Fiche shinobi Grade: Nombre de missions effectuées: 0 SS - 0 S - 0 A - 0 B - 0 C - 0 D Talents: Fuinjutsu / Sharingan / Katon / Kenjutsu / Genjutsu / Fûton
Sujet: Une nouvelle flamme dans le cœur Mar 28 Fév - 22:49
Une nouvelle flamme dans le cœur
Hiver 119
Une fin de journée avait accueilli depuis un long moment la pénombre précoce de l'hiver. Ayant oublié l'heure tardive, Murasaki se permit un bâillement dans son bureau lui paraissant chaque jour un peu plus étroit, ou était-ce la frustration qui donnait naissance à cette illusion ? Dans tous les cas, une réalité certaine la tenait éveillée. Son dos la tirait autant que le sommeil alourdissait son regard étrangement fatigué. La nouvelle hokage, assise sur cette chaise aussi enviée qu'admirée laissait ses yeux et ses doigts se perdre entre les documents noircis d'un dialecte que son cerveau ne semblait plus capable de comprendre. Les journées n'étaient pas assez longues, la Jûdaime le constatait assez durement depuis son investiture, mais elle ne se laissait pas abattre.
Atsui avait commencé certaines choses et en avait laissé d'autres, son assistante Calämh n'avait heureusement pas eu accès à cet héritage. Heureusement, car l'étrange parvenue était aujourd'hui portée disparue. Cet état de fait ne semblait pas avoir étonné la Jûdaime qui avait transmis sans autre forme de procès l'identification de la Kaguya aux oinins de Konoha. Malgré son métissage, la Namikaze n'était pas du genre ouverte vis-à-vis des soudainement gradés sortis de nulle part. Un soupir lui échappa sur ces pensées. Le Kyûdaime mort, c'était aujourd'hui à elle de souffler sur ces intonations passées.
La jeune femme se fit violence pour accrocher ses pupilles sur les documents laissés par son prédécesseur et les gestionnaires de la transition. Il n'y avait rien de plaisant dans cette paperasse où s'entassaient noms et données, mais ces dossiers carcéraux faisaient échos dans la conscience encore éveillée de la dirigeante. Veiller à la sécurité de son village faisait partie de ses attributions, songer au jugement de ceux qui avaient été considérés dangereux par Konoha également, cependant, cette préoccupation particulière était née d'une trahison récente perpétrée par une kunoichi recueillie par le village des feuilles quelques années plus tôt. Cette femme qui était pourtant sur la voie de l'intégration s'était vu prise à échanger des informations avec Iwa...étrange comme celle qui semblait si vindicative à leur égard avait finalement perdu la vie pour ces menaces qu'elle affirmait peu prises au sérieux par ses supérieurs. Le jugement avait été rapide, la sentence irrévocable, mais cette mesure extrême n'avait pu se voir juguler d'aucune manière envers une traîtresse qui aurait pu faire fit des talents de scellement d'une partie du village. Murasaki ne tolérait pas le risque inutile, l'imprécision, et ce cas figurait en bonne place des exemples de méfiance dont il faudrait faire preuve envers les shinobis au passé incertain.
Se renversant sur sa chaise pour tenter de soulager ses lombaires peu habituées à cette immobilité, Murasaki laissa le siège tourner et son regard anthracite se porter sur les toits bercés par la pénombre. La méfiance avait toujours fait partie d'elle... Son regard songeur cacha sa réflexion et elle se retint de saisir un dossier lui brûlant les doigts. Il fallait croire que la caractéristique était un trait de famille et cela ne la rassurait guère. Y en avait-il beaucoup des cousins comme celui enfermé dans sa juridiction ? Une certaine colère envahissait son cœur à cette pensée, fort alimentée par ces histoires que se transmettaient les survivants de son clan de génération en génération. D'aussi loin qu'elle s'en souvenait, les descendants des partisans de Madara Uchiha n'avaient jamais été que les brebis galeuses du clan de l'éventail. Sora et tous ceux s'apparentant à ce vestige de tare presque effacée ne méritaient qu'une seule chose, être honni par la branche demeurée fidèle aux véritables valeurs du clan Uchiha.
Les yeux de la kunoichi se fermèrent, étouffant doucement la colère « inutile » lui consumant la poitrine. Aucun élément ne lui permettait pour l'heure de porter un jugement sur ce jeune homme qui partageait vraisemblablement avec elle un héritage et un sens du secret particulièrement tenace. Sora « méritait » que la Hokage se fasse violence contre les préjugés ayant dirigé sa vie, mais n'ayant apparemment plus sens sous le nouveau costume qu'elle avait endossé. Apaisée, pas calmée, l'Uchiha se réserva le devoir de revoir son jugement en un autre temps et un autre lieu...prochainement
Il était dur pour la Jûdaime de lutter contre cette part d'elle-même. Murasaki peinait à réviser ses jugements expéditifs lui faisant autrefois gagner un temps précieux dans ses fonctions. Il en allait de même pour la délégation des tâches. L'ancienne cheffe d'escouade ne pouvait pas changer huit ans de minutieuses mécaniques en un claquement de doigts et, aujourd'hui encore, elle avait souvent le réflexe de s'impliquer sur des cas ou des juunins et autres anbus auraient très bien pu se passer de sa présence. C'était étrange, mais les missions qu'elle trouvait autrefois si ennuyeuses lui semblaient aujourd'hui passionnantes à côté des réflexions qu'il lui fallait adopter maintenant. Un soupir lui échappa, elle évoluerait.
Murasaki fit une pause dans son cheminement mental et observa les lumières de la rue dansant au plafond. À vrai dire, rien n'était à refaire, simplement à adapter. Ses jugements rapides s'étaient plus d'une fois avérés salvateurs en terme de gain de temps et d'anticipation, voilà ce qui l'avait fait monter en grade au sein de l'Anbu par le passé et qui avait permis tantôt la capture d'une étrange création shinobi. Cette chose, un homme de pierre que rien ne semblait avoir pu retenir, s'était vue scellée en attendant que l'équipe scientifique puisse comprendre et mener des tests sur l'origine d'un tel artefact. Encore une nouvelle secousse pour le village de la feuille, mais en attendant que la lumière soit faite sur cette affaire, la jeune femme avait donné ordre de surveiller ceux ayant été en interaction avec la bête, plus particulièrement les jeunes genins Chiaki et Takahao.
On pouvait dire que la nouvelle Hokage avait des défauts, qu'elle avait encore des choses à apprendre, mais elle travaillait bien et faisait passer l'avenir de Konoha au premier plan. De nouvelles infrastructures devaient bientôt voir le jour pour améliorer la formation des moins aguerris et les nouveaux genins s'étaient vu répartis entre les mains d'autant de juunins qu'il avait été possible d'en mobiliser. Pour Murasaki, cela n'était pas assez, mais il faudrait encore deux ans pour recomposer les effectifs d'une force moyenne et bien dix ans pour se battre à pied d'égalité avec les autres villages shinobis. Face à ces constatations, la Jûdaime s'était concentrée sur ce qui pouvait sauvegarder ces ninjas en devenir. Les préceptes de la Godaime étaient intéressants, seulement...si Konoha s'enorgueillissait d'un bon niveau médical, il y avait cependant peu de shinobis montrant un véritable talent pour cet art particulièrement fin. En revanche, les spécialités du Nidaime et son héritage avaient donné quelques pistes de réflexions à la nouvelle dirigeante. Contrairement à d'autres, le village de la feuille avait la chance d'héberger en son sein une myriade de clans capables de véritables prouesses en matière de sensorialité et Murasaki avait exploité ses liens avec les clans forts du village pour rassembler leurs membres dans cette nouvelle tâche.
Instinctivement, ses yeux s'étaient posés en direction des clans ayant acceptés ce nouveau système. Elle desserra les doigts qui s'étaient crispés sur le bras de son siège. La kunoichi demeurait inquiète à cause de la vulnérabilité de son village, mais cette solution presque arriérée possédait quelques avantages et serait bientôt secondée par, elle l'espérait, un système plus vaste pour couvrir l'entièreté du pays du feu. Pour Murasaki, il était hors de question de se faire à nouveau surprendre par un village shinobi en mal de gloire et de sang. Konoha ne se relèverait pas...
Sur un nouveau soupir, elle imprima un mouvement de rotation à son fauteuil et fit face au bureau sur lequel la défiait toujours cette infâme pile de documents. Ça, Konoha connaissait une certaine animation depuis quelques temps et la Hokage doutait fort que ce fait irait en s'arrangeant. Le temps suivait son cours et, dans le monde shinobi, les ennemis d'hier devenaient les amis de demain. Dépliant ce courrier qui avait trop patienté, la Jûdaime relut une ultime fois les quelques lignes d'une femme qui se voulait réparatrice des actes d'un tyran. Kiri avait blessé Konoha, les shinobis de Kiri avait pris des shinobis de Konoha, ils avaient pris son père et étaient la cause du retour de ses fils dans sa vie. Konoha pouvait-elle envisager une alliance avec un village qui avait fait tant de mal à sa famille ? Murasaki se pinça l'arête nasale et plissa les yeux comme pour chasser le sommeil... Comme elle avait concentré ses forces sur le quadrillage des terres du pays du feu, elle avait vu les nouveaux territoires shinobis se dessiner sur la carte du monde. On ne pouvait pas se faire de Kiri un ennemi, mais cela signifiait-il s'en faire un allié pour autant ? D'une main lente et minutieuse, la Jûdaime traça avec application les caractères invitant son homologue du pays de l'eau à la rencontrer au sein-même du village caché des feuilles.
L’œil assombrit, Murasaki acheva le pli et se leva pour l'envoyer ce soir-même. Il n'y avait plus grand monde au palais du hokage passé une heure raisonnable de la journée, mais la brune n'allait certainement pas blâmer ceux profitant d'un repos bien mérité et lui donnant pour une fois le loisir de se dégourdir les jambes entre les murs chargés d'histoire. Seule, son pas calme était le seul bruit lui parvenant jusqu'à pénétrer la fauconnerie du village. Là, bruissement d'ailes et autres mouvements de bec tintèrent à ses oreilles, mais cela n'empêcha guère la kunoichi de choisir son messager et de le parer solidement pour son vol en direction de Kiri.
Le volatile s'envola, Murasaki le regarda s'éloigner quelques instants et ôta ensuite le gant la protégeant des serres du rapace. Son regard terne accrocha alors le tatouage ornant son avant bras et son poignet... Megumi... Penser à la Hyûga lui serra le cœur et l'Hokage crispa ses mâchoires au souvenir de leur dernier entretien, de la douleur qui s'en était suivi... Pour l'instant, la nukenin demeurait introuvable malgré les recherches des oinins, mais la kunoichi gardait au fond d'elle la certitude que son amie referait bientôt surface.
Murasaki se tenait prête pour ce jour qui verrait certainement le sang de deux amies couler, mais ce ne serait pas la première fois qu'un Hokage se heurterait à l'entêtement de son meilleur ami, pas vrai ? On aurait presque pu parler de malédiction chez les dirigeants de Konoha, mais tout cela n'était-ils pas que secondaire face au village dans son intégralité ? Le règne de la Jûdaime avait bel et bien commencé.