Une Cachette de Choix

Le soleil se levait, et les premiers rayons qui réussirent à traverser la brume matinale du village de Kumo vinrent directement frapper Gakuto. Cette diffuse lumière allait tirer Gakuto de son lit.

Il avait veillé tard hier, alors qu'il s'essayait à sa nouvelle technique. En effet, alors qu'il voulait préparer ses ramens rapidement, il eut l'idée de créer une sorte de cocotte-minute en manipulant l'air qui l'entourait. Il n'oublia pas de mettre l'eau dans la casserole avant de tenter ses expériences folles. Et il mit le gaz en marche. Il se concentrait sur l'air qui l'entourait. Il n'y avait pas de vent, il était dans sa cuisine. Et pourtant, il sentait au fond de lui l'air se mouvoir autour de ses cheveux, derrière sa nuque.

Il eut quelques légers frissons, juste de quoi lui donner du courage pour persévérer. Il voyait très bien que sa technique ne marchait pas. Elle n'était pas au point, et l'eau ne bouillait toujours pas. Il augmenta le feu, puis calcula le temps qu'il fallait à l'eau pour bouillir. Il jetait l'eau dans l'évier, en remettait la même quantité, et recommençait.

Quelques heures plus tard, le temps de cuisson n'avait toujours pas diminué. Les quelques secondes gagnées venaient du fait que la casserole était devenue de plus en plus chaude au fil de ses expériences. Gakuto devait se rendre à l'évidence, il n'était pas prêt de réaliser la technique escomptée. Il jeta ses pâtes dans l'eau bouillante, elles seraient bientôt prêtes.

Gakuto attendait, assis sur sa chaise, la tête dans les mains, sur la table, regardant dans le vide, pensif. Les idées fusaient dans sa tête. Parmi elles, celle-ci. Il avait bien évidemment remarqué qu'au-dessus de son eau bouillante, des ondelettes se formaient. Il se savait en fait depuis longtemps, mais il venait d'avoir une idée... Plutôt que de faire cuire ses pâtes, il les cacherait, il ferait en sorte que la lumière les contourne. Il y arriverait, ce serait plus simple. Il n'avait pas à créer de si fortes pressions, juste à déplacer l'air convenablement. Certes, il savait qu'au début, il les rendrait translucides, puis il finirait bien par réussir à en cacher quelques-unes, et enfin, à les masquer entièrement. Et plus il y travaillerait, plus il arriverait à cacher de gros objets.

Gakuto alla enfin chercher ses pâtes, restées sur le feu. Elles étaient très molles, et pas très appétissantes. Mais Gakuto s'en moquait, les pâtes restaient des pâtes. Exténué, il allait se coucher, le ventre rempli et la tête pleine d'idées.

Reposé, mais toujours aussi fainéant, Gakuto ne voulait pas se lever. Il allait plutôt vérifier qu'il était capable de se faire disparaitre. Mais pas tout de suite, il voulait d'abord émerger lentement. Il profitait pleinement de ces rares rayons qui parvenaient jusqu'à lui. Il irait ensuite se regarder dans la glace.

Après s'être endormi à plusieurs reprises, il décida enfin de se lever, et de s'essayer. Il se dirigea, les bras ballant jusqu'à la salle de bain. Il arrivait à faire disparaitre ses mains, puis son ventre, puis il se faisait entièrement disparaitre. Pourtant, Gakuto n'était pas satisfait : il devait y arriver plus rapidement, presque instantanément, et surtout, on voyait très bien qu'il se passait quelque chose. Il voyait en effet la pièce, totalement déformée dans le reflet du miroir. Il devait donc diriger les rayons pour faire comme s'ils n'étaient pas déviés.

Quelques dizaines de minutes plus tard, la technique était quasi instantanée et la lumière ne semblait presque pas déviée. Il devrait s'entrainer encore plusieurs semaines de la sorte avant de maitriser totalement cette technique, mais il pourrait très vite l'utiliser en situation.