La Solitude ~~~ Reiko [ One Shot ]

Regardant vaguement à travers ma fenêtre, j'écoutais les cris des enfants s'amusant avec énergie. Alors qu'ils se trouvaient si proche de moi, je ne pouvais pas les atteindre. Bien loin de ce plan d'existence, il semblait que je ne faisais pas parti de ce monde. Bouche sec, yeux emplis de tristesse, je décidais de m'assoir sur mon bureau et d'écrire mes émotions. Jetant un vulgaire bout de papier face à moi, je commençais à meurtrir sa peau blanche de l'encre qui marquait ma vie. Ne sachant quoi écrire, ma main était paralysé par le déluge d'émotion qui trônait au sein de mon être. Débutant par mon premier mot, j'enchainais avec un rythme obstrué par l'afflue irrégulier d'émotion :

Solitude... Simple mot qui prétendait pouvoir décrire tous ce qu'il impliquait. Cela faisait plusieurs années que je cherchais un échappatoire à ce mot qui s'était imprégné sur mon destin. Pourquoi fallait-il que ce soit moi la proie de ce fardeau ? Je n'étais pas le seul sur cette terre à subir ce fléau, je ne le savais que trop bien. D'autre subissaient bien pire tourment, c'était cela qui m'avait permis d'étouffer ma tristesse. Et pourtant, toute solution à une fin et cette fois-ci, je savais que c'était la fin. La solitude avait finir par déborder de l'endroit que je lui avais réservé. Elle voulait s'étendre sur bien plus, elle voulait m'envahir et me détruire.

Regardant mes créations qui avaient pris forme de mot sur ce papier blanc comparable au mur des plaintes, je me levais de ma chaise. Ma main s'écrasant sur mon visage, l'autre finit par suivre son aîné et s'écrasa à son tour sur mon visage. Quelques sanglots s'étouffèrent à travers elles. Je n'en pouvais plus, je n'arrivais plus à porter ce poids qui m'épuisait de plus en plus. Personne n'était apte à me comprendre, personne ne voulait me comprendre ! Je feignais l'idiotie pour me mélanger, pour espérer chasser cette épée de damoclès qui n'attendait qu'une seule chose : s'abattre sur moi. L'amour que j'avais à distribuer ne se partagea jamais. Ma famille n'en voulait pas, ces faux amis qui prétendaient à ce titre seulement par hypocrisie ne le méritaient pas. Ce monde où le faux était omniprésent ne voulait pas de moi. C'était le prix à payer pour avoir commit le crime d'être vrai dans un endroit pareil.

Me tournant vers ma glace, je ne voyais là qu'un homme pitoyable au regard triste et dénué de vie. Un homme qui essayait d'avancer mais qui ne faisait que reculer. Un homme peureux, incapable de vivre sa vie. La seule chose dont il était capable c'était de survivre à sa propre vie. Jamais il n'avait vécu, jamais il n'avait pu goûter au nectar qu'était le bonheur. L'amour qu'il gardait en lui devenait juste des pointes acérées qui le faisaient souffrir comme jamais. Cet homme qu'on pouvait qualifier de mort ne faisait que survivre à sa propre souffrance.

Sortant une arme de mon tiroir, je savais très bien ce qu'elle signifiait. Même dans la lâcheté je ne voulais plus souffrir. C'était pour mettre fin à cette douleur lancinante que je m'étais procuré cette semeuse de mort. Repensant à ce que je laissais derrière moi, rien ne m'accrochait à ce monde. Pointant ce flingue que j'avais longuement contemplé auparavant, vers ma tempe, j'enlevais la sécurité. Mon doigt tendu sur la gâchette, ma dernière image fut celle de l'homme pitoyable qui n'était autre que moi même. Un coup de feu retentit et mon corps s'écrasa sur le sol. J'étais mort comme j'avais vécu : dans la lâcheté.

Me réveillant dans mon lit, la sueur perlait sur mon front livide. Ceci n'avait été qu'un rêve mais les sentiments étaient toujours les mêmes. Est-ce que ce rêve était un dernier appel à l'aide avant qu'il ne se réalise ? Méditant sur cela, je regardais l'arme qui se retrouvait sur mon bureau bien sagement en attendant le pourquoi de sa présence :

- Après tout... Personne ne pleurera...