Un nouveau mentor

Dire que Satoru était excité était un mot bien trop faible pour représenter son état : l’adolescent était extatique. Déjà, lorsqu’il avait sentit les mains de son professeur nouer à son front le bandeau ninja de Kumo, il n’avait pu s’empêcher de pleurer de joie comme un gamin. Le temps de courir jusqu’à chez lui, ses yeux avaient eut le temps de sécher, mais son sourire immense n’avait pas fané une seule seconde. Lorsqu’il avait déboulé dans le vestibule en hurlant sa réussite, son père l’avait soulevé de terre dans une embrassade à casser les os et sa mère (elle avait pris un congé exprès pour l’évènement) avait embrassé ses deux joues en balbutiant des félicitations.

Alors Satoru sentit sur sa peau les larmes émues de ses parents, entendit leurs reniflements humides alors qu’ils tentaient de masquer leur surplus d’émotions, et se mis à pleurer de plus belle tout en riant en même temps. Ce fut un tableau étrangement touchant que de voir ces trois êtres serrés étroitement l’un contre l’autre, célébrant leur fierté à travers les larmes, mais rien n’était plus merveilleux que cet instant. Rendu ivre par la réussite, Satoru avait la tête qui lui tournait agréablement, comme si de petites bulles remontaient dans son cerveau tel du champagne. Aussi nicha-t-il son visage dans les épaules carrées de son paternel, appréciant les caresses délicates de sa mère dont les doigts agiles passaient dans ses longs cheveux.

Pendant des années, Satoru avait bataillé pour prouver sa valeur à un professeur refusant de voir son potentiel. Chaque fois que l’adolescent l’avait supplié d’avoir accès à l’examen, l’homme avait refusé, ramenant le sujet de son handicap en des mots très durs. Mais, à force de pressions de sa mère, il avait enfin été admis et maintenant… Maintenant, il était enfin genin. Certes, on l’avait avertit qu’il n’aurait accès qu’aux missions de rang D, mais même cela n’arrivait pas à ternir son humeur. Il avait réussi là où tous croyaient qu’il allait échouer. C’était le premier pas, le plus important, celui qui allait mener à bien d’autres victoires. Oui, Satoru avait toutes les raisons du monde d’être fou de joie.

Surtout en sachant que dès demain, il allait rencontrer son nouveau sensei. On lui avait révélé peu de choses à son sujet, simplement qu’il avait eut un mentor aveugle. De ce fait, il avait été jugé adéquat à s’occuper de Satoru et sa… particularité. L’adolescent espérait juste qu’il soit plus conciliant que son ancien professeur et obsédé par ces pensées, le jeune homme avait été incapable de trouver sommeil, se tournant et se retournant dans ses draps jusqu’à ce que l’épuisement ait raison de lui. Le lendemain, des cernes creusant son visage délicat aux yeux flous, Satoru était aussi nerveux qu’un chiot sortit de l’animalerie. Incapable de rester en place, il faisait des allers et venues rapides devant la porte de l’académie, lieu de rencontre entre lui et son nouveau mentor. Pourvu que les choses se passent bien…