Premiers maux~ (Entraînement avec Sake Ryuka)

Le temps maussade plantait le décor. Entourés d’arbres paraissant si frêles devant les bourrasques passagères d’en ce moment au pays, Sake et moi luttions dans les airs, en pleine retombée, les fers de nos armes se croisaient et se livraient une bataille pleine. Je le voyais me rattraper, étais-je en train de ramer dans le vide ou était-il simplement meilleur de jour en jour, auteur d’une ascension fulgurante ? Il me rappela que le temps était compté et que le sous-estimer n’était pas bon. Son fer frôle mon bras gauche au niveau du muscle supérieur, gêné par l’entaille dans ma chair, mes pieds retombent approximativement sur la terre sèche. Il en profite pour m’asséner un second coup, je tente de le parer mais malheur, il avait feinté celui-ci pour m’entailler l’épaule gauche. Je recule d’un pas du pied gauche, son genou droit vient à la rencontre de mon estomac et il encoche un second coup du pied gauche en pleine tête, par chance j’ai réussi à esquiver son coup un peu trop lent, sûrement trop en confiance après cet enchaînement.


D’un bon en arrière, il se retrouve en face de moi, loup face à sa proie. Comme un symbole, je me retrouvais à sa place faisant connaissance avec l’échec. Comment avait-il pu m’avoir de la sorte, sans aucune technique. Il se relance face à moi, courant toujours très vélocement et entouré de ses milliers de pétales de cristal comme une armure semi-offensive et défensive à la fois. Je me décide à bondir dans les airs,  les signes incantatoires précèdent une attaque de type vent assez basique que j’utilise en riposte. A ma surprise, les pétales tournoient rapidement autour de lui prenant de la vitesse avec la bourrasque, tel un monstre affamé, ceux-ci avalent mon attaque et puisent toute leur vitesse dans celle-ci. Il m’assène un jet de shurikens simple, ne sachant pas réellement comment contrer autrement cet assaut autrement qu’avec du cristal, je tombe dans la facilité et riposte avec un mur de cristal. Mes pics de cristal naissent du bouclier et s’attaquent en groupe sur mon adversaire. Au fur et à mesure que se défait le mur et que les pics attaquent, j’observe Sake se faire perforer de tous ces pics. Comment est-ce possible ?! J’avais dosé pour ne pas qu’il se blesse et pourtant j’observe un spectacle qui m’échappe, non tout bonnement impossible. C’est une illusion, à coup sûr.

Je cristallise intégralement mon corps afin de parer une quelconque attaque, j’avais vu juste. Au sol j’observe le kunaï enfoncé dans mon cristal de Sake, la matière à déjà conquit ses doigts et progresse jusqu’à sa main puis son bras. Je l’observe dans ma prison infime mais protectrice, alors qu’un léger sourire décore ma bouche fine et amusé sur le moment, le cri de mon ami retentit et provoque bruit énorme sur le terrain. Mon étreinte explose littéralement et provoque les fissures premières de mon bouclier, d’un coup de pied cristallisé et monumentalement surpuissant, mes dernières protections explose. Désemparé, je me retrouve seul face à un monstre de volonté et de hargne. Je pars les premiers coups, je commence à fatiguer face à la vitesse et la puissance mêlée dans ce combo simplet malgré tout. Les pétales de cristal recommencent leur danse autour de lui, je ne peux même plus riposter, désemparé et littéralement surpassé, je me retrouve en quelques moments la bouche mordillant le sol. Il venait d’accomplir un exploit digne d’un maître en taïjutsu.

Sentant monté les premiers étourdissements de la colère, la honte se mêle à ces sentiments pour mieux faire exploser en moi une désagréable volonté de destruction d’autrui. Mes mûdras s’enchaînent instinctivement, je pense à ces heures d’entraînements pour accomplir ici un échec face à un simple chuunin, un simple et basique shinobi de ce village, certes du clan mais pas à la hauteur de mon talent. Un dégoût profond me tient aussi compagnie, les promesses tenues ne sont toujours pas respectées et je prends conscience que je rame depuis trop longtemps. Sûrement dans un déni nouveau de la situation et de ses réalités, je veux me convaincre que les entraînements paient. Une seule technique me permettrait de prouver ou au moins de donner l’illusion d’une éventuelle progression. Mes paumes plaquées contre le sol, juste à mes pieds, je me rappelle les journées passées pour fonder cette barrière quasi-indestructible de l’extérieur. Je tonne comme un lion devant Sake, cette fois je demeurerais le meilleur comme toutes les autres fois.



Les roches s’encombraient autour de nous jusqu’à nous engloutir et nous isoler de toute la vie extérieure. Mes pics s’élancent autour de Sake violement depuis la paroi, totalement déboussolé par cette technique impressionnante que je venais enfin de réussir après des centaines de tentatives infertiles. Je lisais une pointe de peur sur son visage, une façade reflétant mon pic de violence jamais atteint avec lui. En y regardant de plus près, j’avais tranché sa chair juste au-dessous de sa côte, il saignait et à quelques centimètres à peine près, je l’aurais abattu.