Entrainement [Kenjutsu]

Seuls les faibles cessent de s’entrainer, seuls les perdant se reposent sur leurs acquis, il n’existe personne de plus fort, il y aura toujours quelqu’un pour surpasser. Ainsi est la vie et si je ne veux pas devenir un faible qui se fera vaincre un jour par un jeune qui ne cesse de se battre pour avancer il me faut entretenir ma condition, continuer à perfectionner mes techniques ainsi qu’en développer de nouvelles. Comme souvent je me suis simplement rendu sur le terrain d’entrainement, passant un moment à regarder l’horizon en respirant lentement, un moment de concentration et de méditation pour visualiser cette technique que je travaille depuis quelques temps, visualiser les manœuvres en mon esprit avant de me lancer à la pratique, repenser à mes erreurs dans les précédentes tentatives pour réfléchir à comment les corriger et à quel moment. Je ne devrais pas avoir trop difficile pour la technique de l’épée secrète du Clair de Lune, c’est une technique simple qui demande de concentrer mon chakra dans la vitesse pour rendre cet assaut plus complexe à esquiver, ou encore me permettre de me rapprocher rapidement d’un adversaire éloigné dans une charge tranchante. Je me concentre encore, repensant aux tentatives des jours précédents, regardant le terrain, les détails, les dénivellations sur le sol, les bosses avant de me décider à me lancer dans un premier essai. Enfin, un demi essai vu que je vais commencer par la partie plus complexe de cette technique, la charge.

« Je ne peux pas échouer, cela m’est interdit… Il faut que je reste concentré. »

Je repense à ces derniers entrainements, mes tentatives d’assauts, la force que j’avais mis dans mes jambes à chaque pas pour tenter d’accélérer, me rendant bien compte que j’oubliais d’user de mon chakra pour renforcer ce mouvement au lieu de ne compter que sur ma force physique. Je ne pouvais pas espérer atteindre un tel mouvement sans le chakra, cette vitesse était humainement impossible mais cette fois-ci je ne referai pas cette faute de jugement. Je pousse d’un coup sur mes pieds pour débuter la course, prenant au début la partie du terrain plat pour m’élancer avant de concentrer mon chakra, le libérant dans mes jambes pour accélérer. La vitesse est bonne, mais ce n’est pas encore assez. A peine arrivé à l’autre bout que je me retourne et recommence, jaugeant de la quantité de Chakra à libérer. Je n’ai même pas remarqué sur le moment que ma sœur Shinrei est présente à me regarder. Recommençant encore et encore j’arrive à trouver l’harmonie pour réussir ce déplacement, pour me mouvoir en laissant derrière moi une image de ma propre personne, un simple effet d’optique à cause de la vitesse du mouvement, une sorte d’écho visuel du déplacement que j’effectue. Malgré cette réussite je recommence, me sentant obligé d’y arriver trois fois de suite avant de passer à la suite, veillant à chaque fois à avoir cette image différée de mon être.

Après ces différents essaies fructueux, il est temps pour moi de recommencer mais avec le terrain moins gracieux, devant m’habituer aux obstacles et à l’imperfection du sol car après tout je vais surement rarement combattre sur un terrain aussi stable. La technique est la même sauf que maintenant je dois aussi tourner mon attention sur les points où mes pieds vont rentrer en contact avec la terre, quitte à bondir ou faire un mouvement de coté. Oh je sens bien que j’aurais pu déraper, glisser ou encore chuter mais j’ai réussi à chaque fois à me reprendre. Pourtant chaque reprise est une faute me faisant perdre en vitesse, m’obligeant à me relancer une nouvelle fois pour réessayer sans avoir à perdre du temps à cause de mon inattention sur un détail du décor. Le temps passe, et je n’ai pas cessé un instant, m’offrant juste une petite pause pour prendre un peu d’eau à ma gourde.

« Il est temps de passer à l’étape suivante. »

Maintenant que j’ai trouvé le bon rythme pour le gain de vitesse, il me faut aussi frapper au bon moment et pour cela il me faut poser au milieu du terrain un grand rondin de bois qui me servira comme cible avant de retourner à ma place, guider la gourde une nouvelle fois à mes lèvres pour m’abreuver et reprendre cet entrainement, tout en débutant à nouveau par un instant de concentration pour bien visualiser les mouvements à entreprendre. A peine la vision en mon esprit que je m’élance à la bonne vitesse, me rapprochant à toute allure de ma cible et frappe… Trop tard, j’ai dépassé la cible… Reprenant à nouveau, je frappe, trop tôt cette fois ci, connaissant quelques erreurs, me fatiguant à force d’utiliser mon Chakra mais je n’abandonne pas, jamais, continuant jusqu’à réussir une première fois, une seconde fois et enfin une troisième fois… J’arrive à faire cet assaut avec l’image de mon être différé, de frapper la cible au bon moment sur le bond final. J’ai réussis.

Shinrei : - Je suis fière de toi…

J’arque un sourcil en entendant la voix de ma sœur, tournant mon regard vers elle alors qu’elle applaudit tout en me regardant, soupirant de voir que sa curiosité l’a poussé à me regarder tout du long. Depuis quand est elle la d’ailleurs alors que le soleil commence à disparaître ? D’une voix froide et distante je m’adresse à elle pour affirmer une chose, ceci n’est que le début.

- Il n’y a aucune raison d’être fière, je dois encore mettre en pratique pour perfectionner. Laisses moi maintenant.

Rangeant finalement la lame dans mon fourreau.

Une matinée débutant par quelques enchainements, m’entrainant contre un mannequin de bois et de pailles en réfléchissant à de nouvelles techniques à mettre au point avec ma lame, des techniques rapides ou encore qui sauraient surprendre sans pour autant être basée sur la complexité ou la puissance, au contraire je réfléchis à quelque chose de simple. La lame caressant le vent siffle, le bois craque un peu sous les chocs répétés, quelques assauts pour m’échauffer suivi de quelques katas pour bien reprendre le début de cet entrainement par les bases. Après tout, il suffit de répéter un mouvement quotidien, devenu presque réflexe, pour y voir naitre une idée. Rester simplement chez soi à réfléchir nous fait oublier des gestes devenus habituels alors que de s’échauffer ainsi nous pousse à nous concentrer dessus. Pour une fois je peux d’ailleurs profiter du calme, Shinrei n’est point présente pour m’espionner pendant que Koseki est occupé de dévorer quelques feuilles, et ce dernier a un niveau de gourmandise qui m’assure une réelle sérénité sans devoir supporter ses longs commentaires. La brise comme seule compagnie, mon esprit n’est plus que dans le prolongement de mes bras vers la lame, dans mes jambes pour chaque mouvement, dans mon corps pour accompagner les pas et les assauts. Dans ce genre de moment, mon corps est mon arme et le katana n’est que l’expression létale de celle-ci.

Rangeant ma lame dans le fourreau, revenant face à la cible inanimée, je prends la posture avant de me lancer dans un premier enchainement, une frappe verticale, une autre en oblique, continuant quelques attaques avant de partir vers des mouvements plus puissants au point de trancher une part de cet chose qui commence à ressembler à un épouvantail sous les coups. Non… je m’égare, je mets trop de force, je perds en précision, ce n’est pas ce que je recherche. Je recommence depuis le début, rangeant, dégainant, reprenant quelques mouvements plus souples, plus légers, mais après à peine cinq minutes je m’arrête à nouveau, trouvant ces différents gestes bien trop prévisibles. Un soupire s’échappe, mon arme retrouvant sa place, la main passant un instant sur mon visage… Est-ce si compliqué de trouver un simple enchainement qui pourrait avoir un effet de surprise sans pour autant libérer mon chakra dans mon corps pour gagner en force ou vitesse ? Peut-être que je devrais penser comme un Genin et retourner vers les bases ? Non… Ceci ne serait que stupidité et ne me permettrait pas d’évoluer, au contraire ce serait une régression.

Mes yeux se ferment lentement, respirant profondément pour vider totalement mon esprit et revenir à des mouvements légers comme tout à l’heure, décidé de laisser l’instinct parler et m’offrir de lui même l’inspiration nécessaire. Les coups tombent sur le mannequin, attaques de front, attaques circulaires, plus secs, plus forts, plus courts et des fois plus allongés, me rapprochant puis m’éloignant, tentant de trouver une bonne combinaison, un jeu de jambe qui me permettrait d’enchainer sur une autre technique si besoin. J’essaye encore et encore, mais aucun mouvement n’arrive à me plaisir, trouvant mes gestes fades et sans intérêts, voir du déjà vu. En faite, sur le moment, j’ai l’impression qu’il est presque plus aisé de s’entrainer sur une technique complexe que de trouver un mouvement plus simple. N’arriverais-je plus à simplifier assez les choses pour mettre en place une technique qui ne demande pas trop d’effort ? Ce serait presque me condamner à user mon chakra que dans des mouvements imposants et du coup abaisser mon endurance face à des combats contre plusieurs adversaires. Non je ne peux pas me permettre de me contenter d’une puissance de frappe élevée.

Cela m’énerve et je balaie le vide d’un geste de la main, un signe d’exaspération qui soudainement éveille une idée en mon esprit, faisant naitre un petit sourire à la commissure de mes lèvres. Une idée est venue à moi d’elle même, me poussant à reprendre mon tsuba d’une main ferme et de recommencer mes assauts dans des mouvements souples, sans me montrer franc, sans me montrer sec, juste des attaques classiques de combat tel la répétition d’un Kata. Mes pieds glissent sur le sol, le flatte, je tourne sur ma propre personne pour que la lame suive mes mouvements et dans cette danse mon autre main accompagne en agrippant les Senbons pour conclure cette danse par une attaque du tranchant de mon katana, latérale, accompagné de l’envoie de ces grandes aiguilles qui filent et se plantent dans le mannequin. Et alors que j’ai terminé ce mouvement, que j’ai trouvé ce que je recherchais, quelques goutes commencent à tomber, tombant sur ma main, mon visage, mon être… La danse de la pluie, ce sera un nom parfait pour ce mouvement.