Retour de mission

Atsushi se réveilla à nouveau. Un homme l’avait empoigné. Il se sentait bouger. Volait-il? Il voulait se bouger la tête pour regarder autour mais il n’y arrivait pas. Il était dans les bras de l’homme qu’il avait aperçu un peu plus tôt. Ils étaient seuls. Atsushi soupira alors qu’il comprenait que tout était terminé.

L’homme qu’il avait combattu était extrêmement fort. C’était la première fois qu’il combattait quelqu’un d’aussi fort. Il contrôlait le Yoton, la lave, avec des techniques extrêmement puissantes. Atsushi avait eu de la chance de s’en sortir indemne, avec aucune blessure. S’il n’avait pas manqué de chakra à ce moment-là, il l’aurait peut-être même battu et aurait pu revenir avec un homme de l’Akatsuki sous le bras.

Ils avaient arrêtés de bouger. Il leva lentement la tête. Konoha? Ils étaient déjà rendus à Konoha? Un corbeau. Encore un corbeau. Décidément les corbeaux le suivaient partout ou il allait. Le corbeau qu’il avait utilisé pour pratiquer son genjutsu lui en voulait terriblement. Derrière lui, un grand bruit de porte défoncé. Ils étaient sur le toit de l’hôpital. Il s’évanouit à nouveau alors que l’homme de Konoha le prenait dans ses bras pour l’emmener dans l’hôpital.

Il dût être évanouit pendant près d’une heure. Il avait quelques bandeaux sur lui pour guérir ses blessures superficielles. Dehors, il faisait beau. Les gens, tout en bas, continuait de faire leurs petites besognes sans se préoccuper de ce qui s’était passé plus loin. Étaient-ils seulement au courant? Pensaient-ils seulement que des hommes se battaient tous les jours et risquaient leur vie pour les protéger, eux, et leurs libertés? Non, sans doute pas. Les secondes de silences se transformèrent en minute. Rien, personne n’était passé le voir. Ses parents devaient le croire encore en mission.

Son père serait sans doute étonner d’apprendre que l’Akatsuki était de retour. Il lui en avait déjà parlé quand il était plus jeune. Atsushi regarda sa main brûlé. Elle ne lui faisait plus mal désormais. Lui avait-on déjà donné des médicaments?

Atsushi entendit des bruits de pas puis le silence. Il se retourna lentement, de marbre. L’homme en face de lui était le juunin qu’il avait rencontré à l’école quelques jours plus tôt. Il le regarda quelques secondes. Il l’avait vu partir à la recherche de l’autre homme, un peu plus tôt.

- Les as-tu attrapés?

Kyûji se dirigeait vers l'hôpital d'un pas rapide, toujours inquiet pour le jeune genin. Depuis qu'il s'était fait agresser la veille, il avait sombré dans un état comateux dans lequel il était resté plus de 24h. Lorsque le jeune Hyûga était allé le voir après avoir fait son rapport, on lui avait interdit l'accès à sa chambre, décrétant qu'il devait se reposer. Mais aujourd'hui, on était venu le prévenir que le petit Atsushi avait reprit conscience, et en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, Kyûji avait laissé en plan tout ce qu'il était en train de faire pour s'assurer que le garçon allait bien. Il traversait le village avec rapidité, sans ralentir le moins du monde lorsque la foule le gênait, quitta à bondir par dessus les gens, ou escalader les façades des maisons. Il arriva devant le bâtiment après quelques minutes de marche, et passa le seuil sans plus attendre.

Une jeune hôtesse l'accueillit avec un grand sourire. C'était celle qui l'avait reconduit la veille, et elle semblait heureuse de le revoir. Son visage lui rappelait celui de Saya, et il s'efforça de ne pas y penser.

– Vous êtes venus pour Atsushi Ishimaru ? Chambre 209, prenez l'escalier de droite, puis c'est la deuxième à gauche. Bonne journée.

Il lui rendit son sourire, bien que maladroit, et emprunta le chemin qu'elle lui avait indiqué. Il grimpa les marches deux à deux, puis une fois devant la porte blanche portant le numéro 209, il s'arrêta, respira un bon coup, et appuya sur la poignée. La porte pivota sur ses gonds sans faire le moindre bruit, et il pénétra dans la pièce inondée de lumière. Une grande fenêtre permettait au soleil d'illuminer la chambre, et les murs immaculés renvoyaient les rayons lumineux en tout sens, créant une sorte de sanctuaire sacré. Il n'osa pas briser le silence qui y régnait, et se contenta de s'asseoir sur une chaise, au chevet du petit garçon. Celui-ci se retourna, comme s'il avait senti sa présence, et prononça quelques mots qui faillirent arracher une larme à Kyûji, tant sa voix était faible :

– Les as-tu attrapés ?

Il sourit, amusé de voir le genin aller droit à l'essentiel. Lui aussi aurait agi de la même manière s'il avait été blessé au cours de la mission. Il sut alors quoi lui répondre pour l'apaiser, comme ce que Shinsaku aurait fait si c'était lui qui se trouvait dans un lit d'hôpital. Son coeur se serra au moment où il pensa au jeune Nara, mais la désagréable sensation qui lui nouait l'estomac se dissipa rapidement.

– Nous nous sommes occupés d'eux, Atsushi. Celui qui t'a mis dans cet état a été neutralisé rapidement, quand à l'autre, il s'est enfui avec son camarade sous le bras. Je ne pense pas qu'ils reviendront de sitôt, et puis... Nous savons beaucoup de choses sur eux, maintenant qu'ils ont été contraints de nous montrer leurs techniques. Ne t'en fais pas. Grâce à toi, le village va mieux, la maladie a été rapidement neutralisée avec le départ de ces criminels. Les lits de l'hôpital se vident, c'est une bonne chose.

Alors qu'il s'attendait à discerner la joie ou le soulagement sur le visage du jeune garçon, Atsushi fut frappé de stupeur ! Kyûji ne comprit pas pourquoi, mais il le calma en posa sa main sur l'épaule du genin. Il était trop tôt pour les émotions fortes !

– Repose-toi voyons ! Tu as dormi plus de 24h ! Ne va pas nous refaire une syncope, veux-tu !

- Les as-tu attrapés?

Sa voix était faible. Il fût d’abord surpris qu’elle le soit autant. Son esprit était complètement clair. Il était resté immobile pendant quelques heures et n’avait parlé à personne. Il leva sa main tremblante dans les airs. Il avait vraiment utilisé toutes ses ressources lors de son combat contre l’homme de l’Akatsuki.

Kyûji, le juunin de Konoha qui lui avait sauvé la peau reprit la parole. Il lui dit qu’il s’était occupé d’eux. Que le premier homme, celui contre qui s’était battu Atsushi, s’était fait prendre rapidement. Atsushi fut tellement surpris que sa bouche s’ouvra d’elle-même. Il n’entendit pas les autres mots que son compatriote lui dit. Lorsqu’il réussit à se concentrer à nouveau sur les paroles du shinobi, celui-ci lui dit qu’Atsushi avait réussit sa mission, que les gens n’étaient plus empoisonné. Il lui dit que les lits d’hôpital se vidaient de plus en plus.

Atsushi fut frappé de stupeur. Il ne savait pas s’il aurait dû être heureux, triste, étonné. Ce ninja devant lui avait arrêté rapidement l’homme de l’Akatsuki? Celui-ci était rapide et extrêmement dangereux. Sa capacité à contrôler le Yoton était incroyable. Sans le genjutsu, qui était probablement la faiblesse de l’homme, Atsushi n’aurait surement pu rien faire. L’autre homme était pire, un monstre. Il était encore éveillé lorsque le deuxième ninja de l’Akatsuki était apparut, sauvant l’homme de l’Akatsuki. Atsushi n’avait jamais vu un homme aussi rapide de sa vie. Il était resté en haut d’un arbre, majestueux, à ne dire que quelques paroles sans ne donner aucune émotion. C’est à ce moment qu’Atsushi s’était évanoui. En contemplant devant lui l’un des pires monstres qu’il avait pu voir de sa vie.

Il était tellement confus qu’il eût le réflexe de se lever pour allez chercher quelque chose, n’importe quoi. Qu’est-ce qu’il faisait? Ses muscles lui faisaient mal et il retomba aussitôt sur son lit, comme s’il venait de faire l’un des efforts les plus surhumains.

– Repose-toi voyons ! Tu as dormi plus de 24h ! Ne va pas nous refaire une syncope, veux-tu !

24 heures? Comment c’était possible? Le plus étonnant n’était pas qu’il ait dormit 24 heures, c’est qu’il était encore autant amoché. Pourtant, Atsushi se rappelait avoir marché près d’un kilomètre dans cet état. Était-ce ça, la volonté de feu de Konoha? Il ne l’avait jamais vu ou expérimenté auparavant. Il leva les yeux sur Kyûji. Cet homme avait réussit à combattre les deux hommes à lui seul.

- Entraînes-moi!

Il déglutit. Il ravala sa salive puis repris la parole. Il ne laisserait aucun moment de répit à l’homme devant lui qui allait surement refuser la demande. Il devait protéger Konoha, il devait devenir plus fort pour affronter plus d’adversaire. Il devait absolument devenir plus puissant afin de détruire les ennemis de Konoha, ceux-là même qui, les jours plus tôt, tentait sournoisement d’empoisonner tout Konoha. Atsushi serra les dents, il ressentait la fureur. Il repensa à sa famille, à ses connaissances et même à ses amis. Ils auraient pu être tués par ces minables en cape. Ces maudites capes aux nuages rouges, il n’avait rien à voir avec ce qu’il avait entendu dire dans l’académie. Il les tuerait tous. Il les tuerait tous. Il les tuerait tous.

- Je les tuerai tous! Pour avoir tenté de tuer des gens de Konoha, je me vengerai d’eux, je nous vengerai tous!

Était-ce dû à la fatigue? Était-ce autre chose? Atsushi n’avait jamais vécu un moment de haine autant intense, autant pure et autant belle. Son but était noble, il voulait protéger tout le monde des méchants que la terre avait pu laisser passer!

Il soupira puis referma la bouche en se couchant à nouveau. Était-ce la surprise qui avait fait taire Kyûji? Il ne laissait paraître aucune émotion quand Atsushi levait la tête pour le regarder. La fureur et la haine avait désormais disparut du corps d’Atsushi aussi vite qu’elles étaient arrivés, et le genin était redevenu de marbre. On entendait les oiseaux chanter dehors alors que la question, ou plutôt l’ordre qu’il avait donné à Kyûji, restait suspendu dans les airs, attendant une réponse.

Il devait l’entraîner et le rendre plus fort. Il ne voulait pas juste apprendre des techniques, il voulait faire des missions avec lui, sur le terrain, dans de vrais combats pour la justice et la paix de Konoha. Il voulait apprendre de l’un des meilleurs, de l’un de ceux qui avait réussi à combattre deux hommes de l’Akatsuki sans aucune blessure.

Atsushi n’avait jamais eu de sensei. On lui disait qu’ils en manquaient et que d’autre en aurait plus besoin que lui. Maintenant, il en voulait un, il en avait assez de prendre du retard pour laisser progresser les autres. Il voulait devenir le plus fort ninja de Konoha pour le protéger! Il ne resterait pas un genin toute sa vie!

Kyûji fut sidéré par la réponse du jeune genin, et resta muet, choqué. La colère qui faisait vibrer la voix d'Atsushi lui inspirait beaucoup d'inquiétude et de peur. Il n'était pas normal qu'un gosse de son âge en vienne à de tels sentiments... Pourtant, il reconnaissait en lui la flamme de la volonté de Konoha, celle du village, celle d'Uzumaki-sama. Le jeune Hyûga hésita longuement, pesa le pour et le contre. Il ne savait quoi lui répondre ! Lui, enseigner son savoir à un aspirant ninja ? Il n'avait instruit qu'Hanako, et encore, elle était de son clan, et ses technique étaient les siennes. Là, l'épreuve serait bien plus difficile. Kyûji se renferma sur lui-même, fronça les sourcils, puis croisa les jambes en se caressant le menton. Il réfléchissait.

Il resta ainsi prostré, silencieux, pendant plusieurs minutes. Ses yeux grands ouverts, d'un blanc caractéristique, lui donnait un air de fantôme assez terrifiant, et nul n'aurait su dire s'il était vivant ou mort, si sa poitrine ne se soulevait pas de manière presque imperceptible au gré de sa respiration. Atsushi, lui, avait continué à serrer les poings jusqu'à ce que sa colère s'apaise et que la tension qui régnait la pièce se dissipe. Puis, patient comme l'aurait été un vieillard, il avait attendu que son aîné daigne lui accorder une réponse. Le chaton réapparut soudain, jusqu'alors blottit sous les vêtements du jeune homme, et s'assit sur son épaule. Quelques instants plus tard, Kyûji se redressait. Un sourire triste sur les lèvres, il n'en possédait pas moins un regard résolu.

– Atsushi, commença-t-il, je suis honoré par le respect que tu éprouves à mon égard, mais je ne pense pas être le maître qu'il te faut. Tu as besoin d'un sensei qui soit présent pour toi, qui puisse évaluer tes progrès, adapter sa méthode à tes compétences. Je ne suis rien de tout cela. Il faut que tu saches, et le ton de sa voix diminua jusqu'à devenir un murmure presque inaudible, et je ne l'ai jusqu'à présent révélé qu'à très peu de personnes au sein de mon entourage car cela doit rester un secret, je fais partie de l'Anbu. Chaque fois qu'une personne l'apprend, ma vie est mise en danger, j'espère que tu comprends l'importance et la gravité de ce que tu viens d'apprendre. C'est pourquoi je ne peux être en permanence à tes côtés pour t'épauler, t'entraîner, ou même partir en mission avec toi. C'est un concours de circonstances qui nous a fait nous connaître, et rien de plus. Notre deuxième rencontre fut fortuite, et nous pouvons remercier le ciel que mes pas m'aient mené jusqu'à toi, sans quoi tu serais mort, Atsushi. Tu as des aptitudes, et de l'ambition. Peut-être trop, hélas.

Il constata avec tristesse que la déception s'était peinte sur le visage du jeune genin. Ses lèvres tremblaient, comme s'il était sur le point de pleurer, de frustration peut-être... Kyûji se sentit coupable de lui refuser son aide, et comme toujours, il ne put le laisser ainsi :

– Jusqu'à présent, tu n'as jamais eu de maître, n'est-ce pas ? Cela se voit à l'arrogance dont tu fais preuve en sélectionnant tes missions, et je suis même surpris que le Hokage te laisse partir seul. Je vois en toi un potentiel immense, alors ne le gâche pas en mourant bêtement avant d'avoir su l'exploiter. Je veux t'aider Atsushi, je le souhaite de tout mon coeur, mais je ne le peux autant que tu le souhaiterais. Néanmoins, je persiste à croire que tu possèdes en toi des facultés extraordinaires, et il me plairait de les voir s'épanouir. De plus, je suis persuadé, tout comme toi, que seules de véritables missions, qui te mettront à l'épreuve, seront capables de révéler ton potentiel. Tu as besoin d'un guide. Tout comme j'en ai eu besoin. Matatabi poussa un petit ronronnement approbateur. Je compte aller voir maître Hokage, et lui demander de t'intégrer à l'Anbu. Non pas pour que tu partes seul en mission de rang A, idiot, le réprimanda-t-il d'une tape sur la tête alors que les yeux du garçon s'illuminaient, mais pour que tu aies l'autorisation de m'accompagner dans certaines de mes missions. Je pense que tu as conscience que tu devras renier ton identité à chaque fois que tu porteras ton masque. Pour l'Anbu, je suis Takeo. Rien de plus. Et rien de moins. Tout ce que tu verras, apprendras de moi, devra rester entre nous. Peut-être que tu comprendras un jour.

Il se leva, mais ne se dirigea pas vers la porte de la chambre. Ils avaient encore des choses à se dire.

– Garde à l'esprit qu'en dehors de ces missions que tu n'es pas sensé remplir officiellement, tu es un genin, et moi, un juunin. Pense à accomplir des missions de ton rang, sans quoi tu sembleras suspect. De même, il n'est pas dans mes cordes de partir en mission avec un genin tant que je n'ai pas une équipe d'aspirants à ma charge. En dehors de l'Anbu, nous serons des connaissances. Au mieux, des amis. Met toi bien ça dans le crâne. Kyûji n'est pas ton partenaire. Takeo le sera peut-être.

Atsushi avait desserré les poings qu’il tenait ainsi depuis plus d’une minute alors qu’il faisait son discours à l’homme qu’il avait rencontré deux fois. La haine. Les hommes de l’Akatsuki, des hommes hors du village, sans raison apparente, s’était joué des pauvres habitants de Konoha et avait profité de la paix pour tenter d’empoisonner le plus grand nombre d’hommes et de femmes, d’enfants possibles. Comment pouvait-on descendre si bas? Comment était-il possible que des hommes, ou même une organisation, en viennent à ça? Était-ce parce qu’il était trop jeune qu’Atsushi ne comprenait plus ce qui se passait? Était-ce son manque d’expérience, sa jeunesse, ou bien peut-être était-ce parce qu’il était encore naïf? Atsushi baissa la tête, retenant ses larmes. Peu des amis de son âge pouvait comprendre ce qu’il comprenait. Il se sentait si vieux pour son âge. Pourquoi n’était-il pas comme les autres gamins de son âge, qui s’amusait sans se soucier de ce qui se passait dehors.

L’homme en face de lui. Kyûji Hyûga. Ce n’était pas n’importe qui. Transpirant la confiance et l’autorité, presque une figure, un modèle qu’avait prit Atsushi. C’était un juunin de Konoha qui était lentement mais surement marqué par l’âge, l’expérience. Deux fois; pas une, mais deux. Deux fois Atsushi l’avait rencontré par hasard. La première fois à l’école alors qu’il donnait des leçons aux jeunes apprentis, la deuxième alors qu’il affrontait un homme de l’Akatsuki. Cet homme, devant lui, lui avait sauvé la vie, ni plus ni moins. Il avait affronté deux hommes extrêmement dangereux dont l’un que, dans son manque d’expérience, Atsushi avait tenté de combattre.

Seul. Atsushi était, dans ce monde ninja, seul. Ses parents, des ninjas retraités, étaient les seuls professeurs qu’il avait. Le manque de ressource, les batailles incessantes partout autour dans le monde tenaient les ninjas de talent occupés. Alors qu’on donnait aux ninjas moins doués des maîtres puis des équipes, Atsushi ne se voyait offrir aucune aide que ce soit. Vu comme un ninja de talent de son époque, peut-être même un génie, il se voyait offrir plusieurs missions de haut niveau. Peut-être était-il agressif afin de les obtenir, mais il y tenait. Car il n’avait pas de maître ni d’équipe, il n’avait aucun moyen de se faire remarquer là-haut, chez les hauts-gradés. Il devait faire bonne impression, il devait sans cesse risquer sa vie afin d’impressionner les hautes instances de ce village, afin de se voir offrir de meilleures missions, des missions où il pourrait sauver des vies, plusieurs vies.

Après avoir demandé à l’homme qu’il avait devant lui de devenir son maître, son sensei, celui-ci resta de marbre. Plusieurs secondes s’échappèrent dans le silence, alors qu’Atsushi attendait une réponse. Les secondes montèrent les une sur les autres puis s’empilèrent pour former une minute, peut-être deux. Atsushi, toujours en colère, retenait ses larmes. Il en avait assez d’être un genin pauvre et minable, seul dans le village, solitaire. Il avait enfin la chance de devenir quelqu’un, de devenir grand, et il n’allait pas la laisser tomber pour rien au monde. Il leva les yeux vers l’homme devant lui qui n’avait toujours pas osé prendre la parole. Il pensait. Il pensait très longuement, il prenait son temps. Quelle allait être sa réponse? Cette réponse; elle parut, dans la tête d’Atsushi, prendre des siècles, des millénaires. Cet homme ne lui répondait pas, se jouait-il de lui? Atsushi baissa la tête, désespéré. Cette réponse ne viendrait jamais, il en était maintenant convaincu. Il allait résigner puis se laisser retomber sur sons lit quand l’homme face à lui prit enfin la parole.

Il était honoré par le respect qu’Atsushi lui vouait. Il ne pensait toutefois pas être le maître qui lui convenait. Atsushi baissa à nouveau les yeux malgré cette réponse puis s’efforça au maximum pour retenir les quelques larmes qui allaient lentement coulée. Il était jeune, peu d’expérience : pourquoi le sort s’acharnait-il sur lui? Kyûji, dans un élan de sincérité, lui avoua ensuite être membre de l’Anbu.

L’Anbu. C’était l’élite du village, les ninjas les plus forts, qui voyageaient partout dans le pays, puis autour du monde. C’était ceux-là même qui protégeaient l’Hokage puis qui faisait les missions les plus dangereux, les plus périlleuses. L’homme devant lui était bien plus qu’un Juunin, il était l’un des hommes les plus fort de ce pays, puis peut-être même du monde. Atsushi se mordit la lèvre. Il avait tout de même refusé la proposition d’Atsushi qu’il devienne son maître. Atsushi faillit rire tellement la situation était ironique. Il était passé si près, si près d’avoir un maître digne de ce nom, qui lui apprendrait tellement sur les techniques, les stratégies ninja. Les lèvres d’Atsushi tremblaient.

Kyûji Hyûga relata l’agressivité avec laquelle Atsushi réquisitionnait ses missions. Ce dernier était au courant, il espérait se faire remarquer ainsi. Comme l’avait dit Kyûji, c’était bel et bien à cause de ça qu’il agissait ainsi. Alors qu’Atsushi pensait tout espoir perdu à jamais dans le néant, Kyûji, Anbu de Konoha, reprit la parole et vanta les talents d’Atsushi. Celui-ci releva la tête, recherchant désespérément une lueur d’espoir dans cette marée de mauvaises nouvelles. Je veux t’aider, dit-il. Je veux te voir t’épanouir. Était-ce un bon signe? Était-ce prometteur? Atsushi ne le savait pas. Il regarda longuement l’homme sans répondre, sans oser dire un mot. Des missions de haut niveau t’aideront à t’épanouir, finit-il. Tu auras besoin d’un guide, continua Kyûji, comme j’en ai eu besoin. Le chat a ses côtés poussa un ronronnement approbateur. Atsushi le fixait toujours, sans dire un mot. Je compte allez voir l’Hokage pour lui demander de t’intégrer à l’Anbu.

Atsushi ouvra grandement ses yeux, perdant quasiment le fil du temps. Intégrer l’Anbu? Il pourrait faire des missions de rang A? Continuer de se faire voir encore plus, avec un rang qui lui permettrait de faire des missions périlleuses? Son regard d’illumina, fixant le néant. Kyûji lui donna une tape sur la tête pour le ramener à lui et prononça des paroles d’Atsushi n’avait pas entendu.

Kyûji dit s’appeler, lors des missions, Takeo. Il continua en disant qu’Atsushi, lors de ces missions, devrait oublier, renier son identité, pour sa sécurité et celle de sa famille. Enfin, c’était ce qu’Atsushi en avait déduit. Kyûji, Anbu de Konoha, se leva mais ne bougea pas.

Le Hyûga lui rappela son rang et lui dit que, dans le cadre de sa pure sécurité, il devait faire des missions de Genin, en dehors de ses missions Anbu. Atsushi acquiesça, n’osant toujours rien répondre.

- En dehors de l'Anbu, nous serons des connaissances. Au mieux, des amis. Met toi bien ça dans le crâne. Kyûji n'est pas ton partenaire. Takeo le sera peut-être.


Atsushi lui sourit sans rien lui répondre. Un sourire fier, sincère, juste. Il sentit rapidement ses forces le quitter, puis sa tête tomba derrière sur son oreiller, alors qu’Atsushi s’endormait à nouveau, le sourire aux lèvres.