J'ai vécu...
Né il y a 14 ans dans le Pays de la Foudre, nous vivions avec mes parents dans un des villages proches de Kumo.
Notre village était sur le littoral, le long de la route qui menait de Kumo au port de Minakari.
La vie fut paisible...autrefois.... Je n'ai connu que les lendemains incertains.
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Nous vivions pourtant dans un pays sublime, à la beauté saisissante.
Je n'ose imaginer le bonheur d'en admirer les reliefs sans craindre que le pays ne s'embrase.
Tout a vraisemblablement commencé quelques années avant ma naissance, à la disparition de Raikage Sama.
Nous avions échappé à la première vague de meurtres qui avait suivi peu après.
On ne pouvait en dire autant de mon oncle et de ma tante qui eux vivaient à Kumo.
Mère me raconta qu'on apporta leur corps un matin. Père découvrit le linge qui les recouvrait.
L'horreur le saisit.
Bien des années après il lui est toujours impossible d'en parler.
Puis la paix était revenue.. Enfin nous le croyions...
Mes parents tenaient une petite mais confortable auberge. C'était un lieu accueillant où les voyageurs aimaient à se prélasser dans les bassins adjacents.
Au printemps, le parfum des fleurs embaumait l'air.
Il y avait toujours de douces effluves s'échappant des cuisines dont celle si appétissantes du kari de Mère.. J'en ai l'eau à la bouche rien que d'y penser..
Progressivement la situation dans le pays s'apaisa, les affaires se développaient.
Je regardai les quelques voyageurs de passage avec envie. C'était pour la plupart des commerçants.
Rendez vous compte, ils se rendaient à Kumo. Comme j'étais naïf...
Ils étaient bien plus nombreux auparavant me racontaient mes parents la voix teinté de nostalgie.
Beaucoup avaient fui le pays, notamment pour Kiri.
Les années passant, les visages de nos hôtes devinrent moins souriants...
Pour finir, on n'en vit plus du tout.
Notre voisin s'appelait Junichiro. Il avait une dizaine d'années de plus que moi.
La semaine il travaillait à Kumo comme apprenti cordonnier, mais restait toujours évasif sur la vie là-bas.
Il rentrait le week-end dans son village d'enfance, où il logeait chez nous.
Il était si doué de ses mains...
Il passait son temps libre à sculpter dans le bois avec son higonokami qui ne le quittait jamais.
Je l'observai de "longues" minutes avec la patience qui caractérise un jeune enfant.
Pourtant jamais il ne me faisait de remontrances. Il riait devant mon insistance à vouloir saisir son couteau.
Je chéris le souvenir du petit Hachibi qu'il me fit pour mes 5 ans.
Alors que mes parents restaient étrangement mutiques à ce sujet, il me racontait avec passion les exploits des héros de Kumo.
Mon histoire favorite était le duel entre Darui et les Frères d'Or et d'Argent.
Junichiro me montrait les falaises proches du village et m'assurait que le combat avait eu lieu là bas.
Rien de mieux pour ébahir un petit garçon.
Puis, les disparitions reprirent.
Une nuit, quelqu'un tambourina à notre porte.
Je me levai terrorisé et rejoins Mère.
Père ouvrit armé du long couteau qu'il utilisait pour découper le poisson.
Lorsqu'il ouvrit, Junichiro s'étala de tout son long dans l'entrée. Mère poussa un cri.
Un objet était planté dans son dos. Je n'en avais jamais vu de tel.
Père le retourna, du sang s'écoulait de ses lèvres.
Même à la lueur des bougies son visage était d'une pâleur anormale.
La sueur perlait et s'écrasait sur le plancher.
L'aube vint inexorablement alors que mon ami sombrait inexorablement.
Il mourut au petit matin.
Dans son dernier geste il me tendit son higonokami.
Aujourd'hui encore, et malgré mes efforts pour l'en débarrasser, le manche demeure teinté de sang. du sang de Junichiro.
Après une courte discussion dont je ne saisis pas grand chose, obnubilé par le corps étendu, mes parents décidèrent de m'éloigner.
Mère avait un grand oncle qui vivait à Iwa.
Elle n'en avait aucune nouvelle, et ce depuis des années.
Mais dans l'urgence elle ne réfléchit pas davantage, et rédigea un courrier à l'attention d'Oncle Hiroji.
Alors que mes parents débattaient du meilleur moment pour partir, nous vîmes un matin un petit groupe traverser le village.
Encore aujourd'hui je me demande la part de hasard et de destinée qui les guida jusqu'à nous...
Ils étaient pressés...si pressés.
Mes parents allèrent à leur rencontre. Père me tenait dans ses bras, je le serrai fort.
Les esprits s'échauffèrent.
Quelques voix dans la troupe s'élevèrent pour protester, arguant qu'ils ne voulaient pas s'encombrer d'un mioche.
En échange de quelques victuailles et d'une petite bourse ils acceptèrent de m'emmener.
Père me confia aux bons soins d'une femme qui avait elle-même une fille.
Un long baiser et ce fut la dernière fois que je les vis...
Les grands yeux noirs de Père brillaient au soleil de midi lorsque le groupe reprit la route d'un pas rapide.
Mère ne retint pas ses larmes.
A la nuit tombée nous atteignîmes Minakari.
Ce grand port tournait au ralenti, les rues étaient pratiquement vides.
Je m'endormis sur le dos de l'homme qui me portait pour ne pas que je ralentisse le groupe.
Je me réveillai bercé par le doux roulis du bateau dont lequel nous avions embarqué.
Après plusiers jours nous finîmes par atteindre le Pays de la Terre.
Nous fûmes immédiatement interceptés par les forces de sécurité, parqués en quarantaine dans un bâtiment au milieu d'une caserne et interrogés.
On me demanda mon identité : "Akimitsu"
Le soldat insista pour avoir mon nom.
"Nami....euh... Kami... Kaminari.... Akimitsu Kaminari"
Je n'avais pas confiance entouré de ces étrangers et je sus que je devais protéger mes parents et notre nom.
Le soldat leva un sourcil circonspect mais inscrit tout de même ces informations.
Vu mon âge je n'avais pas grand chose à raconter.
L'officier prit la lettre de Mère.
Et je restai de longs jours à errer dans la caserne.
Je ne revis pas les autres. Tout au mieux aperçus-je leurs silhouettes par les fenêtres qui donnaient sur la cour intérieure.
Les soldats vinrent me chercher alors que je déjeunai d'un petit bol de riz sans autre agrément.
Ils me conduirent au bureau du commandant. Il discutait avec un autre homme qui se tourna vers moi et m'accueillit avec un sourire chaleureux.
L'officier me présenta ainsi Oncle Hiroji.
Après quelques échanges dont je ne compris pas la teneur, le commandant remit une carte à Oncle Hiroji.
S'y trouvaient ma photo et mon identité : "Akimitsu Kaminari".
Ce nom je le porte toujours et avec une grande fierté.
Nous partîmes ensuite pour le village d'Iwa.
(...)
- Spoiler:
Cela va faire 10 ans que j'y vis et y grandis.
Les souvenirs de Kumo s'estompent petit à petit. Reverrai-je un jour ma terre natale ?
Oncle Hiroji tient toujours une petite échoppe de vente de thé aidé de Tante Roka. Cha no Aji est une boutique prisée et fréquentée.
Aujourd'hui me voilà Genin d'Iwa.
Après avoir longuement insisté, Oncle Hiroji accepta de m'inscrire à l'Académie.
Sans doute finit-il par comprendre le besoin vital que j'avais de m'engager dans la protection de ceux que j'aime.
Un nouveau chapitre commence.