Discussion d'homme à plante

Silencieusement, une ombre s’immisce parmi les rues ensanglantées du village. La pierre foulée est taillée mais profondément souillée par les larmes et la mort. La végétation quant à elle n'avait d'empreinte sur ces terres mortes qu'à travers Scarlett foulant le paysage. Discrète comme un murmure, les hommes véritables  pestes de ce monde n'avaient même pas l'occasion de la remarquer. Elle qui aurait pu rendre cet endroit à la nature à sa bonne grâce. Néanmoins, le monde des humains n'était pas le sien, elle ne faisait que l'arpenter sans pour autant le lamenter, son regard acéré était bien là sa seule arme face à cette civilisation sans fondement.

Sa haine était plus profonde que cela, elle était éternelle dans un monde en perdition, tôt ou tard, cette évolution de l'humain allait finir par redescendre et s'autodétruire. Et cela n'entrera rien d'autre, le soleil continuera à se lever, la lune continuera à éclairer les pauvres êtres démunis dans le noir, et il ne restera plus rien de ces porcelets bipèdes. Heureusement, tout n'était pas sombre dans l'esprit florale de l'ombre qui traversait le village aisément.

Elle s'était liée avec un petit homme qu'elle avait sauvé. Enfin, elle l'avait juste soustrait aux bras de la faucheuse tel un enfant gâté. Pourquoi avait-elle fait cela à l'époque ? L'illogisme de cette action n'avait encore aucune origine connu. Elle l'avait fait et puis c'était tout. Peut être avait-elle vu dans le regard désespéré de cet enfant envers la vie un reflet de son âme. Si tentait qu'elle en avait une. Dans tous les cas, les deux avaient noué une sorte de relation très stable. Comme s'ils n'avaient pas besoin de communiquer pour se comprendre, comme si le destin des deux n'avaient pour but que de s'entrecroiser sans jamais se heurter.

Il était une de ses seules attaches à l'humanité, elle avait accepté de l'aider sans aucun préavis. Lui, il en conséquence, il n'avait pas tenté de meurtrir le territoire de la dame de la nature. Mais cela n'avait jamais eu d'être ancré sur du papier dont seul l'humain prête une importance. C'était purement spirituel et rien d'autre. Par ailleurs, ce petit enfant devenu aujourd'hui grand et puissant était la raison de sa présence ici.

Alors que le brouhaha de la civilisation se faisait entendre à travers les murs épais du bureau, sorti des recoins les plus sombre la dame qui faisait face au dos du jeune homme. Elle n'avait pas besoin de lui signaler sa présence, les deux avaient le don pour se repérer l'un et l'autre. Attendant ses premiers mots, elle caressait la petite plante modestement portée par un pot de fleur sur une étage non loin du bureau.

- Quelle triste prison pour une si belle âme. disait-elle vis à vis de la fleur.

Scarlett buvait le flot de parole amer que déversait Aizen. Avait-il vraiment besoin de se justifier envers elle ? Elle se tenait déjà à ses cotés depuis longtemps, malgré son sourire déformé par le pouvoir, il était un des seul homme à avoir obtenu le respect de celle à qui toutes les forêts avaient prêté allégeance. Les motivations d'Aizen lui était obscur, la soif de puissance de conquête lui était trop abstraite pour véritablement y mettre une signification. Ils faisaient ce qu'ils avaient à faire, c'était tout ce don avait besoin de Scarlett pour le suivre.

- Vivre ? Dans un monde d'illusion et d'asservissement ?

Ce n'était pas un reproche, rien ne transpirait la colère ou un quel compte sentiment de rancœur dans sa voix suave s'harmonisant avec ce corps généreux. Elle tenait juste à relever ce point, sans n'attendre rien en retour. Elle savait bien que malgré l'être unique qu'il était parmi les siens, il était encore un homme. Ce n'était pas de sa faute, le monde  avait donné à son âme une enveloppe charnelle d'une race déplorable. Comme l'on ne peut forger une poterie sans terre, l'on ne peut créer un homme sans les vices qui le composent.

Alors que celui-ci l'avait dépassé d'un pas calme bien qu'enjoué par son idée de conquête, elle passa derrière lui afin de passer ses deux mains sur ses épaules et poser sa tête au creux d'une d'entre elle. Elle devait être probablement la seule à avoir pu toucher sa chaire si froide dans tous ce bas monde. Cette relation qui les nouait tout aussi spirituel se retransmettait même à travers le monde matériel. Elle se mit alors à lui susurrer quelques mots d'un ton délicat :

- Tu n'as pas à te justifier envers moi. Je te suis depuis si longtemps maintenant. Considère moi comme tienne.

Sortant alors de son étreinte charnelle, elle prit position à ses cotés et parla de nouveau :

- Je t'aiderais et arrêterais les opposants à ta conquête. Homme, femme, enfant, qu'importe. Si tu as des informations plus détaillés à me donner, je suis preneuse.

Son regard alors dénué de toute culpabilité vint se plonger dans le sien, dans un long moment presque éternel.