Le quatuor infernal

Huit heures et demi sur Konoha. L'herbe verdoyante qui tapissait le sol, encore humide de la rosée matinale fut soudain parcourue d'un violent vent chaud. L'Auster balayait les terres fertiles et entraînait sur son passage, tel un ras de marée, poussière, gravas et cailloux. Le soleil de plomb perçait le ciel vierge de nuage et joignait ses forces au vent du sud pour faire monter encore et encore la température. Alors que l'air lourd, épais et chaud laissait à peine respirer, au loin, quatre silhouette apparurent.

Quatre hommes droits comme des I, avançaient au milieu de cette chaleur infernale. Comme des mirages fatalement destinés à ne pas exister, une puissance surnaturelle faisait vibrer l'air autour d'eux. Comme des mirages fatalement destinés à ne pas exister, ils avançaient seconde après seconde sans pour autant bouger. Et pourtant, ces quatre silhouettes surhumaines étaient là, fixée au loin.

La musique monotone de leur cadence étaient entraînante, éreintante et hypnotisant. Le pas toujours synchronisé, le regard toujours droit, la mâchoire toujours serrée. Ils étaient des guerriers. Venus pour vaincre, pour s'imposer, ils avançaient, déterminés. Le regard fixé vers leur objectif, les quatre hommes avançaient inlassablement vers Konoha.

Shunsuke Kinbara, Ryuu, Inu et Hebi, les quatre Sunadjins étaient partis une heure plus tôt de leur village et avaient, par un incroyable tour de force, réussit à progresser si rapidement que la grande porte de Konoha était déjà en vue. La muraille mise en place pour protéger le village caché de la feuille semblait si fragile, si fine et si naïvement dressée dans l'espoir de protéger le village d'un quelconque danger qu'Hebi esquissa un sourire ironique à la simple idée que cet édifice puisse le ralentir un tant soit peu si il tentait de s'infiltrer dans le village. En un sens, s'en était presque attendrissant.

Lorsque Hebi sortit de ses pensées, il constata que le groupe s'était arrêté de marcher. En effet, deux hommes leur barraient déjà la route, un air inquisiteur sur le visage. Il était sûrement peu commun de voir débarquer autant d'étrangers d'un seul coup à Konoha, qui plus est lorsqu'il s'agissait d'étrangers de renommée tels que Shunsuke Kinbara et 3 de ses plus puissants hommes de main.

- Étrangers, rebroussez chemin, les examens de Chuunin ne sont pas d'actualité, vous n'avez rien à faire ici. En dehors de période d'examen Chuunin, il faut avoir une permission spéciale de l'un des 5 grands Kage afin de pouvoir circuler librement de village en village !

Le sourire ironique sur les lèvres d'Hebi s'étira.

Le silence s'installa après que le garde ait fini sa phrase, avant de laisser place à un ricanement sinistre. Rapidement, le rire s'intensifia jusqu'à devenir assourdissant alors que le Kazekage s'esclaffait ! Les deux habitants de Konoha le regardèrent avec méfiance, frayeur même, tant l'attitude du nouveau venu était incongrue. Il lui fallut une bonne trentaine de secondes avant de se calmer, et il était encore secoué d'un petit rire nerveux lorsqu'il prit la parole. Sa voix était méprisante, malsaine, comme si chaque mot sortant de sa bouche était empoisonné.

– Haaa... Votre ignorance n'a d'égale que votre stupidité. J'ai tout à faire ici, je vais où je veux, quand je veux, et ce sont pas deux troufions de base qui vont dire au Kazekage de Suna ce qu'il peut, ou ne peut pas faire. Le visage des deux shinobis se décomposa, prenant une teinte cadavérique. Shunsuke sourit, et continua : Bien évidemment, j'aurais dû me présenter avant de venir sur votre territoire, à vous. La prochaine fois, je prendrai soin de vous informer un mois à l'avance de ma venue, et je vous demanderai poliment la permission, afin d'être sûr que ma présence ne vous incommodera pas, mes seigneurs. Peut-être devrai-je rebrousser chemin et remettre ma visite à une autre fois ? Je m'en remet à vous...

Les deux gardes étaient dans un état de stress qui ne leur était sûrement pas coutumier étant donné la panique qui les dominait. L'un avait du mal à tenir son katana droit, sa main gauche agitée de légers tremblements, l'autre respirait de manière bruyante, alors qu'une grosse goutte de sueur perlait à sa lèvre inférieure. Ses yeux oscillaient de droite à gauche, sans pouvoir fixer le Kazekage, et son pied décrivait de petits cercles sur le sol poussiéreux. Le premier rengaina son sabre d'un geste maladroit, et s'inclina brusquement. Son camarade fit de même, fébrilement, puis se redressa afin de parler. Shunsuke fronça les sourcils, et ne lui laissa même pas ouvrir la bouche !

– Il suffit ! J'ai à discuter avec le Hokage du village caché de la feuille, et je n'ai pas fait tout ce chemin pour être retardé par deux abrutis dans votre genre ! Hebi ! Viens avec moi, je ne veux pas perdre une minute de plus en ces lieux ! Quant aux autres, vous vous chargerez d'établir un périmètre et de veiller à ce que le Hokage ait connaissance de l'insolence de ses soldats. Il se retourna vers les gardes, et les toisa de haut, en pinçant les lèvres. Vous, vous allez me conduire le plus rapidement possible à votre Kage. Si vous ouvrez la bouche je vous coupe la langue. Vu ?

Il opina du chef, en murmurant un "Oui maître Kazekage". Le poing de Ryuu le cueillit au menton, et il décolla du sol avant de retomber avec un bruit mat. Il se releva péniblement, la lèvre en sang. Son compagnon se tenait à ses côtés, immobile, au garde à vous, comme s'il attendait d'être exécuté.

– J'ai dit : n'ouvrez la bouche. Allons.

Ils pénétrèrent dans la ville dans un nuage de poussière, comme si la terre elle-même répondait à la venue des Suniens.