Elle avançait lentement, sans se presser. Sa canne noire et blanche tapotait de sol à intervalles réguliers, aussi précisément qu'un métronome. Ses pas sur le sol retentissaient à peine sur le sol de terre. Elle avançait de façon déterminée et sans aucune hésitation. Elle avait fini par connaitre Taki et ses ruelles par cœur, à force de les arpenter de long en large, par tout temps et à toutes heures. Un léger sourire flottait sur ses lèvres alors qu'elle laissait ses sens se repaitre d'un village qu'elle aimait tant. Bien sur, il lui était désormais impossible d'admirer les petites architectures en bois, ni même de regarder ça et là d'éventuelles traces de son passé, mais une certaine mélancolie subsistait.Dans le son de la cascade, au loin, qui n'avait jamais cessé de couler, dans l'odeur des plats préparés dans un restaurant qui avait subsisté pendant une centaine d'années, changeant de propriétaire à chaque génération nouvelle. Dans le brouhaha ambiant de gens tous plus différents les un des autres, qu'elle n'avait de peine a imaginer. Elle se représentait des visages, des faciès, enjoués ou abattus, féminins ou masculins, jeunes ou vieux. A défaut de pouvoir observer les gens l'entourant, elle pouvait écouter leurs voix et leurs cœurs. Parfois, quand elle passait trop près d'un passant, elle ne pouvait s’empêcher d'écouter les conversations, ou de deviner des informations les concernant par rapport a leurs mélodies cardiaques. Par exemple, ce jeune homme a la voix fluette, venait d'être embauché a la bibliothèque. Cette femme a la voix lasse, avait la mélodie de cœur d'une épouse en deuil. Un parfum connu parvint à ses narines, et son sourire s'en étira de plus belle. C'était un plat à base de riz et d'algues. Il était très en vogue quand elle était encore jeune. C'est avec certitude qu'elle se dirigea vers la source de l'odeur, en vue d'éventuellement commander de quoi se rassasier. Elle avait fait le trajet jusqu'à Taki a pied, prenant sur son temps libre pour revisiter le village de son enfance. Cela faisait bien trois heures qu'elle maintenait sa Cartographie en place. Il faisait bien trente-cinq ans qu'elle n'avait pas mis les pieds à Taki. A l'époque, elle avait déjà trouvé le village différent. Cette fois-ci, il l'était à nouveau. C'était à la fois perturbant et rassurant. Certes, les habitants avaient oublié ce à quoi ressemblait le village à sa création, mais ils évoluaient, et le village évoluait a leur image.
Elle s'installa tranquillement, sans se presser. Elle avait facilement deux jours de temps libre, puisque aucune mission ne lui avait été attribuée, et qu'aucune n'était spécialement prévue. De plus, elle comptait profiter de l'avant-guerre pour revisiter Taki. Après-tout, c'était peur-être sa dernière chance de jamais y retourner. C'est de sa voix sereine qu'elle commanda son plat, et attendit calmement. Les yeux toujours clos, elle évaluait les gens autour d'elle. Avec un sourire elle écoutait les différentes mélodies vasculaires, le bruit du vent dans les arbres, sur les pavés, dans les cheveux des gens. Un nombre important d'oiseaux pépiaient peu loin. Un groupe de jeunes filles discutaient activement à l'entrée du restaurant. Le serveur prenait la commande d'un homme indécis. Le patron lavait des assiettes. Elle pouvait entendre les bruits des baguettes taper contre les bols, formant comme une mélodie gloutonne. Elle fut tirée de sa rêverie par le bruit d'un bol que l'on pose.
- Votre commande jeune fille.
"Jeune fille". Cela faisait des années qu'on ne lui avait pas attribué ce surnom. Elle laissa échapper un rire discret, une main devant la bouche.
- Je vous remercie. Dois-je payer maintenant?
- Je vous prie.
Sortant son porte monnaie, elle fit glisser les pièces entre ses doigts. Elle avait rapidement du apprendre à les reconnaitre au toucher, pour savoir quelle somme elle donnait. Elle avait fait quelques erreurs, au début, mais avait fini par s'habituer, au final. Elle paya le montant adéquat, et pris ses baguettes.
Goutant le plat, elle soupira.
"Ah. Ils ont changé la recette, n'est-ce pas? Ce n'est pas si étonnant. Après trente-cinq ans, le propriétaire a du changer. Il n'était pas tout jeune a l'époque, je suppose qu'il doit être décédé a l'heure qu'il est. Les recettes se transmettent, mais se modifient. Chacun a une façon différente de préparer un plat. J'aime celui-ci, même si je préférais le premier que j'ai gouté. A l'époque, le gérant ajoutait une pincée de gingembre réduit en poudre qui faisait toute la différence. Mais bon, c'est tout de même agréable de revenir aux sources. J'aime toujours définitivement beaucoup Taki. Je me demande si la maison est toujours là? La dernière fois, elle y était. Peut-être est elle tombée en ruines? Ou alors elle a été rénovée et revendue."
Perdue dans ses pensées, elle finit tout de même par en être subitement détournée par un bruit anormal. Ou plutôt, par une mélodie de cœur anormale. Elle ne pouvait pas l'entendre distinctement, signe que son (ou sa) propriétaire était encore loin. Mais elle se rapprochait, lentement, comme des tambours de guerre que l'on entends au loin. Rojira reposa ses baguettes, et se concentra.
C'était la mélodie d'un guerrier, sans aucune hésitation. Elle avait croisé quelques ninjas, reconnus a cause de leur mélodie rapide et tranchante, vive. Mais celui-ci était un peu plus qu'un simple ninja. Il avait quelque chose de particulier qui mettait Rojira vaguement en alerte. Oh, rien de bien terrible, mais elle se méfiait toujours des mélodies trop froides. Elle ne pouvait pas voir d’où venait cet homme (elle partait du principe que c’en était un, par intuition) et donc, ne pouvait pas savoir s'il s'agissait d'un ennemi. Une chose était sure: Elle n'avait pas entendu cette mélodie auparavant. Cependant, son propriétaire ne semblait pas soucier d'elle particulièrement. Elle ne se sentait pas observée. Et la mélodie de cœur qui se rapprochait s'était arrêtée a environs dix mètres.
Bien.
Elle repris ses baguettes, et continua comme si de rien n'était.
Haiko
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Sujet: Re: Parfum de mélancolie Jeu 24 Avr - 18:59
Taki. Un village bâti autour d'un arbre immense. Certainement l'un des seuls arbres comptant parmi ceux pouvant inspirer un certain respect à Juzo. Le jeune shinobi n'était venu dans ce village que dans le but de voir cet arbre que l'on qualifiait de gigantesque. On ne lui avait pas menti, le géant feuillu répondait convenablement à la description qui lui était attribuée.
Juzo, sans regarder l'arbre une seconde de plus, s'en détourna, reprenant sa route vers l'intérieur du village. La vue de l'emblème de Taki n'avait cependant pas impressionné l'adolescent à la peau couleur neige. Il s'agissait juste d'un arbre. Un grand arbre. Juzo se concentra alors sur ce qu'il pourrait faire en ce nouveau village. Si petit... Pitoyable selon divers critères. Mais il fallait trouver des choses à faire ici. Le jeune homme n'avait pas fait ce chemin depuis Kumo pour revenir après si peu de temps.
Quelques minutes passèrent avant que Juzo ne retrouve la véritable "civilisation" du village. Cheminant entre les différents commerces qu'offrait se dernier, le garçon tentait de s'intéresser aux diverses façades, qui vantaient la qualité de tel ou tel produit local. C'est ainsi qu'il vit une fabrique de kunais, dans laquelle les propriétaires vendaient une lame dite tranchante comme le cristal, ou encore un restaurant dont la douce odeur venait se coller aux narines des promeneurs, tel un vent accueillant et appétissant. Du moins, c'est comme ça que Juzo imaginait l'odeur pour un éventuel touriste affamé. En effet, Juzo s'était alimenté de quelques provisions juste avant d'aller voir l'arbre, il n'avait donc pas besoin de manger. Cependant, l'idée de la boisson associée à ce restaurant lui parut intéressante. Le garçon avait soif.
Juzo, reprenant sa route et quittant de ce fait la fabrique de kunais des yeux se mit en quête de trouver une place dans le restaurant qui dégageait l'alléchante odeur. Celui-ci se trouvait à une dizaine de mètres. Le blanc homme franchit donc la petite distance, marchant d'un pas d'accoutumée assuré, levant haut la tête devant les vulgaires paysans qui parsemaient le chemin. Tous de piètres êtres humains, menant certainement une vie difficile pour servir un village qui se jouait d'eux. Après tout, quel haut dirigeant se préoccupait des villageois de son Etat?
Arrivé au commerce, Juzo prit place à une table de bois ronde. Appelant d'un signe de main le serveur qui se baladait entre les tables, le manipulateur de cendres demanda d'un ton qu'il voulait poli une boisson composée de fruits variés. Une fois sa commande prise et comprise, Juzo envoya son regard sur les différentes tables jonchant l'établissement. Il s'agissait d'un restaurant non fermé à l'extérieur, dans lequel il était donc possible et facile d'observer les passants. Tant d'habitants du village et de touristes, circulant et regardant bêtement les façades et enseignes des magasins, comme pour combler le vide que le temps imposait à leur vie dénuée de but et d'intérêt. Dans le restaurant, la même scène épuisante : des gens mangeant avec bonheur, comme si le simple fait de manger suffisait à leur faire oublier une vie certainement grossière, les remplissant d'une joie amère, éphémère.
Cependant, parmi cet amas de personnes dénuées d'intérêt, la vue d'une femme à la table à la fois la plus à gauche et la plus proche de Juzo, l'étonna. Celle-ci possédait des yeux d'un blanc laiteux, pouvant rappeler la peau du garçon, mais ceci n'était presque pas perceptible, les cheveux flamboyants de la femme attirant le monopole du regard. Ce n'était cependant pas ses yeux, ou même ses cheveux qui interrogeaient Juzo. C'était son air. Un air de méfiance à son égard. Imperceptible, pourtant Juzo l'avait décelé. Il ne saurait lui-même dire comment. Cependant, bien qu'au fond fier de peut-être faire peur, Juzo ressentait une pointe d'agacement quant au fait qu'il n'ai rien fait et que l'on se méfie de lui. Les efforts qu'il avait fait jusqu'ici pour paraître poli menaçaient de se rendre inutiles, son amour propre remontant à la surface et l'obligeant à avoir une conversation avec cette personne. Il fallait qu'il sache. Il était sûr d'avoir vu sur ce visage étrange une méfiance sans fondement.
- Je vous gêne peut-être?
La politesse avait disparu, laissant place à la véritable froideur de sa voix. La tempête naissait en lui, déclenchée par une simple intuition. La tonalité de sa voix ne rendait pour l'instant compte que d'une intonation brutale.
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Sujet: Re: Parfum de mélancolie Ven 25 Avr - 11:01
Une voix l'interrompit dans son bouillonnement intérieur. Ne prenant même pas la peine d'ouvrir les yeux, les gardant clos, elle ne tourna pas la tête. Loin d'elle l'idée de débuter un différent, du fait qu'elle n'était venue que pour se détendre dans un village qu'elle connaissait bien. Elle eu un imperceptible soupir. A présent que le jeune homme était près d'elle, elle pouvait entendre a sa mélodie cardiaque qu'il était relativement agacé. Presque en colère. Elle laissa un sourire aimable poindre sur son visage, et opta pour la carte de la discrétion.
- Pas le moins du monde. Aucune raison d'être si froid a mon égard, j'ai juste été quelque peu perturbée par votre arrivée, ce n'est rien. J'ai l’ouïe un peu sensible, j'entends donc mieux les bruits. Et vous en avait fait un peu quand vous êtes arrivé, ce qui m'a dérangée. Rien de particulièrement grave, en somme.
Elle grimaça intérieurement. Elle ne doutait pas un instant qu'il serait prêt a en découdre si elle l'agaçait trop, et elle n'avait aucune intention de se battre. Ç’aurait été stupide, alors qu'elle était venue se reposer, de se quereller avec un parfait inconnu. Elle n'aimait pas mentir, mais elle n'avait rien a gagner a être franche, a part une bonne bataille dont elle se passait volontiers. Elle n'avait pas peur, oh non, Rojira avait rarement peur. Mais en revanche, elle était très souvent d'une prudence a toute épreuve. Elle tourna légèrement la tête en sa direction, comme si elle venait de se rappeler que c'était d'usage que de regarder la personne a qui on parle. Une main posée sur sa canne, l'autre sur le comptoir, elle toussotât.
- Y as il un autre problème que vous souhaiteriez éclaircir?
Un sourcil légèrement relevé, les lèvres tordues en une expression dubitative, elle écouta attentivement. Jambes croisées, elle aurait bien voulu l'observer. Elle était curieuse de savoir a quoi ressemblait ce jeune homme. Pour s'occuper, en attendant, elle commanda une boisson pétillante. Faisant glisser les pièces entre ses doigts, elle paya, puis, réfléchit un instant. Elle était curieuse, et autant satisfaire cette curiosité. Elle n'avait jamais discuté avec un cœur a la mélodie aussi froide, et elle était grandement intéressée. Malgré sa méfiance, elle désigna d'un vague geste de la main l'espace a sa gauche, qui était en toute logique occupé par une place vide -elle avait buté contre celle-ci avec sa canne en arrivant-. Avec un sourire qu'elle voulait aimable, elle demanda:
- Je vous offre une boisson?
Haiko
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Sujet: Re: Parfum de mélancolie Jeu 8 Mai - 17:49
- Je vous offre quelque chose?
La proposition surprit Juzo. Le Chuunin s'était rendu compte de la froideur dont il avait fait preuve en posant sa question, et ce ton aurait déplu à la plupart des gens. Or, la dame rousse que voilà ne cherchait visiblement pas les ennuis ou la bataille. Au contraire, elle cherchait plutôt la bonne entente avec Juzo, qui l'avait pourtant accostée de façon brutale. Cependant, celle-ci avait quand même reconnu que le Kumo-Jin l'avait importunée, et ce juste parce qu'il faisait du bruit. D'ailleurs, Juzo ne comprenait pas bien ce qu'elle entendait par là, il était arrivé d'une façon tout à fait classique. S'il accepta l'invitation, ce fut juste pour répondre à cette interrogation.
- Si ça vous fait plaisir.
Le Chuunin vint s'installer aux côtés de la femme aux yeux laiteux, et attendit que celle-ci paye sa boisson. Une fois le Soda posé devant lui, il voulut obtenir une réponse à sa question intérieure.
- Vous dîtes que je vous ai gênée en faisant du bruit. Or, je n'en ai pas fait, et même moins que ces autres imbéciles de travailleurs que l'on peut voir un peu partout. Alors pourquoi dîtes vous que c'est moi qui vous ai gênée?
Juzo attendait là une explication précise, sans quoi l'animosité qui était déjà bien présente dans son esprit et qui transparaissait dans ses paroles ne ferait qu'évoluer. Cependant, prenant quand même compte des intentions sûrement honorables de la mystérieuse femme, le Shinobi se décida, pour l'une des rares fois de sa vie, à ne pas lui parler de façon méprisante. Il tenta même une action de gentillesse.
- En tout cas, désolé si je vous ai importunée.
Elle avait maintenant le plu grand intérêt à se montrer courtoise également, et à expliquer de façon claire le pourquoi du comment. Sans quoi, Juzo laisserait ses paroles sortir comme de nature : Froides, méprisantes, arrogantes et blessantes.
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Sujet: Re: Parfum de mélancolie Sam 10 Mai - 16:39
Un léger rire s’échappât de ses lèvres. Elle décida de jouer la carte de l'honnêteté.
- Vous avez la démarche d'un guerrier. Les gens habitués à combattre ont une façon très particulière de se déplacer. J'ai été imprécise, vous ne m'avez pas dérangée parce que vous étiez bruyant, mais parce que le bruit que vous faisiez était dissonant comparé aux autres. J'ai l’ouïe particulièrement fine. De plus, quand vous êtes passé à coté de moi, j'ai entendu que certains des bruits naturels de votre corps, comme votre respiration ou votre rythme cardiaque étaient ceux d'un combattant entrainé. Raison pour laquelle j'ai eu tendance à me méfier, rien de plus que la paranoïa habituelle d'une vielle dame.
Elle adressa un sourire calme dans une direction qui lui semblait être celle du jeune homme. Gardant ses paupières closes, comme si elle était gênée que l'on aie pu voir ses yeux, elle sirota tranquillement sa boisson. Inutile d'en révéler plus sur ses aptitudes, elle n'allait pas non plus l'abreuver d'informations la concernant. Cependant, elle n'avait aucun mal à lui dire qu'elle pouvait entendre les battements de son cœur. Cela ne lui révélait rien de particulier, et elle en était assez fière.
- Je ne me suis pas trompée n'est-ce pas? Ce serait fort embêtant. Ça voudrait dire que je commence vraiment à devenir gâteuse.
Reposant son verre désormais vide, elle reposa ses mains fines sur sa canne. Son sourire s'agrandit un peu, passant de calme à presque affectueux. Elle ne pouvait pas s'en empêcher, elle ressentait bien que le jeune homme avait calmé sa méfiance et son fiel, et ça lui faisait plaisir. Elle partait du principe que n'importe qui pouvait faire un ami tant que tout le monde gardait son calme.
- Oserais-je vous demander votre nom? Pour ma part, je me nomme Rojira, je suis enchantée.
Sa voix était désormais joyeuse, et son ton léger, alors qu'elle tendais une main hésitante dans le vide devant elle. Essayant de se repérer par rapport au son, elle avait du mal à lever sa main. Elle se rappelait toujours de ses nombreuses fois ou elle avait mis le doigt dans l'oeil de quelqu'un par accident en levant la main trop haut. Elle eu un petit rire étouffé à cette pensée, et toussotât.
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Sujet: Re: Parfum de mélancolie Dim 11 Mai - 15:52
Ainsi, elle pouvait entendre les sons du coeur des autres personnes? Voilà un fait et un don fort intéressants au sens de Juzo. Il n'avait jamais entendu parler d'une telle aptitude, et il était difficile d'admettre que la femme ici présente avait reconnu le statut de guerrier du jeune homme rien qu'en entendant son rythme cardiaque.
Les yeux fermés mais souriant tout de même, la femme aux cheveux ardents continua de vider le contenu de son verre, avant de s'adresser de nouveau au jeune homme pâle :
- Je ne me suis pas trompée n'est-ce pas? Ce serait fort embêtant. Ça voudrait dire que je commence vraiment à devenir gâteuse.
Reposant ses mains sur la canne qu'elle ne quittait pas depuis le début de la conversation, elle continua :
- Oserais-je vous demander votre nom? Pour ma part, je me nomme Rojira, je suis enchantée.
La dame aux yeux laiteux avait dit ça avec un ton joyeux, le genre d'intonation qui d'ordinaire aurait énervé Juzo. La joie qu'éprouvaient certaines personnes pour l'action d'une simple conversation avait le don d'énerver le garçon. Mais pas cette fois. Il s'intéressait à cette personne aux capacités étranges, et ce fait avait le don de sceller son animosité.
Tendant la main à la suite de sa phrase, la rousse toussota. Son membre s'était arrêté à quelques centimètres du visage de Juzo, qui se recula pour le serrer.
- Vous ne vous êtes pas trompée. Et je me nomme Juzo.
Ne voulant pas arrêter là la conversation avec cette femme surprenante, le Chuunin prit le village comme motif de dialogue.
- Vous êtes d'ici?
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Sujet: Re: Parfum de mélancolie Dim 11 Mai - 22:31
Rojira eu un mince sourire mélancolique.
- J'étais d'ici quand j'étais plus jeune. Je réside à présent à Iwa. C'est la première fois que je reviens à Taki depuis trente ans. Ça n'a pas l'air d'avoir changé.
Elle serra la main tendue avec chaleur, un peu surprise par le contact glacé des doigts fins du jeune homme.
- Au passage, c'est un joli nom que Juzo. Avec quels Kanji s'écrit il?
Elle était curieuse. Et plus à l'aise. A vrai dire, au début elle avait été un peu embarrassée par l'idée de se battre le jour de son voyage à Taki. Mais le jeune homme semblait contenir son animosité et son rythme cardiaque était beaucoup moins dangereux que précédemment. De plus, son ton avait changé, devenant presque amical. Presque.
Elle ne cessait de sourire, revenue à un faciès plus calme. Les deux mains sur sa canne, jouant avec l'attache de celle-ci, elle recommanda une boisson fraiche et simple. La buvant a petites lampées, elle fit une petite moue. C'était très perturbant de ne pas savoir à quoi ressemblait son vis-a-vis. Mais d'un certain coté, elle n'osait pas trop exprimer sa pensée, un peu gênée. Certaines personnes prenaient mal cette question, et certaines, n'ayant même pas compris qu'elle était aveugle au premier abord - bien que ce soit pour elle et pour la plupart des gens une évidence- se demandaient face à quelle sorte de folle ils étaient tombés. Elle tritura encore un peu sa canne, écoutant les réponses du jeune garçon, jusqu'à ne plus pouvoir tenir.
- Excusez moi, cela peut vous sembler impoli, et vous êtes tout à fait en droit de refuser - ce que je comprendrais facilement sois dit en passant- mais cela me perturbe grandement depuis le début de notre conversation. Voyez vous je... Enfin... Comment expliquer cela?
Elle soupira. Elle s'embrouillait un peu. C'était encore plus gênant, et malgré son âge avancé, elle avait encore des cotés pudiques et embarrassés.
Elle toussotât, bu une grande gorgée de boisson.
-Pourrais-je toucher votre visage?
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Sujet: Re: Parfum de mélancolie Mar 20 Mai - 20:13
La femme aux cheveux roux expliqua à Juzo qu'elle venait de Taki. Puis, trouvant le prénom du jeune homme à son goût, elle lui demanda quels Kanji étaient nécessaires pour l'écrire. Juzo lui expliqua sans rechigner, décidant de s'ouvrir au moins un peu à cette femme, qui avait quelque chose de touchant... Même pour lui. Peut-être son handicap apparent faisait-il peine au garçon? Non, il n'avait jamais eu pitié pour personne.
Rojira commanda ensuite une nouvelle boisson, qu'elle but avec lenteur. Tandis que le Kumo-Jin finissait d'écrire son prénom sur une petite feuille sortie de sa poche, il s'aperçut que son interlocutrice s'agitait sur son siège, tout en tripotant frénétiquement sa canne. Elle semblait anxieuse.
Mais le garçon n'eut pas le temps de lui demandé si ça allait, que la phrase fusa de sa bouche :
- Excusez moi, cela peut vous sembler impoli, et vous êtes tout à fait en droit de refuser - ce que je comprendrais facilement sois dit en passant- mais cela me perturbe grandement depuis le début de notre conversation. Voyez vous je... Enfin... Comment expliquer cela?
La femme bafouillait tandis que l'appréhension montait dans l'esprit du garçon. Depuis quand stressait-il? Elle toussa, but une gorgée de sa boisson, puis termina :
- Pourrais-je toucher votre visage?
La demande était premièrement inattendue, et surprenante du fait que la femme avait su faire monter la tension en ne trouvant pas ses mots. Juzo eut tout d'abord un mouvement de recul, puis se ressaisit. C'était normal après tout, elle était aveugle. Le léger "stress" retomba, et le garçon se trouva finalement face à une demande qu'il comprenait parfaitement. Il sourit.
- Bien sûr, vas-y, dit-il en se rapprochant.
Il était étrange pour lui de quitter sa froideur habituelle, mais la situation n'était pas commune non plus. De toute façon, elle ne pourrait qu'aimer de tels traits.
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Sujet: Re: Parfum de mélancolie Mar 27 Mai - 18:50
- Bien sûr, vas-y
Un soupir de soulagement. C'était stupide, évidemment, mais c'était une peur qui n'avait pas su la quitter depuis sa cécité. Se rapprochant, elle leva une main hésitante vers ce qui semblait être le visage du jeune homme. Ce n'était vraiment pas le moment de lui mettre le doigt dans l'oeil.
- Je vous remercie.
Posant doucement sa main sur ce qui semblait être une joue, elle fit lentement glisser celle-ci sur la peau froide. Sous ses doigts passa le visage, pendant que les traits faciaux se dessinnaient lentement dans sa tête. Elle visualisait de mieux en mieux le visage en face d'elle. Un nez droit, et une bouche fine, des cheveux courts et fins et des yeux en amande. Le menton était court, le front aussi, et les sourcils epu épais. Au final, son vis-à-vis n'était pas vilain. Elle finit par reposer la main sur ses genoux, hochant lentement la tête.
- Je vois. Vous avez un joli visage, si je puis me permettre.
Elle souris un peu, de bonne humeur.
-J’hésitais un peu - et c'était stupide- mais il arrive que les gens n'apprécient pas ce genre d'attitudes, alors que c'est pour moi aussi normal qu'il est pour vous normal de regarder le visage de quelqu'un. Enfin, je suppose que tout le monde n'est pas doté d'empathie.
Elle fini sa boisson d'un trait, et se tourna vers Juzo à nouveau.
- Oh, je ne me souviens pas vous avoir demandé pourquoi vous étiez à Taki, d'ailleurs... Enfin, si c'est n'est pas indiscret bien sur.
Elle ris un peu, et croisa les jambes.
Elle finit sa boisson d'un trait...
Haiko
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Sujet: Re: Parfum de mélancolie Mer 28 Mai - 21:29
Après avoir remercié le garçon, l'aveugle lui toucha le visage, examinant ses traits, se concentrant sur les reliefs, le touché de la peau peut-être... La sensation était vraiment étrange pour Juzo. Il ferma les yeux tandis que la main se promenait sur l'image de son identité.
- Je vois. Vous avez un joli visage, si je puis me permettre.
Juzo le savait, mais se le faire entendre dire était toujours agréable. Il vit ensuite la femme sourire, e bonne humeur. Les gens n'étaient pas souvent de bonne humeur en face de lui, et il s'en fichait. Il aimait même parfois gêner les gens, qu'ils se sentent mal, inférieurs à lui. Mais pas là. Il était satisfait de cette rencontre, et du sourire de sa partenaire.
-J’hésitais un peu - et c'était stupide- mais il arrive que les gens n'apprécient pas ce genre d'attitudes, alors que c'est pour moi aussi normal qu'il est pour vous normal de regarder le visage de quelqu'un. Enfin, je suppose que tout le monde n'est pas doté d'empathie.
Juzo comprenait. Bien sûr que cette condition devait être pénible au possible, les gens réagissaient mal à de telles demandes, et la cécité privait sa victime de la contemplation visuelle. Ce qui était le pire. Juzo, même s'il n'était impressionné que par une infime partie des choses, n'aurait plus été le même sans ses heures de contemplation des déserts glacés aux abords de Kumo.
Une fois que la rousse eut fini sa boisson, elle tira le Chuunin de ses pensées, en lui demandant la raison de sa venue à Taki. Le garçon était calme. Accoudé, il respirait lentement, profitant de ce moment loin de son village, ce moment dépaysant.
-Je suis venu voir le chêne. On m'a dit qu'il était superbe. Il n'est pas mal...
À vrai dire, Juzo était plus intéressé par cette rencontre imprévue qu'il ne l'avait été par le grand arbre. Mais une question lui vint à l'esprit.
- Vous avez l'air d'aimer les lieux, alors pourquoi avoir quitté ce village?
Invité Invité
Sujet: Re: Parfum de mélancolie Jeu 24 Juil - 20:46
- Mnh, et bien.....
La jeune femme réfléchit. Elle avait des souvenirs à la fois confus et clairs de cette époque de sa vie. Elle mordilla sa lèvre, réfléchissant.
- Voyez-vous, j'ai perdu la vue quand j'avais environs trente-cinq ans. A cette époque, j'officiais en tant que ninja pour ce village. Ce n'est que quinze ans plus tard que j'ai pu réintégrer mon ancien poste. Comme je n'étais plus aussi utile au village qu'avant, j'ai été mutée à+ Iwa, là ou il y a plus de place pour les ninjas de grade moyen tels que moi.
Ce qui était surement le plus impressionnant chez Rojira, plus que son récit pour le moins inhabituel, c'était cette façon détachée et calme qu'elle avait de le raconter, comme si elle se contentait de parler de ses vacances passées. On avait totalement l'impression qu'elle n'était pas concernée, qu'elle racontait l'histoire d'un autre. La seule chose qui aurait éventuellement pu dissoner dans ce tableau était l'air mélancolique qu'elle avait, et le petit soupir pensif qui s’échappât de ses lèvres.
- Je n'ai pas vraiment choisi de m'en aller, mais la décision ne m'a pas non plus été insupportable. Je vis dans un village qui partage mes idéaux, menée par un dirigeant que j'aime et que je respecte, aux cotés de compagnons forts et dignes. Je suis bien là ou je suis.
Un petit sourire apparut sur ses lèvres. Elle semblait parfaitement en accord avec ce qui s'était passé. C'était peut-être le cas dans l'immédiat, mais ça n'avait pas toujours été ainsi. Elle se souvenait encore de l'indignation, de la colère qui avait soulevé ses tripes quand on lui avait annoncé la nouvelle. Quitter son village natal? Cela lui avait semblé impossible. Pas avec sa cécité, pas avec Jeedo qui avait besoin d'elle. Malgré sa cinquantaine, Rojira avait bien failli, à l'époque, plier bagages et se rebeller.
Mais finalement, elle avait eu le temps de réfléchir. De se poser, de comprendre. De s'habituer. Et au final, elle était bien là ou elle était. Elle se considérait chanceuse d'avoir la vie qu'elle menait.
- Et vous, ou vivez vous?
Elle prenait des risques en révélant son passé, en s'ouvrant comme ça à un parfait inconnu. Un parfait inconnu qui était susceptible d'être dangereux, de surcroit. Elle sentait à sa mélodie calme et tranchante comme une lame de rasoir que ce n'était pas dans ses habitudes d'être aimable. Et bien qu'elle soit flattée par cette exception qu'il faisait pour elle, elle gardait un fonds de méfiance. Combien de fois la vie lui avait elle joué des tours vicieux comme celui-ci? Trop de fois pour qu'elle puisse compter.
Elle souris, croisa à nouveau les jambes, les mains posées sur ses genoux.