[RP Libre] No work no life, but it su*k..

Le gamin l’avait interrogé sur les Totems. C’était une question raisonnable en soit, mais la balance se faisait, pouvait il réellement parler de secrets claniques à un genin d’un village, même si celui-ci finirait sans doute un jour par comprendre vu la voie qu’il paraissait emprunter? D’un côté, il serait considéré comme un traître par son clan, ou du moins ce qu’il en restait après l’éradication massive qu’il lui avait fait subir, de l’autre, même en comprenant il ne pourrait pas le mettre en application. Le problème restait qu’une information comme celle-ci pouvait être valable et lui attirer des ennuis, il décida donc de faire moitié-moitié et d’ommettre une partie de la chose.

“ Hm, comment j’peux t’expliquer ça? Tu vois le senjutsu? Imagine que c’est pareil, sauf que chez moi on passe pas de contrats avec des animaux mais avec des Totems, des esprits si tu veux. On est tous liés à quatre Totems, dont on tire nos pouvoirs, tu vois l’idée? J’pense que t’as compris vu ce que j’ai pu dire, mais je suis lié au Loup par exemple. C’est comme ça qu’on va retrouver les deux louloutes.”

La “louloutte” en question n’avait justement pas eu l’air ravie de le voir grimper le bâtiment, fermant la fenêtre en le voyant arriver, ce que le Numajin devait reconnaître comme étant plus ou moins logique. Lui même aurait sans doute simplement frappé la personne, mais il avait de toute manière tendance à régler les problèmes de façon simple, sans vraiment s’inquiéter du résultat, se sachant suffisamment fort pour pouvoir, à défaut de régler le problème, fuir le pays sans trop de soucis. Elle avait quand même l’air d’avoir compris, qu’il ai parlé assez fort pour qu’elle l’entende ou qu’elle comprenne en le voyant qu’ils l’attendait. Voyant qu’elle attrapait un manteau, le mercenaire lâcha prise, retombant de son étage et demi de hauteur en pliant les jambes à l’arrivée pour éviter de se briser les genoux, puis se relevant l’air de rien en attendant la demoiselle, qui ne tarda effectivement guère.

Elle jeta un oeil vers une carte, sans doute donnée par la petite Iwajin, avant de lui lancer une question à la fois inattendue et pourtant présente dans les regards de presque tout ceux qui ne le connaissait pas. Après tout, c’était normal, une espèce de mastodonte à la peau bleu ne devait pas être courant ici et il n’avait de toute façon débarqué de nulle part qu’il y a moins de deux ans, autant dire que se prétendre Konohajin était globalement impossible, et il était de toute manière trop fainéant pour se forger une identité si cela n’était pas absolument nécessaire. Réfléchissant un moment à ce qu’il pouvait dire et à ce qu’il pouvait vendre dans sa réponse, il finit par abandonner. L’information avait de toute façon déjà été achetée auparavant et était sans doute déjà remontée, il ne risquait donc pas grand chose de plus à la donner à une ninja de plus ou de moins. Arborant un sourire en coin, pas vraiment moqueur mais peut être un peu vexant s’il était mal perçu, il répondit donc franchement.

“ On peut rien te cacher hein? Enfin, vu que j’dois être trois fois plus large que la majeure partie des ninjas du coin, me prétendre d’ici serait difficile t’façon. J’viens de l’ouest, au delà du désert et du Pays de l’Ours, du coeur de Numa no Kuni, d’un espèce de village monté à la va-vite par une famille au milieu du marigot. J’en suis parti il y a quelques années et j’ai fait un petit tour du monde avant d’arriver ici, sauf que j’me voyais pas vraiment m’engager en tant que ninja, surtout vu votre système. Pfft, vous m’imaginez sur les bancs de l’académie au milieu des gosses de dix ans? Pauvres mioches, sans parler des professeurs. Et puis, j’aime pas l’idée de devoir servir quelqu’un jusqu’à ma mort, j’préfère vendre mes service deux semaines et passer à autre chose, partir quand j’en ai assez, bref pouvoir être égoïste sans qu’on me le reproche, j’dois avoir vécu trop longtemps comme ça pour changer maintenant. Ta curiosité est satisfaite?”

Il avait tout de même omis pas mal de chose, depuis la destruction du village jusqu’au fait que ses voyages avaient initialement pour but de trouver Nisha, son abandon de l’idée et qu’à moins d’un évènement important, il ne quitterait sans doute plus Konoha, par simple absence de raison de partir. Au final il ne se posait qu’une seule question sur la Uchiha.

“ Du coup maintenant que j’ai répondu j’ai bien envie d’te demander… T’es prof, c’est bien ça? Vu que t’es une Uchiha…. On t’as laissée le choix? J’veux dire, t’as pris ce boulot par choix ou par devoir? De ce que j’ai vu, les gros clans ont pas vraiment tendance à laisser la bride sur le cou de leurs rejetons, alors j’me demande si c’était différent pour toi ou pas. En revanche, Zakuro ça me dit rien gamin, tu viens d’une famille de civils?”

Le gamin n’avait pas l’air à l’aise en parlant de son clan, ce qui permettait au numajin de dire que soit il avait eu des déboires avec eux, soit qu’il venait d’une famille sans prétention qui ne méritait pas vraiment l'appellation de Clan, ce que sa deuxième phrase confirma plus ou moins selon les standards de Konoha. Ici, pas de dons particuliers voulait dire pas de clan, peu importe si cela était juste ou non, il ne comptait pas rechigner sur cette définition, même si cela voulait sans doute dire qu’il était considéré comme membre du clan Yin, même si ceux-ci étaient finalement juste un groupe d’ermites réunis. Il hésita un instant à rappeler au gosse que les capacités claniques, raciales auraient dit certains aigris, ne faisait pas la force d’une personne au final, puis se ravisa en se disant que s’il ne l’avait jamais entendu auparavant, il en était tout de même parvenu à cette conclusion par lui même à un moment ou un autre.

La Uchiha en revanche… Elle était sans doute ce qu’on appelait un mouton noir, une espèce d’anomalie demandant le droit d’exister dans un système de type marche ou crève. C’était juste un manque de bol au final, elle aurait sans doute été tout ce qu’il y a de plus heureuse dans une famille normale, mais non, elle était née dans un grand clan, qui, comme elle le disait si bien “avaient tendance à guider les éléments essentiels par souci de paraître”. Un bel euphémisme pour dire qu’un membre du clan n’obéissant pas à celui-ci finissait souvent rejeté et considéré comme une mauvaise graine, à tort ou à raison. Même s’il comprenait la logique derrière cette façon de faire, la peur de voir un art secret ou une capacité propre au clan partir vers un autre, il ne parvenait pas à la cautionner, sans doute à cause de son expérience de chasseur à Numa no Kuni, un travail où un instant d’hésitation pouvait valoir la mort et où il valait mieux savoir prendre soin de ses camarades pour que quelqu’un puisse veiller sur son dos. Non, voir quelqu’un se retourner contre sa famille pour un duel à mort lui paraissait une aberration malheureusement familière, quelque chose qu’il avait déjà lui même fait et qu’il aurait été malavisé et hypocrite de critiquer.

“ Tant que tu sais avoir quelqu’un sur qui compter, j’imagine que tout ira bien. Mais laisse moi te dire une chose Tenjo, tout a un prix, et le plus élevé que je connaisse est celui de la liberté. Même si tu crois être libre, il n’en est rien, on a toujours des attaches et tu ne peux te prétendre libre qu’une fois qu’elles sont toutes parties et c’est un prix bien trop cher pour qui que ce soit d’humain, toi, moi, le gamin, n’importe qui. Je ne pense pas être libre même si j’ai coupé les ponts avec ma famille et pendant longtemps après avoir quitté Numa no Kuni je n’ai pu penser qu’à ma femme qui était partie quelque part dans le monde. Même si aujourd’hui j’ai pu me pardonner de la folie qui m’a prise à ce moment là, je continue de me demander ce qui se serait passé si j’étais resté calme et que j’avais tenté de poser les choses au clair.

Enfin, c’est du passé comme on dit. Tout ça juste pour te dire qu’être libre, c’est pas forcément drôle, et pas forcément enviable non plus. Mais t’as raison, ça a ses avantages, comme le fait de ne rien devoir à qui que ce soit.”

Avisant le jeune invocateur de singe qui s’amusait avec sa cigarette, le mercenaire secoua la tête avant de se saisir de son paquetage, en sortant une boîte en bois finement ouvragée qu’il ouvrit, révélant une ligne de cylindres bruns cerclés d’or qu’il tendit vers les deux Konohajin, bien qu’il ne s’attende aucunement à voir la Uchiha s’en saisir. A l’intérieur bien sur, non pas une drogue quelconque, encore que c’était discutable, mais bien les cigares cubajin qui suivaient partout le mercenaire, comme suivi du regard par tout un pays qui lui envoyait chaque mois ses remerciements sous la forme de ces boîtes.

Avisant du regard la carte dans les mains de la Uchiha, sans doute plus préoccupée par la boîte soudainement plantée sous son nez, ou pas si loin, que par ce que faisait le numajin, il constata que le restaurant était tout près, pouvant en fait même apercevoir le vêtement blanc qui était comme la signature de Kiriha, aux côtés d’un humanoïde plutôt velu, un singe en fait. Comme quoi, l’invocation du genin avait trouvée l’Iwajin avant de trouver son maître, c’était plutôt embêtant quand on y pensait. Une invocation pas capable de trouver son contracteur, mais capable de tomber sur l’ “ennemi”, quand bien même le mot se plaçait difficilement sur le caractère amiable de Kiriha.

S’assurant qu’il n’y ai pas de mains qui trainait dans la boite, il la referma d’un geste sec avant de reprendre la parole.

“ Bon ben on y est, j’vois la gamine là-bas. Un conseil, surtout pour toi gamin, te mets pas à fumer ça avant le repas. C’est autre chose que tes jouets, ça te gâcherai le repas, tu ne sentirais plus rien. J’imagine que notre enseignante préférée y a déjà pensée mais comme tu m’as l’air impulsif, je préfère te prévenir.”

Se retournant, il avança vers Kiriha la saluant à nouveau par un sobre “ On est là.”

Du coup de l’oeil, il avait aperçut Tenjo se saisir effectivement d’un cigare, comme il le leur proposait. Il l’avait peut être mal jugée finalement, elle était sans doute juste timide et en manque de contacts humains stables. Le numajin rangea l’idée dans un coin de l’obscure caverne lui servant d’esprit en se disant qu’il devrait sans doute se montrer moins brusque, avec elle ou avec n’importe qui en fait, à condition qu’on ne vienne pas lui chauffer les oreilles. Il ne doutait pas que le genin avait fait de même, bien qu’il ne put en être sûr puisque jetant un oeil vers la carte et donc incapable de tout suivre en même temps, cependant, la déclaration du gamin lui confirma sa décision. Une scène s’ensuivit lorsque l’invocation du singe retrouva son propriétaire, suivi d’un apparent quiproquo qui lui fit hausser un sourcil, le singe étant apparemment très porté sur le cul. Pas très étonnant de la part d’un primate quand on y pensait, mais il y avait tout de même un minimum de décence à avoir, du moins tant qu’on n’en était pas réduit à l’état de loque morale comme il l’était lui même.

Ils entrèrent donc à quatre dans le restaurant, décoré dans une sorte de parodie des grands restaurants qu’il avait pu voir de loin, même s’il ne lui avait fallu qu’une seconde pour déterminer que le jade ornant les murs était faux. En un sens cela le rassurait, un établissement capable de recouvrir ses murs et colonnes de vrai jade était sans doute d’une part bien trop cher, et d’autre part doté de connexions qui lui permettaient de mettre à mal n’importe quel mauvais payeur ou client un tant soit peu suspicieux, ce que le numajin était plus que ravi d’éviter. Ils s’assirent donc à une table où la jeune Iwajin choisit, apparemment avec une anticipation non feinte, ce qu’elle mangerait avant que la carte ne tourne, atterrissant entre les mains de l’Uchiha, qui commanda dans un style totalement opposé à sa prédécessrice. Là où celle-ci avait commandée en quantité et prévoyait déjà la suite, l’enseignante avait commandée en simplicité et paraissait vouloir s’arrêter là. La carte tourna encore une fois et tomba entre les immenses paluches de l’enragé, qui chercha rapidement des yeux avant de trouver ce qu’il cherchait.

De l’anguille. Un restaurant comme celui-ci qui ne disposerait pas de ce genre d’aliments aurait été comique, presque idiot. Même si l’animal était plus réputé du côté de Mizu no Kuni, il s’était fait sa place presque partout dans la gastronomie, ce qui permettait ainsi au mercenaire de pouvoir non seulement profiter de la qualité gustative du bestiau, mais également de ses vertus médicales, qui seraient en l'occurrence très appréciées. Se recentrant sur la conversation tout en faisant glisser la carte vers le dernier à n’avoir pas encore choisi, il comprit rapidement la situation. Si la Uchiha se voulait douée en psychologie et autres domaines du même acabit, son expérience de chasseresse et traqueuse était vraisemblablement nulle, ou du moins très faible, ce qui la poussait à chercher, non pas forcément de l’aide, mais au moins un conseil ou une piste pour débuter son enquête. Ce qui tombait bien, le numajin étant lui même un traqueur expérimenté, au moins pour trouver ses proies.

“ En gros ce que tu veux, c’est savoir comment la retrouver. C’est pas si compliqué si tu penses pouvoir t’assurer du côté humain de la chose. D’abord tu commences par t’assurer de ses loisirs, hobby et autres, de manière à déterminer où elle a pu disparaître. Est ce qu’elle fréquentait régulièrement un endroit en particulier, est ce qu’elle avait une particularité qui pourrait aider? Si oui, tu as de fortes chances que ce soit l’indice-clef. Si non, tu t’intéresses à son entourage, avais t’elle des amis très proches, un amant, des ennemis qui auraient pu lui en vouloir? Encore une fois, si oui, fouiller de ce côté là peut être très fructueux. Si non encore une fois, j’ai tendance à m’intéresser à l’environnement, du genre est ce qu’il y a des risques naturels dans la région, des risques humains comme un tueur en début de carrière ou autres détails du même acabit. Avec ça, tu couvres presque tout et ça permet d’établir au moins des idées sur où elle peut être, à partir du là j’me débrouille à l’odorat en général. J’sais pas si ça t’aidera des masses mais bon, j’bosse comme ça alors on sait jamais. ”

Notant le passage d’une serveuse toute proche, il attira celle-ci d’un sourire qui se voulait sans doute légèrement enjôleur mais qui ressemblait plus à un rictus carnassier avant de lui annoncer qu’ils avaient choisis, laissant chacun donner sa commande en ajoutant un chirashizushi d’anguilles ainsi qu’un unagi don pour lui même, tendant tout de même l’oreille pour savoir si l’un des deux autres usaient de manières différentes lors d’une chasse, même si leur gibier ne serait vraisemblablement pas humain. Même après des années de mercenariat, on peut toujours apprendre des choses utiles, alors pourquoi se priver si c’est gratuit?

Du whiskey en plein jour? Le mercenaire ne pouvait que supposer que le convocateur n’avait pas peur de passer pour un alcoolique léger, d’autant plus que le goût fort du whisky masquerait vraisemblablement le fade des boulettes de riz, mais après tout, qui était il pour juger? Il n’était clairement pas dans ses habitudes de le faire remarquer, que ce soit par flemme ou parce que c’était l’une des premières choses que l’on apprends une fois mercenaire. Il était pourtant relativement déçu, le genin n’ayant visiblement aucune connaissance dans le domaine de la chasse et l’Iwajin ayant totalement oubliée que c’était une traque pour se centrer sur la proie. Ne pas pouvoir faire la différence entre une proie et un être humain était un défaut sévère dans ce genre de cas, d’autant plus pour les Oi-nin qui se voyaient souvent plantés par celui qu’ils essayaient de ramener, mais au final, c’était leur problème, le mercenaire lui-même ayant eu une dent contre presque tout ceux qu’il avait pourchassé.

Ils lui en avaient fait faire du chemin les salauds, à se planquer aux quatres coins du Yukan en espérant qu’il les oublierait, à tort. Il n’en avait pas oublié un, ou une seule, et la seule en vie était celle qu’il n’aurait de toute manière pas pu tuer. Il en avait tiré une leçon, de cette longue traque. Ne te mets pas en chasse si tu ne peut pas abattre le gibier. Bien sûr, cela ne s’appliquerait sans doute pas à la proie de la Uchiha, qui comptait apparemment la ramener en vie pour une raison X ou Y, mais il fallait qu’elle se montre prudente. Une proie terrorisée…. On ne sait jamais ce qu’elle peut faire. Tant qu’elle n’est pas capturée, elle peut soudainement enrager et vous sauter au visage, vous mordre, se jeter dans une dernière bataille pour vous tuer quitte à en mourir. Il releva les yeux, constatant que les plats étaient arrivés et ayant lui même décroché un instant de la conversation, plongé dans des souvenirs pas toujours agréable et qui avait souvent laissés des marques sur son corps.

Son regard tomba sur la Uchiha, qu’il s’apprêtait à avertir d’une dernière chose, quand il constata que celle-ci était raidie, tendue. Excitation, peine, douleur, poison? Qui irait empoisonner une omelette dans un restaurant? La tension qui commençait à se faire dans l’estomac du numajin, qui n’avait pas encore touché à ses plats, se dénoua instantanément quand il vit le sourire vicieux de l’enseignante ainsi que ses étranges bruits de gorge, qu’il reconnut comme n’étant ni des bruits d’étouffements, ni des hoquets d’agonie post-empoisonnement. Il finit de se rassurer lorsqu’elle reprit la parole, de toute évidence en pleine santé et son esprit repris alors son cheminement précédent.

“ La retrouver c’est bien, mais je vais vous donner un conseil, un morceau de sens commun en acier trempé que beaucoup de ninjas n’ont pas l’air d’avoir. Faites attention. Vous dites vous même qu’elle est sans doute terrorisée, et je ne pense pas qu’il soit possible de prévoir tout les mouvements d’une personne terrorisée, d'autant plus qu'il est probable qu'elle se croit traquée. Ne risquez pas votre vie, elle vaut plus que votre mission. Si vous échouez, mais revenez en vie, vous pourrez retenter, armée d’un peu plus de connaissances de votre cible et de son environnement. Si vous mourrez, peu importe que vous ayez réussie ou non. Votre vie prévaut toujours sur votre boulot.”

Se saisissant à son tour de ses baguettes, il attaqua l’anguille, doucement, de manière à abîmer le moins possible la chair et éviter de s’abîmer lui même en mangeant trop vite. Il ne pouvait guère se le permettre, et le premier qui rirait de son maniérisme peut être un poil trop poussé pour un simple repas entre…. confrères et consoeurs au mieux, se verrait sans doute adressé un regard meurtrier qui l’inciterait à se faire tout petit et à se replonger dans son repas.

Pas imprudente? Tant mieux, le mercenaire n’aimait pas vraiment voir les gens tomber pour des idioties, ou tomber tout court. Il avait vu son lot de morts, en avait provoqué un certain nombres également, et avait fini par se forger un avis sur ceux qui mouraient. Ils étaient soit dans le mauvais camp et faibles, soit dans le bon camp, mais trop sûrs d’eux, pas assez à l’affût. Il y avait des exceptions bien sûr, mais elles étaient si peu nombreuses… En tout les cas, qu’elle soit réellement prudente ou non, la Uchiha paraissait s’être détendue, sans doute à cause de l’alcool plus que du peu de nourriture ingurgitée, autant dire que l’omelette avait surtout servie d’apéritif pour éponger un tant soit peu le verre de spiritueux. La situation avait presque tournée de manière ironique, c’était maintenant lui qui se tenait là, maniéré et posé, et elle qui se laissait vaguement aller sous l’emprise de la boisson. Enfin, se laisser aller était un grand terme, elle était sans doute juste un peu plus libérée qu’avant, et c’était finalement mieux comme cela. Au moins elle paraissait s’amuser plus qu’avant, quand il l’avait… forcée…. à venir… Oui, c’était peut être logique qu’elle boive un peu pour s’amuser finalement.

Alors que le mastodonte continuait tranquillement ses anguilles, faisant de son mieux pour ne pas briser les baguettes menues entre les battoirs qui lui servaient de mains tout en exerçant une pression suffisante pour maintenir la nourriture en équilibre dessus, une question tomba de nulle part, si on pouvait du moins appeler nulle part une jeune Iwajin à forte poitrine amatrice de sabres qui paraissait s’amuser à leur poser une colle. La vraie question était de savoir ce qui l’avait poussée à larguer cette ogive. Pourtant, la question ne parut pas gêner l’enseignante, qui répondit apparemment honnêtement qu’elle se souciait de Konoha et ses villageois et que, faute d’autre chose pour remplir sa vie, elle ferait tout ce qu’elle peut pour améliorer les choses à Konoha. C’était un beau but en soi, une jeune femme prêt à dédier une partie de sa vie pour le bien-être de son village, l’incarnation de ce que les shinobis et kunoichis étaient au final.
Le Numajin soupira un instant, reposant ses baguettes sur le bol de chirashi, puis réfléchit un instant. Un but? En avait il encore un aujourd’hui? La réponse était sans aucun doute non. Autrefois, il avait rêvé d’épouser Nisha, puis il avait rêvé que son amour dure éternellement, et par la suite, il n’avait rêvé que de vengeance, de destruction et puis finalement de rien. Oui, il avait eu quelques buts, mais c’était fini tout ça. Les rêves, les grandes espérances, il avait laissé tomber et se contentait de vivre au jour le jour, tirant autant de plaisir qu’il le pouvait de cette situation de liberté totale mêlée à une chute complète du monde autour de lui, même s’il était toujours plus compliqué de le faire sans argent. Mentir, s’inventer un but et un rêve pour cacher un nihilisme grandissant? Pas vraiment son genre, le mercenaire préférait s’assumer comme il était.

“ J’ai plus vraiment ce genre de choses depuis quelques années. J’me suis bien amusé plus jeune à avoir des rêves, des buts et des espérances, et un jour, j’me suis pris le coin de table de la réalité sur le petit doigt de pied de l’insouciance, résultat ça m’a calmé. J’ai fini un boulot, et depuis j’vis au jour le jour. Libre, comme le disait Tenjo tout à l’heure. Pas toujours drôle, mais ça a ses bénéfices, comme ne pas avoir à aller au casse-pipe si j’ai pas envie. C’est juste gênant quand personne n’a besoin de mes services au final, ça arrive. C’est la vie quoi. Et toi gamin?”

Reprenant ses baguettes, le colosse reprit son repas, lentement, attentif à chaque petit mot et en même temps assez peu intéressé, profitant simplement de la conversation. Cela faisait sans doute un peu trop longtemps qu’il ne s’était pas assis à une table pour simplement discuter normalement et pas broyer un bras pour boire à l’oeil ou négocier l’assassinat de quelqu’un.

Un ermite, c’était sympa comme rêve. La communion avec la nature, le respect mutuel avec ses invocations, le respect des autres shinobis pour avoir obtenu la capacité à ressentir et utiliser le chakra naturel, forcément ça devait donner envie, dans la pratique, c’était sans doute moins drôle. Un rang comme celui-ci passait les responsabilités intra-village à des responsabilités envers chaque ninja et cela ne faisait que conférer plus de travail aux ninjas atteignant ce niveau. Le mercenaire lui-même était il considéré comme un sage? C’était une question intéressante, au final tout dépendait de comment les Ermites étaient déterminés, était-ce par leur capacité envers le chakra naturel, le respect de leurs contractants ou simplement par le regard extérieur que portaient les shinobis du même village sur eux? Le Numajin lui-même n’en savait rien, mais l’idée d’être considéré comme un Ermite le faisait doucement rire en son fort intérieur. Lui, un sage? Des foutaises ouais. On pouvait bien lui placer le titre sur la tête si ça chantait à ceux qui décidait de ce genre de trucs, mais ils ne devraient pas s’attendre à ce qu’il lève le petit doigt pour Konoha tant qu’il n’aurait pas vu la couleur de l’or.

La paix dans le monde, c’était déjà moins drôle comme idée. C’était pour ainsi dire une idée malsaine, dérangeante à la fois de naïveté et de ce qui se passerait si une telle chose arrivait. Dans la tête du mercenaire, la seule façon d’y parvenir était une domination mondiale totale, autant dire que celui qui voulait y parvenir n’était non seulement pas rendu, mais serait en plus considéré comme un sacré crevard par le reste de la population, à plus ou moins juste titre. La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres, ou un truc du genre. Si ça lui plaisait à lui d’aller apprendre à son voisin chiant à connaître la mort de plus près, est ce qu’un type en costume d’empêcheur de tourner en rond allait venir lui casser les pieds et lui dire que ce n’était pas bien? S’imposer par la force c’était bien, tant qu’on avait la force nécessaire pour y arriver. Quant à s’imposer par l’esprit… C’était sans doute possible?

Voyant encore une coupe d’alcool descendre, l’attention du mercenaire se dispersa un instant, portée soudainement sur le mouvement avant d’être attiré par le raisonnement simple mais détaillé de l’enseignante. Il était plus ou moins d’accord avec l’idée véhiculée, à un point près, elle oubliait certains types de personnes.

“ Ça marche, si on enlève les envers et contre tout. J’vais pas revenir sur les composantes d’une domination mondiale, j’pense que la miss a tout dit, mais il faut se rappeler d’une chose. Tous ne veulent pas la paix. Même en dominant le monde, il y aura des mécontents, des empêcheurs de tourner en rond, des gens que ça n’arrange pas ou qui se veulent simplement différents. En un sens, j’en fais partie, la paix dans le monde ne m’arrangerait pas vraiment, puisque gênant mon travail, même si je n’irais pas jusqu’au point de me battre pour l’empêcher. J’imagine que six bijuus suffiraient à dissuader les potentielles attaques massives, mais empêcher les actes terroristes est tout simplement impossible. Il faut donc prévoir soit un endoctrinement massif de ceux s’opposant à l’idée de paix, soit une élimination automatique, à toi de voir.

Désolé de te ramener sur terre gamin, mais j’vois pas d’autres solutions. La paix dans le monde est pas prête d’arriver et vu que ça fait plus de dix ans que j’gagne ma croûte en participant à toutes les guerres et bagarres entre clans qui passent, j’pense être assez bien placé pour le dire. Suffit de s’adapter, parfois on vient à aimer la violence, parfois pas, et parfois on y devient juste insensible.”

Un rêve de gosse oui. Au final c’était de son âge de rêver de la paix dans le monde, il était encore jeune, n’avait pas guerroyé, n’avait pas tué, n’avait pas été marqué par la violence et le temps. Il y était encore sensible, pas comme le mercenaire qui y voyait un moyen dont il fallait se méfier, mais simplement comme une menace à laquelle il fallait mettre un terme. Au moins il savait que ce n’était qu’un rêve, une volonté éphémère au milieu d’un monde dont les règles étaient fixées depuis longtemps, et dont la première règle, inscrite en lettres de sang sur la page de terre du monde, était la survie du plus apte. Le plus apte en quoi? Le plus souvent, c’était finalement celui qui tapait le plus fort, qui encaissait le mieux ou qui était assez rapide pour voler les biens d’autrui sans se faire arrêter, et parfois, mais plus rarement, quelqu’un qui réfléchissait suffisamment bien pour manipuler les plus forts pour qu’ils fassent ce qu’il veut sans s’inquiéter d’un retour de bâton. Eux étaient dangereux, et il fallait reconnaître que c’était sans doute l’un d’eux qui s’élèverait un jour pour une domination mondiale si cela arrivait, une personne comme la Uchiha, le genre de personne avec lequel le Numajin n’aimait pas vraiment travailler. Être utilisé comme un pion pour des missions dangereuses, ça ne le gênait pas, il était mercenaire après tout, mais être manipulé par une voix doucereuse qui lui murmurait à l’oreille, sans contrepartie et simplement par des mots, ça c’était ennuyeux.

Des mots oui. Ceux de Kiriha étaient inquiétants, quinze pour cent de la population décimée, l’homme qui avait déclenché cela était soit un fou furieux, soit un homme persuadé d’être dans le juste. Et s’il parlait de paix, alors il faisait vraisemblablement partie du deuxième groupe. Dans ce cas, la maladie qui venait de lui était simplement une démonstration de force, un acte destiné à prouver au reste du monde qu’il ne plaisantait pas et qu’il était prêt à s’asseoir sur le trône pour régner. C’était sans doute l’une des personnes les plus dangereuses à contrarier, et si possible, le mercenaire éviterait de se poser contre lui, malheureusement son boulot disparaîtrait s’il ne le faisait pas. Coincé entre le marteau et l’enclume donc, le Yin n’avait guère de choix sur ses actes futurs. Il serait forcé de se rebeller contre le gonze, mais le plus tard possible, quand il serait acculé.

L’enseignante se leva, le traitant comme un kidnappeur alors qu’il n’avait fait que donner un coup de pouce pour qu’elle vienne, même si peut être un peu forcé, mais son repas en avait dépendu alors…. Tous les moyens étaient bons en soit. Marmonnant un simple de rien, il jeta un regard vers les autres avant de se décider. Il était également temps pour lui de se retirer, après tout qui sait, il restait peut être du travail, des nouvelles missions, quelque chose? Se faire payer son repas était pratique vu l’état de ses finances, mais le peu d’égo qui lui restait ronchonnait, lui rappelant que ce n’était tout de même pas terrible. Au moins, ça lui avait fait du bien de parler un peu.

“ Je vais vous laisser également. Pas que j’ai du boulot, mais il faudrait peut être que j’me bouge un peu si je veux pouvoir vivre ailleurs que dans un arbre. Et Renji, oublie pas de couper le bout de ce que je t’ai filé, sinon tu va pas sentir grand chose.”

Ouvrant son propre cigare d’un coup de dent, propre et poli par l’habitude, le mercenaire sorti rapidement avant de l’allumer et d’inspirer un coup, marchant vers le futur improbable. D’abord un tour au Requin, voir s’il y avait du nouveau, et s’il n’y avait rien, et bien il devrait bien voir avec le village...