[Rang D] Colis Express

Les jours se suivaient et se ressemblaient pour Eiki et Haimaru. Depuis leur dernier entraînement dans la grande forêt bordant Konoha, ils n’avaient pas essayer de parfaire leur nouvelle technique. Eiki était très occupé par l’apprentissage des recettes que lui avait confiées la vieille Shimizu. Il recevait quotidiennement de nombreux Inuzuka venus se réapprovisionner en pilules et n’avait plus le droit à l’erreur. Il passait la majeure partie de ses journées chez la défunte, à faire bouillir, couper, faire revenir, touiller, assaisonner… Haimaru, lui, ne pouvait rester inactif trop longtemps. Il n’était pas rare de le voir courir dans le tout Konoha sans son maître, ce qui lui valait de temps à autres quelques remarques acerbes de la part des civils et des autres membres de son clan.

Le commerce des pilules n’était évidemment pas rémunéré. Eiki oeuvrait pour la survie du clan et n’aurait jamais osé demander rétribution pour cette tâche honorifique. Ainsi, les réserves économiques du jeune Inuzuka s’amenuisait depuis bientôt deux semaines, le contraignant à se nourrir exclusivement de rāmen bon marché. Un matin, alors qu’il s’apprêtait à déjeuner, Eiki du se confronter à l’immense vide comblant ses placards.

“Je dois vraiment faire quelque chose”, pensa-t-il en soupirant.

Après une courte réflexion, il avait pris sa décision. Aujourd’hui, il irait dans les bureaux du Hokage se dénicher une mission pour subvenir à ses besoins.

- Ikuzo, Haimaru! dit-il en réveillant son compagnon.

Une fois sur place, il lorgna un bon moment devant le tableau des missions de rang D. Un membre de l'administration venait d’en placarder une nouvelle sur sa droite. Il alla la lire immédiatement:

/URGENT\ Colis Express

M. Yamanaka recherche personne disponible pour effectuer une livraison entre sa boutique et l’hôpital.
Se présenter à sa boutique (rue commerçante de Konoha, côté est) avant midi.
Rémunération à la clef.

Sans aucune hésitation, Eiki se saisit de l’annonce et alla informer les hommes de l’administration de son intention de la réaliser. Lui et Haimaru se rendirent dans la foulée devant la boutique du clan Yamanaka. Ce clan, aux techniques redoutables, était également connu pour sa fleuristerie, l’un des plus anciens commerces de Konoha. Les parfums enivrants des fleurs diverses donnaient mal au coeur au jeune Eiki, torturé par son flair aiguë. La boutique était tenue par un vieil homme au regard inquiet, accompagné d’une jeune fille aux cheveux blonds dont le parfum et la beauté égalaient au moins ceux des fleurs environnantes.

- Ohayo! Eiki chercha dans sa poche pour sortir l’annonce et la montrer au commerçant. Je suis Eiki Inuzuka, et voici Haimaru! Alors dites nous, quelle est la mission? demanda Eiki d’un ton assuré.

L’allure assurée et décontractée dont se parait Eiki fit sourire la jeune Yamanaka, provoquant chez le jeune homme un certain embarras. La beauté de la jeune femme laissa Eiki paralysé pendant ce qui lui parut être une éternité.

- Je suis Ayano Yamanaka, et voici mon grand père, Gin Yamanaka. Dit la jeune fleuriste en souriant. Nous souhaiterions que vous délivriez ce colis à l’hôpital de Konoha dans les plus brefs délais. Elle sortit de derrière le comptoir un petit paquet noir. Il contient une herbe médicinale rare indispensable à la fabrication de certains médicaments. Conclut-elle, toujours en souriant.

- Hajimemashite Ayano, Gin. Eiki s’inclina respectueusement. Haimaru et moi allons nous en occuper tout de suite.

Eiki se sentait désormais le devoir de réussir cette mission au plus vite. Il ne voulait absolument pas revenir voir Ayano en ayant échoué, il en allait de son honneur. Il saisit le paquet puis le rangea dans la poche gauche de son pantalon. Haimaru, qui l’attendait dehors où les senteurs parfumées étaient moins prégnantes, et lui prirent ensuite calmement la direction de l’hôpital en remontant la grande rue commerçante. Ils virent les commerçants qui, un par un, ouvraient leurs échoppes et boutiques. Aux fenêtres, ils pouvaient observer des têtes endormies relever calmement les stores de leurs appartements respectifs. Un air de paix et de tranquilité soufflait sur Konoha. Quelques minutes après leur départ, Eiki et Haimaru marquèrent une pause.

- Tu l’as senti toi aussi, hein, Haimaru? Demanda Eiki, inquiet.

Le chien lui répondit d’un aboiement discret.

- On est suivis mon grand. Je ne les vois pas encore, mais je peux très bien les sentir. Eiki huma l’air longuement. Ils sont probablement deux. Ils devaient être chez les Yamanaka, ils sentent encore les fleurs. Remarqua Eiki. Suis moi, Haimaru, on va les devancer, je refuse de retourner voir Ayano en ayant échoué!

Les deux compagnons quittèrent subitement la grande rue commerçante pour s’enfoncer dans une ruelle perpendiculaire. Le flair d’Eiki ne l’avait pas trahi. Quelques mètres plus tard, deux hommes leur emboîtaient le pas. Ils ne portaient pas de bandeaux, mais ils devaient probablement s’intéresser plus que de raison à cette herbe médicinale. Ils bifurquèrent à leur tour dans la petite ruelle. Ils aperçurent Eiki  après quelques minutes de filature. Il marchait seul et ne semblait pas alarmer de leur présence. En quelques pas, ils arrivèrent à hauteur de celui-ci. Subitement, l’un des deux ceintura Eiki violemment.

- Cherche dans sa poche gauche, il a mis le paquet dans sa poche gauche! Murmura l’agresseur à son confrère.

Discrètement, il plongea sa main dans la poche gauche d’Eiki.

- Y’a rien, merde! S’exclama le voleur.

Il répéta alors son geste dans la poche de droite. Sa main atterrit finalement sur un petit paquet noir. Un sourire se dessina sur son visage craquelé.

- C’est bon je l’ai, on y va!

D’un seul coup, un nuage blanc entoura Eiki. Un long cri secoua la calme ruelle. Une fois le nuage dissipée, les crocs d’Haimaru étaient profondément plantés dans la chaire vieillissante de l’avant bras du voleur. Instinctivement, le second ramassa le paquet et tenta de fuir, mais il s'aperçut rapidement que ce dernier était vide... Haimaru le rattrapa en un éclair puis d’un bond sauta sur lui. Terrifié, l’homme implora le pardon. Haimaru, loin d’être rassasié, décida de laisser un petit souvenir à son agresseur. Il planta lentement ses crocs dans l’épaule de celui-ci.

A une centaine de mètres de là, Eiki sortit le paquet de sa poche gauche et le déposa au comptoir de l’hôpital de Konoha. Il ne doutait pas d’Haimaru et savait qu’il s’en était tenu au plan. Eiki avait été très clair dans la ruelle.

Flashback

- Haimaru, je pars devant. Utilise le Gijin ninpō et fais toi passer pour moi. Expliqua rapidement Eiki. Une fois qu’ils t’auront rattraper, fais leur comprendre qu’on ne joue pas avec les Inuzuka et qu’ils ne devront jamais s’en prendre aux Yamanaka à nouveau. Conclut Eiki avant de disparaître par les toits de Konoha.

Fin du flashback

Quelques minutes plus tard, Haimaru arriva devant l’hôpital, l’air satisfait. Sa canine supérieure gauche était encore maculée de sang.

- Bien joué, Haimaru, j'espère que tu n’as pas été trop dur… S’exclama Eiki, un grand sourire aux lèvres. Allez, on y va.

En route, il pensa au sourire envoûtant de la belle Ayano. Il visualisait parfaitement ses longs cheveux lisses se marier avec les ondulations de son corps jusqu’à ses genoux. Il entendait à nouveau sa voix apaisante raisonner encore et encore. Il ne l’avait pourtant vu qu’une dizaine de secondes, tout au plus. Était-ce ça, un coup de raiton? Il ne savait pas. Ce qu’il savait, c’est qu’il ferait tout pour devenir son héros.