Uni pour la vie

Nous étions dans la caverne souterraine de notre domaine, au centre de la nappe, sur le petit îlot qui faisait office d'autel. En position de méditation et les yeux fermés, nous réfléchissions à un moyen de parfaire d'avantage notre connexion entre nos deux corps, car bien que nous étions en symbiose, et que nous puissions communiquer entre nous, il n'en reste pas moins que nous sommes deux entités différentes. Il y aura toujours, même dans deux entre en parfaite symbiose, des choses que l'un appréciera moins que l'autre, ou encore que des fois nous ne soyons pas d'accord. Nous ne pouvions nous le permettre. Nous partagions un corps commun et il est donc de notre devoir de faire en sorte que celui-ci ne soit pas déchirer entre deux pensées différentes. Bien que ce ne soit jamais arriver, vaut mieux prévenir que guérir.

Alors que nous pensions à divers moyen, un en particulier était le plus viable… Mais également le plus dangereux. Nous lier définitivement, en fusionnant pour ne donner qu'une seule et même entité. Bien évidemment, les risques n'étaient pas moindres. Par logique, des risques comme la perte d'identité, le cerveau qui résiste pas à ça et qui ce désintègre, le corps qui n'y survit pas… Plein de potentiels danger qui pointait à l'utilisation de cette méthode, mais avions nous seulement le choix ? Si c'était pour améliorer notre complexité, c'est la meilleure solution, car un élément seul ne pouvait être en discorde, alors qu'à partir de deux, elle pouvait exister. L'unité d'un être est donc, sans contexte, et malgré ses risques, sur quoi nous devions partir si nous souhaitions atteindre le paroxysme de notre potentiel avec notre compagnon de route.

Nous ouvrions nos yeux, qui purent admirer la nappe dans toute sa splendeur. Le bruit de l'écoulement de l'eau arrivait à nos oreilles, créant une ambiance mystérieuse dans cet endroit… Mais quoi de plus vrai, après tout, ici est le nid de toute notre famille de parasite. L'endroit en regorgera bientôt un petit nombre, pas trop, par sécurité, mais assez tout de même, pour accueillir de nouveau membre dans le clan si jamais un jour plusieurs dizaines de personnes souhaitent nous rejoindre… Après avoir été testé bien évidemment.

Maintenant habitué à la faible lumière, nous nous relevâmes pour nous diriger vers la table en pierre au centre de l'îlot, enlevant à chacun de nos pas une partie de nos vêtements, jusqu'à ce qu'on soit à coter de l'autel entièrement dénudé, avant de nous y allonger, notre peau au contact de la pierre humide et froide. Notre dos au contact de la pierre, nous regardions le plafond alors que des gouttes tombaient de temps à autres sur notre ventre. Un rapide coup d'oeil à nous-même pour observer l'évolution de notre partenaire parasite, et on pouvait remarquer qu'une bonne partie du corps était déjà lié au parasite et pourtant, ce n'était pas encore suffisant. Fermant les yeux, alors que nous laissions l'atmosphère environnante ramper sur notre peau, nous réfléchissions à comment faire pour renforcer notre lien…Jusqu'à ce qu'on ne devienne plus qu'un seul et même être.

Était-ce une bonne idée ? Nous n'en savions rien. Peut-être nous allions mourir à cause de cela, peut-être que nous existerions plus, mais, bien que le prix à payer soit probablement très lourd en tant que personne, le gain en vaut la chandelle. Après tout, si notre union était réalisé alors… Nous transcendions l'Humain. Nous serions un être qui aura certe jeter sa nature humaine, mais qui aura évolué en quelques choses de bien plus puissant… A l'instar de Kami en soit… Excepter que nous ne serrons pas un Dieu, et que nous n'aurions pas besoin de fidèle pour montrer notre puissance. Non, nous suivions une voie à la fois identique et pourtant si différente… Démon serait un terme plus exact. Prête à sacrifier notre humanité pour atteindre le sommet, ce terme nous désignait parfaitement. La démone aux tentacules, ça serait un titre sympa d'être appelés comme ça…

Laissant échappée un petit rictus suite à notre idée, nous nous concentrions sur notre esprit et notre corps, et réfléchissions à comment procédé. Jusqu'alors, c'est notre corps parasite qui à fait le premier pas, à chaque fois, lors de son éveil et de notre symbiose. Mais, nous le sentions, cette fois si, pour passer au stade supérieur de notre union éternelle, ça sera à nous, son hôte, de faire le premier pas, mais comment ? Comment pouvions nous faire pour nous lier ? Devions nous initier le lien et notre compagnon faisait-il le reste ? Le forcer à le faire ? Nous n'avions pas le choix, nous allions devoir aller en tâtonnant le chemin, en espérant que ce soit le bon.

Le parasite possède certes une conscience mais ne possède pas notre niveau d'intelligence. Nous pouvions sentir qu'il était là, mais nous ne pouvions parler entre nous, ou du moins, pas de manière traditionnel… Nos dialogues sont plus physiques, par exemple une pression sur nos muscles ou ses instincts qui se calquent aux miens, nous donnant les indications qu'il souhaite nous transmettre. Cependant, même en sachant cela, et malgré notre symbiose, de temps en temps nous nous comprenions pas, et c'est normal. Nous sommes différents, et c'est pour cela que nous souhaitions mettre fin à cela. Une fois nos êtres devenus un, nous n'aurions pu ce problème-là. Car le parasite sera aussi bien notre corps que notre esprit sera le nôtre.

Toujours dans notre esprit, nous continuèrent à réfléchir à cela, pour faire réagir notre parasite, et voir si cela allait éveiller un quelconque désir chez ce dernier… Sinon, peut-être quand utilisant du chakra nous pourrions commencer le processus, et le parasite sentant cela pourrait nous y aider après. Ce sont les seules méthodes que nous voyons pour le moment. Et, à notre grande surprise, une contraction des muscles du parasite se fit ressentir dans tout notre corps. Était-ce de l'anticipation à notre union ? Ou de la peur ? Même maintenant nous sommes incapables de dire précisément notre ressenti, mais une fois le cap passé, ça sera différent. Nous décidâmes de faire les deux méthodes en même temps, laissant affluer notre chakra tout en pensant fortement à notre fusion pour que notre parasite comprennent notre attention, et voir comment cela allait faire avancer, ou peut-être reculer, les choses.

Au début, les premières minutes, ou peut-être plus longtemps, rien ne se passait. Pas de réaction dans notre corps, ni dans notre esprit, notre parasite semblait calme et pas affecté par cela… Ce n'était pas la bonne méthode ? Pourtant, nous ne voyions pas comment faire autrement pour l’inciter à se greffer comme une partie de nous même. Nous continuâmes donc, dans l'espoir que cela allait le faire réagir… Et il avait réagi, il n'y a aucune doute, après tout, la douleur était atroce !

Mal, nous avions mal partout et nous souffrions le martyr. Nos muscles, nos organes, notre cerveau, nous avions des signaux de souffrances partout dans notre corps. Comme si quelque chose cherchait à en sortir… Ou à s'y intégrer. Cette affliction était sur-naturelle, jamais nous n'avions eu aussi mal de toute notre vie. Mais, nous ne reculerions pas, nous la surmonterions et surpasserions notre nature originelle. Cependant, nos cris de souffrances résonnaient en écho dans la caverne, alors que notre corps bougeait dans tous les sens comme pour se débarrasser de cette douleur, nous finirent même par tombés de la table en roche, tombant lourdement sur le sol. Nous essayâmes de nous relever, mais le tourment qui nous affligeait était trop puissant, nous n'avions plus le contrôle sur notre corps, et, malgré notre volonté, de nombreux spasmes le parcouraient… Était-ce la fin ? Allions-nous mourir si proche de notre but à cause de nos ambitions ?

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Nous fûmes réveillées par les gouttes d'eaux qui tombèrent du plafond pour finir sur notre visage. Avec difficulté, nous ouvrîmes les yeux et, prenant appuie sur la table en pierre, nous nous élevâmes du sol pour tenir sur nos deux pieds. Notre corps était endolori par l'expérience, quand soudain, au milieu de notre geste, nous remarquions un détail… Plus exactement un manque. Avec précipitation, au point de tomber de nouveau au sol, nous rampions vers la surface de l'eau pour y voir notre reflet… Ce que nous vîmes nous laissa sans voix.

Notre corps avait encore évolué… Notre ? Non, quelque chose ne tourne pas rond, JE ne sens plus une deuxième présence en moi… Non, ce n'est pas que je la sens plus… Je suis à la fois Shiho et cette deuxième présence qui n'est plus. Après tout, je peux sentir dans mon corps tout ce qui n'est pas humain, comme si c'était une extension de mon corps, comme si c'était une extension de mes muscles ! Je levai ma main auprès de mon visage pour admirer les veinules bleues qui sont devenues si habituelle chez moi, et force à constater que non seulement elles s’agitaient à mes moindres désirs de les faire bouger, mais aussi qu'elle sont plus nombreuses et ce n'est pas tout, on dirait que je suis vraiment une démone avec mes sclères devenues noires. Mais comparé à cette sensation dans mon esprit, les transformations sont bien  de moindres importances. En effet, je savais que je m'étais uni désormais avec le parasite, et pourtant, je me sens...Unique, entière. Comme si deux morceaux d'un même médaillon c'était enfin assemblé pour le former. Une sensation que j'adorais particulièrement. Je me savais Shiho et pourtant je ne suis entièrement Shiho, c'est si...Étrange.

Mais, me trompais-je pas ? Et si le parasite était mort lors de l'expérience ? Un seul moyen d'essayer, je plaçai ma main dans l'eau, et commença à l'absorber. Preuve que notre corps et le parasite ne faisait plus qu'un désormais, s'il était mort, je n'aurais pas pu absorber l'eau… Remarque, n'est pas une sorte de mort de fusionner deux êtres en un ? Dans ce cas, aussi bien le parasite et Shiho sont morts pour me créer moi, cet être qu'on ne peut plus qualifier d'humain. Je suis la réalisation des idéaux de Shiho, un être où le parasite et l'hôte ne forment plus qu'un. Forte de cette évolution, je me relevais, avec quelques difficultés encore, ses douleurs me suivront quelques jours mais peu importe, si le prix à payer est seulement quelques douleurs corporelles et le sacrifice de deux êtres pour me former, alors il en vaut la chandelle. Avant de remonter à la surface dans mon nouveau statut, je devais essayer deux trois choses. Je fis six mudrâ, puis je plaquai ma main au bord de l'eau, créant ainsi neuf tentacules qui se mouvaient selon mes désirs, en utilisant mon extension parasitaire pour les contrôler. Parfait, c'était parfait, aucun changement dans les capacités de mes jutsu, je ne pouvais espère mieux. Un rire malsain se fit entendre dans la nappe suite à cela, mon rire malsain. Je l'avais fais. J'avais réussi là où toute ma famille avait échoué, là où même mon grand-père, qui était pourtant celui qui le plus étudié la question, n'avait pas osé mettre les pieds. Tout comme j'avais surpassé ma fragile humanité, j'avais surpassé ma famille dans l'utilisation de notre bénédiction. Mon rire continua pendant de longue minutes, ayant cette envie incoercible d'extérioriser ce que je ressens. Satisfaction, joue, peut-être démence certain diront. Mais les avis des autres ne me regardent presque en rien… Oui, malheureusement, pour survivre, pour le moment, je n'ai pas le choix que de me plier aux règles… Donc je cacherais ma véritable apparence, même auprès de mes protégés. Pour le moment, ils n'étaient pas prêts à voir ma véritable apparence. Mais l'heure viendra où ils seront comme moi.

Finissant enfin de m'esclaffer, je camouflais mon apparence pour redevenir Shiho, la jeune matriarche des Mizuhaji aux yeux de tous, avant de reprendre mes vêtements qui traînaient par ci et par là et de me rhabiller. Une fois cela fait, il était temps de retourner à la surface, je ne sais pas combien de temps que je ne suis pas sortie, peut-être une heure, peut-être une journée, j'aurais bien vite ma réponse auprès des futurs membres de mon clan, mais une chose était sûre dans tout ça.

J'avais atteint le plus haut niveau d'union possible avec le parasite, notre don. Nous sommes devenus qu'un et désormais, ils n’avivaient plus aucun secret pour moi. Je pouvais les comprendre après tout, vu que je suis, en quelque sorte, moi aussi devenu un parasite, et bientôt, mes enfants aussi connaîtront cette sensation. Qu'ils soient humains… Ou des parasites. Après tout, ces deux descendances étaient issues de mon corps.