La maladie bat le démon ?

Uzumi s’était remise de l'hibernation forcée de trois saisons. Un rapide débrief lui avait été donné. L’esprit de la guerrière, qui se montrait déjà grossier et simpliste habituellement, était troublé par l’apport massif d’informations. Le bilan se devait donc d’être simple et accessible, sous peine qu’elle ne déforme de façon approximative. Saisei Ao s’en était personnellement occupé, et lui avait donné un peu de répit pour qu’elle puisse revenir en forme et en condition. Son corps s’était affaibli avec la stase de ses tendons et de ses muscles, ralentissant sa vitesse de réaction et d'exécution.

A vrai dire, lorsqu’elle s’était réveillé, la jambe qu’elle avait posée au sol s’était effondrée. Elle avait dû se déplacer avec des béquilles pendant plusieurs jours. Désormais, elle était bien heureuse de retrouver la liberté de son corps et de ses mouvements. L’ex-esclave détestait être limité par quoi que ce soit. Quand les rumeurs qu’une épidémie commençait à se propager, l’assassine - déjà socialement inconvenante - avait davantage limité le contact humain.

Au sol, un ovale imparfait était ancré, et quelques corps le jonchait. Lorsque le clone de Shinemaru était parvenu à localiser l’insubordonnée, une voix féminine s’échappait d’un hamac établit entre un arbre et une poutre d’une toiture ouverte.

Oy, barres-toi et m’files pas ta salop’rie.
Hey calmes toi, j'ai pas cette saloperie, ramènes toi chez la Mizukage, y'a urgence.

La copie se détruisait d’elle-même, gorgeant la terre d’eau dont elle était composée. Uzumi réfléchissait quelque peu. Elle venait de traverser une phase de rééducation, elle n’était vraiment pas intéressée pas cette maladie. Mais ces derniers temps, lorsqu’on lui précisait ce qui était important, afin de lui fournir quelques repères, ça l’était effectivement. Décidant de quitter sa toile qui lui servait de lit, la guerrière s’élançait vers sa destination. Après peu de minutes, une silhouette ressemblant au clone qu’elle avait aperçu, s’appuyait contre l’édifice de la dirigeante de Kiri. Gardant ses distances, elle demandait :

C’quoi l’urgence ?

Heiin ? Drychda ? Et c’trouducs’ m’ont rien dit ? Faut la trouver !

Le relationnel entre Uzumi Hibiki et Drychda Yojimbo avait changé du tout au tout depuis que sa mémoire avait été altérée. De haine, elle était passée à l’admiration. Cependant, le conseil était bien au courant que la désertrice récidiviste avait affrontée la Mizukage lors de l’examen à Kiminari no kuni. Il n’était donc pas étonnant qu’aucunes informations ne lui étaient parvenue. Son influence avait drastiquement diminuée comparé au règne d’Aizen.

Perso, c’tte sal’prie m’inquiéte pas trop. Mais si ç’la touche...

L’ex-esclave avait déjà connu ce genre d’événement lorsqu’elle vivait dans des conditions misérables. Ses compères prisonniers n’avaient pas tous la chance d’avoir la bonne santée de la petite aubergiste de campagne. Plus tard, alors libre, la guerre sanglante faisait rage, et la famine avait frappé le pays de l’eau, déclenchant une vague mortelle. La Hibiki avait survécut à tout cela et était plus forte que jamais, ce n’était pas ce fléau qui allait l’emporter.


En revanche, en raison de son admiration factice créée de toutes pièces par les pouvoirs du clan Ao, l’assassine était bien décidée à tenter de trouver des solutions. Shinemaru continuait en supposant que Uzumi avait déjà fait des conclusions, pointant la méconnaissance du personnage qu’il avait en face de lui, et la stupidité de cette dernière. Le sabreur posait la main sur sa garde à l’annonce de la troisième et ultime possibilité et proposition.  

Hmm, c’pas bête c’que t’dis, j’comprends ! Avances, on va voir le conseil, mais j’veux pas choper c’tte sal’prie, j’garde mes distances.  

La guerrière de l’eau souhaitait apprendre du conseil où était Drychda. Si Shineramu en était le moyen pour l’apprendre, alors elle le suivrait. En plein chemin, un petit rictus amusé et sanguinaire ponctuait la taquinerie sincère de la Jônin.  

Hey, t’pensais vraiment pas crever si on s’foutait d’ssus ? T’as du cran toi !

T’as un bon style, évites d’crever pour rien. T’sais c’qui arrive si t’m’approches trop hein ?

La meurtrière faisait référence au cercle de cadavre, tous situés à un peu moins de dix mètres d’elle. Si jamais le clone d’eau ne restituait pas les informations qu’il avait acquerit, peut-être que sa réputation du temps de Samidare Aizen allait la précéder. Le reste du chemin se déroulait calmement. Puis enfin, à l’accueil du conseil, un anbu annonçait que le conseil ne s’était pas réuni, qu’il ne souhaitait guère voir les deux Jônins. Si Shinemaru l’avait mal pris, Uzumi commençait à s’acharner dessus, fixant avec de gros yeux l’anbu :

Gné ? Oy toi la. Qu’est-ce t’m’racontes ? Vas m’les chercher ou j’te bute. Ils s’prennent pour qui c’trouducs ? J’vais les r’mettre à leur place moi !

La scène était quelque peu comique, la guerrière se trouvant a une dizaine de mètre du shinobi tout en le menaçant. L’anbu était méfiant, et le plan d’Uzumi avait un taux de réussite proche du néant. S’il mourrait il ne pourrait pas réunir le conseil, et même s’il en avait la volonté, le conseil ne lui obéirait pas forcément. Heureusement, le membre de la célèbre famille Momochi attirait l’attention de la Hibiki avec une voix en demi-ton, afin qu’elle puisse entendre. La proposition du garçon semblait, une nouvelle fois, plaire à l’ex-esclave. Il avait de bonnes idées, et surtout, laissait constamment le choix à l’amoureuse de la liberté. Qui plus est, il avait l’air de savoir de ce qu’il avait envie ainsi que se battre. La femme l’aurait certainement apprécié plus vite s’il n’était pas un homme. Dans un sourire qui annonçait le chaos prochain qui allait suivre, la fière combattante répondait positivement à son interlocuteur :

Ca m’va. J’ai hâte d’les voir !