Une musique métaphysique

Une inspiration musicale

Une soirée épouvantable, les pleurs d'Héra se déversait sur Terre. La déception emprisonnait mes sens de ses tentacules négatives. Eidan Kinbara, être dont les plans n'avaient pas fonctionné. Comment pourrait-il en être autrement dans un village dont la moyenne mentale ne dépassait pas la moyenne.
Certains moments, mon cœur se retrouvait capturé par cette haine, une haine si immense que dans le reflet de mes yeux dans un miroir, je ne voyais que le vide. Un trou noir profond qui ne demandait qu'a aspirer mes dernières émotions, mon éthique, mon intégrité. La tentation demeurait si grande, qu'il m'était difficile de ne point y céder et de libérer cette haine sur ces maudits indignes qui repoussaient toutes les chances que je leur offrais. Amaterasu pouvait en être témoin, je faisais des efforts dans le but de mieux m'intégrer. Mais à quoi servait-il ? Rien…

Ma localisation sur un GPS ou une boussole serait le toit de mon appartement. J'aimais bien me retrouver dans la grâce de ce lieu. Le seul endroit de l'habitation qui conversait avec les cieux, véritable domaine de la lumière. Il représentait aussi un lieu de culte, de prières envers Amaterasu et Shiva, une déesse inconnue de la plupart du Yuukan. D'après mon grand-père Esuke, certains d'entre nous avaient déjà visités d'autres continents via d'anciens dons qui se sont perdus à travers les méandres du temps. Dire que je rêvais encore de les posséder, une quête inutile… Les arts se perdaient et les techniques aussi. Se pourrait-il que notre clan soit sur le déclin ? Je ne pouvais accepter cette alternative que nous réservait cet avenir encore incertain. Je m'emploierais à ce qu'aucun de mes semblables ne connaissent cet état de fait.
Seul le sang comptait enfin de compte, il pouvait trahir, mais restait à nos côtés. Des illuminés diraient que cela prévaut pour un sentiment inconnu de mon âme, l'amour…

Me voici qui me saisit d'une paire d'écouteurs en sortant mon MP3 tout neuf. Je l'avais trouvé en rentrant de ma seconde défaite contre Akame chez un marchant ambulant. Je n'eus même pas à le payer profitant de mon statut d'héritier de la menace pour les villageois. Un petit kunai de persuasion et le tour était joué. Tiens une étonnante musique s'écoulaient dans mon système sonore. Lisant l'écriture électronique, je pus m'apercevoir que c'était une musique provenant d'un autre continent. Un peu de nouveauté ne faisait pas de mal. Surtout pour noyer des émotions noires.
Mon corps bougeait au rythme de la musique.



                                                 « Thinking about you »

Je pensais à de nombreuses personnes, celles qui ont marqué un point fixe sur ma ligne temporel.
D'abord Shiho, une jeune femme pour qui je m'attendais à ressentir des sentiments, mais rien ne me parvint. Avec le temps, elle possédait dans mon esprit le rôle d'une amie, un être fidèle sur lequel compter. Elle avait refusé mon offre de nous allier plus étroitement. Le genjutsu se brisa à ce moment la. Elle m'avait identifié à mes ancêtres, des ancêtres qui n'avaient jamais foulés ses terres. Pas de prononciation de mots, mais l'idée était ainsi. Je ne pourrais dire si l'alliance tenait toujours. La nature, extrêmement plus puissante que le plus fort des hommes, avaient posés des barrières entre elle et moi.

Ensuite, le fantôme de Miaki venait souvent me hanter. Je l'avais envoyé à la mort par loyauté. J'avais joué avec les sentiments de la jeune femme, justement en suivant cette mentalité individualiste, enseignement de ma vision du village. Mon souhait ultime : m'intégrer par n'importe quel moyen dans un organisme pour ne pas être seul. Un loup sans meute mourrait rapidement. Je ne souhaitais pas connaître ce sort de si tôt. Pour autant, j'avais allumé la flamme destructrice de nombreux de mon clan.
Amaterasu ? Serait-ce ma punition ? Rester seul, sans allié, sans « famille », sans personne sur qui compter ? Un tel sort n'était pas enviable, mais je l'accepterais et supporterais donc ma croix si tel était mon destin.
Akame semblait me conforter dans cette idée. Elle n'avait pas voulu m'apprendre son art. Me jugeait-elle indigne de ses connaissances et me disait que j'avais juste du potentiel pour ne pas totalement me faire honte ? Sûrement, c'était la seule explication.

Laissant mes cheveux tomber comme un voile devant mes yeux, je tournais mon regard vers le soleil qui se couchait. Une œuvre naturelle et profondément magnifique qui ravissait mes yeux. Continuant mes pensées devant un tel spectacle universel, je vis la compréhension de ma vie : je ne serais jamais doué en affection, mes efforts ne payaient point.

À quoi bon souffrir pour paraître normal quand on était différent. Différent de la majorité, si malgré nous, nous faisions partie des marginaux.

Je n'avais point le choix. Il me fallait donc devenir solidaire avec mon sang, avec les néphilims. Kiri avait été une mauvaise tactique de notre chef, mais il était le chef, nous ne pouvions que porter nos croix et espérer ne pas être crucifié par notre propre fardeau.
Un village, un ouvrage trop grand même pour toute une vie. Mais un clan, une possibilité d'évolution vers un meilleur avenir. Le besoin de se sentir solidaire avec le village ne se faisait pas ressentir, mais nous étions un clan, un ensemble, une seule institution. En fin de compte, un corps…



Sur ce son, je sentais grimper en moi un amour profond pour mon clan. Eidan avait enfin trouvé le Kinbara pour fusionner.

                                                       
                                                 

Fin du rp