Présentation de Saisei Ao

Une masse se dessinait dans la pénombre, adoptant au fil de ses pas, l'anatomie du corps humain... Cette silhouette, encore masquée par les ténèbres, embrassa rapidement les traits d'une femme à l'allure assurée, affichant une taille élancée ainsi que des formes voluptueuses... Son air olympien, rayonnant dans l'obscurité, semblait la guider au travers de ce couloir étroit dans lequel elle évoluait. Son visage, faiblement éclairé par la kiseru qu'elle tenait entre ses lèvres, laissait apercevoir une certaine prestance de la part de la demoiselle. Celle-ci termina finalement sa course face à une porte d'ébène qu'elle ouvrit instinctivement, atterrissant dans un somptueux bureau, chaudement éclairé où le corps de la succube apparut enfin au grand jour...  

Sous son sugegasa, se dévoilait une ample chevelure de couleur aubergine, regorgeant de vitalité et encadrant parfaitement le doux visage de la jeune femme. Sous cette crinière violacée, ses oreilles demeuraient émaillées de magnifiques bijoux en grenat mandarin, d'un éclat semblable à ses deux beaux yeux d'ambres au regard si sévère... Montées sur son fin nez aux courbes bien trop parfaites, les lunettes vermeilles qu'elle portait lui donnaient un air aimable, voir inoffensif, atténuant la vigueur bestiale de ses irrésistibles iris de déesse austère... Son faciès raffiné, se terminait en un menton des plus féminin.

Refermant la porte avec délicatesse, la fille d'Eve souffla de fatigue puis s'étira un grand coup. La muse ne semblait pas prêter attention au lieu qui l'entourait, comme si celui-ci lui était familier... Elle se rapprocha de l'écritoire qui siégeait au centre de la pièce, usant de la même démarche gracieuse et assurée que précédemment, avant de s'y installer. L'étendu de son corps se relâcha sur ce fauteuil à l'aspect si confortable, elle semblait avoir passé une longue et rude journée de travail... La climatisation se mit subitement en route. La peau rose de la donzelle, légèrement dénudé, frissonna tout le long de son magnifique cou décoré d'un collier de perles albâtres. Réveillée par cet air frais, elle se redressa et tira d'un coup sec l'un des tiroirs de l'office où elle s'était établie. Celui-ci roula jusqu'à s'ouvrir complètement, laissant apercevoir les innombrables dossiers qu'il contenait...  

Les fins doigts de fée de la jeune femme se baladait parmi les documents, les caressant un à un. Des noms qu'elle connaissait bien défilaient sous son index : "Arya Kyuso", "Chisame Hôzuki"... Elle s'arrêta soudainement sur l'un des manuscrits qui semblait attirer son attention et l'empoigna : "Nissa Holst". La demoiselle affichait un léger rictus d'excitation, elle semblait impatiente... Saisissant un stylo, elle commença à feuilleter le document avant d'y inscrire quelques mots :  

« Ajout au premier janvier 119 : Les échantillons rapportés au laboratoire ont finis d'être analysés. La présence du gène Kaguya est confirmée, faisant du sujet potentiel une cible d'approche de priorité une. Contacter le clan Hôzuki pour des négociations vis-à-vis du sujet et prévenir la Mizukage du résultat. »

Un puissant sentiment de satisfaction envahissait le corps de la jeune femme au fur et à mesure que l'encre coulait sur le papier encore vierge. Existait-il seulement meilleure récompense que de voir, de ses propres yeux, le résultat de son dur labeur ? Non, impossible ! Voilà ce qui résonnait dans la tête d'une demoiselle qui n'avait survécu dans ce monde déloyal que par travail et acharnement, bravant le destin injuste qui l'avait privé du talent naturel dont certains bénéficiaient grâce à leurs gênes si uniques... Saisei, de par la vie qu'elle avait mené, ne jurait que par l'effort et la rage de vaincre, des valeurs qui lui étaient chères. Eternelle perfectionniste dans l'âme, la donzelle tenait enfin du bout de ses doigts, la preuve tangible que son travail quotidien n'avait pas été vain et que le conseil quant à lui n'avait pas failli en la choisissant comme directrice du laboratoire secret du village.  

La félicité provoquée par cette réussite donnait d'autant plus d'espoir à la kunoichi de voir un jour son rêve se réaliser : contempler de ses yeux vifs un Kiri fort et olympien prônant une paix durable, voir éternelle... Revigorée par cette aspiration optimiste, la muse regroupa d'un geste leste les différentes feuilles concernant la petite Nissa afin de les ranger dans le dossier qui lui était attribué. Scellant le document à l'aide de cire fondue et d'un cachet, la demoiselle termina finalement son manège par apposer un sceau de chakra sur la fermeture du manuscrit, s'assurant ainsi que ces feuilles ne tombent pas entre de mauvaises mains...

Cette tâche demeurait définitivement achevée et Saisei devait à présent se tourner vers de nouvelles affaires, ne cessant d'augmenter jour après jour, qui n'attendaient plus qu'elle pour se conclure. Cette impression d'être finalement utile pour village lui faisait le plus grand bien, une nouvelle page c'était tournée pour la jeune femme, qui motivée comme jamais semblait prête à donner son maximum pour accomplir au mieux le travail qui lui était assigné...

Appuyant avec délicatesse sur l'interrupteur qui siégeait sur l'office, la donzelle s'empara de la chemise contenant la paperasse qu'elle venait de conclure avant de se lever de son siège. Aussitôt, la porte du bureau s'ouvrit et un shinobi portant une blouse de scientifique pénétra la pièce l'air solennel. L'éphèbe, impassible, semblait attendre les directives de la part de Saisei qui ne tarda pas à s'exprimer, tendant le dossier qu'elle tenait :  

— Bonsoir Dorei-kun, veillez remettre ceci à la Mizukage. Aller ! Ne traînez pas.

Le garçon, gardant l'expression placide qui habillait son visage depuis son arrivée, acquiesça d'un hochement de tête avant de récupérer le document. Sans un mot, celui-ci tourna les talons et quitta la pièce dans un silence de mort...

La mission de recherche clôturée avec succès, plus rien ne retenait la demoiselle à son bureau. Satisfaite de sa longue journée de travail, la directrice du laboratoire secret décida finalement de s'accorder une pause bien méritée. D'un geste dégagé, la Ao retira ses lunettes, les rangeant dans l'un de ses nombreux tiroirs avant de quitter son bureau par un passage quelle seule ou presque connaissait. Empruntant un escalier qui menait directement au toit du bâtiment de la Mizukage, Saisei débarqua face à un splendide panorama donnant sur Kiri. Sa kiseru fumante pincée entre les lèvres, la scientifique admirait le ciel rosé par le soleil couchant.  

Balayant des yeux le village de la brume, elle repensa au jour où sa vie avait bien failli s'éteindre. Elle n'était âgée que de sept ans lorsque se déroula ce triste événement. Bien décidée à venir en aide aux réfugiés kumojin qui bondaient les rues de la capitale, la petite avait entrepris de distribuer quelques vivres à ces personnes démunies. Manquant de provisions, le ton haussa rapidement et bien vite, certains sans-abris se mirent a sortir des armes de fortunes avant de s'étriper les uns les autres tels des bêtes affamées. Prise dans cette véritable boucherie, la jeune enfant resta tétanisée. Paralysée par la vision de cette violence inhumaine et le sang qui inondait les rues. Devant elle, des gens tombaient pour quelques quignons de pain... Au milieu de ce cauchemar, la petite fille qu'elle était a l'époque reçut un mauvais coup : une lame plongée entre deux de ses côtes. Dans ses souvenirs, elle pouvait encore voir son frère se démenant corps et âme au travers de la foule pour la rejoindre. Jumbei  l'avait saisi entre ses jeunes bras et forçant le passage a l'aide d'une hachette, avait finalement réussi à sortir sa sœur de cet enfer sans nom. Le Ao la ramena vite au domaine du clan, pressant un linge contre sa plaie sanglante. Bien vite, un médecin de la famille prit l'enfant sous ses soins. Ce jour là, Saisei s'était retrouvée entre la vie et la mort. À son chevet, son jumeau et ses parents furent rassurés d'apprendre qu'elle en sortirait finalement indemne.

Suite a cette mésaventure, Banpei, le père de famille et héritier du clan, se chargea de parfaire l'éducation militaire de ses enfants. Tous les jours, les gamins devaient s'acquitter de leurs leçons avant de passer à l'entrainement physique. Là où Jumbei se montrait naturellement doué, sa sœur, elle, se montrait d'une faiblesse décevante. Lors de leurs combats quotidiens ordonnés par le patriarche, la fillette ne cessait d'être envoyée au sol sous le regard déçu de son père. C'est alors qu'une rage jusqu'alors inconnue était née dans la poitrine de la jeune fille. Une rage envers elle même. Elle s'en voulait d'être si faible, incapable de s'occuper de sa propre personne, elle s'en voulait de n'obtenir aucun résultats lors de ses entraînements et leçons, et, par dessus tout, elle s'en voulait d'avoir mis en danger son frère en le forçant à lui venir en aide. Là où tant d'autres auraient baissés les bras, Saisei fit preuve d'une volonté incroyable et redoubla d'efforts, travaillant jour et nuit dans le dos de son père et de son frère. Même si ses résultats en sensorialité restaient au plus bas, et ce malgré le talent naturel de son clan en la matière, elle acquerra au fil du temps une fine maîtrise du chakra qui lui permit d'effectuer des prouesses dans le domaine médical. Devenant une vraie kunoichi, la Ao ne cessa jamais de s’entraîner. Le manque de sommeil était son quotidien. Un faible prix a payer pour rester au niveau de son frère. Lors de ses douze ans, son père lui transmis un ordre venu du gouvernement.  

Elle reçut ainsi sa nouvelle affectation à l'hôpital du village. Pendant deux ans, elle s'occupa des patients sous la tutelle d'un ninja médecin confirmé. La vue du sang et de la mort lui devint vite naturel, servant de carburant à sa connaissance. Elle emmagasinait les informations à grande vitesse et, grâce aux nombreuses victimes de la Brume Sanglante, obtint bien vite des qualités suffisantes pour avoir à son tour des apprentis sous ses ordres. L'ANBU ne tarda pas à remarquer les prouesses de l'adolescente. Si elle n'était pas un prodige comme son frère, elle compensait cela par une motivation sans faille, et une détermination qui lui donnait chaque jour plus de valeur. Saisei intégra donc une équipe d'élite, participant a quelques missions d'assassinat et escarmouches. En dehors de ses missions, elle continuait ses entraînements de manière intensive. L'art des sceaux ne fut bientôt plus un secret pour elle. Ses missions lui firent réaliser a quel point la vie pouvait être éphémère et c'est à ses dix-sept ans qu'elle quitta les forces spéciale. La jeune femme n'avait pas peur de mourir pour son village, mais morte, elle ne lui serait alors plus d'aucune utilité. N'étant pas des plus efficaces en combat, elle préféra rester en retrait, s'intéressant aux sciences et aux meilleurs moyens de soutenir les équipes sur le terrain. Même si officiellement la Ao justifiait ainsi son départ, cette action était aussi motivée par l'utopie d'un vie éternelle. S'inspirant des travaux des plus grands, elle effectua ses premières recherches dans les laboratoires de l'hôpital kirijin.  

Lorsqu'elle atteignit sa vingt-troisième année, un groupe de mercenaire prit le pouvoir à Kiri. Un système fonctionnel se mit en place mais, au fil de l'année, une succession de disparitions de plusieurs cadres du groupe au pouvoir survenue, dessinant un unique survivant : Aizen Samidare, qui devint ainsi l'Hachidaime Mizukage. Celui qui aimait se faire appeler "L'empereur de Mizu", fit une fois arrivé au pouvoir preuve de sa misogynie d'exception en destituant les kunoichi de leurs rangs de ninjas. Déchue au simple rang d'infirmière aux yeux de la loi, Saisei n'était pas décidée à mettre de côté son travail et ses recherches sous les ordres d'un gamin si imbu de lui même. Elle continua donc ses actions dans le dos du nouveau gouvernement. Lorsqu'un jour, aux côtés de son frère, elle se vit expliquer par son père l'existence d'un mouvement de résistance. La Révolution Bleue était déjà en marche. Rejoignant les dissidents, elle participa au mouvement  pour changer les choses. S'efforçant de ramener d'autres personnes à leur cause. Les clans Ao, Terumi, Hozuki, Mioka, et de samurais venus de contrées lointaines, surent faire la différence et, profitant de la disparition du despote, s'emparèrent du pouvoir. Un nouveau gouvernement basé sur la liberté et l'égalité fut rapidement mis en place, accordant à la jeune femme un retour à ses occupations. Le Conseil des Clans conscient des capacités de la demoiselle hésita un temps a lui accorder la place de Mizukage avant de porter leur choix vers une autre prodige, l'actuelle Kyûdaime. La place de directrice d'un établissement scientifique secret lui fut cependant accordé au regard de ses états de service et de ses talents. Sa détermination avait finalement payé...