Je ressemble à...
… une jeune femme de 23 ans. Dans la « fleur de l’âge », comme on dit. Mais j’imagine qu’il vous faut plus de précisions ?
On va commencer par le haut alors. J’accorde un grand soin à mes cheveux : une vraie fille me direz-vous ! Quoique… pour dire la vérité, c’est tout le contraire. Je n’en ai absolument rien à faire, c’est pourquoi je les ai aussi longs et le plus souvent attachés. Et pour éviter les soucis de cheveux qui tombent devant les yeux, un coup de ciseaux et c’est réglé.
« Les yeux sont les miroirs de l’âme ». Ce proverbe, souvent cité mais parfois décrié, me correspond totalement. Bien que j’aime mettre un point d’honneur à paraître détachée et distante, cette tâche m’est vraiment difficile.
Mon visage est plutôt fin, et mes yeux bleus azurs me viennent de ma mère. On me dit souvent que je lui ressemble, ce qui me tord l'estomac, inévitablement. J’ai également hérité de sa silhouette : de grande taille et assez svelte. Ma taille m’a d’ailleurs velu quelques railleries de la part de mes camarades lorsque nous étions plus petits. Mais bon, un bon coup derrière la tête et ils s’arrêtaient.
Eh oui, malgré ces traits doux, je suis une brute susceptible ! Heureusement qu’avec l’âge, les plus petits ont grandi et le regard que les autres portent sur moi a changé. Même si parfois je préférerais me passer des commentaires sur mes « jambes qui n’en finissent pas » et du regard presque lubrique qui va avec…
Concernant mon style vestimentaire, il est assez classique. Classique pour les civils en tout cas. Je n’apprécie pas vraiment les tenues de missions fournies par le village. Donc voilà, je porte la plupart du temps une robe assez simple avec des bottes. Vous ne me verrez cependant jamais avec un haut court, j’ai des cicatrices courant sur mon dos et flans.
Ah oui, j’allais oublier. Vous avez peut-être remarqué mon pendentif ? Cette espèce de cœur accroché à une chaînette en tissu jaune ? Je ne l’hôte jamais. Il me vient de ma grand-mère paternelle, celle qui m’a élevé. Une babiole offerte, en toc, mais reste le seul vestige de mon passé. J’imagine que nous avons tous un objet dont on ne souhaite pas se séparer, même s’il est absolument kitch ? Eh bien voilà, pour moi c’est celui-ci.
Je pense à ...
Trop de choses pour les énumérer !
J’avoue que mon état psychologique pourrait relever du défit, même pour un fin psychanalyste. Quoique, pour résumer, on pourrait vulgariser en me désignant de personne ambivalente. Pour les personnes fanatiques des horoscopes, je suis une véritable Gémeaux. Attention, pas dans le sens double-face double-jeu, agent-double. Plutôt dans le genre qui n’est jamais d’accord avec elle-même, pense une chose et son contraire… Calme un instant, puis d’une humeur massacrante la seconde d’après. Vous aurez sûrement le loisir de découvrir les aléas de mes pensées, vous verrez bien ce qu’il en est.
En parlant d’humeur massacrante, je suis souvent de mauvaise humeur. Enfin, ça dépend du moment. C’est tout ou rien, même s’il arrive que ce soit les deux en même temps.
Ajoutez ceci avec une susceptibilité du feu de dieu et vous obtenez un déferlement de mauvaise foi. Eh oui, même si une de mes grandes passions est de me contredire moi-même, je ne supporte pas qu’on le fasse à ma place. La plupart du temps, mes excès font rire les autres, et je passe pour une cloche pas très futée. Mais bon, il en faut bien une !
J’imagine que vous avez compris que je n’ai pas non plus ma langue dans ma poche. Je ne l’ai jamais eu à vrai dire. Plus jeune, j’étais le genre de gamine à fanfaronner et à piailler pour un rien.
Toutefois, ce comportement colérique et très puéril m’a mis dans des situations compliquées, où j’ai appris que parfois, il valait mieux ne pas discuter. Surtout si les personnes à qui vous avez à faire ne vous veulent pas du bien. On en vient au côté obscur de chacun, lié à son passé, ses déceptions.
Je vous raconterai les miennes plus tard si vous arrivez à me suivre jusque là.
J’ai donc gagné en sagesse avec le temps. Et malgré tous mes défauts, je pense avoir quelques qualités…
Euh… En fait non je n’en trouve pas là tout de suite.
J'ai vécu...
Une vie pas terrible, il faut l’avouer.
Je vais commencer par vous parler des mes parents, vous comprendrez mieux. Ma mère était originaire de Kumo, mais sa famille avait dû fuir vers Kiri suite à chaos qui s’était installé sur le village. J’ai longtemps cherché à en connaître l’origine, mais personne ne m’a apporté de réponse satisfaisante pour le moment. Elle descendait d’une famille dont la spécialité était l’Iroujutsu depuis des générations. Je ne parle pas de clans avec des techniques spéciales, précisons le.
Enfin bref, ma mère et sa famille ont fui Kumo pour venir à Kiri. Une fois leur installation terminée, elle se rapprocha très vite de mon père, un Kirijin pur sang, qui maniait les épées aussi facilement que l’eau. Un peu plus d’un an passa, et je suis née.
Cependant, la tension créée par l’arrivée massive d’étrangers avait rendu les habitants de Kiri méfiants. Cette méfiance avait engendré des débordements, des violences. L’un de ces épisodes arriva lors d’une mission que mes parents effectuaient à l’étranger : un groupe de citoyens de Kiri, très protectionnistes, s’en sont pris à des familles de Kumo, sous prétexte que ces dernières les avaient volées.
A son retour, ma mère découvrit les membres de sa famille dans leur sang, égorgés. Elle avait cherché les responsables, mais fut arrêtée avant de passer à l’acte par les autorités. Ces dernières craignaient par-dessus tout la guerre civile : ma mère n’eut pas d’autre choix que de garder sa haine et sa rancœur au fond d’elle-même, sinon quoi elle serait exécutée avec son mari (mon père) et moi-même. Si elle tentait de s’enfuir, le prix à payer serait le même : il ne fallait surtout pas laisser d’informations allant contre l’empire Kirien filtrer en dehors du pays !
Mes parents ayant des obligations en tant que ninjas, me laissaient régulièrement sous la garde de ma grand-mère paternelle pendant leur mission. Ca, c’était la version officielle. En réalité, ma mère ne supportait pas de rester au village après ce qui s’était passé. Au vu de la situation et ne faisant confiance qu’à mon père et ma grand-mère, elle n’avait d’autres choix que de me laisser là-bas. Cette dernière m’éleva comme si j’étais sa fille, à mon grand bonheur. Elle aussi était une ancienne kunoichi, mais préférait par-dessus tout cuisiner. Vous l’aurez compris, la gente féminine de ma famille représente de véritables têtes de mules ! Ma grand-mère reprochait souvent à mon père d’être trop distant avec la situation, mais que voulez-vous, il était comme ça. Calme et introverti.
Tout en grandissant, j’apprenais à manier le kunai et à faire des gâteaux. Contradictoire, n’est-ce pas ? J’allais à l’école depuis quelques temps quand ma mère m’initia à l’Iroujutsu. Je me souviens particulièrement le jour où elle m’expliquait que
« même si beaucoup ne le méritent pas, il faut que tu apprennes à utiliser ce don pour les aider le jour venu. Etre en mesure d’aider les autres est un beau cadeau, qui te rempliras d’un sentiment de fierté. Surtout, ne le gâche pas.». J’ai donc beaucoup travaillé pour arriver à concentrer mon chakra et en faire quelque chose. Mon père quant à lui, tentait vainement de me faire manier les lames : le katana s’avérait être plus dangereux pour moi-même que pour les autres ! Nous riions beaucoup à cette époque.
Fraîchement Genin, j’insistais énormément pour accompagner mes parents en mission, ce qu’ils refusaient toujours, prétextant que le danger à l’extérieur du village était trop grand. Mais j’étais sûre qu’ils trafiquaient quelque chose, pour vouloir m’écarter de la sorte. Un soir, j’ai décidé de les suivre pendant leur mission. Je ne suis peut-être pas douée avec un lame, mais discrète comme… une plume, ça se dit ? Enfin bref, ils ne s’attendaient tellement pas à être suivis qu’ils ne m’ont pas remarqué d’emblée. Leur mission était de récolter des informations sur une minorité s’étant rassemblée près d’une frontière.
Seulement une fois sur place, je me fis prendre comme une débutante. Ce que j’étais. Le groupe était une sorte de milice voulant prendre le pouvoir dans les alentours. A l’époque, j’arborais fièrement mon bandeau de Kiri, d’où ma capture. Les brigands ont pensé que j’étais chargée de les espionner, et ont donc usé de toutes leurs ressources pour me faire parler. Ils m’ont donc vaillamment entaillé le dos et les flans avec des lames émoussées, me laissant de vilaines cicatrices que je cache aujourd’hui avec précaution.
Mes parents avaient établi un point d’observation non loin et n’ont pas tardé à venir à mon secours lorsqu’ils entendirent mes cris de douleur. Battue et mutilée, ils ont presque eu du mal à reconnaître leur propre fille ! Mon état était tel que ma mère était obligée de me soigner avant de pouvoir me déplacer. Mais, comme dans les mauvais films, nous nous sommes fait prendre. J’avais du sang dans la bouche, dans le nez, je voyais flou. Comateuse, j’ai fini par perdre connaissance.
A mon réveil, tout était calme. Trop calme. Et l’odeur… du sang. Partout. Une boucherie. Je me relevai, transie par le froid et l’humidité, et découvrais le macabre spectacle. Mes parents s’étaient battues corps et âme, mais, aussi puissants qu’ils étaient, n’avaient pas survécu. Leurs corps mutilés par les combats gisaient à mes côtés. La plupart des ennemis étaient morts. Les survivants respiraient à peine. Dans un état second, je me suis relevée, et ai égorgée vifs ces derniers, les laissant s’étouffer dans leur sang, le visage emprunt à la panique.
Je n’ai raconté cette histoire à personne d’autre qu’à ma grand-mère paternelle, quelques semaines plus tard, à mon retour. Elle me fit promettre de ne raconter la vérité à personne : l’état totalitaire dans lequel nous vivions m’aurait puni d’avoir quitté le village sans autorisation, et accusé d’avoir fait tuer mes parents. Kiri avait en outre envoyé d’autres ninjas à la recherche de mes parents, qui, n’ayant pas donné de nouvelles suite à leur mission, avaient été portés disparus. Ils revinrent avec les corps, qui ont été inhumés. Mes parents étaient morts à cause de moi, et la seule autre personne au courant de la vérité était ma grand-mère.
La relation que j’entretenais avec elle devint naturellement de plus en plus difficile en plus de sa sénilité. Malgré sa sagesse, elle finit par perdre la raison et tenta de nous tuer toutes les deux en mettant le feu à notre domicile quelques mois plus tard. A moitié étouffée par la fumée, j’ai tout de même réussi à m’extirper de la bâtisse avant que celle-ci ne s’enflamme totalement.
Les habitants pensaient qu’il s’agissait d’un accident : une vieille femme ayant oublié une bougie allumée par exemple. D’autres racontaient qu’elle avait fait cela parce qu’elle était désespérée d’avoir perdu son unique enfant et qu’elle ne supportait plus de vivre. C’était également mon avis. Vivre avec cette culpabilité était insupportable. J’avais causé la mort de toute ma famille.
Mes changements constants d’humeur ont été plus importants depuis. En même temps, quoi de plus normal ? Après une longue période de deuil et de culpabilisation, je finis par émerger et tentai de continuer ma vie avec ce que je pouvais. Je devais devenir plus forte, c’était une certitude. Pour protéger ceux qui étaient devenus ma nouvelle famille : mes amis. Pour pouvoir me défendre seule. Pour ne plus tomber dans des pièges, pour ne plus causer la mort de personne. Je m’entraînais donc sans relâche, cherchant à sauver autant de vies que possible, comme si je rachetais la faute que j’avais commise.
Depuis lors, j’enchaîne les missions à l’extérieur. Mais j’ai appris à prendre du recul par rapport à ce passé, et j’en arrive même à apprécier ce que je fais. Une question de karma ? Peut-être, mais si c’est le cas, on peut dire que j’ai encore beaucoup à faire ! Enfin bref, on en arrive à la fin de mon histoire.
Aujourd’hui, je peux dire que je suis assez en paix avec moi-même, mais s’il m’arrive encore d’abuser du sake et de chanter à tue-tête lors de phases difficiles. J'utilise beaucoup l'ironie aussi, c'est pas trop mal, comme échappatoire.