Reiko Yuzu - [Finie]

Repoussant...

Tu es de ce genre de personne, qui tentent désespérément de se cacher à travers une apparence des plus charitables mais qui toujours, transpirerons l'odeur du sang pourrissant leur chair. Tu as bien changé depuis ta jeunesse, bien loin de ressembler à la fougueuse Reiko que tu étais. Toujours prête à échanger des amicalités sanglantes entre deux verres de Sake.

Aujourd'hui, on ne retrouve plus aucune trace de ces altercations. De cette période insouciante de ta vie, où le poids du monde ne croulait pas encore sur tes frêles épaules. La maturité a su être un voile parfait pour effacer les erreurs du passé, du moins, pour la plupart...

Alors tu t'es forgée une apparence en adéquation avec tes aspirations de tranquillité. Un physique chaleureux, mature, dégageant une certaine de générosité pour les plus crédules de ce monde. Mais telle une bête enchainée par ses erreurs, on y retrouve les traces d'une vie lourde en conséquence. Tes yeux reflètent cette partie de ton âme, souillée par la mort et la guerre. Il y a toujours cette dualité d'émotion sur ton faciès, entre la douceur d'une femme et la brutalité d'une guerrière.

Si la guerre devait avoir une représentation, tu serais la plus à même à y prétendre. A la fois calme et placide mais, ravagée par les conflits...

Ton corps n'a par ailleurs pas perdu de sa prestance. Toujours aussi affuté par le danger qui te traque à chaque instant, tu n'aurais su te relâcher au réconfort d'un corps s'épanouissant par lui même... Il parait même être plus dangereux que dans ta période controversée de leadeur de Kiri. La brutalité d'une combattante mêlée à l'expérience d'une vie de traque...

Lorsque aucun vêtement ne vient épousseter sa peau par son tissu, on remarque alors les diverses cicatrices qui jonchent ce corps. Il se dégage une aura d'effroi ou d'incompréhension lorsqu'on le voit, on se demande ainsi souvent comment tu fais encore parti du monde des vivants après tout ça...

Et malgré tout cela, tu gardes une certaine grâce que tu ne possédais pas auparavant. L'âge ne t'a pas fait défaut et a su t'embellir tel un bon vin. Peu de personne sont capables de certifier le nombre d'année durant lesquelles tu as jonché ce monde... Alors, tu te sers de cette élégance nouvelle pour tromper le monde, te faire passer pour ce que tu n'es pas.

Un jour... Tu n'auras plus besoin de te dissimuler envers tes propres démons... Et ce jour là marquera la fin de ta vie... Tel est ton fléau.

Une vie bien remplie... ?

Foutaise...  Tu regardes avec amertume le chemin que tu as emprunté tout le long de ta misérable vie. Tu aurais pu donner à ce monde tellement mieux, mais, tu n'as jamais su comment faire... Alors tu t'es contentée de suivre le chemin de tout les anciens "grands" de ce monde, tu as marqué l'existence de ta pierre noir pour finalement disparaitre... Tu manquais de maturité à l'époque, aujourd'hui, tu aimerais revenir dans le temps afin de tuer cette insolente qui n'était personne d'autre que toi plus jeune...

Tu aimerais l'occire, lui trancher la gorge pour faire taire sa grande gueule. Mais tu es résistante tu le sais, le fait que tu sois en vie encore aujourd'hui sert à le prouver... Alors tu lui aurais brisé chacun de ces membres afin qu'elle ne puisse plus jamais agir d'une manière ou d'une autre.

Et enfin...

Seulement enfin, tu aurais pris sa place et guider ton village, ton monde vers un avenir meilleur.

Mais non...

Malgré toute ton expérience, toute ta puissance, tu n'es pas encore parvenue à remonter le temps afin de balayer tes erreurs... Tu dois alors vivre avec leurs poids sur ta maigre existence, assumer tes fautes qui aujourd'hui te meurtrissent encore. Cela ne t'a rendu que plus forte, cette fougueuse de Reiko n'aurait aucune chance contre toi aujourd'hui. Toi, bien moins agitée, plus précise dans ta volonté, bien plus létal dans tes actions...

Lorsque tu te remémores de ton père, tu te rends compte que tu n'as reçu que l'héritage des Yuzu. Cette héritage poussant à l'insouciance. Maintenant, tu en es tout le contraire. La vie t'a forcée à réfléchir, elle t'a plongée dans tes propres excrément afin que tu prennes consciences.

Aujourd'hui tu es une femme approchant lentement mais surement la cinquantaine...

Bien que tu ne le paraisses pas, tes paroles sont porteuses de tant de sagacité que l'on peut le deviner rien qu'en entendant tes mots. Tu arbores ce double jeu, afin de te préserver des sens de ceux qui te traquent au quotidien. En fuyant ton village, tu as du porter les conséquences de ce lourd choix. Le fait de tuer des membres de ton ancien village t'as profondément marqué. Tu n'avais pas le choix, tu devais survivre. On ne t'avait pas laissé d'arme pour décider, on t'avait contrainte à agir comme cela...

Alors tu as préféré la duperie à la guerre. Bien qu'il t'arrive encore d'être reconnue, retrouvée. Alors si les circonstances t'y obliges, tu n'hésites pas à tuer celui qui en veut à ta vie...

Et pourtant...

Tu désespères de vivre... Tu aimerais que l'on vienne mettre fin à tes jours pour te laisser à un repos mérité. Mais non... Les gènes Yuzu sont encore là pour te torturer au sein même de ton esprit. Cette vitalité, cette rage de vaincre, t'empêchant alors de t'abandonner au bras de la mort à chaque fois qu'elle se présente à toi.

Tu détestes la vie et pourtant tu ne peux t'empêcher de la savourer au quotidien... Tel un monstre paradoxale, tu n'attends que le moment où un chasseur pourra te rajouter à son tableau de conquête... Mais ce temps n'est pas encore venu... Pas maintenant...

Pas tout de suite.

Une existence d'amertume...

Une Mizukage emplie de fougue, transmettant l'espoir et un certain sens du renouveau. Qui avait su se faire aimer par son caractère atypique, ses engagements prononcés pour la vie de son peuple. Mais trop jeune, encore bien trop immature dans le domaine du pouvoir. Tu connaissais les arcanes du combat, les rouages d'une bataille, mais tu étais vierge dans la manipulation d'un pouvoir politique plus grand que tes ambitions. La pression t'avais écrasé comme une vulgaire mouche, la prise de conscience de tout ces gens comptant sur toi t'avais rongé le moral.

Tu n'étais pas faite pour ce job... Comme ton père avant toi, et son père avant lui, vous n'étiez pas fait pour porter autant de responsabilité si jeune.

Tu avais grandis trop vite dans un monde qui t'attendait au tournant. Tu étais forte, un génie de ton époque, mais bien incapable d'utiliser à bon escient cette force donnée par les cieux. Tu étais misérable et tu aurais vite fait de te tuer si tu te voyais aujourd'hui avec ce recul que tu avais acquis grâce à la vie.

Mais bref...

Tu avais craqué... T'étais laissée à la facilité. Au lieu de mourir sous les attentes du monde entier, tu préféras fuir, telle une lâche, une incapable...

Tu regrettes mais tu vis avec cette décision prise à l'arrachée...

Ayant laissé sous prétexte la traque de cet ennemi publique à l'image de Tsuku Hakka, tu en devins finalement une à ton tour. Kiri ayant vu quelques années après dans ton jeu s'engagea alors dans une traque à la vérité. Tu les avais abandonné et le Mizukage qui suivit ton règne s'était servie de tes actes comme argument à sa candidature. Telle une paria, cette réputation te colla à la peau les années qui suivirent jusqu'aujourd'hui.

Bien entendu, plusieurs fois tu fus retrouvée. Et un nombre incalculable de fois tu mis fin à la vie de ces chasseurs de têtes. Cela ne pouvait que t'embourber davantage dans cette haine globale que le monde avait pour toi, mais tu voulais vivre. Tu n'arrivais pas à te laisser mourir sans combattre, cela était contre ta nature. Tu devais te battre, telle une puissance émotion t'arrachant les tripes.

Alors, pour fuir cette vie qui ne te convenait plus. Car ravagée par les meurtres que tu perpétuais, envers les membres de ton propre village. Tu tentas de te camoufler, de prendre une autre identité, de changer ton attitude et ton apparence. De devenir une toute autre personne en dissimulant au mieux les boulets que tu te trainais au pied. Cela marchait parfois, mais on te retrouvait toujours d'une manière ou d'une autre, répétant alors les mêmes massacres encore et encore.

On ne pouvait pas te tuer, tu étais une bête acculée certes... Mais une des plus bêtes les plus dangereuses du monde. Tu avais fuis cette existence mais celle-ci te poursuivait, encore et encore.

Avec l'âge, tu te forgeas des liens par-ci par là, au grès de tes voyages en quête d'anonymat. Ta réputation avait prit de l'ampleur au fil de tes meurtres. Kiri n'était plus seul sur le coup, les autres villages avaient suivi le mouvement et même les nukenin de tout bord voulait ta peau pour la récompense que tu présentais. Une sorte d'ennemie publique numéro un dont on pouvait certifier l'existence.

Tu avais tenté une fois de te faire passer pour morte... En vain... Tu n'avais pas ce sens de la mise en scène pour tromper des chiens affamés.

Malgré tout, même rongée par les remords, vint le moment où tu voulus avoir une famille à toi. Mais le fléau du destin n'en avait pas fini avec toi. Tu appris alors que tu étais entièrement stérile, incapable de procréer de manière naturelle. Condamnée à être la dernière de ta lignée... Ce n'était peut être pas plus mal... Les Yuzu étaient bien trop ravageurs pour un monde pareil...

Bien entendu, les Yuzu par définition chassés avant et après ton règne de Kiri voulurent eux aussi ta peau afin de redorer une image que leur était due auprès des villages ninjas. Tu n'aimais pas faire couler ton propre sang mais il valait mieux cela que la mort... Et à la fin, la haine alimentant la haine, il ne resta plus aucune autre personne capable de porter le nom de Yuzu hormis toi...

Combien de personne avais-tu tué pour préserver ta misérable vie ?

Bien trop pour une si courte vie...

Bien trop...

Parfois tu te demandes ce que pensaient de toi tes anciennes connaissances après tout ça. Mais jamais tu n'eus l'occasion de les revoir, d'entendre encore une fois le son produit par leurs voix...

Tu étais seule Reiko... Seule et fatiguée...

Mais toujours aussi dangereuse si ce n'était plus encore.

La maturité et l'expérience étaient deux armes bien plus tranchant que la fougue et l'insouciance. Tu l'avais démontré par toi même.

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