J'ai vécu...
Odama est né dans une famille de réfugiés de la guerre entre Suna et Iwa. Un temps nomade notamment lorsqu'il naquit, sa famille tenta de trouver refuge à Konoha. Finalement les choses furent plus difficiles et ce fut d'abord son père qui partit y chercher du travail et préparer leur venue. Odama apprit donc à vivre les premières années de sa vie modestement et dans des conditions qu'on qualifierait sans aucun doute de précaire.
Lorsqu'il arriva à Konoha, le monde changea pour lui. Il vit une toute autre face de celui-ci avant tout car cette cité était l'objet de nombreux fantasmes. Très vite, il s'incorpora à l'ensemble de la société en étudiant très jeune. Son père, ingénieur du village de Iwagakure avait fui bien avant qu'on lui suggère de servir en tant que soldat, qu'importe sa vulnérabilité face à des shinobis, comme d'autres.
Ainsi le jeune enfant de la famille Genzo, le seul, fut éduqué par des parents irrémédiablement attaché aux études et au savoir en général. Il lût plusieurs fois les enseignements religieux shintoïstes et les livres d'histoires contant des récits plus ou moins fictifs. On lui enseigna aussi le bouddhisme et les principaux courants de pensée du monde shinobi, ou du moins ce qu'on pût lui en dire. Tout était fait pour que Odama Genzo soit un homme cultivé et ouvert à tout propos. Il grandit entouré de deux parents aimants, bienveillants et équilibrés. Son père, travaillait désormais pour le village, dans un poste un peu comparable à ce qu'il avait pu connaître à Iwa. Sa mère, elle, occupa la majeure partie de son temps à veiller sur Odama au début. Puis, lorsqu'il s'en alla à l'académie, elle tenta de monter un petit commerce, un échec. Mais comme le succès est pavé de défaites, elle reprit une boutique de bien être au concept un peu novateur et pompeux. Finalement, après des débuts difficiles, elle parvint à gagner enfin sa vie.
Odama fit lui ses classes très jeune à l'académie et devint rapidement un véritable shinobi, bien avant d'avoir le bandeau. A 13 ans, il devint chuunin après un passage difficile dans la team 9, une équipe caractérisée par un manque d'entente croissant. Finalement, l'équipe dura 3 ans, le temps pour le jeune ninja à la chevelure angélique de devenir plus dur, plus solide.
Durant cette période là, Odama passe le plus clair de son temps à méditer et aider sa mère lors de son temps libre. Odama ne sort pas beaucoup. C'est un jeune garçon réservé durant cette période, il privilégia la méditation comme moyen de se replier sur lui même et apaiser ses petites angoisses. Finalement, l'expérience dura trois ans puis il devint juunin le jour de ses 18 ans.
C'est à partir de là qu'il connut son ascension la plus fulgurante, en tant que Juunin instructeur directement. Connu pour sa pédagogie, il forma de nombreux jeunes pousses par la suite. Plus encore, il fut reconnu comme un fin stratège et un meneur d'un genre différent, taiseux mais à l'influence cruciale. C'est au travers de ce statut de jeune mentor à la maturité épatante qu'Odama s'ouvrit un peu plus. Lors de ces temps libres, il commença à sortir, s'émancipant au fil du temps de sa famille jusqu'à décider de s'installer seul la vingtaine passée.
De là, il mena une vie somme toute banale et semblable à ses divers collègues de saoulerie. Finalement, il demanda à arrêter d'entraîner pour devenir un espion à l'étranger, sans doute pour échapper à la contrainte familiale et les ragots à Konoha. Il dût patienter plus d'un an et de multiples entrevues avec la nébuleuse konohajin avant d'enfin être décrocher vers un autre service. Il prit la route à 23 ans et on ne le revit plus à Konoha pendant 1 an tout d'abord, toujours en missions. Il préférait alors dormir à l'étranger, toujours, de se reposer le maximum mais jamais en dehors de Konoha. Il devint un peu fainéant.
Malgré tout, l'expérience et son instinct créateur, curieux, lui permirent de s'en sortir très bien dans la plupart de ses missions. En dehors de l'exercice de ses fonctions, Odama Genzo se fit vite à sa vie nomade et apprit à l'apprécier au fil du temps. Il vogua de terres en terres, voyagea de mer en mer, et bâtit petit à petit son propre réseau. On peut dire qu'il a prit de la bouteille depuis sa première expérience nomade. De là, le voyage poursuivit avec quelques retours ponctuels selon les ordres du village. "Cet homme est un secret à lui tout seul" avait l'habitude de dire le vieillard qui le servait au comptoir de la taverne du village de Omari, une cité côtière au nord du pays du Son détenu par Kiri. C'est une petite cité indépendante où Odama passa le plus clair de ses années d'espions, Omari était devenu un repère et un lieu sûr pour cet espion taiseux. Sa couverture tint pendant de longues et précieuses années grâce à sa prudence. Sa couverture tenait surtout au fait qu'il a très vite identifié Omari comme son "fief", son bastion et a su se servir de ses relations, peu à peu, pour obtenir la paix là bas. Malgré ses expériences, Odama refusa toujours de s'attacher, matériellement ou sentimentalement. C'était une règle d'or imposée par les instances du village, pour qui le shinobi éprouvait un profond respect. En dehors de Omari, il était donc deux fois plus discret, on approche là de la quasi inexistence aux yeux du monde, un mort.
Ce fut lors de l'automne de 118 que son destin s'écrit enfin parmi les siens, à Konoha. Au crépuscule de la mort du Hokage Atsui Shisei, sauvagement éteint par le monstre Hakka, le village nomma Murasaki Namikaze en qualité de nouveau chef du village. La nébuleuse Konohajin décida de poursuivre et solidifier le travail interne orchestré par Atsui Shisei en axant son travail sur la défense et la formation d'une grande armée de haut niveau. On appela dès lors de nombreux corbeaux comme Odama pour servir directement au village, réduisant ainsi peu à peu les missions extérieures.
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Accoudé sur le comptoir, le regard dans le fond de son verre, le grand blond est un des ultimes clients ce soir. Il fait froid dehors, le vent souffle dans les rues de Omari près de la côte. L'odeur du poisson empeste encore, la pluie crache aussi sur les toits mal entretenues de la cité. Deux ombres se mouvent dans la grisaille ambiante, encapuchonnés, ils atteignent enfin la flamme qui scintille à l'entrée du domaine tenue par Ryuke, le vieil homme de cette taverne née il y a plus d'un demi siècle. Lorsque l'un d'eux poussa la porte d'entrée, une bourrasque s'engouffra dans la taverne emportant quelques feuilles et set de tables. Instinctivement, l'espion de la feuille pivota sur son siège et posa une main sur le fourreau de son sabre. Le regard un peu vague sous l'effet de l'alcool, on est en fin de soirée, il dévisage d'abord les deux individus jusqu'à ce que l'un se décide à avancer et retirer sa capuche. Laissant apparaître enfin son visage, on distinguait ainsi un jeune homme aux cheveux blonds cendrés, la coiffe en pagaille. Puis, le second, resté près de l'entrée, dévoila lui aussi son visage. Un quinquagénaire laissant paraitre de multiples crevasses et rides d'âge le long d'une peau rigide, dure. Ses yeux bleus perçant le regard incrédule de Odama Genzo, ce dernier eut enfin une réaction après quelques secondes d'un silence pesant.
-Suis nous dehors.
Odama laissa un peu de monnaie sur le comptoir, prit sa longue tunique d'une poigne et s'extirpa de la taverne sans un mot, suivi des deux individus. Il marcha quelques mètres jusqu'à un abri de fortune, entre le toit d'un chariot de marchandise et la devanture d'une épicerie fermée. Il se grilla une clope, en s'y reprenant à trois fois à cause des tornades hivernales de la côte de Omari. Il eut un frisson à la première latte de tabac, l'effet chaud froid sans doute.
-Tu vas finir par ressembler à un pirate à force de vagabonder dans ce trou. Lâcha le plus jeune des deux.
Odama demeura silencieux, tirant doucement sur sa cigarette tout en plissant les yeux un peu gêné par les rafales.
-Toujours aussi bavard. Continua le jeune. Il fourra sa main dans sa poche et lui tendit un papier, c'était un ordre du village, son sceau portait le symbole de la Feuille. Odama pinça le bout du papier entre majeur et index et prit connaissance de la lettre. Il finit enfin sa cigarette après avoir relu deux fois.
-Qu'est-ce que ça veut dire?
La voix rauque du vieil homme reprit son chant, ce qui fit rapidement taire le plus jeune des trois protagonistes.
-La fête est finie Odama, le village a décidé que les corbeaux rentraient au nid. Tu piges?
Les corbeaux étaient le surnom qu'on donnait dans l'armée aux espions, éclaireurs, ceux qui œuvrent à l'étranger, souvent secrètement et dans le silence pour Konoha.
D'abord, Odama ne put contenir une sorte de dépit, la mine comme déconfite. Puis revint cette expression des plus neutres qu'on lui connaissait tous. Il acquiesça et tourna les talons avant de s'effacer dans le brouillard du début de soirée. Il fera ses affaires rapidement puis retourna pour une dernière tournée à la taverne accompagné de son ami Ryuke. Le shinobi reprit la route au levée du soleil, au petit matin, vers Konoha. Le sac sur les épaules et le bandeau vissé à son front, l'enfant retourne à la maison.
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Konoha, hiver 121 (Présent), au domicile de la famille Genzo.
Depuis son retour, Odama a prit l'habitude chaque dimanche de rendre visite à ses parents et partager le soupé avec eux. Son père a arrêté ses fonctions aux ordres du village depuis quelques années et l'activité de sa mère leur suffit désormais. La famille Genzo fait partie des privilégiés qui ont pu fuir rapidement lors de l'assaut Kirijin. Cela leur valut une réputation de "bourgeois" parmi les petits secrets de quartier. Depuis, ils ont pu acheter tout un domaine plus en hauteur du village, dans un cadre privilégié et paisible.
-Alors, Odama, quand est-ce que tu reprends du service là bas, en dehors du village?
-Mère, j'ai une excellente nouvelle à t'annoncer. Père, aussi. Il sourit. Le hokage et ses conseillers ont décidé que je serais plus utile ici au village. Je reprends demain avec ma nouvelle équipe.
-Ta nouvelle équipe! Fut surprise sa mère.
Odama reprit un visage ainsi qu'un ton plus sérieux.
-Oui... Un ami à moi avait l'habitude de dire que c'est dans la jeunesse que peut apparaître le changement.
A suivre