Les incroyables aventures d'Azuko Ryuka

La lueur du soleil enflammait le faciès du marmot étalé sur le divan. Celui-ci, un filet de bave au coin des lèvres, dormait paisiblement. En vérité, il n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Depuis peu, son village natal auquel il était tant attaché avait été rayé de la surface du globe et sa famille n’avait donné aucun signe de vie depuis la catastrophe. La vieille cabane dans laquelle il se trouvait actuellement était la propriété d’un vieillard qui avait réussi à extirper le gamin de la garnison avant la grande explosion. Il l’avait recueilli de son plein gré ; chose tout à fait étonnante puisque l’homme à l’origine de la destruction du village des roches n’était rien d’autre qu’un membre du clan Ryuka. Peut-être qu’il y avait justement une bonne raison d’agir ainsi. L’odeur des grillades attisa la curiosité de la jeune pousse qui se leva brusquement de sa couche pour rejoindre le délicat arôme de viande grillé. Le vieillard qui l’attendait en tailleur s’exclama :

— Bien dormi gamin ?

Azuko acquiesça et s’installa autour du buffet, ne demandant guère la permission pour se servir. Avant même que l’étranger ne dise quelque chose, quatre brochettes étaient déjà dans la gueule du garçon. Il se gavait comme un véritable roi.

— Comment va ta blessure ? continua l’étranger.

Le jeune Ryuka n’avait rien entendu des paroles de son interlocuteur. Il réfléchissait scrupuleusement aux épices qu’avait ajouté l’individu pour donner un tel goût à la grillade. Après avoir fini sa bouchée, il se décida à lui répondre.

— Eh bien mieux qu’avant ! Merci de m’avoir secouru, mais il est temps pour moi de retrouver ma mère, elle a dû s’installer non-loin du village après l’explosion.

— Disons que… il est difficile de se prononcer maintenant mon garçon. Par ailleurs, j’ai entendu dire que quelques réfugiés dont probablement ta génitrice s’étaient réfugiés au Pays du Vent, tu devrais commencer par là.

L’homme maniait bien les mots, Azuko ne pouvait que le croire. Cependant, il était hors de question pour le vieillard de renvoyer le garçon à une mort certaine. L’on disait qu’un groupe de rebelles s’était formé dans les montagnes : cela ne présageait rien de bon. Le mensonge était donc la seule option qui lui restait pour éloigner l’enfant de ce coin maudit.  

— Super, alors allons-y ! dit-il tout en se levant.