs. Bien que ses pupilles inexistantes ne puissent refléter son humeur, tu sens que l’inconnu ne te regarde pas avec mépris. Rien dans son attitude n’indique qu’il puisse te prendre de haut. Mais son sourire franc trahit sa sérénité. Il ne te craint pas le moins du monde. Pourquoi se méfierait-il d’une petite blonde telle que toi ? Ton visage d’ange n’inspire guère la terreur. Pas plus que ton corps fragile ou tes petits doigts fins. Une bourrasque pourrait t’emporter. Un rocher pourrait te briser. Tu n’es pas armée correctement et ton attitude sociable n’incite pas au conflit. Tu es ridiculement jeune, ridiculement petite, ridiculement inconsciente. On ne voit en toi qu’une affamée qui court les rues pour s’amuser un peu. Qui pourrait bien se douter que ton parcours est déjà entaché de sang ? Qui pourrait croire que tu as réussi à dompter la folie meurtrière d’un assassin ? Que tu en as fait ton garde du corps ? N’importe qui. Les citoyens prennent toujours les choses trop au sérieux dès qu’on leur parle de l’Akatsuki. Si tu évoquais le sujet, ils feraient leur possible pour te tenir éloignée de cette ombre malfaisante qui agit pourtant comme un père à ton égard. Tu as bien compris qu’il te faudrait tenir ta langue. Ne surtout pas évoquer sa simple existence. Te taire. Si tu venais à parler de ton acolyte, tu ne le reverrais plus. Or, tu refuses de le laisser partir sans toi. Tu peux bien échapper à sa surveillance de temps à autres, tu reviendras toujours vers lui. Tu tiens à ta liberté, tu veux vivre des choses par toi-même, sans aucune entrave. Mais tu finiras toujours par te précipiter sur les épaules de ce vieil ogre bougon. Ta fierté démesurée t’empêche de le reconnaître honnêtement, mais tu as fini par t’attacher à ce père de substitution. Tu n’imagines pas avancer sans lui. Alors, quand il t’arrive d’engager une conversation, tu évites le sujet. Tu ne parles pas de ta famille, même si de nombreuses interrogations te reviennent souvent. Tu laisses les adultes avec leurs problèmes. Toi, tu n’en vois aucun.
- Je ne leur ai rien fait petite, répond ton interlocuteur, acceptant la conversation. Il s'agit de leur couleur naturelle, c'est un trait caractéristique de ma famille. Je suis sincèrement navré de ne pas en avoir d'aussi jolis que les tiens.
Ah oui ? Il y en avait d’autres, des créatures aux yeux blancs ? Tu essayes de les imaginer, mais n’arrives qu’à reproduire de pâles copies mentales du type assis face à toi. De longues mèches d’ébène, une peau translucide, des orbites résolument vides. C’est vraiment quelque chose d’étrange, ce regard. Deux yeux blancs comme tu n’en avais encore jamais vus. Deux yeux hantés et débordant d’émotions. Deux globes à la fois vides et emplis de mystère. Cependant, l’homme semble regretter d’être né ainsi. Est-ce parce qu’il ne peut y voir clair ? Est-il partiellement aveugle ? Il t’avait vue dérober de la nourriture au petit vieux de la table voisine, mais à peine avais-tu bougé qu’il t’avait perdue de vue. Ou alors voit-il le monde tel que le reflétaient ses orbites, en nuances de gris ? Voit-il double ? Voit-il un monde inversé, avec le ciel à la place du sol ? Est-il capable de lire l’avenir ? Autant de questions se bousculent dans ta tête, alors que le jeune homme reste impassible, absorbé par tes yeux on ne peut plus communs. Que peut-il lire dans tes prunelles vertes ? Devine-il l’exotisme de ton sang, l’énergie dont tu débordes, la fraîcheur qui se dégage de ton petit corps ? A moins qu’il ne soit capable de lire plus profondément en toi, et qu’il soit captivé par l’horreur de ton enfance, le sang qui ternit ton innocence, la mort qui semble plomber ton avenir.
- Souhaites-tu manger quelque chose ? Je te paye ce que tu veux, n'hésite pas à prendre ce qui te plait.
Tu frémis et t’arraches à la contemplation de ce fascinant regard. Tu baisses les yeux. L’invitation est tentante, mais tu ne sais rien de cet homme. Tu ne sais rien de ses intentions. Veut-il simplement t’éviter d’avoir à recourir au vol pour te sustenter, ou s’imagine-t-il t’attirer dans ses filets ? Désorientée, tu esquisses un pas en arrière. Tes mains se portent instinctivement au niveau de ton collier. Tes petits doigts saisissent l’anneau d’argent qui pend autour de ton cou. Plus qu’un cadeau de ta défunte mère, ce lourd pendentif est une arme. La seule chose tangible à laquelle te raccrocher quand tu paniques. Non pas que tu saches t’en servir. Tu sais pertinemment que tes faibles capacités et ton chakra limité ne te procurent pas une protection suffisante face au danger. Toujours est-il que l’anneau est là. Sur ta poitrine, depuis des années. Tu n’envisages même pas de le retirer. Il est comme un compagnon de longue date. Sa simple présence te rassérène. T’accrocher à ce morceau de métal te réconforte. Comme s’il était une barrière entre toi et le monde extérieur. Entre toi et la violence.
Soudainement intimidée, tu oses un coup d’œil furtif en direction de l’homme. En dépit de ta réaction, il ne semble pas avoir abandonné son idée. Il te dévisage d’un air contrarié en pinçant les lèvres. Etrangement, il a l’air aussi gêné que toi. Tu tends de nouveau le cou en sa direction, intriguée. Mais tu n’oses pas t’approcher davantage, inquiète à l’idée qu’il puisse s’en prendre à toi.
- Je te prie de m'excuser petite... Je ne voulais pas te faire peur, reprend l’homme. Je m'appelle Kyûji Hyûga, je viens du village caché de Konoha. J'aimerais beaucoup faire ta connaissance. Soyons amis, propose-t-il en te tendant la main.
Amis ? Tu savais déjà que tu ne le reverrais pas après aujourd’hui. Une fois que tu aurais franchi le seuil du restaurant, tu t’évanouirais dans la nature. L’homme ne te retrouverait pas. Et tu ne chercherais pas à le revoir. Vos chemins se sépareraient brusquement, et chacun suivrait la voie qui lui est tracée. Jamais plus ils ne convergeraient en un même point. Cette dernière pensée finit de te rassurer. Quelques minutes. Ce ne sera pas long. Après t’être rassasiée, tu pourras rejoindre ton colosse. Vous reprendrez la route, et serez déjà loin demain. L’homme t’aura déjà oubliée. Tu suivras le cours de ton existence sans plus te préoccuper de ce généreux inconnu, comme tu l’as toujours fait. En dépit de leur amabilité, tu oublies rapidement tes bienfaiteurs. Tu sais que d’autres leur succèderont, et que tu ne les reverras plus. A quoi bon s’attacher à des créatures de brume ? Ton cœur se déchirerait à chaque fois un peu plus en les quittant. Mieux vaut pour toi que tu te contentes de ce qu’ils t’offrent. En l’occurrence, un repas tous frais payés. Tu jettes un dernier regard, délibérément méfiant, au jeune homme. Tu ne te donnes pas la peine de lui rendre sa poignée de main. La petite sauvageonne bien élevée est trop fière pour s’abaisser à un tel comportement. Mais tu consens à accepter l’invitation, et prends place sur une chaise voisine, prenant soin de ne pas te présenter.
- D’accord. Mais je te rembourserai pas.
L’argent est une notion importante aux yeux des adultes. Aussi, tu préfères poser tes conditions dès maintenant, histoire d’éviter toute complication. Tu n’as pas d’argent et n’en désires nullement. C’est une chose matérielle qui te rapproche un peu trop de tes semblables. Tout ce que tu souhaites, c’est échapper aux contraintes de la société. Echapper aux adultes exigeants et dominateurs. Echapper aux punitions qu’on donne aux enfants de ton âge pour les contraindre à adopter un comportement exemplaire. Echapper à une famille qu’on choisirait pour toi. C’est toi qui décides avec qui tu voyages, et non pas le contraire. Echapper à une vie déjà toute écrite. Tu veux vivre au jour le jour et selon tes envies. Selon celles de ton meurtrier de compagnon. Mais rester en-dehors de ce monde civilisé qui se plie à des désirs étrangers.
Tu promènes ton regard aux alentours, t’arrêtant à chaque table pour étudier les plats exposés. Du haut de ton nouveau perchoir, tu peux pleinement apprécier l’établissement. Ses clients, ses odeurs, ses bruits surtout. Ce brouhaha chaleureux qui fait vibrer tes tympans. Ces conversations joyeuses qui te parviennent des quatre coins du restaurant, pêle-mêle. Le crissement des chaussures sur le sol, les chaises qui raclent le plancher, des ordres qu’on crie en cuisine, des éclats de rire, des bruits de mastication. Une symphonie bruyante mais légère, qui te met à l’aise. Tes doigts abandonnent ton anneau d’argent pour se coller sur la table. Inconsciemment, tu pianotes sur le bois ciré au rythme de l’atmosphère ambiante. Une mélodie sourde, très rapide, en écho aux coups de baguettes qui martèlent les assiettes. Plus calme quand tu perçois un soupir d’aise. Un dernier coup d’ongle, incisif, met un terme à ta partition. Un verre s’est brisé un peu plus loin. Tu abandonnes la musique et reviens à la réalité. Ton regard s’arrête un moment sur la table que tu partages avec ton nouvel ami. Quelque chose te chiffonne. Tu mets un moment à mettre le doigt sur ce qui cloche. Lorsque tu réalises enfin, tu sursautes et t’écries, les yeux ronds :
- Monsieur, t’as encore rien mangé ?
La table est vide. Pas un bol, pas une assiette. Pas même un verre. Tu t’en étonnes. Le type te propose à manger mais semble avoir le ventre aussi vide que le tien. Tu fais la moue, indécise. Tu es affamée, mais ne sais pas quoi manger. Ta brochette de poulpe n’était pas mauvaise, mais tu n’en ferais pas des folies. Tous les aliments qui se présentent à tes yeux ont l’air succulent. Impossible de les partager. Apparemment, ton compagnon ne pourra pas te renseigner. Pourtant, tu décides de t’en remettre à lui. Evitant soigneusement son regard vide, tu lui fais part de tes envies.
- Bon, ben je vais prendre la même chose que toi. Sauf si c’est pas bon.
Ta remarque lui décroche un léger rire. Il finit par interpeller une serveuse, et lui passe votre commande. A peine la serveuse s’est-elle éloignée que tu te penches au-dessus de la table, intimant ton interlocuteur à en faire de même. Tu baisses la voix, comme si vous parliez d’un sujet confidentiel. Comme si vous échangiez des secrets. L’idée te plaît et ne te semble pas si éloignée de la réalité des choses.
- Dis, souffles-tu. Comment tu fais pour voir sans tes yeux ? Ils sont magiques ?
Sujet: Re: Parce qu'il faut bien commencer quelque part... Mar 3 Juin - 13:57
Comme un petit animal craintif, l'enfant hésita, se tâta, semblait peser le pour et le contre. Puis, se décidant enfin, elle ignora sciemment la main tendue de Kyûji et s'assit en face de lui.
– D’accord. Mais je te rembourserai pas.
La détermination de la petite fille était si prononcée, si contrastée avec son jeune âge et son visage de bambin que Kyûji manqua éclater de rire ! Il se retint par pure politesse afin de ne pas la vexer, non sans mal. Elle avait déjà sa petite fierté, il aurait été inconvenant de la tourner en ridicule. C'est pourquoi il se contenta d'acquiescer d'un sourire satisfait. Il n'avait jamais été question de remboursement, et le pragmatisme de son invitée l'avait presque mis mal à l'aise. Ses fréquentations devaient être singulières pour réagir de la sorte, mais une enfant seule, et probablement abandonnée, ne devait sûrement pas avoir les meilleures fréquentations. Ni les plus normales.
Alors qu'elle promenait son regard évasif sur les autres clients, Kyûji ne pouvait s'empêcher de la fixer intensément, comme s'il eut voulu lire en elle. Plus concrètement, il lui aurait été possible d'en savoir davantage si elle consentait à le regarder dans les yeux, mais cette dernière évitait justement tout contact visuel avec lui, probablement par gêne. Elle n'avait manifestement jamais rencontré personne possédant un quelconque dojutsu. Sa naïveté d'enfant et sa maturité de vagabonde formaient un mélange détonnant qui le fascinait. Et puis ces yeux verts... De vraies perles de jade. Non, non, décidément, il n'avait pas perdu sa journée. Il se laissa bercer par le battement répété des doigts de la petite fille, rêveur. Même le bruit du verre qui se brise ne réussit pas à le sortir de sa torpeur, ni les cris de la serveuse, ni les aboiements du chien de la vieille dame qui commençait à vociférer des menaces absurdes. Ce fut Elle, qui le réveilla.
– Monsieur, t’as encore rien mangé ?
Kyûji prit une seconde pour réfléchir au sens des paroles qu'on lui adressait, et essaya de trouver une réponse appropriée. Non, il n'avait encore rien mangé, car il avait été trop occupé à surveiller son petit manège ! Il avait faim ? Bien sûr qu'il avait faim, il était venu pour ça après tout, pourtant c'était vrai, il n'avait rien mangé, il allait falloir qu'il mange, sinon Matatabi allait râler, et il n'aimait pas quand ce dernier râlait, il avait toujours une fâcheuse tendance à en faire des tonnes, à s'occuper de lui comme un nounou exigeante, et Kyûji n'avait que faire des sermons d'un chat, fusse-t-il un démon de 20 mètres de long, et il n'eut pas le loisir de formuler la moindre réponse puisque la petite fille n'attendit pas qu'il mette en ordres ses pensées pour répliquer :
– Bon, ben je vais prendre la même chose que toi. Sauf si c’est pas bon.
Cette fois-ci, il ne put retenir un petit rire amusé. Kyûji héla une serveuse non loin, qui s'avança d'un pas maladroit, encombrée par 3 ou 4 assiettes et une paire de seins qui devaient probablement être chacun plus gros que la tête de sa petite invitée. Elle était un peu forte, sans pour autant être "grosse", ou même enveloppée. Son visage était légèrement joufflu, accentuant son air poupin avec ses lèvres charnues et ses couettes. Mais elle avait des yeux malicieux et intelligents, et même si sa démarche semblait peu assurée, la crispation modérée de ses mains et son souffle mesuré montraient qu'elle était pleinement maître de la situation. Elle prit leur commande avec un grand sourire, trouva le moyen — Kyûji ne savait comment — de remonter le bord de son décolleté sans faire tomber la moindre baguette, et retourna en cuisine de son pas saccadé. Il ne fallait jamais se fier aux apparences.
C'est ce moment que choisit l'enfant pour l'inviter à discuter. Elle se pencha par dessus la table comme si elle eut voulu lui chuchoter quelque chose, aussi se pencha-t-il à son tour. Cela lui rappelait les moments où Saya et lui se confiaient l'un à l'autre sur les toits, à l'époque... Mais c'était loin, maintenant... Cette fois encore, il n'eut pas le loisir d'y songer bien longtemps, pris à parti par sa voisine de table :
– Dis. Comment tu fais pour voir sans tes yeux ? Ils sont magiques ?
Elle avait murmuré comme le faisait Saya lorsqu'ils s'échangeaient des secrets. Les souvenirs le submergèrent, et instinctivement, il chuchota lui aussi, empli de tristesse et de mélancolie. C'était presque un jeu. Un moyen pour lui d'exorciser sa peine et sa douleur. Il avait mal, mais pour rien au monde il ne l'aurait montré à la petite fille au regard angélique.
– Mes yeux me permettent d'y voir clair là où la lumière n'existe pas. Ils peuvent lire dans ton coeur, et les murs n'arrêtent pas mon regard. Ils sont sûrement un peu magiques, c'est vrai... Mais je suis né comme ça. Toi aussi tu es un peu magique, à ta façon.
C'est alors qu'une boule de poils bleus se hissa péniblement par dessus l'épaule du jeune homme, comme un bébé koala qui se serait agrippé à sa mère de toute ses forces. Matatabi poussa un léger miaulement, à moitié endormi, et se mit à glisser doucement sans manifestement s'en rendre compte. Au dernier moment, Kyûji le rattrapa par la peau du cou afin de le poser avec tendresse sur la table, sans que ce dernier ne réagisse le moins du monde. S'il ne s'était agi de sa couleur, il serait vraiment passé pour un chaton tout ce qu'il y a de plus normal, la tête enfouie entre les pattes dans une position fœtale. Il approcha sa main pour le caresser, et ses doigts vinrent effleurer ceux de l'enfant. Elle retira la main d'un geste vif, gênée, et détourna le regard. Un sourire chaleureux se dessina sur le visage du garçon.
Après plusieurs minutes passées à s'occuper du "chat", les deux convives reçurent leur commande. La petite fille tenta alors de soulever le couvercle, mais retira prestement sa main en poussa un petit grognement de douleur, comme un écho à la scène précédente. Kyûji s'occupa de tout, retira les couvercles, décolla les baguettes, et à peine avait-il commencé un "bon appétit" affectueux qu'elle avait déjà attaqué ! La chaleur qui se dégageait des nouilles était rassurante, le bruit de la respiration de Matatabi aussi. Il plongea ses baguettes dans le liquide brûlant, et profita du bonheur que lui procurait la sensation de la nourriture chaude dans la bouche. Ils se turent.
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