Combler ses lacunes, c'était souvent le but principal de chaque ninja, une fois qu'ils avaient atteint un niveau de maîtrise correct dans chacun de ses talents. De son côté, pour Warumi, ses faiblesses se trouvaient dans le corps à corps. Même si elle était très douée dans le tir à distance avec ses flèches et son fuuton, ce n'était pas encore ça pour le combat corporel. Si un jour elle affrontait un monstre ou un ninja qui pouvait résister à tout son arsenal, que ce soit en l'épuisant, en l'esquivant ou avec une défense imprenable, il fallait une solution de rechange. Son agilité lui permettait certes de se mouvoir avec une rapidité accrue pour harceler ses ennemis de toutes parts, mais venir au corps à corps pouvait lui permettre d'exploiter des points faibles corporels. Ainsi ça lui donnerait des indices où viser avec les flèches. Cependant le taijutsu n'était pas si facile à maîtriser, il lui fallait avant tout un maître, et surtout s'améliorer pour augmenter son rang afin de laisser de la place pour ça.
En attendant, tout ce que Warumi pouvait faire qui rapportait beaucoup d'expérience sur le terrain, c'était d'accomplir des missions officielles. Ce n'était pas suffisant de s'entraîner sur des arbres ou d'abattre des ninja ennemis pendant qu'ils ne s'y attendaient pas. Certes c'était jouissif et ça payait bien, mais c'était toujours la même chose, et de loin les ennemis ne lui résistaient pas souvent. Il arrivait qu'on esquive son projectile, mais Warumi finissait toujours par avoir la cible durant la fuite par une flèche dans le dos. Son rang ne reflétait heureusement pas la qualité de ses compétences d'assassinat furtif, et c'était justement ce qu'il fallait changer. Même si la demoiselle ne comptait pas forcément crâner d'un haut rang A ou S, elle ne pouvait pas nier que ça mettait les potentiels clients en confiance pour lui proposer leurs contrats d'assassinat.
Pour son premier choix, elle se pencha vers le tableau des missions du village à la recherche d'une quête qui rapportait beaucoup d'expérience et d'argent. Ou du moins, l'un d'entre les deux minimum. Souvent le langage en disait long sur la personne qui cherchait de l'aide : entre le "c'est pas urgent mais c'est tout de même gênant, faut que quelqu'un s'en occupe"; le "je suis entouré d'imbéciles, chargez-vous de ça, vous les professionnels"; et les "s'il vous plait c'est une question de vie ou de mort, occupez-vous en tout de suite, on ne tiendra plus longtemps". Dans la dernière catégorie, il y avait plusieurs missions, dont une dans le désert qui consistait à escorter une demoiselle pour organiser la défense du village. C'était la mission rêvée pour enrichir ses domaines de compétences, même si Warumi s'imaginait mal se spécialiser dans l'escorte et la protection de civils ou de ninja de faible grade. Il fallait tout de même essayer, elle ne pouvait pas juger avant d'avoir tenté de réussir, sans compter que ça pouvait être plus enrichissant que prévu.
Sans perdre de temps, et sans avoir arraché la feuille du tableau, Warumi se dirigea vers sa demeure afin de s'approvisionner en flèches de tous types. Rien ne lui garantissait qu'il n'y aurait pas de ninja ennemis pour tenter de garder le village exposé et vulnérable, alors elle prit une bonne quantité de flèches perçantes. Elle prit bien sûr d'autres sortes, des explosives en cas d'éboulement ou d'obstruction de terrain, et des assommantes au cas où la civile serait en proie à la panique, ou tenterait une initiative que Warumi jugerait dangereuse pour cette civile. Le coup classique du "ça fait quoi si j'appuie sur le bouton rouge ?" en somme. La demoiselle pouvait se montrer très persuasive, elle n'acceptait pas qu'on la mette en danger pour rien et qu'on fasse ainsi rater la mission à cause d'un petit oups catastrophique. C'est qu'elle n'avait vraiment pas confiance en l'humanité, même les ninja de son village elle préférait les garder à l'oeil. Il pouvait y avoir son colocataire à la limite, mais vraiment à la limite, car c'était un farceur. Elle aurait également aimé créer des flèches bâillon, mais au moins elle avait assez de fil d'acier pour du ligotage, des fois que la commanditaire ne serait pas sage. Il lui arrivait parfois d'inverser les rôles, car si quelqu'un devait gagner la confiance de l'autre,
c'était Warumi, mais comme elle-même avait déjà confiance en ses compétences générales, celle dont elle se méfiait était bien la civile. Si elle avait appris à refouler ses sentiments, à ralentir sa respiration au moment de viser, et à garder son sang-froid en toutes occasions, ce n'était pas forcément le cas des civils, il valait mieux prévenir que guérir.
Ainsi la demoiselle se dirigea vers la frontière du village, du côté où le désert se trouvait. La commanditaire avait heureusement indiqué une tranche d'heures durant laquelle elle serait présente, ce qui facilitait la communication. Mais comme il était trop tôt encore, Warumi se contenta de se poser assise à côté de l'entrée, patientant sans dire un mot que la commanditaire arrive et l'aborde. Ce n'était pas le genre d'expérience qu'elle avait l'habitude de rechercher, mais elle savait qu'une mission importante serait forcément enrichissante quoi qu'il arrive.
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