Voilà maintenant près d'une semaine que Gakuto apportait sa fine feuille en guise de rapport à son Kage. Mais voilà, jamais il ne s'est montré. Les gardes semblant ignorants et dépourvus de capacités intellectuelles, Gakuto essaya d'ouvrir la porte du bureau pourtant fermée à clé. Discrètement, il fit gonfler le bois en compressant l'air sur les bords de la porte, puis rapidement l'asséchait pour le voir se réduire et se fragiliser. Les quelques millimètres ainsi gagnés lui avait permis d'ouvrir la porte sans trop forcer.
La porte, ne s'ouvrait pas totalement. Le bureau était empli de papiers en tout genre ainsi que de fioles, de burettes, de pipettes, d'erlenmeyers, de béchers, d'éprouvettes, de tubes à essais, de cristallisoirs, de boites de Petri, de dossiers, de livres en tout genre... Sur les piles de feuilles entreposées grossièrement en gigantesques colonnes se déposait lentement une fine couche de poussière qui s'épaississait de jour en jour. Gakuto n'arrivait pas à estimer la dernière fois que quelqu'un avait touché à ces feuilles, la couche étant bien trop fine, et Gakuto n'étant pas non plus un expert en la matière. Il estimait cependant l'absence à quelques semaines. N'importe qui aurait pu faire cette évaluation. Il y a un mois encore, il était devant son Kage et voilà une semaine qu'il n'était plus là. Gakuto aurait préféré une meilleure estimation, mais ne devait se contenter de ce manque d'information.
Gakuto n'avait pas envie de lire les documents entreposés, tout d'abord parce que ceux-ci ne le concernaient pas, mais aussi parce qu'il ne se voyait pas, enjambant le fouillis entreposé sur le sol, derrière la porte, et ce sur toute la surface du sol. Il referma alors délicatement la porte, qui avait repris sa forme initiale et donc ne voulait déjà plus se fermer. Gakuto, énervé de se vider sur une porte (il vide son chakra, bien évidemment), réutilisa sa méthode si parfaite que personne ne verrait qu'il est entré. Gakuto, prêt à partir à la recherche d'autres indices, se retourna. On l'observait.
Gakuto ne savait cependant pas qui prévenir. D'habitude, il recevait les ordres de Zatoïchi. Il devrait certainement prévenir les anciens du village, même s'ils devaient certainement déjà être au courant. Gakuto se dirigeait alors vers eux. Arrivé dans leur salle, il dit ce qu'il avait à dire, mais ils ne semblaient peu réceptifs, prétextant que le Kage avait pour habitude de rester cloitré des semaines durant dans son bureau pour faire d'étranges recherches. Bien sûr, Gakuto ne pouvait pas dire qu'il était entré dans le bureau et qu'il savait que Zatoïchi n'était pas à l'intérieur. Comment pourrait-il convaincre ces vieux fous qu'ils étaient sur la mauvaise voie, qu'ils allaient ruiner le village s'ils ne faisaient pas attention ? Gakuto cherchait des excuses, mais n'en trouvant pas, se retourna et parti, espérant rechercher, même seul, son Kage.
Alors que la porte n'était qu'à quelques centimètres du bout de son nez, elle s'ouvrit brutalement et il eut tout juste le temps de se décaler sur le côté avant qu'un jeunot, comparé à l'âge des sourds présents dans la pièce, crie un peu trop fort pour que Gakuto, alors situé à quelques décimètres de lui, sente ses tympans exploser. Mais Gakuto avait très bien compris ce que le ninja, encore haletant, avait hurlé. Il venait de recevoir un courrier d'un déserteur proche de Kiri, disant qu'il retenait le Kage.
Les sages durent alors dire ce qu'ils savaient, ou du moins une petite partie de ce qu'ils savaient, à Gakuto. Ils savaient déjà depuis quelques temps que le Kage était sorti de son bureau, et qu'ils ne savaient pas où ils étaient. Ils avaient jugé préférable d'en parler à personne, pas même aux Anbus, pourtant aptes à garder un tel secret. Personne n'essayait donc de rechercher notre chef ?! C'était incroyable ! Gakuto dit clairement qu'il était déjà parti pour Kiri, à la recherche de Zatoïchi, et qu'il était inutile de le retenir. Les anciens, embêtés, le laissèrent partir, ne lui attribuant pas même une équipe et l'obligeant à ne parler de la disparition à personne. Dans leur grande bonté, ils préviendraient les dirigeants de Kiri de son arrivée, pour qu'ils ne se fassent pas tuer dès ses premiers pas dans la ville, mais il ne devait pas s'attendre à avoir une réception, sa mission étant hautement confidentielle.
Heureux, Gakuto parti aussitôt en expédition. Avec tout le bois récupéré lors de sa précédente mission, il pourrait largement se construire un radeau, même un paquebot, s'il le voulait ! Il y ajouta une petite hélice reliée à un manche qu'il pouvait tourner. Elle lui serait utile s'il devait passer dans un endroit étroit. Sans provision, il embarqua. Il aurait bien assez de poissons à faire griller dans l'étendue d'eau qu'il devait traverser. Il ne devrait pas croiser grand monde sur les mers en cette saison de l'année. Lorsqu'il arrivera à Kiri, il placera ses cheveux devant son bandeau, puis cherchera en premier les vieux souterrains dont il avait entendu parler. Là, il serait tranquille, mais il devra quand même remonter à la surface, pour rechercher son Kage. Même si les habitants de Kiri verront qu'il est nouveau, ils ne sauront pas d'où il provient. La discrétion devait être son maître-mot.