Mémoires du passé

Une ambiance pesante planait dans la salle. A Konoha, les choses n’allaient pas en s’arrangeant. Plus les jours passaient, et plus l’état de la Hokage semblait alarmant. Plongée dans un sommeil profond, d’énormes machines la protégeant et veillant à ce que rien ne lui arrive, elle reposait en ces lieux comme une reine qu’on n’oserait réveiller. Peu de personnes connaissaient cet endroit : presque entièrement emmuré, protégé par de nombreux mécanismes et enfoui loin sous terre, ce lieu mystérieux devait rester un secret aux yeux du commun des mortels. L’on savait que la condition physique de l’Hachidaime Hokage n’était pas excellente. Voire anormalement faible pour quelqu’un de sa trempe. Mais elle avait réussi à se hisser au plus haut du village de Konoha, et avait résisté à de nombreux combats éprouvants autant physiquement que mentalement. Son corps et son esprit avaient commencé à saturer de tant de poids pesant sur ses frêles épaules. Malgré l’insistance de ses subordonnés, la Hokage ne voulait rien lâcher ; et souvent, une silhouette s’enfuyait dans la nuit, armée d’une cape et d’un masque de tigre ou de renard. Elle s’occupait des relations diplomatiques, mais aussi de la politique, de la politique intérieure, et plus sérieusement encore, de toute la sécurité et de toutes les questions relatives au village ou aux ninja. Ce qui l’avait conduit à un niveau de stress et de fatigue très important.

L’entité regarda le corps inanimé de la Hyûga. Elle ne s’était jamais réveillée du coma qui l’avait plongée dans un sommeil profond, quelques jours auparavant. Mais on avait appris par Sato, tigre ninja, que cette dernière avait fait l’objet des conséquences d’un… voyage temporaire de deux Konohajin, dont l’un, détenteur d’un objet rare, -une amulette liée aux bijuu-, était décédé. Le second était revenu avec l’amulette, et les grandes instances de Konoha, furieuses, n’avaient pas oublié de le sermonner en bonne et due forme. Deux ou trois personnes avaient alors été mises au secret : un des deux clones consistants de la jeune femme, celui qui était censé veiller au bon maintien de Konoha -si jamais elle devait s’absenter sans avoir le temps de créer un nouveau clone-, était encore présent à Konoha et n’avait été affecté. Le clone partit récupérer les Konoha-jin fuyards avait connu un sort différent en se voyant proposer une sorte de… défi de l’âme, et avait disparu. On n’en savait pas plus ; du moins, on avait questionné Sora Okinawa, qui était à l’origine de tout cela, mais les évènements qui se profilaient semblaient bien mystérieux. L’ombre de la catastrophe planait.

L’étrange silhouette quitta la salle. Le corps de la Hokage ne semblait pas vouloir se réveiller : il faudrait prendre des mesures en conséquence. Marchant silencieusement dans ces couloirs sombres et froids, l’inconnu se dirigea vers une salle secrète. Il entreprit d’écrire et de détailler tout ce qui s’était passé jusqu’à présent, tout ce qui était arrivé dernièrement à l’Hokage. Sa plume frôlait le papier avec détermination : elle relatait comment les événements s’étaient enchaînés, la sortie de Yumi Hatake et Sora Okinawa, les pourparlers avec Suna et Iwa, les faits qu’avait rapportés Sato, les versions détaillées de Sora et des shinobi présents. L’inconnu détailla la vie à Konoha, le fonctionnement du Jiei ces derniers jours. Il écrivit la pluie et le beau temps, raconta comment la vie se déroulait, quelles étaient les dernières nouveautés au village. Puis ceci fait, il cacheta le parchemin et l’inséra dans une fente à même le mur. Un mécanisme se déclencha, et engloutit le papier : là-bas, étaient rangés des mémoires. Chaque moment de la vie d’Hanako Hyûga et du village de Konoha y étaient inscrits, et fermement protégés.

La silhouette remonta à la surface, et emprunta le chemin qui menait à la tour du Hokage. Là attendait un médecin mit au secret. Celui-là même qui avait effectué une série de test sur les clones consistants de la Hokage durant 20 ans. C’était celui qui avait fait avancer les recherches sur la technique interdite du Kagebunshin, et qui avait par un sceau, juré de tenir le secret. Ses recherches l’avaient mené sur une voie qui élargissait le champ des possibilités. On pouvait faire porter une image rémanente à un clone, et ainsi provoquer un genjutsu minutieux faisant croire au décès du clone. Et l’on pouvait réussir à connecter les souvenirs de la Hyûga, qui portait un sceau spécial, en faisant porter une copie dudit sceau au clone, sur lequel était apposé le genjutsu. L’intérêt était de ne pas perdre tout de suite la mémoire de la Hyûga et de pouvoir transférer les données. Cela dit, si le clone venait à disparaitre, le sceau ne resterait sur lui que jusqu’à la fin du genjutsu. Mais, étant relié au véritable corps de la Hokage, le sceau pourrait rester sans cible. Néanmoins… Konoha n’était pas suffisamment avancé sur le plan médicinal pour être sûr que cela puisse marcher ; et rien n’avait été démontré ou testé. Et le fameux médecin voyait en ces occasions une excellente manière de le faire.

Les deux silhouettes s’arrêtèrent dans une salle de laboratoire, et disparurent à l’intérieur. Sur le bureau de la Hokage, étaient inscrits ces notes : « Transmettre ces lettres à chacun des enfants de l’Hachidaime Hokage. » Sur le bureau, il y avait trois lettres.