[Flashback] Le retour du Shinobi

Elle sortait d'un entretient avec un des membres du conseil. Ce matin avait été chargé, comme d'habitude, et Hanako avait failli finir en retard au rendez-vous. Mais heureusement, la jeune fille avec quand même pu arriver à l'heure à ledit entretient et écouter sans sourcilier (contrairement à son habitude) les éloges du Conseil quant à sa fraîche promotion en tant que juunin, passage par lequel il était immanquable de passer. Au dehors, l'été montrait toute l'étendue de son pouvoir ensoleillant pour le village caché de la feuille : une belle journée elle de joie et de sourires s'annonçait. Hanako passa le seuil de l'entrée du bâtiment, sortant de la tour du hokage. Ces temps-ci, les missions se succédaient sans qu'elle n'ait le temps de se poser chez elle. À peine revenue de la mission périlleuse les opposant, Haato, Ryuke et elle, à un samouraï fantôme, Hanako devait déjà prendre son tout de garde près d'une des portes d'entrée du village. La surveillance de Konoha n'était évidemment pas ce qui l'enchantait le plus, mais il le fallait bien. Après tout, pourquoi ne pas profiter du beau temps avant d'aller se percher sur la muraille qui encerclait le village ? En son sein s'animait toutes sortes de scènes paisibles, du marchant préparant ses étalages pour la journée, aux vendeurs de journaux et distributeurs de tracts. Konoha s'adonnait sagement à ses occupations saisonnières. La jeune fille émit un soupir de bonheur. C'était bien son village, le village aux habitudes qui lui semblaient maintenant si familières, si communes.

Hanako fit quelques détours, passant dans les rues animées de Konoha, s'arrêtant sous les porches aux allures ombragées, accordant sa marche aux pas des villageois. Le village seul regardait sa démarche et décidait de sa route, dressant devant elle des murs et lui opposant des obstacles humais ou inanimés, rendant sa progression bien plus difficile qu'à l'ordinaire. Après quelques retours en arrière, la jeune Hyûga arriva enfin près de la large porte qui délimitait les frontières du village et dont elle devait surveiller l'orée. Deux shinobis se tenaient debout, les yeux rivés sur un dossier. Avaient-ils arrêté un étranger, ou découvert un indice sur un nukenin ? Peut importait. L'un deux tenait une pièce de monnaie dans la main, la serrant de toutes ses forces jusqu'à en avoir les phalanges bleuies ; ce qui expliquait par la même occasion le sourire ravi de son partenaire de garde. La jeune Hyûga en conclut qu'ils avaient fait un pari, et que la pièce revenait donc au gagnant... elle soupira intérieurement de leur bêtise, tout en grimpant sur le muret. Ils ne lui accordèrent à peine un regard, et se re-concentrèrent aussitôt sur le fruit de leur manquement au travail. Hanako s'arrêta, les observa un court instant, et se décida à prendre fin tour de garde en avance. Au loin, les feuillages dominaient toujours la suface de la Terre. Qui pouvait savoir si des shinobis se cachaient là ? Les tours de garde avaient été prévus pour ça... la protection du village des feuilles était entre les mains des Konohajiens, qu'ils soient anbu ou genin.



La jeune fille prenait son travail avec un grand soin. Son regard couvrait une large zone, balayant incessamment les environs, se concentrant uniquement sur la forêt qui l'entourait. Elle posa rapidement les yeux sur le soleil. Il était à peu près 11 heures. La relève allait bientôt avoir lieu. Logiquement son véritable tour de garde commençait ici, mais... non. Deux chuunins s'approchaient de la porte en papotant. L'air agacé, le premier shootait dans tous les cailloux qui se dressaient sur son chemin, et le second lui tenait un semblant de conversation : à voir l'expression sur son visage, il avait presque déjà renoncé à le faire réagir. Hanako leur adressa un signe de la main et sauta à pieds joints du muret, retombant à une dizaine de mètres de son ont de départ. À peine eut-elle le temps de les dépasser de 20 lettrées et de se retourner, qu'une silhouette se découpait dans la cadran de la porte, échappant à la surveillance des gardes grâce à la relève ! La kunoichi s'arrêta, sur le qui-vive, debout près d'une porte en bois, à moitié cachée par un paravent. Les quarte shinobis s'échangeaient des tapes amicales, ignorant complètement leur mission du jour. Elle fronça légèrement les sourcils et suivit des yeux le nouvel arrivant. Hésitant entre le côté rassurant de ne pas laisser les deux chuunins surveiller seuls la porte d'entrée et l'option de rectifier leur bêtise par une filature discrète qui s'offrait à elle, Hanako opta pour la seconde proposition. Le ninja était à moins de quinze mètres d'elle, distance parfaite pour le type de mission qu'elle s'apprêtait à débuter. Sa cible déambula au travers des rues et ruelles de Konoha, sans but précis visible, marchant sans regarder où ses pas la menaient. Hanako se vit donc passer deux fois devant une même devanture de restaurant, et se posa quelques questions. Le faisait-il exprès ? La faisait-il tourner en rond pour brouiller les pistes ? Ou était-il simplement perdu ? Un shinobi entrant tout bonnement dans papiers dans le village caché de Hi no Kuni n'en ressortait que très rarement vivant. Soit il n'en ressortait pas, soit... pour causes de soupçons ; très souvent vérifiés ; il ne ressortait qu'en tant que corps sans vie. À elle de dire si sa destiné sortirait du lot, puisque ses papiers n'avaient pas été vérifiés à l'entrée...
Elle obliqua à gauche quand son shinobi se prit un lampadaire, juste après avoir failli crier ''Attention !'' Les passants éclairaient de leur rire la triste journée d'un vieil homme qui passait par là et se mit à sourire lui aussi, tournant dans là rue d'Hanako. Là aussi, il y avait du monde. Les gens s'activaient, pressaient le pas ; les boutiquiers réussissaient déjà à désemplir leurs étalages. Les fenêtres s'ouvraient et laissaient pendre à leurs cadrans du linge fraîchement lavé ; comme si Konoha s'étirait après une bonne nuit de repos...

La jeune fille regarda la silhouette du shinobi entrer dans un bâtiment, et en ressortir presque aussitôt. Ils se croisèrent en silence et elle fit discrètement demi-tour après l'avoir laissé s'éloigner de quelques mètres. Tous,deux,parcoururent bien des distances avant d'arriver dans une rue à l'aspect très sympathique. Le ninja s'enfourna aussitôt dans un restaurant, ne laissant à la kunoichi que le choix de s'installer sur un des tabourets appartenant à l'échoppe d'en face. Les longues tentures blanches laissaient s'échapper un fumet délicieux, mêlant fines odeurs de poisson, pâtes au persil et crustacés. Surveillant toujours le shinobi, elle se laissa tenter par l'idée de manger un repas du midi, et le fumet aux senteurs si envoûtantes devint un savoureux col de nouilles au saumon et jasmin, parsemé de lamelles de fruits de mer de différentes tailles et coloris. L'ensemble formait une intéressante mêlée de serpentins variés, à l'allure très poétique et mélancolique. La branche de persil jetée avec finesse dans le bol rendait le tout bucolique. L'on pouvait s'y perdre facilement rien qu'en posant les yeux sur le contenant aux bordures finement décorées. Mais Hanako retrouva très vite le chemin de la sortie et surveilla du coin de l'oeil son shinobi. Celui-ci mangeait tranquillement son repas, attablé seul à sa table. Pendant qu'il terminait posément , la jeune Hyûga paya le restaurateur et ré-ajusta son par-dessus de juunin sur sa veste couleur orchidée, pour que son katana tombe juste sur sa taille. L'arme plongeait derrière elle dans une perfection perceptible uniquement par elle même. La sangle qui la retenait traversait son buste, réussissant à s'encastrer entre les deux obstacles du par-dessus, et juste à côté de ce qui protégeait son cou, sans tomber. Toute une alchimie pour réussir à allier veste juunin et katana en bandoulière.

Ayant enfin terminé, le shinobi s'étira après être sorti du restaurant. Hanako le regarda à travers les poteaux qui s'étendaient sur la longueur de son échoppe et descendit de sa chaise. Elle épousseta ses habits, défroissant le tissu des plis qui l'avaient envahi, et se dégourdit les jambes. Il était temps d'interpeller le shinobi, d'autant plus qu'il semblait se diriger vers la tour du hokage, à 30 mètres de là. Hanako soupira. Elle le laissa arriver jusqu'à l'allée qui menait au bâtiment et s'approcha telle une souris, pour finir par poser la main droite sur son avant-bras :

- Excusez-moi... si je ne me trompe pas, vous n'avez pas été vérifié à l'entrée ? Je suis désolée de devoir vous prendre un peu de votre temps. ... Si vous souhaitez voir le hokage, sachez qu'il est indisponible en ce moment. Mais si vous souhaitez voir un membre du conseil...

Sortant du bâtiment, un juunin à qui elle avait adressé la parole le matin lui fit un signe de la main, à quoi elle répondit par un sourire et un hochement de tête. C'était celui qui s'était entretenu avec le Conseil avant elle. Hanako repensa à Itade et Kyûji. Ce temps lui semblait si loin... avant de replonger dans la mélancolie, elle finit sa phrase :

- J'aurais besoin de vérifier vos papiers ou un laisser-passer, s'il vous plaît.

Spoiler:

Hanako attendit une réaction instinctive commune aux fautifs pris sur le fait, mais qui ne vînt pas. Au lieu de ça, le shinobi s'arrêta et la laissa parler, semblant s'en vouloir intérieurement. La jeune kunoichi termina son discours, tout en tenant par incertitude le bras de son prisonnier du jour. Il se retourna tandis qu'Hanako levait son regard sur lui, la laissant dévisager ses yeux et son visage, puis prit la parole :

- Mon nom est Hushi, Sentô. Je suis né ici il y a maintenant trente et un ans. Je suis parti d'ici voilà quinze ans. Mon voyage s'achève, je reviens dans mon village. Malheureusement, mes papiers ont été emportés lors du naufrage d'un navire sur lequel j'étais il y a bien longtemps. Je n'ai donc rien à vous présenter. Vous m'en voyez désolé.

Un temps passa, où ils se dévisagèrent tous deux. La.jeune kunoichi réfléchissait, sans rien laisser transparaître :

- Mais je suis disposé pour vous suivre auprès des autorités compétentes.

Aucune animosité dans ses gestes et ses paroles. Ni l'un ni l'autre ne souhaitait créer des problèmes pour le village ; le shinobi ne semblait pas mentir. Hanako le laissa l'observer quelques secondes, lui cédant amplement le temps afin de constater l'écart giantesque entre leurs tailles, et sourit à son tour. Elle finit enfin par le dégager de l'emprise de sa main et lui indiqua le bâtiment du hokage d'un geste fluide du bras, qui ne s'arrêta qu'alors son mouvement terminé et la cible visée. La jeune fille en tête, ils entrèrent dans l'importante bâtisse qui se dressait à quelques mètres devant eux, et se dirigèrent droit vers la réception. Hanako se renseigna alors sur la procédure à admettre lorsqu'un ancien Konohajien se présentait sans passeport dans l'enceinte même du village. Prenant un répit impromptu à l'accueil, elle profita de l'accoutumée lenteur de l'employé à répondre à sa demande pour saluer Tenten, qui sortait d'une des salles adjacentes. Celle-ci lui glissa assez discrètement un mot à l'oreille :

- Tu viendras me voir dans la journée, ... Hanako... ? Je voudrais te parler, de quelque chose de très important...

Son teint joyeux avait perdu un peu de ses couleurs, dû à la disparition de son fils Kyûji. Tout le clan Hyûga éprouvait de la peine pour la famille et les proches de celui qui tenait un rôle aussi important dans le clan. On disait même qu'il avait dépassé son père en niveau de maîtrise du jûken. Mais pas que. Sa soudaine dispariton avait engendré des polémiques. Tous liaient la dispariton du hokage et celle de Kyûji Hyûga, survenue quelques semaines seulement après celle d'Itade Matsudaï. Et lui, son frère, son sempai, son sensei même!, n'avait pu qu'assister à l'ascension de la jeune Hyûga en tant que représentant de Konoha au tournoi juunin, avant de ne plus donner de nouvelles. Elle soupira intérieurement. La mélancolie revenait au galop à chaque fois que son entourage lui paraissait terne et lui rappelait les maigres souvenirs de son frère qu'elle avait accumulés au cours des 3 années passées au village de la feuille. En l'occurrence, sa ''mère'', faisant bien piètre figure, lui faisait de la peine et lui remémorait de tristes pensées. Elle hocha la tête à son attention, et jeta un coup d'oeil vers Sentô, qui attendait tranquillement. Après quoi, l'employé de l'accueil se décida enfin à lui communiquer le bureau de la personne à qui elle devait s'adresser. Le duo se dirigea sans précipitation vers le lieu indiqué. Arrivée sur le perron, la jeune fille hésita à toquer et s'adressa à Sentô :

- Attendez moi ici quelques instants... je... je vais vérifier si c'est bien à lui qu'il faut demander pour les passeports... je reviens.

Elle toqua doucement à la porte. Une sorte d'invitation à entrer se fit entendre, croisement entre un bougonnement et un bâillement. Elle dépassa le seuil, laissant la porte légèrement entrouverte derrière elle. Hanako exliqua le cas de ce nouvel arrivant et indiqua le nom et la justification donnés par ce dernier comme toute excuse. Cela semblait apparemment satisfaisant, car le shinobi l'appela et lui demanda expressément de rentrer, tandis que la jeune fille se mettait en retrait sur un côté du bureau. Puis toute une procédure commença. Âge, nom, famille, habitation, tout y passa. Maintenant restait à savoir combien de temps leur faudrait-il pour que son admission soit officiellement comptée dans les différentes section de l'administration, sans le hokage...