L'Akatsuki attaque Kumo

  Elle observa avec un peu plus d’attention son environnement. Le Raikage se trouvait plus loin, ne bougeait pas, n’attaquait pas, pris dans une sorte de boule sombre et liquide. Qu’avait-elle comme possibilités ? La jeune fille n’en voyait plus qu’une : profiter de cette occasion pour se ruer sur le kage et utiliser ce qu’elle savait faire de mieux : utiliser son taijutsu de clan. Elle prit une inspiration, et courut. Elle courut aussi vite que possible, aussi légèrement qu’elle le pouvait, aussi précisément que pour atteindre un but. Elle courut droit sur Zatoïchi, son chakra se dirigeant vers le bout de ses doigts. Et puis enfin, elle arriva à sa portée, et asséna ses coups. Le plus possible. Et dans une cadence on ne pouvait plus effrénée.

- Hakke ni shô, yon shô, hachi shô, jûroku shô, sanjûnishô, rokujûyonshô !!

  Et elle s’arrêta, essoufflée. Les 64 coups avaient porté.

  Après que la jeune Kunoichi de Konoha eut fini sa technique, Hachibi relâcha la sienne et le corps de Zatoïchi arrêta d’écouler le sang par sa peau, pour tomber les genoux au sol, aux pieds de la kunoichi qui sans le savoir venait sûrement de sauver la vie d’un grand nombre de personnes. Le bijuu sortit de la bulle, on pouvait nettement voir l’impact du pic de sang qui l’avait transpercé durant son combat contre Zatoïchi, cette blessure profonde ne se refermait pas malgré la puissance régénératrice des bijuu. Il n’y avait pas trente-six solutions, car cette blessure était mortelle, soit Sanosuke le jinchuriki et Hachibi le Bijuu mourraient tous les deux, soit un shinobi médical maintenait le jinchiruki en vie le temps de l’extraction de Hachibi. Dans tous les cas Sanosuke était condamné, mais la deuxième solution permettrai de maintenir Hachibi en vie. Pour le bien de Kumo, la deuxième solution était la meilleure. Ainsi Kumo gardait la main sur leur précieux bijuu.

  Gakuto stoppa sa technique lui permettant d’être invisible. Il devait à présent soigner Sanosuke. De toute façon, contre les membres de l’Akatsuki, il ne pouvait rien, et il l’avait bien compris. En plus, l’ennemi était à terre suite à l’attaque… de la jeune chuunin. Décidément, Gakuto n’était pas aussi doué que son Autre pour repérer les qualités des shinobis qui l’entourent. Il n’avait d’ailleurs pas les mêmes techniques. Ce fourbe possédait principalement des techniques de Genjutsu, alors que Gakuto possédait principalement des techniques d’Iroujutsu.

  Il était temps de montrer ses talents et d’utiliser des techniques bien apprises. Il possédait entre autre, une technique qu’il avait baptisée — comment déjà ? — Diagnostique Préopératoire ? Oui, c’est bien ça. Une technique permettant d’identifier les zones touchées et les soigner. L’identification était ici inutile, mais il utiliserait la seconde partie de la technique pour sauver Sanosuke — espérait-il tout du moins —. Les mains au-dessus de la blessure d’Hachibi, il commençait sa technique.

  La jeune Hyûga était essoufflée. Vraiment, passer de l’inaction à une rapidité extrême de ses mouvements était tout simplement crevant. Et elle ne supportait pas de faire autant d’efforts sans entraînement préalable. C’était trop. Hanako se releva, et fixa le Raikage qui tombait juste devant elle, à genoux, innocemment épuré de ses cavités de chakra fonctionnelles. Et tandis qu’une nouvelle forme apparaissait ainsi que le bijuu aux côtés de la jeune fille, elle prit soudain conscience de ce qui venait de se passer, et hésita pendant un instant à venir le tenir entre ses bras pour le secouer dans tous les sens, comme pour le réveiller :

- Raikage ! Raikage-sama !! Raikage-sama !!!!!!

  La situation était critique. Elle n’était venue ici que pour transmettre un message au kage de Kumo, et s’était par le plus pur des hasards retrouvée en plein milieu d’une attaque du village ; et même, elle s’était embarquée dans une histoire où Akatsuki, bijuu, et kage avaient leur rôle. Que faisait-elle là ? Devait-elle tout d’abord penser à sa mission, ou courir dans le village voir si quelqu’un avait besoin d’elle ? Rester ici sans savoir quoi faire ? La jeune fille devint presque blême. Un tel désastre devait avoir causé bien des dégâts… et le coupable avait… disparu dans la nature ? Elle vit revenir du coin de l’oeil son clone, tout aussi blême et pâle qu’elle. S’il était revenu, c’était que le membre de l’Akatsuki avait bel et bien disparu…

La Hyûga avait accédé à un instant de panique lorsqu'elle s'était rendu compte de ce qu'elle avait fait. Attaquer le Raikage sans autorisation... Oh, non, qu'avait-elle fait ? Elle espérait sincèrement que son acte inconsidéré, mais si elle le savait pour une quelconque bonne cause, tout du moins, n'aurait pas de répercussions sur la politique entre Konoha et Kumo. Même si elle ne savait absolument pas si la politique avait quelque chose à faire là dedans, bien qu'elle ne sache pas non plus vraiment à quoi correspondait ce mot pour des relations inter-villages, elle espérait que cela ne dégraderait en rien tout ce qui pouvait s'y trouver de "bien". Quoique... le Raikage l'avait remerciée. En arrêtant ce qu'il faisait, apparemment proie à un dé-contrôle sur lui-même, elle avait réalisé une si bonne chose qu'elle méritait même un merci ? Hanako ne se rendait pas vraiment compte de la situation. Sa tête d'enfant n'analysait que ce qu'elle voyait à travers ses yeux, et non pas ce qui se cachait tout au fond, le sens caché des choses, et parfois, la véritable vérité. Ce qu'elle voyait, au final, était la guerre et la désolation, qui avaient déjà frappé le village et causé d'incomparables ravages. Mais tout cela était quand bien même bien loin d'elle, rassemblé à Kumo plutôt que dans la forêt qui le bordait. Et là aussi, dans ce coin de végétation, il y avait des problèmes. Il y avait des problèmes ainsi qu'elle en avait elle-même aussi. Un jinchuriki blessé, puisque c'en était un, un kage affaibli, et un homme qui soignait le premier avec l'air de ne plus vraiment pouvoir faire plus. Et cet homme venait de lui poser une question, la plus bête qu'on aurait pu trouver, mais en ce moment la plus pertinente. Oui, qui était-elle ? La jeune fille ne trouva pas la réponse tout de suite. Comment pouvait-elle le dire étant donné qu'elle ne savait elle-même pas comment elle s'était mise dans cette situation ? Et, de surcroît, qu'elle venait d'attaquer son Kage ? Tout cela n'avait pas de sens... elle chercha un instant à rassembler ses esprits. Mais bien sûr qu'elle savait qui elle était... "qui" profondément, non, mais assez pour donner une réponse au Kumo-jin assez rapidement pour ne pas paraitre insensée. Elle était amnésique, soit, et avait reçu un méchant coup à l'arrière de la tête en percutant un arbre, mais quand même... alors elle répondit, encore légèrement désorientée par la question impromptue :

- Ah... oh, pardon ? Moi ? Je viens du village de Konoha, je m'appelle Hanako Hyûga... enchantée, monsieur. Je suis venue pour transmettre un message au Raikage de la part du hokage, mais, quand je suis arrivée... heu... je... elle ne voyait pas comment expliquer comment elle avait réagi devant les événements. .... je suis en mission officielle, Hanako Hyûga, chuunin de Konoha.

Sa réplique s'embrouillait, ses phrases se troublaient : elle s'emmêlait clairement les pinceaux. Tout ce sang qui coulait et qui ruisselait... ce sang... cette odeur désagréable, ce sentiment de... de vertiges... ce... [_] Elle faillit tomber alors que ses jambes ne la supportaient plus, et se rattrapa tant bien que mal sur le manche de son katana tandis qu'elle esquissait une grimace et détournait avec rapidité son regard de tout ce qui pouvait avoir un rapport avec le sang. Si ça continuait ainsi, elle aussi serait hors-combat.

Gakuto était trop occupé à soigner Sanosuke pour regarder la personne qu’il avait interrogée. Il attendait patiemment une réponse qui tardait à venir. Mais elle finit par répondre. Gakuto ne retint que les mots Konoha, Mission officielle et Chuunin. Il n’avait que faire du reste. Il ne répondit rien, il était trop concentré. Il ne la vit même pas vaciller, et entendit à peine l’Anbu revenir avec la Jarre et l’équipe C. Il finirait bientôt comme son Kage si ça continuait. Sanosuke allait mourir, il avait déjà perdu bien trop de sang, c’était évident. Mais ça ne coûtait que très peu d’essayer tout de même, peut-être que l’hôpital n’a pas été détruit et qu’ils pourront le soigner… Gakuto n’espérait même plus ça pour Sanosuke. Il soignait un mort. À quoi bon ?

Zatoïchi, avait donc fait venir une équipe de scellement qui arriva très rapidement. Dès son arrivée sur le lieu du combat, il analysa rapidement la situation. Deux shinobis qui l’accompagnaient déposèrent la jarre près du corps de Sanosuke, tandis que lui et les deux autres personnes inspectèrent les environs afin de sécuriser la zone. Le raikage, allongé sur le sol, se redressa devant l’arrivée de C et lui donna des consignes. Zatoïchi commençait à voir de plus en plus flou, même si niveau corporelle, il n’avait aucune blessure apparente, le combat qu’il venait de mener l’avait complètement épuisé. C écouta attentivement les consignes de son Kage, quand celui-ci s’écroula de fatigue sur le sol. Il savait donc ce qui lui restait à faire, il regarda alors autour de lui et ordonna à son équipe de prendre place autour de Sanosuke. C s’approcha alors de Gakuto en lui disant de se pousser, mais celui-ci ne semblait pas l’avoir entendu, alors C poussa Gakuto pour prendre sa place. Quand il le poussa, ce dernier s'effondra.

Gakuto n’avait pas entendu l’équipe arriver. Depuis combien de temps avait-il les mains au-dessus de Sanosuke, comme soutenues par une force invisible. Depuis bien trop longtemps il avait les yeux ouverts mais le regard vide. Son champ de vision s’était fortement réduit. Il ne l’avait à peine remarqué. Il était déjà inconscient depuis des minutes déjà. Son chakra circulait-il d’ailleurs encore pour soigner Sanosuke ? Il semblerait que oui, mais rien n’était moins sûr. Gakuto n’était plus qu’une coque vide. Tellement vide, que même Kugato semblait s’être totalement évaporé. Quand C avait poussé Gakuto, il avait rompu la force divine qui maintenait Gakuto dans une position stable. Maintenant, même le chakra semblait avoir arrêté de s’écouler dans le corps de Gakuto. Tenter de sauver un mort pouvait être fatal.

Le regard flou, les membres lourds. Hanako regardait ce qui se passait sans réelle conviction d’assimiler ce qu’elle laissait entrer dans ses oreilles ou à travers ses pupilles, observant sans regarder les gens qui se pressaient tout autour d’elle. Il y avait, quoi ? Quatre personnes ? Cinq personnes ? Peut être six ? C’était bizarre. Les gens se dédoublaient, maintenant. Pourquoi créaient-ils des clones ? Elle vacilla. Cc c, comment ça, des clones ? Non, ça n’était pas des clones. C’était juste sa vision qui lui jouait un mauvais tour, son esprit qui mélangeait l’exacte position des personnes qui l’entouraient. Il y avait là, à terre, le jinchuriki qui avait combattu le Raikage, celui qui ne bougeait pas depuis très très longtemps, et d’où des litres et des litres de sang s’écoulaient. Du sang… ? Était-ce le sien ? Non... Était-ce celui du Raikage ? Du shinobi de Kumo qui semblait droit et raide au dessus du corps du jinchuriki ? La kunoichi eut un haut-le-coeur. Peut-être était-ce le leur, celui de ceux qui avaient “vaincu” l’Akatsukien à l’origine de toute cette effroyable destruction ? Était-ce une mélasse de ce que leur corps avaient versé pour mettre fin à l’attaque des rangs de l’Akatsuki ? … peut-être. Peut-être, mais elle ne savait pas ; et de toute évidence, il était bien pensable qu’elle n’avait aucune envie de le savoir. Cette teinte rougeâtre lui donnait la nausée. Elle vacilla encore une fois, drastiquement. Son regard s’hasarda sur ce qu’elle réussissait tant bien que mal à distinguer. Des formes, des lignes, des courbes… des couleurs pâles et mélangées, des palettes de teintes superposées les unes sur les autres… Elle vit une masse tomber, une autre arriver et la remplacer, des formes s’étirer et disparaître de son champ de vision. Puis le monde bascula, et tout devint noir.

La jeune Hanako de Konoha, l’apprenti médecin Gakuto de Kumo, et le Raikage étaient tous trois tombés dans les bras de Morphée. C entama alors le rituel d’extraction du bijuu présent dans le corps de Sanosuke et enchaîna directement avec le scellement de ce dernier dans la jarre qu’il venait de ramener avec eux. Une gigantesque lueur sortit du corps du jinchuriki, comme si son essence vitale l’avait quitté. Cette lueur continua sa route en direction de la jarre, trésor inestimable de Kumo. C prit alors le pouls du jinchuriki gisant sur le sol, le néant, la vie lui avait été retirée en même temps que le bijuu. Les ordres du Raikage avaient été exécutés à la lettre, mais il n’avait jamais parlé que Sanosuke allait mourir de cela. Il avait sûrement caché cela, pour ne pas inquiéter l’équipe de scellement, pour qu’il fasse ce qu’elle avait à faire, sans aucune conscience de cette conséquence. De toute façon, Sanosuke était déjà pratiquement mort depuis bien longtemps déjà, l’extraction n’avait finalement rien changé... Les cinq shinobis de l’équipe de scellement prirent chacun une personne et le dernier s’occupa de la jarre. Hanako, Gakuto et Zatoïchi furent tous trois installés à l’hôpital pour vérifier qu’ils n’avaient rien de grave, Sanosuke fut quant à lui enterré avec les honneurs qu’il méritait et la jarre a été rangée dans les entrailles les plus profondes de la tour du Raikage.

FIN DU RP