Une résonance religieuse tonne en un garçon, un presque homme au destin étrange voire obscur. Un véritable tueur, son sang glaçait au seul contact du manche d'un sabre. Le sang faisait partie des breuvages qui assouvissait ses pulsions les plus dérangées. Le nectar rouge représentatif de la mort n'avait plus de mystère pour lui, lui qui avait tué tant de fois, tant d'Hommes. Il n'avait que quinze ans, physiquement il en fait peut être seize pour des raisons qui n'ont pas d'importance dans l'histoire contée.
Encore une fois, son cœur s'emballait dans une chaleur insoutenable avant de retomber à l'état de glace comme son sang, son corps, ses nerfs. Froid comme une nuit de noël qui emporte quelques clochards avec elle, il terminait de bander ses mains, ses chevilles, retrousse le tissu noir de son bas jusqu'à ses genoux, ses gants ne laissent paraître plus que l'ossature de ses doigts et le bout de ceux-ci. Assis sur le matelas de son lit de fortune qu'il aura côtoyé quelques mois seulement, il est cambré. Il se croit fin prêt à agir, ses deux mains se croisent et ses coudes posés sur ses cuisses lui octroie un air de génial tueur méditant sur chaque fait, chaque geste.
Ready to the death, ready to kill, he's coming.
Son katana vacille à son levée, il passe la porte d'entrée puis la referme. Ses yeux sont en connexion totale avec le reste de lui même, il analyse l'endroit, il est en hauteur. Puis le voilà disparu, sautant silencieusement de point en point, il vole entre les bâtiments du village comme un oiseau urbain. Le sifflement de ses accoues sur la pointe des pieds pour repartir à chaque fois de plus belle s'entendait presque si on y était attentif. Il approcha des portes, connaissant par cœur le système de surveillance de celles-ci, son plan est rôdé. Le manche de la lame est juste au creux de sa main, sa paume contre celui-ci ne demande qu'à étreindre et agir. Il y a quatre cibles se dit il, il les voit désormais malgré la pénombre. Ce sont des chuunins, il devra plisser les yeux, réfléchir une bonne minute avant de se rappeler qui ils sont. Il mord avec calme son pouce.
-Kuchyose no jutsu.
Aucune crispation, il parle à ses deux petits grizzlis, Fû et Bouba. Il disparaît d'un saut laissant ses invocations entamer les hostilités. Les quatre surveillants discutent autour de quelques tasses de thé, ils restent néanmoins appliqué et sérieux. C'est alors qu'apparaissent les jumeaux poilus, ses petites choses ne les impressionnent guère comme prévu par l'évadé. Un d'eux plaisante :
-Regardez, m'haha ! Deux oursons se sont échappés des bois pour venir ici, c'est normal ?!
Il rit comme un imbécile devant une mort qu'il va rencontrer sous peu sans même le prévoir, mais peut-on lui en vouloir ? Mais il y en a bien un sur les quatre qui eut la présence d'esprit de relever qu'il n'y a aucun grizzlis dans la région à moins de trente kilomètres, il recule et s'écrie :
-Restez concentrés ! Il n'y a pas d'ours à Kumo !
Les bêtes bondissent et laissent derrière elles quelques fumigènes silencieux près des corps statiques. Le criminel surgit dans la dissipation à travers la fumée, armé de lames de cristal accrochées à ses avants bras et ses poings. Il se charge de prendre par derrière le plus malin, sa gorge se découpe comme une toile de peinture sous la lame aiguisée. Il étouffe le bruit, main droite couvrant sa bouche. Il tranche encore les autres, l'alerte faillit être donnée par la toute dernière mais, in extremis, le grizzly brun s'arracha pour la faire taire. Elle n'eut le temps de se débattre et la voilà inerte, s'écrasant sur le bois en douceur, comme bordée par son agresseur pour finir au lit, jonchée le long des palissades.
Le funeste assassin fait signe, droit devant eux la sortie du village. Le message est donné, ils eurent disparus dans les secondes. Les jambes galvanisés par l'adrénaline, la peur qui sait ? La mort a encore une fois excité son âme, rompu le calme qui régnait il y a quelques minutes encore. Il court, voulant échapper à d'éventuelles poursuites. Malgré la névrose, il réfléchit et se montre malin, peut être y a-t-il des technologies de surveillances méconnues, des cloches, des codes, des micros. La nuit accompagne sa folle course, les premières fatigues n'arrivèrent qu'après dix minutes de galop effréné. Fû panique, elle a assisté à un meurtre, de son propre maître. Bouba lui se sent grand, utile, en effet il a réussit à sauver son modèle des secours et cela, Akira l'a remarqué. Encore et encore, les jambes s'activent comme des machines. Il reprend un peu de respiration dix minutes après.
-B-bien ! Montez sur mes épaules je vais devoir hausser le rythme pour atteindre la frontière à la fin de l'heure. (Il regarde autour de lui, murmurant quelque chose de ses lèvres.) Cela fait douze minute que nous courrons ! Faites ce que je dis.
Ils obéissent, Akira active l'enveloppe de vent afin d'augmenter la vitesse de voyage.
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L'Uranai grandit en lui au fil des secondes, l'exaltation de la tuerie réveille cet art maudit qui fut autrefois celui du premier des Ryuka, la légende de son clan. Un être capable de manier mort et vie, alors que Akira ne comprenait pas, ne savait pas, ne se doutait pas de tout ce qui était en train d'arriver de changer et ce qu'il était en train de provoquer.
Il est nécessaire de se resituer dans le contexte pour comprendre ce qui se déroule. La guerre qui oppose le village de Iwa à celui de Suna vient d'éclater, Ashiro, Gin, tout le monde se bat face à l'ennemi. Ashiro change, Akira change, tout change, le monde évolue sans vraiment différer d'autrefois. Le bien et le mal, un équilibre lumière et obscur. C'est ce qu'a réveillé Akira basculant dans l'ombre totale au fil des secondes, des minutes, des heures, il a étendu le noir du cercle et à force, celui-ci s'est rompu. En basculant dans ce vice, il envoya sans le vouloir un autre dans l'exact opposé. N'est-ce pas maléfique de déchirer le même sang si brusquement ? L'autre, c'est Ashiro Ryuka, l’alter-ego du jeune tueur.
Il y a des années et des années de cela, à l'époque du grand sage Rikudo, vivait un autre manieur de chakra, on dit qu'il était sage et aussi puissant que Rikudo mais personne n'en sait vraiment rien. Tellement légendaire et ancien que son nom s'est égaré dans le temps, on l'appela donc La Source pour la quantité inestimable de chakra qu'il possédait, pour sa puissance et son don de manier la vie, et la mort. Avant de s'en aller, il décida de proscrire ces arts du shôton, ces branches. Par un fuinjutsu il réussit à nommer et enfouir à jamais, c'est ce qu'il pensait, ces deux pouvoirs distincts. Le bien fut appelé Sei, le shôton sacré, le plus pur. Le mal fut appelé Uranai, le shoton de divination, le plus puissant. En emportant dans la tombe ses secrets, il eut son dernier souffle en paix. Mais après des décennies entières, le sceau s'est brisé et voilà que deux Ryuka, cousins, frères, Akira et Ashiro, s'arrachent l'un de l'autre prenant deux parties du cercle.
Revenons-en au tout proche nouveau détenteur du Uranai maudit, les premières migraines naquirent . Cela fait une heure déjà qu'il s'enfuit sans savoir si tout cela est utile. Il approche les frontières. Uranai avoisine les soixante quinze pour-cents et bientôt il sera à Akira. Sur le chemin, Akira trouvera un refuge à la frontière avec le pays des rizières. Il approche comme un loup devant un enclos d'agneaux, ses yeux feraient peur au diable en personne. Son visage est inhumain, frénétiquement, il débarque et trouve ce qui lui semble de simples animaux. Son cerveau divague et sombre dans la folie, car, c'est trente cadavres d'orphelins et de nourrices qu'il laissera derrière lui. Ce n'est pas le sang de bêtes mais de pauvres innocents qui recouvrent le tissu noir de ses vêtements.
Qui est il devenu ? Que va-t-il devenir et sera-t-il retrouvé ?