Rencontre au coeur de la Forêt

Printemps 119


Kiriha se leva de bon matin pour aller s’entraîner comme à son habitude. Son hôte, Fujiwara-san, chez lequel elle résidait depuis son séjour à Konoha. En échange de l'hospitalité qu'il lui offrait, Kiriha l'aidait à entretenir son auberge et l'aidait parfois à servir les clients.

« Je suis désolée pour ce qu'il s'est passé hier, Fujiwara-san. »

Le vieil homme était occupé à polir quelques verres. La veille avait été particulièrement mouvementée et l'auberge s'était vu accueillir de nombreuses personnes, autant des Konohajins que de voyageurs faisant halte au village caché de la feuille. Durant des périodes de services pareilles, la jeune Iwajin aidait Fujiwara à satisfaire les clients. Tantôt en cuisine, tantôt en salle, c'est en serveuse qu'elle avait décidé d'aider cette soirée-là. La joie et la bonne humeur étaient palpables et tout se passait à merveille jusqu’à ce qu'un client, un peu plus réticent que les autres vint s'installer à table.

« Bonsoir, bienvenue chez Fujiwara-san, voulez-vous passée commande ou souhaitez-vous réserver une chambre pour la nuit. »

Le calepin en main, Kiriha s'apprêtait à y inscrire la commande si celui-ci était désireux de se  sustenter.

« Je veux des côtes de bœuf et du saké pour arroser tout ça ! »

Une légère odeur d'alcool s’échappa de l'homme signe qu'il avait déjà commencé sa beuverie ailleurs pour venir la terminer ici. Elle alla énoncer la commande puis revint vers l'homme pour lui apporter le plat. Lorsqu'elle déposa l'assiette devant lui l'homme lui attrapa soudainement la main puis lui demanda de s'asseoir. Gênée, plus par politesse que par réelle envie, elle s'assit au côté de l'homme.

« Désolée mais je suis en service, beaucoup de clients attendent et… »

Elle sentit une main se déposer sur sa cuisse puis se crispa, ne comprenant pas le geste déplacer de l'homme.

« Je voudrais aussi réserver une chambre, peut-être que nous pourrions faire…plus ample connaissance. »

« Je ne suis pas intéressé par vos petits jeux, retirez votre main…il serait fâcheux que vous ne puissiez plus l'utiliser. »

Visiblement très saoul, l'homme continua à s'approcher lentement de son objectif mais Kiriha ne le laissa pas faire et attrapa la main du goujat d'une poigne de fer.

« Je vous aurai prévenu… »

Elle lui prit le bras et le lui bloqua derrière le dos en se dirigeant vers la porte de l'auberge puis le sortit d'un violent coup de pied. Elle le toisa d'un regard menaçant en essayant de contenir sa colère.

« Mon travail consiste également à me débarrasser des déchets et visiblement, il y en avait plus que d'habitude ce soir. »

Elle tourna les talons puis retourna à l'intérieur de l'auberge. Plusieurs clients s'étaient retournés pour voir le spectacle, seul Fujiwara s’était tu, étant toujours accoudé à son bar en train de désaltérer ceux qui venaient s'y asseoir. Kiriha assura le reste du service et aucun autre incident ne se produit. La jeune fille s'était ensuite couchée sans même souhaiter la bonne nuit à son hôte.

Très gênée à cause de son comportement, la jeune fille pensait que Fujiwara la sermonnerait et attendit patiemment sa réponse.

« Je ne t'en veux pas Kiriha, ce n’était pas un client régulier de toute façon. Tu lui as donné une sacrée leçon tout de même, le pauvre doit sûrement en train de se demander pourquoi il s'est réveillé avec des douleurs ne matin. Cependant, évite de recommencer, ça pourrait faire fuir les clients. »

Kiriha promit qu’elle ne recommencerai plus puis se dirigea vers la sortie. Elle avait prévu d'aller dans les forêts de Hi, loin de la civilisation afin de s’entraîner dans le plus grand calme. La jeune fille s'enfonça dans celle-ci jusqu'à arriver à une clairière où un immense chêne trônait. L'espace assez dégagé lui permettait de se mouvoir plus facilement et d’utiliser ses techniques sans être gênée par un quelconque obstacle. Elle commença par revoir les bases du maniement du sabre. Ryouma lui avait toujours appris que ce n'était que par l'entraînement qu'elle maîtriserait cet art si délicat. L'épée était un prolongement du corps dont le cerveau doit s'habituer à la voir comme faisant partie intégralement de celui-ci. Son arrière grand-père lui-même avoua qu'une vie entière est peut-être insuffisante pour parfaire le Kenjutsu. Cependant, il estimait que chaque épéiste devait essayer d'approcher cet idéal en utilisant le temps de vie qu'on lui a accordé sur Terre.

La jeune fille continua ainsi jusqu'à ce que le Soleil dépasse le milieu du ciel. La jeune fille stoppa son entraînement pour aller manger. Elle se dirigea vers son sac puis en sortit une boîte dans laquelle elle avait préparé des boulettes de riz. Kiriha alla ensuite s'adossa au vieux chêne avant d'entamer son repas.