Un collègue amical

"Rapport de mission : 'Armagedon'. Le convoi d'armes en direction de Suna a bien été intercepté. Aucun survivant, la marchandise est en parfait état. Retour des membres de la mission et du butin à Konoha d'ici deux jours."

Itade referma le dossier qu'il tenait entre les mains et le fit brûler instantanément du bout des doigts, d'un air satisfait. Si il n'avait aucune nouvelles du Tsuchikage et du Raikage, les agissements du Kazekage lui semblait de plus en plus suspect et il se faisait un devoir de contrecarrer les plans de son collègue de Suna, dans la mesure du possible. Lorsqu'une mission comme celle ci aboutissait sur un succès, sa journée en était fatalement égaillée. Tout sourire, le shishidaime fit pivoter son siège à roulette à 180° afin d'être face à l'immensité de son village. De son bureau, il avait une vue d'ensemble sur son village, sa famille. Konoha.

Rechargé à bloc par cette vision harmonieuse, Itade tourna à nouveau sur son fauteuil pivotant et fit face à l’irréductible pile de dossiers. Il attrapa le premier d'entre eux et parcouru rapidement du regard le rapport de mission qui s'y trouvait. Alors que sa main attrapait machinalement le tampon "classé" qui se trouvait à coté de lui, une voix qu'il ne connaissait que trop bien retentit dans les couloirs.

-...ssez-moi passer bande d'abrutit ou je vous ferrait payer votre stupidité !

Le Kazekage, ici ? Pourquoi se serait il déplacé en personne ? Une missive aurait amplement suffit pour une requête ordinaire ! Rongé par la curiosité, le Kage de Konoha interpella le garde responsable de l'entrée à son bureau :

- Si vous tenez à toutes les parties de votre corps, vous ferriez bien de le laisser entrer !

Immédiatement, la porte s'ouvrit en grand, claquant contre le mur du bureau. Le Kazekage se glissa dans l'ouverture, suivi d'un ninja étranger probablement originaire lui aussi de Suna et du ninja qui était chargé de monter la garde à l'entrée du village. Il avait probablement du passer un mauvais quart d'heure. Itade se leva à la rencontre de son pair et lui tendit une main qui se voulait chaleureusement respectueuse. Le kazekage la fixa un instant comme si il ne savait qu'en faire et, après quelques secondes, enleva son chapeau cérémonial, en guise de salut. Décontenancé par cette attitude particulièrement étrange, Itade tenta une nouvelle fois d'établir des relations cordiales avec son collègue, tout en lançant la discussion au plein coeur de son sujet :

- Que me vaut le plaisir de votre visite, Kazekage ? Je dois avouer que faire le trajet Suna-Konoha et Konoha-Suna n'est pas une mince affaire, dois-je en déduire que l'importance de votre visite dépasse la simple courtoisie ?

D'un regard, le shishidaime intima aux ninjas de Konoha de déserter le bureau.

Lorsque Shunsuke Kinbara fit irruption dans le bureau du Hokage, il était furieux. Comment ? Lui, un des cinq grands Kage du monde shinobi, avait été ralenti par un misérable cloporte de Konoha ? Non ! Jamais ! Même Hebi n'avait pas osé s'interposer lorsque le Kazekage avait fracassé un des soldats contre le mur ! Il s'en était fallu de peu qu'il ne succombe au choc, et gisait au sol, assommé. Fort heureusement pour eux, les Konohajins avaient eu la chance que les cris de rage du Seigneur de Suna avertissent Itade Matsudaï, qui s'empressa de mettre fin au conflit. Et il se tenait là, devant lui, un sourire naïf sur le visage. Il tendit la main à son confrère, qui se contenta de la regarder avec mépris. Depuis quand ce gringalet estimait pouvoir toucher le tout puissant Kazekage ? Et s'il voulait lui lancer une technique ? Shunsuke pinça les lèvres, méfiant, et préféra se contenter d'un simple salut, qu'il exécuta avec le plus de respect donc il était capable de faire preuve.

– Que me vaut le plaisir de votre visite, Kazekage ? Je dois avouer que faire le trajet Suna-Konoha et Konoha-Suna n'est pas une mince affaire, dois-je en déduire que l'importance de votre visite dépasse la simple courtoisie ?

Les quelques ninjas restant dans la pièce la quittèrent aussitôt, les laissant seuls : Hebi, Itade Matsudaï, et lui-même. D'un simple geste du menton, Shunsuke fit comprendre à Hebi qu'il souhaitait rester seul avec le Hokage, et celui-ci quitta le bureau sans dire un mot, conscient qu'il devait rester à l’affût du moindre bruit. Le Kage de Konoha sembla satisfait de cette décision, et en fit part à son collègue :

– Je vous remercie de faire preuve d'autant de confiance à mon égard, je sais que vous ne vous séparez pas facilement de votre garde rapprochée.

– Cessez de vous exprimer avec ce ton mièvre dont vous faites preuve depuis tout à l'heure, répondit-il d'une voix tranchante. Je ne suis pas venu ici pour échanger des civilités, fusse avec le plus grand ninja du village de Konoha. Si je suis venu jusqu'à votre village, c'est que j'ai, comme vous le devinez, une excellente raison. Si je n'avais eu besoin que de parler avec vous du prochain examen juunin, j'aurais demandé à un messager de se déplacer à ma place. Nous en viendrons à en discuter en temps voulu, cependant, et ce avant mon départ. Il fit une pause, puis reprit. Il se trouve que le précédent Kazekage — paix à son âme — Gaara du désert avait de la famille à Konoha, et ce par alliance de sa soeur, Temari no Sabaku. Comme un malheur ne vient hélas jamais seul, cette dernière a disparu il y a peu au cours d'une mission, et nous sommes sans nouvelles... J'ai bien peur qu'elle n'ait été tuée.

Le visage de Shunsuke se ferma, comme pour témoigner de la peine qui aurait pu l'étreindre s'il avait eu la moindre once de compassion dans son coeur veule. Il continua son discours de manière plus lente, comme s'il pesait chacun de ses mots.

– Vous comprenez donc bien que je suis personnellement impliqué dans cette affaire. Mon honneur est impliqué, car je suis responsable de la disparition de Temari ! Si jamais je ne l'avais pas envoyée si loin de nos terres... Elle serait peut-être encore parmi nous. Je tiens à annoncer personnellement à sa famille ce qui est arrivé, car Temari no Sabaku était une kunoichi de Suna, notre sang, notre patrie. Jamais nous ne l'oublierons. Il revient à moi, son Kage, de lui rendre hommage en ce jour.

Il posa la main sur la table pour donner plus d'impact à ses mots. Même un ninja sensoriel aurait eu du mal à démêler le vrai du faux de ses paroles, rendant le récit du Kazekage presque crédible. Mais il se moquait éperdument que son discours soit sujet à suspicion de la part de son interlocuteur : il savait que la courtoisie le pousserait à le croire, ou plutôt, à faire semblant de le croire. Il asséna une dernière phrase au Hokage, qui résonna dans le bureau, en suspens :

– Moi, Shunsuke Kinbara, demande à voir en privé Shikamaru, Shinsaku et Saya Nara dans les plus brefs délais afin leur communiquer toutes mes condoléances concernant la disparition de Temari no Sabaku.

– Cessez de vous exprimer avec ce ton mièvre dont vous faites preuve depuis tout à l'heure, répondit-il d'une voix tranchante. Je ne suis pas venu ici pour échanger des civilités, fusse avec le plus grand ninja du village de Konoha. "Shunsuke Kinbara, si il y a une chose qu'on peut lui reconnaître c'est qu'il est toujours égal à lui même !" Si je suis venu jusqu'à votre village, c'est que j'ai, comme vous le devinez, une excellente raison. Si je n'avais eu besoin que de parler avec vous du prochain examen juunin, j'aurais demandé à un messager de se déplacer à ma place. "J'avais cru comprendre effectivement qu'il ne faisait pas beaucoup dans le social. L'agoraphobie se soigne de nous jours, pauvre fou !" Nous en viendrons à en discuter en temps voulu, cependant, et ce avant mon départ. Il fit une pause, puis reprit d'une voix radicalement différente : il parlait désormais d'un air patriote, d'un air sincère. Quelque chose clochait. Il se trouve que le précédent Kazekage — paix à son âme — Gaara du désert avait de la famille à Konoha, et ce par alliance de sa sœur, Temari no Sabaku. Comme un malheur ne vient hélas jamais seul, cette dernière a disparu il y a peu au cours d'une mission, et nous sommes sans nouvelles... J'ai bien peur qu'elle n'ait été tuée.

Une expression de tristesse orna le visage du kazekage. Ses traits s'étaient changé en une fraction de seconde du regard méprisant à l'oeil de l'homme qui souffrait le martyr. L'expression semblait sincère et Itade se surprit à guetter une larme au coin de l'oeil de son collègue au visage habituellement sévère. Comment une larme pourrait couler un jour sur les joues d'un pareil homme ? Le kazekage reprit de plus belle. Encore une fois, son ton avait changé. Il ne déplorait plus la mort de Temari mais revendiquait l'importance de son honneur. Comme si un homme qui avait commis de pareilles atrocités avait jamais connu le sens du mot "honneur".

– Vous comprenez donc bien que je suis personnellement impliqué dans cette affaire. Mon honneur est impliqué, car je suis responsable de la disparition de Temari ! Si jamais je ne l'avais pas envoyée si loin de nos terres... Elle serait peut-être encore parmi nous. Je tiens à annoncer personnellement à sa famille ce qui est arrivé, car Temari no Sabaku était une kunoichi de Suna, notre sang, notre patrie. Jamais nous ne l'oublierons. Il revient à moi, son Kage, de lui rendre hommage en ce jour. Posant la main sur le bureau, Kinbara changea encore une fois d'attitude : il était désormais revendicatif et sûr de lui. Moi, Shunsuke Kinbara, demande à voir en privé Shikamaru, Shinsaku et Saya Nara dans les plus brefs délais afin leur communiquer toutes mes condoléances concernant la disparition de Temari no Sabaku.

Itade arqua un sourcil : si le discours de Shunsuke tenait la route, Itade était intimement convaincu qu'un homme capable de réaliser ne serait-ce qu'un tiers de ce que lui avait rapporté Kyûji était foncièrement mauvais. De plus, le shishidaime avait pu lui même assister au tempérament explosif de son collègue de Suna. Comment quelqu'un pouvait traiter une personne comme un petit morveux défroqué et lui tenir se genre de discours la seconde d'après ?! Pourquoi le seul moment où le kazekage semblait sincère, cela sonnait faux ? Depuis qu'il était à la tête de son village, Itade se méfiait de Kinbara comme de la peste. Pourquoi changer une bonne habitude ?

Depuis la mort de Gaara, les relations Suna/Konoha s'étaient dégradées rapidement. Par conséquent, le hokage n'était pas en mesure de refuser la requête de son collègue sans risquer de déclencher une nouvelle guerre ninja puisqu'il n'avait aucun argument valable contre lui si ce n'était une intuition qui lui faisait froid dans le dos. Cependant, le shishidaime ne pouvait pas non plus se permettre de laisser un individu aussi louche que lui déambuler librement à Konoha. La réponse d'itade était par conséquent fixée d'avance :

– Comme vous l'avez souligné, Temari était affilié au Nara par alliance et par là même, au village de Konoha tout entier. Si il est arrivé malheur à cette pauvre femme, alors il me faut, moi aussi apporter mon soutien à sa famille car je suis moi aussi responsable de ce tragique évènement dans la mesure où, si Temari avait été assignée à l'une de mes missions plutôt qu'à l'une des votres, elle serait peut être encore en vie à l'heure actuelle. Nous irons donc tous les deux apporter notre soutien à la famille nara.

– Comme vous l'avez souligné, Temari était affilié au Nara par alliance et par là même, au village de Konoha tout entier. Si il est arrivé malheur à cette pauvre femme, alors il me faut, moi aussi apporter mon soutien à sa famille car je suis moi aussi responsable de ce tragique évènement dans la mesure où, si Temari avait été assignée à l'une de mes missions plutôt qu'à l'une des votres, elle serait peut être encore en vie à l'heure actuelle. Nous irons donc tous les deux apporter notre soutien à la famille nara.

Shunsuke marqua un temps d'arrêt, incertain d'avoir bien entendu. Il avait certes prévu cette éventualité, mais l'entendre de vive voix lui était fort désagréable. Comment ? Ce mecton avait pour projet d'interférer dans les plans du Kazekage ? Soit il n'avait absolument pas compris quel genre d'homme était Shunsuke Kinbara, soit il était complètement cinglé... Ne désirant pas sous-estimer son adversaire, il décida de considérer la première option, et se pencha en avant, prenant appui sur la table avec ses poings fermés. Ses yeux descendirent au niveau de ceux du Hokage, qui se tenait assis devant lui. Le dirigeant de Suna avala sa salive, préparant minutieusement chacun de ses mots.

– Mon très cher Hokage... Je pense que vous n'avez pas saisi le sens de ma demande... Il fit une pause, conscient que le regard de son adversaire n'avait pas cillé. Lorqu'il reprit, sa voix avait gardé son calme et sa retenue, mais s'était indubitablement durcie. Je comprend que vous vous sentiez concerné par cette affaire, après tout, vous tenez tout particulièrement à votre grande... famille. Cette volonté du feu qui vous est si chère, n'est-ce pas ? Mais je vais vous faire rentrer quelque chose dans le crâne, Itade Matsudaï. Vous allez devoir comprendre que je ne suis pas du genre à marchander quand je viens formuler une requête avec toute la courtoisie dont je suis capable. J'ai essayé de me montrer compatissant, compréhensif, mais quand je demande à voir une personne en privé, je tiens à ce que ma volonté soit respectée. Et manifestement, vous avez sciemment ignoré ce détail.

Il se redressa, et recula d'un pas, toisant le Hokage d'un regard agacé. Pour le moment, il se gardait bien de lui témoigner du mépris, cela n'aurait guère servi ses plans de se mettre les autorités de Konoha à dos, mais il tenait à montrer à son interlocuteur son mécontentement. Plus il serait honnête, et plus le jeune dirigeant le prendrait au sérieux. La première chose à faire lorsqu'on était en difficulté dans une conversation était de contenter son opposant, une sorte de concession temporaire qui aurait pour but de relâcher la tension et de le préparer à un éventuel compromis. Contrairement au jeune Matsudaï, Shunsuke Kinbara avait une longue expérience de la politique, et cet avantage risquait de se montrer déterminant.

– Ecoutez... Je comprend votre réticence. Je ne suis pas réputé pour être d'un calme olympien, ni pour ma douceur, mon indulgence ou ma gentillesse. Mais il y a une chose que vous comprendrez sûrement, car vous êtes, comme moi, un des 5 Kage, et votre position témoigne de votre intelligence et de votre perspicacité. Je ne vous jette pas des fleurs pour vous satisfaire, je pense que vous avez très bien compris que je ne suis pas ce genre d'homme. Si je vous dis cela, c'est pour que vous vous rendiez compte de ma situation : trouveriez-vous juste que je comparaisse devant la famille des Nara comme un accusé, avec vous à mes côtés ? J'ai besoin de les voir seuls à seuls, leur faire part de ma peine et de mon empathie. Je ne suis pas doué de la force d'esprit qui permet aux gens droits de ce monde de faire pénitence quelles qu'en soient les circonstance. Ma fierté souffre énormément de cette affaire qui entache ma réputation. Et devoir présenter des excuses devant un de mes confrères est au delà de mes forces.

Shunsuke passa sa main droite sur son visage crispé, et posa ses doigts sur ses tempes. Qu'il était difficile de jouer ce petit jeu devant un crétin arrogant dans son genre ! Mais le Kazekage avait vécu bien pire épreuve, et la manipulation psychologique faisait partie de ses spécialités. Il briserait la résolution de ce gamin comme une brindille prise dans un ouragan.

– J'ai conscience d'avoir contribué à l'éloignement de Suna et de Konoha. Mais voyez ma démarche : je suis venu ici seul, dans votre bureau, pour parler d'égal à égal. Je n'ai pas le souvenir d'avoir constaté pareil effort de votre part, mais je ne vous en tiens pas rigueur, non. C'était ma responsabilité, et je l'assume, devant vous. Les examens juunin ne tarderont pas, et je pense qu'il serait judicieux d'aborder cet évènement sereinement, certes pas en tant qu'ami, cela serait trop me demander, mais pas en tant qu'ennemis non plus. S'il-vous plaît, Matsudaï-san, laissez moi leur parler. Seul.

-S'il-vous plaît, Matsudaï-san, laissez moi leur parler. Seul.

-J'accepte.

Le regard de charbon du hokage était rivé dans les yeux azur de son collègue. Cet homme était le mal à l'état pur. Avec lui à la tête de Suna, il ne faisait aucun doute qu'une nouvelle guerre ninja allait éclater à un moment ou à un autre. Autant préparer ses atouts pour être prêt lorsque la guerre éclatera. Il fallait encore un peu de temps à Itade pour maitriser pleinement ses nouvelles facultés et encore plus pour aider son jinchuuriki à maitriser les siennes. Si il s'obstinait à contrecarrer les plans de Shunsuke, ce dernier entamerait peut être les hostilités prématurément. Tant pis pour le problème Nara : la sécurité du village passait avant celle de cette minorité ! Qui plus est, en prenant en compte l'attitude de Kinbara, il y avait fort à parier qu'un simple refus de la part du Hokage ne l'aurait pas empêché d'arriver à ses fins.

-J'accepte de vous accorder cette visite à laquelle vous semblez tant tenir. Mais si jamais il arrive quoi que ce soit à l'un des membres de la famille Nara, vous aurez à subir les conséquences de vos actes.

Les deux hommes, séparés d'une vingtaine de centimètres se dévisageaient, l'air grave. Itade ne rigolait plus : si il y avait une chose dangereuse en ce bas monde c'était bel et bien de sous-estimer son adversaire. Shunsuke se fourrait le doigt dans l'oeil jusqu'au coude si il ne pensait pas son collègue capable de lui régler son compte le moment venu. Quelques secondes s'étaient écoulées lorsqu'Itade reprit la parole.

-Avant que vous n'alliez annoncer votre deuil à la famille Nara, autant faire d'une pierre deux coups et régler l'affaire des examens Juunin en tête à tête dès maintenant. Avez vous déjà envisagé une épreuve particulière ?

La transition était certes un peu brutale mais Itade préférait passer pour quelqu'un de relativement abrupte plutôt que de rester sur une discussion telle que celle qu'il avait eu à l'instant.

Shunsuke KInbara camoufla habilement le mince sourire qui se dessinait au coin de ses lèvres. Et bien, il avait dû insister, et pas qu'un peu, pour que ce nabot daigne accéder à sa requête. Les menaces du Hokage le laissèrent de marbre, et il attendit patiemment que son interlocuteur ait fini de parler. Il en fallait beaucoup plus pour réussir à inquiéter celui qui n'avait pas peur de témoigner ouvertement son hostilité envers l'ensemble du monde shinobi. Subir les conséquences de ses actes ? Le jour où il subirait les conséquences de tous ses méfaits, il serait mort depuis bien longtemps... Amusé, il observa le jeune Matsudaï changer de sujet de manière quelque peu maladroite. Peut-être croyait-il que sa résistance serait vite oubliée ? Si c'était le cas, il se fourrait le doigt le doigt dans l'oeil jusqu'au rectum ! Mais pour le moment, il était plus judicieux de jouer son jeu, et de ne plus reparler de cet incident diplomatique :

– Certes, mon ami, certes, soupira Shunsuke comme s'il était déçu de l'attitude cavalière de son confrère. Il savait que le Hokage ne pourrait revenir sur sa parole et mettre un peu à mal la fierté du Kage de Konoha l'amusait au plus au point. Tout d'abord, avant de décider quelles seront les épreuves imposées, il serait plus judicieux de choisir le lieu où se déroulera ce fameux examen. Il jeta un bref regard au jeune homme, et sourit en constatant qu'il était gêné de ne pas avoir pensé à une telle évidence. Cette fois-ci, il ne prit pas la peine de le dissimuler. Nous avons déjà eu l'occasion d'aborder le sujet avec Gin Inkan, le Tsuchikage, et je vous avouerai que nous sommes loin d'avoir tranché. Iwa semblerait toutefois êtes un lieu d'accueil potentiel. Quant à Suna, vous savez aussi bien que moi que la question ne se pose même pas, nous ne sommes pas en mesure d'accueillir quelque évènement que ce soit.

Il fit un pause, avala sa salive, et jaugea le Hokage du regard.

– Konoha, je suppose, se proposera lui aussi comme hôte. Sachez que je n'ai pas de préférence, et je ne m'opposerai à aucune de vos propositions. Il faut que vous sachiez cependant que Kiri ne me semble pas un choix judicieux, mais après tout, vous êtes libres de choisir le village de votre choix. Tenez-moi au courant par messager, je vous répondrai dans les plus brefs délais... Je pense que tout est dit, en ce qui concerne ce sujet. Il se caressa la mâchoire d'un air songeur, passant son index le long de sa cicatrice, puis reprit, d'un ton calme : Pour répondre à votre question, maintenant que nous avons reciblé nos priorités, j'ai effectivement pensé à quelques épreuves que nos chuunins pourraient passer au cours de cet examen. De toute manière, nous ne dérogerons pas au duel entre 3 shinobis, qui est en quelque sorte un... classique du genre. Certes, nous pouvons en temps normal faire monter nos shinobis en grade de notre propre chef, mais ces duels sont toujours révélateurs. J'apprécierais de les conserver cette année. Ensuite, j'ai pensé à une mission en équipe, quelque chose qui mette à l'épreuve les responsabilités de chacun de nos participants. Leur demander de mener une équipe de genins, peut-être ? Je n'ai pas creusé l'idée.

Quoi qu'il puisse en dire, Shunsuke appréciait de discuter avec le jeune homme. Le Kazekage était quelqu'un de solitaire, qui se plaisait à rester seul, et qui ne supportait que difficilement la présence d'autrui, mais débattre de ce genre de sujet avec un shinobi d'un niveau presque similaire au sien, exposer ses idées à quelqu'un capable de les analyser, et de les critiquer, c'était une expérience plaisante. Mais il aurait préféré mourir de la main de Sasori que l'avouer devant ce blanc-bec.

– Enfin, une idée m'est venue. Pourquoi ne pas proposer aux chuunins participant de se mesurer à l'un d'entre-nous ? Il ne s'agirait pas de nous donner à fond, bien sûr, ni même de dévoiler ainsi à nos confrères l'étendue de nos capacités, car vous savez aussi bien que moi que nos espions s'en chargent déjà très bien. Il s'assit comme si de rien n'était, mettant son interlocuteur probablement mal à l'aise. Il lui faisait ainsi bien comprendre qu'il avait pleinement conscience des tentatives d'espionnage de son adversaire, et par là même que lui aussi avait espionné le village de Konoha. Puis, indifférent aux possibles réactions d'Itade Matsudaï, il termina son discours. Vous n'êtes pas obligés d'accepter cette idée, mais je pense qu'elle nous permettrait d'évaluer le niveau des participants d'une manière beaucoup plus fiable qu'en les regardant simplement s'affronter entre eux. Et puis quel honneur pour ces jeunes shinobis de livrer un duel contre un des cinq grands Kage, vous ne trouvez pas ?

Shunsuke Kinbara était agressif, impatient, nerveux, paranoïaque, orgueilleux, borné, cassant, egocentrique, cruel et lunatique. On pouvait lui attribuer sans mentir tous les défauts de l'humanité cependant, Itade fut forcé de lui reconnaître une chose : il avait de l'imagination. Lorsque son pair lui exposa les differentes idées qu'il avait eu quant à la nature des épreuves Juunin, Itade ne pu réprimer le sourire qui se dessinait alors sur ses lèvres.

–C'est effectivement une idée interressante que nous pourrions exploiter, cependant je suis sûr que vous serez d'accord avec moi : elle necessite la mise en place de sous épreuve qui nous permettrons de faire rapidement une séléction des meilleurs éléments, nous n'allons certainement pas organiser une centaine de duels contre des chuunin. Au vu du nombre de participant cette année, je suggère que seul un tiers des ninjas tout au plus puisse accéder au tournois traditionnel. L'idée d'une épreuve mettant en avant les capacités collectives et l'endurance au stress me semble être une bonne idée étant donné qu'à partir du grade de juunin, chaque ninja pourra avoir une équipe sous sa responsabilité. Par conséquent nous allons retenir l'idée de diriger un groupe de gennin.

Itade se leva de son fauteuil et tourna le dos à son collègue. Loin de lui l'idée de l'offenser mais la vue d'ensemble sur le village que lui procurait sa baie vitrée l'aidait à centrer ses idées et à canalyser son esprit. Lui, qui était plus jeune, une véritable pile éléctrique, avait été contraint d'adopter cette attitude depuis sa nomination au poste de hokage septième du nom. La ville qui fourmillait sous ses pieds lui permettait ainsi de chasser de son esprit les idées parasitant sa tête.

- Le seul problème avec ce procédés c'est qu'il mobilisera une foule bien plus importante. Par conséquent, les contraintes logistiques entraînées par cette épreuve seraient relativement importante. Etant donné que le tsuchikage vous a précédé de quelques jour , j'ai moi même pu discuter avec lui de la question du lieu de l'épreuve. Comme vous le savez déjà probablement, son pays est en pleine politique d'ouverture vers les autres villages. Ainsi, je lui ai conseillé de se proposer comme foyer d’accueil pour les participants à l'examen, pardonnez moi d'avoir oublié de vous en faire part. Ce sera donc à lui que reviendra la charge de gérer cette histoire de gennin. Partons donc du principe que la première épreuve est réglée.

Itade se retourna une nouvelle fois : la partie épineuse du sujet mise de côté, il n'avait plus besoin de garder son regard fixé sur le village. Quitte à choisir, il ne préférait d'ailleurs pas tourner le dos au Kazekage trop longtemps.

- Une fois débarrassé des deux tiers des participants, on peut imaginer une séléction supplémentaire qui testerait les capacités de jugement et de discernement de chaque chuunin. Nous nous retrouverions ainsi avec une dizaine voir une quinzaine de chuunin participant au combats à trois, une épreuve réputée pour mettre en avant les capacités au combat de chaque ninja. Nous pourrons alors repérer instantanément les meilleurs éléments et les tester, comme vous venez de le proposer, par nous même. Il nous sera alors facile de vérifier en un instant si les capacités que nous testons chez eux depuis le début de l'examen -le sang froid, le discernement et la puissance- sont bel et bien présentes chez chacun d'entre eux.

Il semblait à Itade qu'il avait fait le tour de la question. Du coin de l'oeil, le shishidaime regarda la pendule accrochée en face de lui. Si le Kazekage ne se dépéchait pas, il arriverait au quartier Nara à l'heure de la sieste de la plus grande famille de fainéants de Konoha.

Shunsuke hocha la tête, satisfait. Il en avait assez entendu, et souhaitait sans plus attendre se rendre dans la demeure de ceux qui avaient mis en péril son pouvoir. Il attendit cependant quelques secondes de plus afin de laisser à son interlocuteur le temps de finir ses propos, puis sans lui donner réellement de réponse, se leva.

– Je vous remercie de m'avoir accordé de votre temps, Hokage, mais le devoir m'appelle. Je vous sais gré d'avoir accédé à ma requête, je saurai m'en souvenir en temps voulu. Contactez-moi si vous avez du nouveau concernant l'examen, je ferai dépêcher un ou des émissaires si vous avez besoin de me communiquer quoi que ce soit. je compte sur vous pour assurer et leur sécurité, et leur confort. L'hospitalité est un atout de votre village si mes souvenirs sont bons, hmm ?

Il se dirigea vers la porte, et la main sur la poignée, se retourna pour adresser à son collège quelques mots. Il avait énormément pris sur lui pour ne pas, comme toujours, partir en tournant le dos à son hôte. Shunsuke se félicita intérieurement pour cette marque évidente de courtoisie.

– Nous nous verrons lors de l'examen, Hokage. Pas avant. Sur ce, je vous souhaite une excellente fin de journée.

Le Kazekage sortit alors du bureau, et descendit les escaliers, suivi de près par Hebi, qui l'avait attendu derrière la porte durant toute leur conversation. Ils sortirent du bâtiment, et se dirigèrent vers le quartier Nara. Shunsuke ferma les yeux en inspirant profondément. IL allait enfin se délecter de la souffrance de ceux qu'il haïssait du plus profond de son âme...