Des légumes voyageurs.

Une journée pendant laquelle les nuages se battaient, là haut dans les cieux. Le gris des hauteurs rendait morne cette journée, du moins celle des gens "normaux". Pour sa part, Juzo était indifférent àa ce temps. Cela le changeait même des habituels soleils qui plaisaient tant au plus grand nombre.

Le Chuunin marchait dans les rues, se destinant à un entraînement qu'il irait effectuer en dehors du village... Mais il n'en eut pas l'occasion, car un Juunin messager l'arrêta. Juzo s'énerva intérieurement. Il savait que la visite d'un tel individu lui devait toujours une journée gâchée.  Et une fois de plus, cela ne rata pas.

- Tu dois te dépêcher, sans quoi le marchand sera vraiment dans la misère.

Juzo ne répondit même pas. Il partit directement en direction du marché, dans lequel devait se dérouler la mission. L'objectif qu'on lui avait confié était de parvenir à capturer un voleur, qui dévalisait chaque jour le stand de légumes de l'un des marchands. Ce dernier était de plus en plus mal, cela lui faisait perdre de l'argent.

Les pas du garçon le rapprochaient de l'endroit désiré, et l'on pouvait déjà entendre les exclamations enjouées des acteurs de ces ventes. Par ici, une dame bien grasse ventait la qualité de son poisson, et par là, un vendeur au bandeau frontal rouge attirait les petites minettes grâce à ses textiles à la mode. Trop de monde et de gens débiles, trop d'imbéciles heureux. C'était typiquement le genre de missions dont Juzo avait horreur.

Il rejoint donc la masse ambiante de la foule, qui se massait autour des différents stands. Il n'y avait dans ce marché qu'un seul vendeur de légumes. Le jeune homme le repéra donc facilement, et s'approcha de son stand. Le marché étant ouvert depuis peu, le stock de légumes était plein.

Juzo accosta le marchant, lui signalant la raison de sa visite. Celui-ci parut à la fois soulagé et énervé que le village ai mis tant de temps à lui trouver quelqu'un pour la mission.

- Croyez-moi, si ça ne tenait qu'à moi, vous attendriez encore.

Sans écouter la réponse du marchand, Juzo jeta un oeil aux alentours. Qui, parmi cette masse, pouvait être un voleur de légumes?

Derrière le stand, le marchant discutait à présent avec l'une de ses connaissances, et ne faisait pas attention à ses légumes. Voyant ça, Juzo s'énerva encore.

"Tu m'étonnes qu'il se fasse voler. Quel imbécile."

Puis le Chuunin au visage blanc réorienta son regard sur les alentours, avant d'entendre :

- Oh, non! Pas encore! Pas encore! Mais vous servez à quoi?!

Le marchand s'adressait à Juzo. Devant lui, sur son étal, il manquait une aubergine. Agacé autant par le ton du commerçant à son égard que par la disparition elle même, le jeune homme n'y croyait pas. Il n'avait rien vu, et il était trop proche du stand pour qu'un homme, ou même un enfant, s'en approche! Cette histoire n'avait aucun sens...

- Tu t'occuperais un peu plus de tes légumes, tu n'aurais pas de problèmes. Reparle moi comme ça, et je te jure que tu auras plus à craindre que de vulgaires vols.

La voix de Juzo était froide. Sans compassion. Juste une fureur contre les paroles impolies utilisées par le vieil homme à la chevelure grisâtre. Celui-ci ne répondit d'ailleurs rien. Il vit rien qu'au ton et au regard de son interlocuteur que mieux valait ne rien lui dire.

Tandis qu'il fixait l'homme, Juzo ne vit pas l'un des concombres du stand disparaître à son tour. Du moins, pas sur le fait, car lorsqu'il baissa les yeux, l'objet du délit se trouvait au sol. Le Chuunin envoya sa main au sol afin de le prendre, mais celle-ci se referma sur du vide : une patte toute noire venait de se saisir du légume vert.

Pour la première fois de sa vie, Juzo eut un sentiment de honte. Il s'était fait berner, quelques secondes seulement, mais c'était déjà trop, par un chat. Un maudit chat.

Le garçon s'accroupit, puis passa sa tête sous la table de l'étalage en soulevant la nappe qui tombait presque jusqu'au sol. Elle cachait un trou d'une cinquantaine de centimètres! Juzo y mit la main, et il put s'apercevoir qu'il s'agissait là d'une galerie plutôt profonde, servant certainement d'abri au chat, qui n'avait qu'à en sortir et monter agilement sur la table pour sa saisir de l'objet de ses désirs pendant que le vieil idiot peu attentif discutait.

Bon, le coupable était démasqué. Ne manquait plus qu'à le capturer. Et Juzo n'attendrait pas que l'animal sorte tranquillement de sa tanière.

Haiton!

Les cendres se formèrent, puis se dirigèrent dans le trou. Si l'animal ne sortait pas, il suffoquerait.

La réaction ne se fit pas attendre, quelques secondes passèrent, puis l'on aperçut le bout d'un concombre, abîmé par quelques traces de crocs, suivit par la tête du chat, qui se dépêcha de sortir complètement.

Juzo l'attrapa par la peau du cou. Il s'agissait d'un gros chat, de couleur exclusivement noire, à l'exception de l'un de ces yeux, entouré d'une tâche blanche. Au vu du poids de l'animal, il était aisé de croire que c'était lui qui volait les aliments.

- Voilà votre coupable, dit Juzo au marchand.

- Génial! Tuez-le, ou je le ferais!

- Si tu continues à parler, c'est toi que je tuerais, vieillard. Maintenant, règle tes problèmes tout seul, et soit un peu moins distrait. Salut.

Une fois de plus, Juzo n'écouta pas le discours du vieil homme, qui criait dans son coin. Il se dirigeait déjà vers le bâtiment du Raikage, où il devait ramener le voleur. Même s'il s'agissait d'un chat, les ordres étaient les ordres. À deux de se débrouiller avec le malfaiteur.

Quelques minutes de marches plus tard, Juzo arrivait devant l'établissement. Il ouvrit la porte, puis lâcha le chat, qui partit se cacher sous l'une des tables. Remarquant le regard intrigué des occupants des lieux, qui comportaient dans leurs rangs le messager qui avait donné la mission au garçon, Juzo dit simplement :

Voilà votre voleur. Il est à vous.

Après quoi, il tourna les talons, prenant la direction du terrain d'entraînement. Plus le temps de s'éloigner du village.