Une nouvelle vision du monde

Une chaleur insupportable me réveilla. J’étais seul, dans mon lit vide de présence. La veille ma cousine m’avait prévenu qu’elle allait s’occuper d’un genin et qu’elle serait son maître. Cette nouvelle s’accumulait avec l’éveil du nouvel arrivant qui lui aussi allait m’arracher du temps. Du temps que je passais autrefois avec ma moitié. Je devais être capable de m’organiser par moi-même, ne pas entièrement dépendre d’autrui. Ce jour-là mes émotions étaient toutes incompréhensibles, j’étais dans le flou. Cette nausée m’empêchait de m’aventurer dans une nouvelle histoire ou d’accomplir une mission ambitieuse. N’ayant rien de précis en tête je pris la décision de sortir et de me promener dans le village afin de ne pas sombrer dans typhon de pensées. Dehors la ville vivait. Les enfants s’amusaient sous une chaleur flamboyante, les citoyens marchaient dans un but précis et les ninjas exécutaient leurs tâches. Au milieu de cette foule il y avait moi qui marchais, un pas devant l’autre sans se soucier de la direction. Je n’arrivais pas à me concentrer. La seule chose qui permettait de m’évader était un caillou que je repoussais de manière continue avec mes pieds. J’avais causé l’arrivée du nouvel Esuki dans ma vie, j’étais la source, la racine de mon léger déséquilibre mais il était impensable pour moi de laisser cet âme seule dans l’enfer qu’elle vivait.

Mes jambes commencèrent à se ranimer, ma marche fut plus vive, ma direction était l’hôpital. Avant d’y arriver je fis une dernière frappe dans la pierre que je promenai depuis mon départ, sa course prit fin en frappant un pilier sur lequel était fixé plusieurs annonces. Je pris le temps de toutes les observer. J’estimais que l’une d’entre elles allaient me motiver afin de remplir ma journée. Il y avait plusieurs demandes d’aide pour des reconstructions mais parmi toutes ces feuilles une se démarquaient des autres. Je pris le temps de lire son contenu avant de remarquer que tout ceci était monté par le Kazeage et son bras droit. Un système de dojo venait de faire son apparition et je n’étais pas au courant alors que ma cousine en était la créatrice. Face à cette information je me sentais idiot de ne pas m’être impliqué entièrement dans le village dès mon arrivée. Je pris l’affiche et fis quelques achats avant de me rendre à l’hôpital, une idée commençait à germer en moi.

Yukimura Esuki. Assis, sur son lit, le regard démuni de toute lueur. Je ne pouvais pas décerner la moindre expression à travers ses yeux mais je savais ce qu’il vivait. Il était difficile pour moi de ne pas l’épauler de manière sincère dans son épreuve. Moi aussi j’avais subis une perte de mémoire et lui dire aurait été bien plus simple mais cela lui aurait donné encore plus d’espoir pour qu’il retrouve ses souvenirs. Souvenirs recouvert de sang. Ne sachant pas s’il avait perçu m’a présence je fis un léger bruit afin qu’il se retourne vers moi.  

- C’est moi, ton cousin, tu reconnais ma voix ? Demandais-je afin de le rassurer.

Sans attendre je fis quelques pas afin de m’approcher et de prendre conscience de son état. Il allait mieux c’était certain mais il n’était pas pour autant totalement guéri de ses blessures.

- Je n’aime pas séjourner dans un hôpital, je doute que ce soit ta passion contrairement à notre cousine du coup j’ai une proposition à te faire.

Je venais de lui tendre bêtement l’affiche que j’avais ramassée auparavant. Cette action déclencha une gêne en moi  alors je pris le temps de déposer mon sac de course afin de ranger l’annonce.

- Le village a mis en place des dojos qui permettent d’acquérir et d’améliorer ses talents, je te propose de t’emmener au dojo sensoriel. Je pense que cela pourrait fortement t'aider.

Lui aussi patogeait sûrement dans le flou alors il accepta ma demande. Je pris mes affaires et il s’appuya sur moi pour descendre de son lit. J’étais désormais sa moitié comme je l’étais pour notre cousine. C’était à moi d’incarner les yeux de ce nouvel arrivant. Cette aventure que je venais de débuter avec lui devait établir un lien. Ensemble on traversa la totalité du village, lentement mais sûrement. J’étais forcé à m’adapter à son rythme pour ne pas le brusquer. Cette première partie du trajet était la plus facile comparé au reste. Les dunes de sables, la chaleur, la soif tout était un enfer mais au moins, lui ne pouvait pas  voir l’horizon sans fin que nous tentions d’atteindre. On fit quelques pauses pendant lesquelles j’avais prévu de m’occuper de lui. Lui donner de quoi se rafraichir, lui remplir le ventre ou encore appliquer quelques produits sur ses dernières plaies qui cicatrisaient. Le chemin était long, trop long pour que je puisse supporter mon rôle mais je devais le faire. Lors de la dernière ligne droite je pris conscience de notre effort, ayant de la compassion envers mon allié je ne pus m’empêcher de le porter sur mon dos pour qu’il puisse économiser ses forces. Face à nous un grand dojo au milieu d’une infinité de grain de sable. Tout était si silencieux, si calme que je ne pouvais m’empêcher de faire du bruit pour ne pas sentir une certaine finitude m’envahir.

- Nous sommes arrivé cousin, j’espère qu’il y a quelqu’un

La première nuit n'était pas la plus simple, surtout que mes douleurs ne cessaient pas de me lancer. Il était difficile de penser à autre chose qu'à récupérer des bribes de mes souvenirs, de savoir qui j'étais réellement, pourquoi ces blessures gravaient mon corps meurtri. Le temps ne me faisait pas défaut, cependant mes compétences, quant à elles, étaient réellement mon point faible, sans oublier ma vue. Je devais rapidement trouver des méthodes afin de palier à mes déficiences. Naeko et Yumi étaient les deux seules personnes capables de pouvoir m'aider. Je le sentais, je le savais. Néanmoins, durant notre première conversation la veille, j'ai pu sentir quelque chose qui troublait les deux membres de ma famille. Peut-être que je me faisais des idées pour rien. Essayant de ne plus être infirme, je m'exerçais à marcher dans ma chambre, parfois je heurtais des objets par inadvertance, par-moment, je trébuchais. En si peu de temps, il était difficile de s'habituer à la vision des ténèbres, au noir constant qui m'entourait. Le jour et la nuit se confondaient en moi, désormais, la notion de temps ne pouvait plus s'appliquer sur ma personne. À la fin de mes 400 pas, un léger bruit retentissait dans ma chambre et je retombais par mégarde dans mon lit.

- C’est moi, ton cousin, tu reconnais ma voix ?

La voix de cet homme me rassurait un peu, je n'étais plus seul face à la hantise du noir, de la solitude. Sa voix réussissait à m'apporter de la chaleur, de la quiétude. Une chose qui me semblait presque inconnue. La compréhension de ce phénomène me paraissait tout bonnement étrange. Pourquoi avais-je la sensation de découvrir une chose nouvelle ? Pourtant, il n'était pas difficile de recevoir de l'affection. Je haussais les épaules pour exprimer mon air déconcerté. Au final, Naeko me proposa  de sortir de l'hopital, sûrement pour me, dégourdir les jambes et m'exercer un peu afin de retrouver une forme physique des plus appréciables rapidement ! Dès cet instant, nous commencions notre pénible marche en direction du dojo dont m'avait parlé Naeko. Un lieu qui me permettrait, peut-être, de retrouver l'équivalent de ma vue, en utilisant la totalité de mes 4 derniers sens. La différence de température entre l'hôpital et l'extérieur était abominable. Mon corps peinait à avancer à cause de ce soleil de plomb. Sans l'aide de mon cousin, il aurait été très difficile de pouvoir marcher. De plus, ne connaissant pas le village du sable ou n'ayant pas de capacité permettant de me guider, il était impossible, pour moi, d'arriver au dojo. Cette personne m'était d'une grande aide et se démenait pour me faire avancer. Cet élan de sollicitude me touchait énormément, à tel point que j'en étais ému. Les derniers instants de notre marche étaient les plus difficiles, à tel point que pour économiser mes forces, Naeko me portait sur mon dos. Nous avions dû faire plusieurs pauses où ce dernier m'avait offert à boire, ainsi qu'à manger pour regagner des forces.

- Nous sommes arriver cousin, j’espère qu’il y a quelqu’un

Après une longue marche, je m'écroulais à même le sol pour pouvoir respirer. La chaleur se faisait inlassablement ressentir sur mon corps. Le village du sable me paraissait étrangement compliqué à franchir. C'était un fait, de plus, je devais reconnaitre l'endurance et la bonté de mon ange gardien, qui se démenait afin de pouvoir m'aider à retrouver une vie normale. Sa gentillesse à mon écart me touchait au plus haut point. Une fois que je réussi à me relever, je m'approchais de Naeko. Je touchais légèrement son visage pour localiser les orbites de ses yeux, et avec mon index et mon majeur, je pointais ses deux organes. Ce dernier, par réflexe, venait à fermer ses yeux. D'un ton humble et pleine de compassion, je lui dis.

- Naeko, ne perd jamais tes yeux. Je peux sentir au fond de moi qu'ils sont précieux. La vue est une chose des plus essentielles, cependant, au fond de moi, je pense qu'elle nous permet simplement de visualiser des choses éphémères, de voir la cruauté de ce monde. Moi, je n'ai plus la chance d'avoir la vue, mais cela me permettra de voir le monde d'une autre façon. Alors, le temps de retrouver une vision plus claire du monde, voudrais-tu me guider, en étant mes yeux ?

Sur ces paroles, le jeune homme et moi pouvions entendre un son de cloche grave, provenant de l'intérieur du dojo. Quel était ce son et pourquoi s'immisçait-il dans notre conversation comme s'il acquiesçait mes dires.

La cloche venait de sonner, nous patentions face à l'entrée du bâtiment. Une femme qui venait de sortir du dojo fit son apparition. Elle paraissait si pure, si innocente. Sa petite présence correspondait à l'image que je me bâtissais d'elle. Mon regard évitait de croiser le sien le plus possible, je ne voulais pas installer un rapport de force ou l'intimider.

- Bonjour vous autres… Je suis Kome Yamaguchi, maîtresse du dojo sensoriel. Vous êtes… Naeko Esuki ? Comment se porte Yumi-san ?

Je ne connaissais pas vraiment tous les maîtres de dojo mais je savais non seulement qu'ils méritaient leur place mais qu'il devait être proche d'une certaine manière de Yumi. Cela était évident puisque ma cousine était la créatrice de leur organisation.

- Naeko Esuki oui, ma cousine se porte bien, elle fait de son mieux pour soutenir le village suite à l'attaque

Mes pas furent guidé par ceux de cette femme. L'édifice ne m'était pas familier tout comme les traditions des environs. Je ne savais pas particulièrement ce qu'allait être mon rôle dans ce lieu. La seule chose qui avait de l'importance était d'aider mon cousin. Cousin que je n'avais pas pris le temps de présenter. A vrai dire je n'avais aucune idée de la manière que je devais employer pour présenter Yukimura. Dans un premier temps Kome n'évoqua pas sa présence, elle se concentra sur notre accueil. Ensemble nous avons prit le temps de discuter en buvant une tasse de thé. Cette femme experte en maîtrise sensorielle annonça qu'elle avait terminé un combat avant notre arrivée. Cette petite confession m'étonna, depuis notre entrée elle ne me semblait pas fatigué ou essoufflé mais plutôt sereine. Son niveau devait être élevé, il était inenvisageable pour moi de la sous-estimer surtout lorsqu'elle avoua avoir senti notre présence avant notre venue.

- J’ai tout de suite reconnu le chakra si caractéristique des Esuki… de deux Esuki, d’ailleurs. J’avais donc d’abord cru à une visite du bras droit du Kazekage en personne, ainsi que de vous, Naeko-san, mais je me suis fourvoyée…

Sa capacité ne c'était pas arrêté au fait de nous percevoir, elle avait senti depuis longtemps que j'étais en compagnie d'un nouveau membre de ma famille. Tout cela ne m'étonnait pas, si Kome se trouvait à cet endroit précis c'est parce qu'elle devait maîtriser son talent à la perfection. Cela ne pouvait qu'être bénéfique pour mon cousin, s'entraîner aux côtés des meilleurs était pour lui la meilleures des choses à faire. Kome me questionna sur l'identité de mon compagnon de route et il était inutile de mentir.

- Je viens ici en compagnie de mon cousin Yukimura Esuki, il a récemment perdu la vue et j'aimerai que vous le preniez en charge. Je pense qu'il a l'expérience et l'endurance nécessaire malgré son état pour que vous lui transmettiez votre savoir.

Naeko et moi venions d'atteindre notre destination finale après une pénible marche sous un soleil de plomb. C'était la première difficulté, sur ce chemin semé d'embûches à la recherche de réponses à toutes mes interrogations. Mes yeux ne pouvaient apercevoir ce temple dédié à des spécificités du village des sables, néanmoins ce dernier dégageait une aura peu similaire. Une drôle de force pouvait se faire ressentir dans ce dojo. Des bruits de hâte se faisaient percevoir à l'intérieur du temple. D'après le bruit, il semblerait que deux personnes se hâtaient en direction du village de Suna. Je ne pouvais en savoir plus. Peu de temps après, une étrange cloche retentissait aux alentours de ce domaine, celle-ci sonna de l'intérieur du bâtiment. Des bruits de pas se mêlaient au son de la cloche qui annoncé l'arrivée d'une personne. Je ne pouvais savoir si cette personne était une femme ou bien un homme, mais cette personne dégageait une aura particulière qui pouvait se faire ressentir. Mon corps frémissait de plus en plus. Un moment de silence s'installait et gagnait nos esprits. Ce dernier fut brisé par la douce voix d'une jeune femme qui semblait connaitre mon cousin, ainsi que ma cousine.

Après une brève discussion, nous étions invité à congédier l'entrée du dojo, afin de rejoindre une salle qui servait à accueillir les nouveaux venants dans cet ample temple. Notre hôtesse était extrêmement courtoise et nous servait également une boisson après notre dur périple dans ce désert. Pour Naeko, traverser un tel lieu n'était qu'une formalité, mais pour mon être, cela s'avérait bien plus laborieux à cause de mon inaptitude à percevoir les objets nous entourant. Au fond de moi, je me doutais que ma vue serait un fardeau pour Naeko et Yumi, qui eux, devaient désormais s'occuper d'une personne handicapée. Malgré tout, ces deux êtres se démenaient afin de me rendre mes pouvoirs originels, ma force d'antan. En effet, malgré ma perte des souvenirs, ces deux humains ne se seraient jamais démenés pour aider un homme normal. Après une brève restauration, ma présence intriguait l'hôte de ces lieux et interrogea mon cousin sur moi-même et mes desseins.  

- Comme vous l'a dit Naeko, je me nomme Yukimura, Yukimura Esuki et ... -Hésitant, j'étais sur le point de vouloir parler des récents évènements, mais je m'interrompais pour éviter de révéler mon réveil et entamais un autre sujet- Comme vous pouvez le voir, je suis devenu aveugle et ne puis parcourir le monde sans ce précieux sens. Il est vital pour moi de découvrir le monde sous une autre couleur. C'est pour cela que je me suis permis de venir quérir votre soutien. Ceci dans le but de percevoir le monde d'une autre manière que par la vue.

Après avoir parlé poliment, j'inclinais la tête par respect pour cette dame qui allait, peut-être, m'enseigner de nouvelles choses, peut-être me permettre d'élucider les mystères qui m'entouraient. Mon regard vide se dirigeait vers cette jeune femme, qui sirotait son thé. Mes yeux immaculés de blanc laissaient exprimer leurs émotions, la dévotion envers cette nouvelle quête qui était de retrouver les souvenirs. Après quelques instants, ne contrôlant pas encore mon chakra, la tasse de thé que je tenais se congelait petit à petit, sans que je le sache réellement avant l'intervention de la jeune femme qui était surprise en voyant un autre utilisateur de la glace.

- Je comprends vos sentiments et je ne peux qu’exprimer ma compassion pour votre état. Parfois, il m’arrive aussi de fermer les yeux pour façonner dans mon esprit le monde d’une autre manière… Le rendre différent de ce qu’il est vraiment. D’ailleurs, lors des combats contre les challengers du dojo, je n’utilise pas la vue, puisque l’affrontement a lieu dans le noir complet. Employer l’art sensoriel de cette façon en combat est quelque chose d’abordable, mais l’utiliser en permanence est toutefois… plus complexe. Cela demanderait une consommation continue de chakra, vous n’auriez pas de phase de repos. Je ne pense pas être moi-même capable de le faire pendant plus de quelques heures sans être à court d’énergie. Cela peut être une solution intéressante pour vous défendre en cas d’agression, mais pas sur le long terme.

Cette jeune femme nommée Moke venait d'expliquer les points forts et les faiblesses de cette art, qui ne pouvait se substituer entièrement à la vue. En effet, L'art sensoriel était une manipulation des sens, permettant de déceler plus facilement le chakra des individus, comme une barrière repérant tout ce qui se trouve dans son périmètre. Quant aux objets inertes, ne possédant pas une source de chakra, ces derniers ne pouvaient être repérés grâce aux flux sensoriels. Cet art était un grand avantage durant les combats dans des lieux désertiques, néanmoins si un combat devait avoir lieu dans un lieu jonché d'obstacles, alors la donne ne serait plus la même. Il fallait malgré tout que j'essaye de m'initier aux jutsus sensoriels afin de pouvoir combattre à tout moment et pouvoir soutenir Naeko et Yumi. Mes paupières se fermaient pour réfléchir à la situation et la voix de la jeune femme venait s'engouffrer dans mes tympans, expliquant l'utilité des techniques sensorielles, mais surtout de savoir si j'étais toujours apte à vouloir devenir son élève. Au moment où je souhaitais prendre la parole, Kome expliqua un dernier principe, mais d'un art totalement différent qui se nommait le chakra naturel. Un art du même type que le sensoriel, mais d'une puissance bien supérieure. Cette idée venait se greffer dans un coin de ma tête. J'ouvris lentement les yeux pour répondre à cette jeune femme.

- L'art sensoriel est puissant et pourrait me permettre d'avancer dans ma quête, voire de la réussir. Je ne peux négliger un tel enseignement dans mon état. Toute expérience, toute technique, tout art est bon à prendre dans mon cas si cela me permet de m'affirmer dans ce nouveau monde, où les ténèbres sont mon quotidien. Je suis prêt vous affronter pour pouvoir regagner un peu de ma force.

Petit à petit, l'atmosphère changeait. Cette dernière était devenue plus froide, sérieuse et pesante. Mon regard venait instinctivement de changer dès que mon ambition s'éveillait. Passant ma main sur la tête, je pouvais sentir une légère pression, quelque chose de nouveau que n'avait pas lieu d'être. Malgré tout, une fois levé, j'inclinais la tête afin de remercier l'amabilité et la sollicitude de cette femme qui, au cours de notre affrontement, allait m'enseigner, être mon professeur pour découvrir un nouveau monde, une nouvelle vision de ce dernier. Je pouvais sentir son regard et comme si ma vision était toujours présente, je la fixais dans les yeux et, dans mon esprit, j'imaginais les traits de cette femme. Un peu triste de devoir affronter quelqu'un que je venais de rencontrer, j'essayais de lui esquisser un sourire.

- J'espère que vous n'allez pas me ménager Kome... senpai. J'aimerais apprendre rapidement et efficacement à vos côtés pour retrouver une partie de mon talent. En tout cas, sans pouvoir vous percevoir, je ressens une aura imposante émanant de vous. Vous êtes forte. Pouvez-vous tout de même m'indiquer le chemin où aura lieu notre affrontement ? Je n'ai pas encore le pouvoir de percevoir les objets, c'est assez désavantageux, je dois bien l'admettre.

En entendant la voix de la jeune femme, je tendais l'une de mes mains vers elle avec un sourire et en inclinant la tête. Ma paume de main pouvait paraitre froide, alors que la température était élevée. Cela symbolisait l'élément du jeune homme qui ne se souvenait pas encore de ses véritables pouvoirs.

Après avoir attrapé ma main pour me guider vers le dit lieu, la jeune femme demandait à l'un de ses disciples de guider mon cousin dans un lieu où ce dernier serait habilité à observer le déroulement du combat entre Kome et moi-même. Une fois dans la salle où l'affrontement aurait lieu, le maitre du dojo allait donner de plus amples explications concernant les règles du duel.

- Si c’est ce que vous souhaitez, je vous considérerai comme un challenger comme un autre… Les lumières dans cette pièce vont donc s’éteindre et nous combattrons en un contre un. Par un concours de circonstances, je serai la seule handicapée par le manque de lumière… Êtes-vous prêt ?

Cette situation me fit esquisser un léger sourire, étant moi-même aveugle, je pensais devoir être handicapé plus lourdement. Dans un autre sens, mon corps et mon chakra étaient aussi faible que ceux d'un enfant, par-conséquent, il aurait été lourd de devoir me brider davantage. Néanmoins, la chaleur des vives lumières disparaissaient peu à peu, laissant place à la solitude, le froid. Ces sensations se trouvaient déjà présentes en moi, mais gagnaient la jeune femme qui allait devoir se mouvoir sans une once de lumière, sans y être habitué. Bien que cela fasse une journée que les ténèbres m'aient gagné, il n'était donc pas aisé de déterminer mon degré d'aisance dans un duel à l'aveugle. Après l'énonciation des règles, le silence s'immisçait, nous laissant nous concentrer, entrer en osmose avec notre environnement et percevoir le moindre mouvement adverse, pouvant annoncer le début du combat. Un son lourd venait briser cet effroyable silence, ce dernier révélait que mon adversaire sortait une arme de derrière elle, ce n'était en aucun cas un sabre, mais plutôt quelque chose de plus fracassant. Puis, un second bruit éveillait entièrement mes sens, ce dernier était bref, puis plus rien. La seule chose que je pouvais percevoir difficilement, était comme quelque chose qui ... tombait ? Ne réfléchissant pas plus, je reculais en essayant de faire un saut maladroit en arrière pour pouvoir éviter ce qui allait me tomber sur la tête. Dès lors, un éclatant retentit juste en face de moi. Quelques gouttes de sueurs pouvaient se faire percevoir de mon visage qui changeait d'une expression souriante, à une expression impressionnée.

- Je crois que j'ai failli finir à l'hôpital, sur ce point, je ne peux remercier que la défaillance de ma vue qui a amélioré mes autres sens. À en juger par la détonation et l'impact, il est évident de deviner que vous vous battez avec une masse ou une arme de cette famille. -Je ne savais pas comment et pourquoi, mais mon instinct me permettait de révéler ces choses, comme si j'étais un habitué des combats.- Si je reçois un coup de plein fouet, je peux dire adieu à mes chances de vous vaincre, Kome-sensei.

Ces sensations m'étaient familières, comme si j'avais toujours combattu, comme si mes sens réagissaient face à l'attaque de Kome. Il n'était pas facile d'expliquer ces ressentis. L'espace d'un instant, sans m'en rendre compte, j'eus un rictus qui pouvait glacer le plus féroce des combattants. Une partie de moi-même, de mon moi d'autrefois se réveillait très légèrement en situation de combat, sans que je puisse m'en apercevoir ou le ressentir. Instinctivement, je pris une position défensive et fis le vide dans mon esprit, essayant de me concentrer pour parer ou plutôt éviter la seconde offensive de mon adversaire qui ne me ménageait pas, sur ma demande. Cette femme ne faisait aucunement figuration, sa force, son agilité et sa perception étaient redoutables. Dans mon état actuel, il était difficile de pouvoir la battre ou de lui asséner ne serait ce qu'un coup. Joignant mes mains, j'essayais d'y concentrer du chakra. Cette action était difficile. Dans cette situation, il serait plus sage de reculer et de fuir le combat, le temps que mon assaillante s'épuise, néanmoins son endurance devait être aussi à la hauteur. Pour créer un effet de surprise, j'allais encaisser la prochaine attaque en contrant sa technique grâce aux paumes de mains. Une défense peu sûre, mais qui allait me permettre, sûrement de créer une ouverture.