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| Sujet: Un délai formateur Dim 25 Mai - 18:14 | |
| Un délai formateur Cela faisait maintenant quelques temps qu'Eiki était devenu Genin. Il aurait déjà du être intégré à une équipe et se voir assigné un Sensei mais il n'avait à ce jour reçu aucune nouvelle de l'académie ou des bureaux du Hokage. Bien qu'il refusait qu'on le croit, Eiki était très inquiet. Ce qui lui était le plus insupportable, ce n'était pas le délai en lui même, mais le fait que ce dernier n'ait jamais été justifié. Les premiers jours, Eiki pensait à une maladresse administrative. Sa motivation n'en était nullement affectée: il avait passé 72 heures à s'entraîner jour et nuit avec Haimaru, pensant être prêt pour le grand jour. Mais, au fur et à mesure que les heures passaient, la motivation d'Eiki fondait comme neige au soleil. Depuis deux longues semaines maintenant, Eiki n'était pas sorti des quartiers Inuzuka. Il passait ses journées à promener son chien et sa lourde anxiété dans les ruelles de son enfance. A chaque pas, un nouveau souvenir faisait irruption dans l'esprit déjà bien occupé d'Eiki. Il se souvenait...
Dès la création du village, les Inuzuka s'étaient installés à l'est de la grande rue commerçante de Konoha, à quelques pas du mur d'enceinte. Ils pouvaient bénéficier ainsi d'une plus grande facilité d'accès à la forêt du pays du feu, si chère à leurs rituels divers. Ce quartier ne se démarquait en rien des autres du village si ce n'est qu'il eut été le plus animé et le plus bruyant. Lorsque le clan était encore démographiquement important, des meutes de chiens jouaient avec des hordes d'enfants dans un méli-mélo de cris et de hurlements. Eiki se remémorait ces après-midis passées à jouer avec chiots ou enfants, à se chercher des noises et à souvent les trouver! Heureusement, les pleurs disparaissaient aussi rapidement que les amertumes enfantines. Néanmoins, jamais Eiki n'oublierait l'après-midi de ses six ans. Alors qu'il jouait au ninja comme à son habitude dans les rues du quartier, il avait voulu lancé un caillou sur l'un de ses "ennemis" shinobi. Il avait sans doute oublié alors qu'Inuzuka ne rimait certainement pas avec précision... Le caillou vint heurter le flanc d'un énorme molosse au pelage noir comme le charbon. Il fixa Eiki d'un regard perçant avant de lui bondir dessus dans un laps de temps si court qu'encore aujourd'hui, Eiki est persuadé qu'il s'était téléporté. Eiki, cloué au sol, vit la gueule du chien s'ouvrir lentement...
- Mamaaaaaaaaaaaaaaaaaan! hurla-t-il
La gueule du chien se referma alors doucement, laissant entrevoir ses deux yeux d'où la rage s'était envolée.
- Et ça, mon enfant, c'est la raison pour laquelle tu ne dois jamais déranger Kuro, lui expliqua calmement une vieille femme du clan.
Eiki avait déjà entendu des légendes à propos de la sorcière Inuzuka et de son monstrueux chien. Kiba lui en parlait sans cesse pour l'effrayer avant l'heure du coucher. Elle était manifestement très âgée, et portait les stigmates d'une vie de guerrière: son visage était recouvert de cicatrices, dont une effrayante tout autour de la bouche. Son bras droit était entièrement brûlé mais elle en avait conservé la mobilité. Malgré son âge avancé, les crocs des Inuzuka étaient encore parfaitement visible sur ses joues. Après avoir rappelé son chien, ils disparurent tous deux dans une ruelle sombre. Quelques années après, Eiki avait en fait appris qu'il s'agissait de la "cuisinière" du clan. C'est elle et elle seule qui préparait les pilules rouges permettant aux chiens Inuzuka d'utiliser le Gijin ninpō (l'art ninja des humains). Personne ne connaissait la composition exacte de ces compléments. Seule Shimizu Inuzuka pouvait en assurer la production depuis des temps immémoriaux. Kiba avait confié à Eiki que même dans ses souvenirs les plus lointain, Shimizu était déjà vieille et effrayante!
Ce matin, à sa plus grande surprise, Eiki fut réveillé par un jeune du clan qui tapait à sa porte avec insistance.
- La sorcière! La sorcière veut te voir aujourd'hui chez elle! Ne m'oblige pas à aller lui dire non s'il te plaît j'ai déjà assez peur comme ça! Le supplia le jeune garçon
- Moi? La sorcière?! Aujourd'hui?! Oui... bon... oui! Merci! Répondit Eiki, complètement désorienté.
Eiki resta planté contre sa porte un bon moment avant d'enfin se décider à enfiler des vêtements. Il vivait seul au dernier étage d'un petit immeuble du quartier. Après le décès de sa mère et de son oncle, il décida de s'installer chez Kiba. C'était un petit appartement à la décoration minimaliste. Une bonne moitié de la pièce principale était recouverte de branchages et d'herbes séchées sur lesquels Haimaru aimait se rouler. Eiki s'endormait d'ailleurs très souvent sur ce tapis végétal aux côtés de son chien. Il le réveilla d'ailleurs ce matin d'une manière un peu brutale et reçu en échange une bonne morsure à la main droite.
- Ikuzo, Haimaru, pas l'moment de te tourner les pattes!
Eiki ne comprenait toujours pas pourquoi cette convocation de dernière minute chez Shimizu. Haimaru, rancunier, marchait quelques mètres devant son maître. Ils savaient tous deux où habitaient la cuisinière. Elle résidait juste au dessus de l'échoppe dans laquelle les Inuzuka allaient se réapprovisionner en pilules. C'était d'ailleurs le dernier bâtiment avant la sortie des quartiers Inuzuka, le plus proche de la rue commerçante principale du village. Une fois sur place, Eiki frappa à la porte. Après quelques minutes, Shimizu vint lui ouvrir. Elle n'avait pas changé d'un iota. Les cicatrices, le bras, les rides, l'expression de son visage... Rien n'avait changé! Le manque de lumière causée par des stores constamment baissés renforçait cette ambiance inconfortable ce qui ne manquait pas de replonger Eiki dans ses souvenirs...
- Merci d'être venu, gamin. Murmurait la voix chevrotante de Shimizu. N'ai pas peur, idiot, Kuro est mort. Mais évite quand même de lancer des cailloux partout!
- ... Toutes mes condoléances pour votre chien il était tr...
- Ah silence on a pas l'temps pour les politesses gamin. Coupa sèchement la grand-mère. Je vais aller droit au but. Je suis vieille, trop vieille sans doute. De toute ma longue existence je n'ai jamais cessé de me battre pour mon clan, pour mon village. Ces pilulles... c'est du boulot gamin! Elle marqua une pause, s'assit sur une chaise avant de reprendre, calmement. La sorcière que m'appelle les gamins, hein? Laisse moi t'expliquer. Ces cicatrices, je les ai toutes obtenues le même jour. A l'époque, les relations entre les villages étaient tendues gamin. Un shinobi avait entendu parler de mes petite recettes. Pendant une mission, j'ai été pris dans un Genjutsu assez puissant. Quand je me suis réveillée, j'étais dans une salle sombre et trois shinobis aux bandeaux retournés ont tour à tour essayé de me faire cracher ma recette. Elle marqua une nouvelle pause, plus longue cette fois. Mais j'ai rien dit gamin, rien! Le Gijin ninpō est un attribut de notre clan gamin, du notre!
- Co... Comment vous en êtes vous sortie? Demanda timidement Eiki
- A ton avis, gamin! Kuro est venu me sauver! C'était pas un spectacle pour les gamins, gamin! C'était pas un grand fan de chaire humaine mon Kuro, mais il savait la mastiquer quand il fallait! Un petit rire s'échappa entre les mots de la grand mère.Haimaru attendait paisiblement dans un coin de la salle.
Un long silence suivait les explications de la grand-mère. Inexplicablement, Eiki éprouvait maintenant pour cette dame un mélange de compassion, de respect et de crainte.
- Alors on évite les chichis gamin. Reprit-elle. Je vais mourir, tôt ou tard et crois moi, ça s'annonce plus tôt que prévu. Le clan des Inuzuka a beaucoup perdu ces dernières années, mais ton discours la dernière fois... Gamin, j'ai confiance en toi. Elle fixa Eiki dans le blanc des yeux. Ecoute moi bien gamin: j'dis pas que t'es le messi ou je ne sais quoi, je dis pas que tu vas devenir Hokage et je dis pas que tu deviendras un grand ninja, mais j'ai confiance en toi. Alors voilà ce qu'on va faire, je vais t'apprendre à les fabriquer ces pilules.
- Moi?! ... Moi? Répétait Eiki encore plus désorienté qu'à son réveil
- Bah oui toi gamin, pas Haimaru! Elle reprit un air sévère. Mais gamin, c'est une sacré responsabilité ces pilules. Dévoile pas le secret à n'importe qui. Je dis pas qu'un Inuzuka pourrait nous trahir, mais tout le monde a pas les ressources pour résister à la torture. Oui je sais ça peut te sembler bête mais crois moi, tu vas devoir la protéger cette recette. Allez on va pas perdre de temps avec un serment à la noix gamin, je te fais confiance, voilà tout.
- M...Merci. Dit simplement Eiki.
Après plusieurs heures, Eiki ressortit finalement de chez Shimizu. Il était le nouveau cuisinier Inuzuka. Le lendemain, la sorcière Inuzuka avait perdu la vie. Sa dernière mission avait été un succès. Son secret serait bien gardé, Eiki se l'était promis. |
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