Résolution implacable

Résolution implacable

Amegakure no Sato, Ete 120 ~

Le conseil tant attendu était arrivé, après une journée entière que l’Ombre avait utilisée pour feuilleter nombre de rapports, d’ouvrages scientifiques, d’écrits médicaux, tout cela sans rien reconnaître des symptômes connus de cette pandémie qui ravageait les rangs et le moral de son village. Son moral était aussi affecté, et tandis qu’elle se rendait à la salle du conseil, vêtue de la cape qu’elle ne quittait jamais trop longtemps des yeux et dont elle n’était jamais trop loin, son visage reflétait clairement son intention : tirer de cette réunion de réels avancements, et non pas seulement se complaindre de la situation.

Elle se tenait là, à la place qui lui était due, arborant un regard impassible envers les cinq conseillers qui lui faisaient face, attendant que tout leurs documents soient en place et qu’un d’eux ose prendre la parole, suite à son invitation.

- Bien, ne perdons pas plus de temps que nécessaire dans cette réunion. Ame souffre, j’ai ordonné des examens sur les cadavres, quels sont les résultats actuels de cette décision ? Les contaminés sont-ils traités dans de bonnes conditions ? Ont-ils du personnel qui, dans la mesure du possible, s’occupe du moindre de leurs besoins ?

Les hommes étaient médusés, ils jureraient avoir devant eux un dirigeant chevronné qui savait exactement ce qui était bon pour un village sur tout les aspects, et pourtant cet esprit était contenu dans un corps féminin que certains d’entre eux trouvaient trop frêle pour la fonction.

Le responsable de l’unité médicale pris la parole le premier, décontenancé par le silence accablant de ses collègues.

- Hum, tout le personnel médical est constamment mobilisé pour répondre au maximum à chaque besoin que les patients ont, néanmoins les effectifs sont insuffisants, et les résultats des autopsies sont nuls, nous suggérons d’arrêter ce gâchis financier pour l’allouer à une augmentation des approvisionnements de notre service.

- Cela ne donne rien donc ? Et bien, il convient en effet de cesser cette pratique, j’aurais apprécié en être informée plus tôt, mais bon, on ne peut revenir sur le passé. Cependant, ces fonds devraient être consacrés au logement des contaminés qui commencent à ne plus avoir de place pour être soigné.

Ils semblaient tous désemparés devant la gravité de cette épidémie et aucun n’avait grand-chose à dire. Le débat se poursuivit sur la marche à employer sur les cadavres, ainsi que sur le sort des contaminés qui semblaient condamnés, c’est alors que le chef de la sécurité extérieure du village prit la parole, lui qui était resté silencieux et pensif jusque-là :

- Pardonnez-moi de vous interrompre, vous tous, mais une rumeur est remontée jusqu’à moi, on raconte que notre pays voisin, Kusa no Kuni, aurait été englouti par des trombes d’eau.

Il fut interrompu par son voisin, excédé de voir qu’un membre du conseil se préoccupait d’un pays autre que le sien dans cette situation.

- C’est regrettable mais cela n’est pas le sujet, revenons à Ame si vous le voulez bien.

- Je n’ai pas fini. Les rescapés de ce pays que mes hommes ont interrogés affirment qu’un remède serait présent sur l’île qui est désormais la seule terre ferme de leur patrie. Mon avis est d’y envoyer des hommes mener enquête.

Médusés, aucun des conseillers n’y croyait vraiment, cela ressemblait trop à un piège pour être vrai. Néanmoins… il n'en fallut pas plus à Sanako pour conclure la réunion et prendre une décision.

- Parfait ! Je vous confie donc la direction du village pendant mon absence, une rumeur, aussi folle soit-elle, ne peut être négligée lorsqu’il n’y a aucune porte de sortie dans notre champ de vision. Je me rends sur place dès demain. Nul besoin de m’attribuer d’hommes ni de moyen de transport, j’irais sur cette île par mes propres moyens et ramènerait l’antidote en quantité suffisante, si antidote il y a. Sur ce, pardonnez-moi mais je dois préparer ce voyage, la réunion ayant pour l’instant trouvé une réponse, je me retire, et vous souhaite une bonne nuit à tous. Ame compte sur vous le garder à flot durant mon absence.

Cet enchaînement de mots ne laissa à aucun conseiller le temps de contester la décision, ils reconnaissaient bien là leur intrépide dirigeante, prête à donner leur vie pour le salut de sa terre, ils étaient au fond d’eux satisfaits et quittèrent donc la salle après avoir rassemblé toutes leurs affaires.