¤ Apprendre et Enseigner ¤

L'éducation est une phase importante du développement des enfants, c'est une étape de leur vie susceptible de définir en profondeur leur futur. Les valeurs qui leur tiendront à cœur, leurs aspirations dans la vie, en d'autres termes, quels adultes ils formeront. Bien entendu, en tant que chuunin, c'est mon devoir de m'assurer que les aspirants ninja deviennent des pousses pleine de promesses, des shinobis qui sauront porter Iwa vers un avenir meilleur. C'est dans cette optique que j'ai accepté avec joie de prendre en charge une classe à l'académie ninja. Pas en permanence, je devais simplement assurer le remplacement d'un confrère parti en mission. Rien de bien exceptionnel en soi, mais je ne pouvais m'empêcher de ressentir un certain stress alors que je me trouvais face à cette académie, bien après que j'y ai moi même été promu genin. J'observai la façade austère du bâtiment avec l'esquisse d'un sourire nostalgique. Je retrouvai même les traces indélébiles d'un vieux graffiti que j'avais dessiné à l'époque sur la façade du bâtiment. J'avais été surpris en train de le faire et m'étais attrapé une sacrée correction ! Sans compter que ce fut à moi de le nettoyer ensuite... bien qu'au final, je n'ai jamais réussi à le faire totalement partir, la peinture fut plus tenace qu'escomptée. Tout cela me rappelait bien des souvenirs, mes paris avec mes copains de l'époque, nos rêves d'avenir. Une époque insouciante où je n'avais nullement conscience des troubles qui gagnaient le village et le monde de façon globale. Point de vue naïf qui changea radicalement quand ma mère trépassa, suite à la pandémie de l'an 112.

Je parcourai les couloirs de l'établissement en scrutant les nombreuses affiches de propagande plaquée sur les murs. Je ne considérais pas la vie comme mauvaise à Iwa mais ne pouvait m'empêcher de trouver absurde de placarder partout tout ce papier glacé juste pour le rappeler à tout un chacun constamment. Peut-être que le Tsuchikage voulait une jeunesse optimiste ? … Même si fondamentalement, je me doutais que les raisons étaient autrement plus insidieuses et encourageaient les jeunes à mépriser les villages ninjas étrangers. Quand bien même un ennemi demeure un ennemi quoi qu'il advienne, je ne pouvais m'empêcher de me demander comment les autres factions shinobi s'étaient remises des dernières guerres. Leur politique prenait-elle également un tournant surprenant à l'image de celle d'Iwa ? Alors que je me questionnais intimement, mon sang se glaça, mes sens se mirent aussitôt en alerte alors que je crus percevoir une présence ! Mon regard pivota brusquement sur ma gauche où j'avais cru apercevoir comme une ombre. Quelqu'un m'observait ? … Ou était-ce mon imagination ? Je m'apprêtais à m'avancer dans cette direction quand je sentis à nouveau cette sensation ! Je fis vote-face et reconnut le visage familier d'un homme, désormais joliment âgé, qui était sur le point de porter sa main à mon épaule, la retirant en voyant que je lui faisais désormais face.

- Eh bien, jeune homme, tu sembles agité. C'est la perspective de te retrouver de l'autre coté du bureau du professeur qui te tracasse ?

Le ton taquin du doyen de l'académie m'amena à me gratter la joue malgré moi, un peu comme les nombreuses fois où il m'avait surpris dans en train de faire des bêtises, quelques années auparavant.

- N-Non Sato-Sama, j'étais juste perdu dans mes pensées. Vous n'avez pas changé d'un iota.

Il arqua un sourcil en esquissant un sourire amusé, Sato Hajime était arrivé à un âge si avancé qu'il ne risquait pas de gagner beaucoup de rides en à peine une dizaine d'années. Il était indubitablement vieux mais ne semblait jamais vraiment étranger à son époque. Je ne pense pas me souvenir d'une fois où il a mentionné une époque antérieure ou simplement sa jeunesse. Il avait participé à bien des guerres et se caractérisait par son absence de cheveux et le nombre impressionnant de cicatrices présents sur ses bras et son visage. Elles lui donnaient un air intimidant atténué par ses habits raffiné- un kimono masculin en soie bleue- et le ton placide qui caractérisait sa façon de parler.

- Toi non plus, Kojiro-Kun. Tu as bien grandi mais tu as toujours ces mimiques de petit rongeur craintif qui te siéent si bien.

Il se mit à glousser légèrement, m'arrachant un sourire forcé avant que son faciès ne regagne une expression sérieuse.

- Humour à part, je dois t'informer d'un léger changement quant aux conditions dans lesquelles tu vas devoir assurer ton cours.

J'arquai spontanément les sourcils en dévisageant le doyen qui pivota légèrement la tête sur le coté, comme pour parler à une autre personne... et écarquillai les yeux en constatant qu'il y avait bien quelqu'un à mes cotés ! Quand cette personne était-elle arrivée ?! Était-ce la présence que j'avais brièvement ressenti avant que Mr Sato ne m'accoste ?

- Cette personne des forces spéciales va venir t'observer pour vérifier si tu as les... compétences pédagogiques appropriées, pour éduquer les aspirants ninjas. Tu es bien placé pour savoir que le rôle de professeur n'est pas toujours facile. Les élèves sont parfois particulièrement malicieux.

Je savais bien qu'il faisait référence à la tendance que j'avais à préparer quelques petits pièges puériles à mes enseignants à l'époque. Mais j'étais autrement plus troublé par la discrétion dont avait preuve la personne pour arriver à mes cotés. La nostalgie avait-elle endormie ma vigilance ? … Non... cela m'indiquait clairement que j'avais encore beaucoup à apprendre pour être un ninja digne de ce nom. Et je ne sais pas ce qui m'a pris sur le coup, peut-être ma curiosité brûlante vis-à-vis de cette personne capable d'échapper à ma vigilance, ou ma sale tendance à être trop spontané. La question qui me traversa l'esprit se formula oralement alors que je dévisageai l'étrangère avec insistance.

- Quel est votre nom ?

Il y eut un silence lourd de sens qui s'installa dans le couloir. Le doyen arqua les sourcils, creusant les rides de son front avant qu'il ne brise le mutisme partagé en laissant échapper un nouveau rire qui m'arracha un rictus agacé. Me ridiculiser devant mes aînés... bien joué Kojiro ! Tout cela n'augure que du bon pour cette journée !

- Kojiro-Kun... aurais-tu oublié le concept même de l'anonymat des forces spéciales ? De toute façon, connaître son nom ne t'avancera à rien. Contente toi de l'appeler avec respect, et tout ira bien.

Cela ressemblait presque à une menace sous-entendue qui ne me disait rien qui vaille. Je ne pus m'empêcher de prendre quelques instants pour jauger cette examinatrice. Bien entendu, son visage était dissimulé derrière un masque, la seule caractéristique physique qu'elle laissait clairement transparaître était ses cheveux opalescent coiffés en queue de cheval. Je détournai le regard quand elle se mit elle même à me dévisager acquiesçant doucement aux propos du doyen.

- Bien... tu peux maintenant te rendre à la salle numéro 7. Les élèves ne devraient plus trop tarder. Bon courage.

Le doyen échangea un regard entendu avec l'anbu avant de faire volte-face pour s'éloigner, rejoignant vraisemblablement son bureau dans l'aile ouest du bâtiment. Je demeurai donc là, un peu dépité du manque de confiance qui m'étais adressé. Je poussai donc un soupir discret avant de me forcer à adresser un sourire mal-assuré à l'inconnue.

- Je... je suppose que vous connaissez déjà les lieux, pas vrai ? La salle numéro 7 est par là...

Je désignais une porte à l'extrémité du couloir, l'avant-dernière plus exactement, j'échangeai un nouveau regard avec le masque inexpressif de l'étrangère puis commença à m'avancer en premier d'un pas soutenu, bien qu'un peu raide. Sentir son regard me détailler était quelque peu déstabilisant... mais je devais garder une certaine contenance si je voulais éviter les ennuis.

- Kojiro Hosokawa et Itami Ryuka -

RIZVOLUTION

¤ Apprendre et Enseigner ¤

En dépit de mes efforts pour conserver un calme olympien, je n'avais pas de mal à deviner la tension que l'on pouvait actuellement ressentir chez moi. En même temps, qui ne serait pas tendu en sentant le regard acéré d'une anbu porté sur soi ? L'oeil vif d'un agent capable de tuer en un tour de main, sans la moindre hésitation. Paranoïa ou prudence, les deux interprétations se valaient... même si pour ma part, j'estimais mon angoisse parfaitement légitime ! Je me doutais bien que d'une manière ou une autre, il n'était pas impossible que le Tsuchikage soit au courant de mon... petit secret. Dans cette optique, cela ne me semblait pas complètement fou de m'assigner à un membre des forces spéciales. En tout cas, je n'avais jamais entendu parler d'inspecteur sollicité pour surveiller les cours donnés par un aspirant professeur. Et en admettant que cela puisse se faire, je voyais mal un anbu être arraché à son devoir pour une affaire aussi bénigne. Je poussai un léger soupir tandis que je me retrouvai face à la salle de classe, je pouvais y entendre les enfants agités par delà la surface métallique relativement fine qui composait la porte. Je devais me focaliser sur eux, par sur le regard éventuellement malveillant de mon accompagnatrice. D'autant plus que les enfants avaient vite fait de cataloguer les gens qu'ils rencontrent pour la première fois, il était hors de question de passer pour un remplaçant de pacotille.

J'ouvrai donc la porte et me glissait à l'intérieur de la pièce qui devint aussitôt silencieuse. Je saluai ces jeunes graines de ninja puis rejoignit mon bureau en les jaugeant en silence, tâchant de garder une expression fermée pour le moment. Tous avaient leur regard rivé dans ma direction... mais pas directement sur moi. Mes yeux convergèrent avec les leurs sur l'anbu à mes cotés, je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire discret en me disant qu'à leur âge, j'aurai probablement eu la même réaction en voyant un membre des forces spéciales entrer en cours. La présence de son masque empêchait de clairement identifier ses émotions mais j'imaginais qu'elle ne devait pas être habituée à être ainsi exposée aux yeux d'autrui. Elle prit toutefois la peine de se présenter à mon auditoire sous le nom de « Eins ». C'était la première fois que j'entendais sa voix et elle semblait confirmer la nature féminine que je supposais initialement, compte tenu de sa carrure plutôt svelte et gracieuse. Je me surpris même à la regarder pensivement alors qu'elle allait prendre place au fond de la salle avant de hocher doucement la tête pour me concentrer de nouveau sur mon jeune public, m'adressant de nouveau à ce dernier après qu'Eins m'ait indiqué de poursuivre.

- Eh bien, comme vous pouvez le voir, nous sommes dans le même bateau vous et moi ! Si nous ne nous comportons pas bien, nous risquons de nous faire tirer les oreilles par ce cher Eins.

J'émis un petit rire que ne sembla pas particulièrement partager la classe. Il m'était difficile d'affirmer si c'était justement la présence de l'anbu qui les subjuguaient ou s'ils ne savaient pas encore comment réagir avec moi. Je m'efforçai de reprendre une expression sérieuse en jetant un œil au cahier récapitulatif de l'avancée des cours que m'avait confié le professeur absent. Leurs dernières leçons avaient porté sur une part sombre de l'histoire du village, la terrible épidémie de l'an 112. On y vantait la façon dont le Tsuchikage était parvenu à éviter le pire au village grâce à sa politique de santé, notamment la création du grand hôpital et l'injection massive chez les habitants du fameux vaccin salvateur.

* La molécule C1... *

J'inclinai légèrement plus la tête sur le livre alors que mon visage se voilait d'un rictus cynique qui contrastait avec mon faciès habituellement optimiste. Comment oublier... les adieux de ma mère sur son lit de mort ? Enfant, on s'attend toujours à ce que ses parents nous mentent, nous rassurent éhontément en inventant des fadaises optimistes. Et d'habitude, maman le faisait... pour de petites choses, mais cette fois là. Elle avait refusé de mentir... elle n'avait pas voulu me donner de faux espoirs. Cela m'avait fait l'effet d'un coup de massue, mais je préférais cette sensation à celle d'un coup de poignard à même le cœur. Pas étonnant que je peine à bien mentir aujourd'hui.

Ma sombre réflexion n'avait probablement duré qu'une ou deux infimes secondes, on aurait pu assimiler ça aux airs concentrés d'un jeune professeur préférant y réfléchir à deux fois pour éviter de se planter. Mais c'était probablement sous-estimer Eins dont le rôle lui imposait de relever les détails les plus insignifiants. Comme pour couper court à l'éventuelle réflexion qu'elle pouvait avoir je refermai sèchement le livre dans un claquement sonore volontaire avant de le reposer doucement sur le bureau, m'attirant par ce signal auditif l'attention de la classe qui me regardait avec de grands yeux incrédules.

- Je vois que vos dernières leçons portaient sur l'histoire du village, c'est certes intéressants mais je ne pense pouvoir rendre justice à ce sujet en le reprenant comme ça à la volée. Nous allons plutôt aborder quelque chose qui est davantage centré sur vous...

Je sortis de ma poche un parchemin d'invocation que j'avais fait préparé au préalable. J'étais loin d'être spécialement doué pour sceller des objets dans ce papier mystique avais eu besoin de l'aide d'un collègue chuunin pour préparer ce petit artifice. En tout cas, cela avait semblé avoir fait son petit effet, j'avais capté l'attention de ces jeunes pousses qui aventuraient un peu moins leurs pupilles sur Eins. Après tout, quoi de plus intriguant qu'un petit rouleau au contenu mystérieux ?

Satisfait d'avoir obtenu l'effet recherché, je prononçai quelques paroles en déroulant le papier, faisant soudainement apparaître dans des volutes de fumée, une boîte en bois d'une cinquantaine de centimètres sur vingt contenant une multitude de fleurs en papier blanc. J'en pris une dans la paume de ma main et la présentait aux aspirants ninjas qui semblaient, soit curieux, soit quelque peu déçus par cette révélation. Mais je me doutais bien que la suite risquait de fortement les intéresser.

- Bien entendu, je ne vous ai pas apporté ça pour vous donner des exemples de pliage à suivre. Nous allons utiliser ces fleurs de papier pour déterminer la nature de votre chakra. Je crois avoir lu que vous aviez abordé le sujet avec vos professeurs il y un peu plus d'un mois ? En résumé, pour rafraîchir votre mémoire, votre énergie est régie par cinq forces primordiales que l'on associe à cinq éléments naturels complémentaires. Le feu, l'eau, la terre, la foudre et le vent. Qui sont donc associés aux cinq affinités classiques employées pour le ninjutsu, le katon pour le feu, le suiton pour l'eau, le doton pour la terre, le raiton pour la foudre, et le fûton pour le vent.

Je m'avançai vers le pupitre de l'élève le plus proche pour commencer à distribuer les fleurs. Les aspirants chuchotaient ici et là entre eux, probablement curieux de savoir comment cela marchait. Réponse que je m'empressai de leur donner à l'oral en poursuivant la distribution.

- Vous avez appris assez tôt à malaxer votre chakra. Même si certains d'entre vous sont peut-être encore maladroit pour l'utiliser, vous pouvez tous émaner du chakra en vous concentrant. Vous allez chacun prendre une fleur entre vos mains et essayer de vous mettre en condition, comme si vous vouliez vous exercer à une technique de clonage par exemple. Selon la nature de votre chakra dominant, vous pourrez observer différente réactions sur le papier. Si vous appartenez à un clan disposant d'une affinité composée, cela sera malgré tout votre affinité primordiale dominante qui apparaîtra.

Chaque élève disposant désormais de sa propre fleur, tous s'essayaient à l'exercice. Ils obtenaient des résultats hétéroclites, il y avait de tout dans cette classe ! Les premières se mettaient à dégager une légère chaleur, les secondes se retrouvaient mouchetés de traces d'humidité, les troisièmes devenaient parfaitement rigides, les quatrièmes se déformaient pour présenter des pétales pointus, et les dernier voyaient au contraire leurs pétales prendre une forme plus arrondie. Amusé par les réactions variables mais enthousiastes des élèves, je me tournai vers Eins pour lui tendre une fleur, fendant mon visage d'un sourire avenant. Pour être honnête, cette invitation à participer au cours était au mieux... maladroite. Proposer un membre des forces spéciales à révéler son affinité primaire ? C'était un peu idiot mais j'avais déjà tendu la fleur, je me mis à rougir malgré moi et me détournai rapidement de l'anbu pour reporter mon attention sur les élèves.

- Bien entendu, tout le monde n'aspire pas à développer le ninjutsu de son affinité primaire. Certains embrassent une autre discipline ninja ou se focalisent sur une affinité non dominante chez eux. Dites vous que quoi qu'il arrive, et ce malgré vos pré-dispositions, votre travail sur vous et vos aspirations contribueront toujours à construire une part de ce que vous serez demain. ?

Je n'étais pas sûr de la portée de mes paroles sur cette classe un peu dissipée par l'atelier que je leur proposais, mais je supposai qu'avec le recul, ils saisiront d'eux même que c'est le travail qui les amènera à devenir les ninjas qu'ils souhaitent être. Que ce soit du point de vue des capacités que de leur mentalité. Je n'étais pas friand de la moralité mielleuse de Konoha, mais n'étais pas contre un peu plus de transparence et d'éthique au sein d'Iwa. Qui sait si cette jeunesse n'amènera pas tout cela à changer... ? Je finis par croiser de nouveau le regard d'Eins, dieu seul savait ce qu'elle pouvait bien penser de moi au delà de son masque émotionnel. J'ignorais si elle saisissait les sous-entendus de mon cours, mettant en avant le développement personnel avant le rabâchage de ce qu'était déjà Iwa. Ces enfants constitueraient bientôt l'Iwa de demain, c'est d'eux que l'avenir dépendra. Quoi qu'il advienne, il faut nourrir ces graines d'avenir pour les faire grandir sur de bonnes bases, meilleures que celles déjà établies.

- Kojiro Hosokawa et Itami Ryuka -

» Apprendre de la flemme
» Entre frère et soeur
» Apprendre les bases [Fb : 15 ans plutôt]

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée