Maître du Jeu
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| Sujet: Le Cadran de sa montre. Lun 12 Juin - 20:29 | |
| Comme à l'accoutumé Yoni était paré pour s'en aller danser, ce soir il était le plus beau et le plus élégant. Dans son petit village de campagne qui ne compte pas moins de soixante-quinze habitants. Le jeune homme dans la force de l'âge savait pertinemment qu'il avait toutes ses chance s ce soir, pour être titré pour la première fois. Il s'était entraîné durant près d'un an sans relâche dans la quête de son but ultime. Pour ça, il fallait avouer qu'il sortait le grand jeux. Sa plus belle tenue de scène (la seule qu'il possédait en réalité) que sa mère avait-elle même confectionnée. Devant son miroir ébréché, posé au dessus de son lavabo, il jouait avec son peigne en faisant un mouvement d'expert pour coiffer ses cheveux gominés dont la brillance valait bien plus que mille et un ryos. Il marchait dans ces rues faites de terre le rythme dans la peau s’imaginant faire des mouvements tous aussi extravaguant, les un que les autres. Le sourire digne d'une grande publicité, le regard enjôleur. Yoni était fin prêt à leur mettre la fièvre comme il aimait si bien le dire. Du moins... Il n'avait pas imaginer.
Qu'en poussant les deux portes battantes de la salle de fête du village il tomberait face à une scène des plus sordide. Ils bougeait avec un lenteur prononcée, leurs visages semblaient se déformer sous l’apesanteur. Il faisait si chaud que très vite le jeune séducteur se retrouvait suintant et effrayé devant l'étrangeté qui habitait les personnes qu'il coutoyait à chaque instant. Au départ il avait songé à un cauchemar, leurs peaux était rougeâtre, les cheveux tombaient un à un quand d'autre avaient les gencives injectée de sang et rigolaient sauvagement rien qu'a l'idée de voir dans le creux de leurs mains irritées aux ongles jaunâtres, s’effriter leurs dents. Cela faisait quelques jours maintenant que Yoni avait eu un avant goût de ce qui attendait les hommes en enfer, il était là assis dans son lit d’hôpital, des bandelettes lui recouvrant le corps, des perfusions à la pelle branchés sur ses membres, devenus presque marrons... il était maigre, très maigre et dégageait une odeur de quasi putréfaction. Son crane présentait quelques escarres et le peux de mèches de cheveux qui se battaient en duel au sommet de sa tête étaient filandreux. Il se balançait d'avant en arrière jouant frénétiquement avec ses doigts, répétant sans cesse... Que la fin était proche, qu'il n'avait rien vue de tel. S'énervant et grossissant ses yeux injectés d’hémoglobine, faisant un peux plus s'affaisser ses paupières jusqu'à ce que les médecins puissent voir ses globes oculaires. Et pourtant les seuls mots qui, entre quelques quintes de toux d'une brutalité déconcertante, sortaient de ses lèvres devenus si minces et écorchées étaient :
- La vache et le Robinet... La vache et le Robinet...
Le médecin en chef, expert en ninja médical, dans la salle d'à coté, parlait à son équipe d'interne. Reposant ses lunettes sur le bout de son nez il affirma d'un ton grave.
- Il est ici et comme ça depuis ce weekend ? On peut donc conclure... Qu'il a contracté la fièvre du samedi soir...
L'homme qui assistait à ce premier cas de pathologie, regardait à présent le cadrant de sa montre, et il n'y voyait que des heures sombres en devenir.
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