J'ai vécu...
PrologueLe clan Fumetsu était petit, certes, mais prospère. Dans tout Kumo et même au-delà, les membres étaient réputés pour leur maîtrise exceptionnelle de l'Iroujoutsu, faisant d'eux de grands ninjas médecins. Leurs connaissances des poisons et de leurs antidotes étaient particulièrement sollicitées par les villages, puisqu'ils gardaient jalousement leurs remèdes. Lors de la grande guerre ninja, des membres se révélèrent de fins stratèges et des attaquants hors pair, innovant par leurs puissantes techniques d'attaque. Ces techniques finirent par se perpétrer dans le clan, au désespoir de certain. En effet, plusieurs voulaient perpétuer les traditions en améliorant leurs techniques ancestrales d'Iroujustsu. Pour eux, il était aberrant que ce savoir-faire traditionnel se perdre au profit de techniques d'un nouveau genre. Ce débat était tel qu'il finit par diviser tout le clan en deux, certains voulant suivre la voie traditionnelle et d'autres voulant révolutionner les techniques. Aucun consensus ne fut malheureusement possible et le clan se sépara. La branche voulant rester dans la tradition partit vers le sud, laissant les terres de Kumo derrière elle. Un ancien membre du clan avait élu domicile sur un grand lopin de terre près de la frontière entre le pays de la foudre et le pays du givre, en plein cœur des montagnes. C'est là que les membres se rendirent pour former une nouvelle branche du clan Fumetsu.
Chapitre 1Amane se promenait entre les étalages de toute sorte. Fruits, légumes, viandes séchées, poteries, gadgets et objets inutiles, rien ne manquait. Arborant l'emblème du pays du givre dans ses longs cheveux roux, elle observait les passants afin d'imiter leur façon d'agir. Ayant passé toute sa vie sur la terre du clan Fumetsu près du pays du givre, elle n'avait aucune idée du comportement à adopter. Toutefois, elle en venue à la conclusion que les habitants du village où elle se trouvait étaient très expressifs, et surtout très tactiles. Ils se prenaient dans leurs bras, se touchaient les épaules et le visage entre eux. Elle réprima une moue de dégout.
*Mais quel manque d'hygiène* pensa-t-elle à l'idée des maladies qui pouvaient se transmettre d'un individu à l'autre de cette façon.
Même pour une mission de reconnaissance en territoire ennemi, jamais elle ne pourrait se comporter de la sorte. Repérant l'enseigne de l'établissement où se trouvait sa cible selon son informateur, elle bifurqua au travers de la masse de gens et de poussière qui se promenaient entre les marchandises. La jeune femme souleva l'enseigne en tissus qui couvrait partiellement l'entrée du petit ramen-ya. Quelques tables dépareillées s'entassaient sur un sol terne et sale. Un bar était aménagé dans un coin, de façon à ce que les clients puissent admirer les cuisiniers à l'ouvrage. Jetant un œil subtil aux clients, elle aperçut deux hommes en veste de juunin assis à une table qui riaient aux éclats, verre à la main. Exaspérée par tant de frivolité, elle s'assit néanmoins sur les chaises inconfortables du petit bar de façon à bien entendre leur conversation. Ils discutaient tellement fort qu'ils l'importunaient plus que d'autre chose, mais elle ne voulait pas prendre de risque. Un homme derrière le comptoir s'adressa à elle.
-Qu'est-ce que j'vous sers, ma p'tite dame?Elle allait commander quelque chose à manger lorsqu'elle aperçut l'état de salubrité déplorable des lieux.
-Un thé, s'il vous plait, dis-t-elle en s'efforçant de sourire.
L'homme lui fit un clin d'œil en lui tendant une tasse fumante et Amane le remercia d'un hochement de tête. Elle prit une gorgée et faillit le recracher tellement il était fort.
-Ignoble, n'est-ce pas? Lui lança l'homme à sa gauche.
La jeune femme se tourna vers son interlocuteur. Penché au-dessus d'une tasse de thé, ses cheveux noirs comme l'ébène cachaient en partie son visage.
-En effet, dit-elle après avoir avalé péniblement sa gorgée.
-Vous ne venez certainement pas du pays du givre. Le thé est toujours trop fort ici.Tranquillement, il délaissa sa tasse pour lever les yeux vers elle. Des yeux gris perçant qui lui donnèrent froid dans le dos. Ses traits coupés au couteau lui donnaient un air dur et menaçant.
-J'ai été élevée dans un orphelinat près de la frontière du pays de la foudre, mentit-elle.
Le rire d'un des hommes à la table derrière eux résonna dans la petite échoppe et la jeune femme ne put s'empêcher de leur jeter un regard irrité par-dessus son épaule.
-C'était plus civilisé qu'ici, j'imagine. Toute cette nonchalance, cette naïveté, ce trop-plein de joie de vivre, c'est agaçant, soupira l'inconnu en prenant une gorgée de son breuvage.
Amane ne pouvait être plus en accord. Dans le clan, chacun avait son rang, son rôle, et ceux qui en sortaient étaient sévèrement punis. Les jeux ou les beuveries n'avaient pas leurs places dans le contexte de rigueur et de discipline qu'exigeait l'apprentissage des techniques du clan.
-En effet, très agaçant, se contenta-t-elle de répondre.
-Yokushi Gakumon, dit-il en inclinant la tête, un léger sourire aux lèvres, satisfait d'avoir trouvé un être qui le comprenait dans cette ville.
-Amane Fumetsu, répondit-elle sans réfléchir.
Chapitre 2Le soleil brillait de milles-feux dans le ciel et le vent caressait doucement les feuilles des arbres dans un murmure. Çà et là, des feuilles mortes tourbillonnaient dans les rues désertes de Kumo, entraînées dans une danse sans fin ni spectateurs. Sur le balcon de son petit appartement, Amane observait les alentours en soupirant. Dans son immeuble, presque tous les locataires étaient déjà partis et plusieurs commerçants du cartier avaient fermés boutiques. La vie était bien plus facile à son arrivée, six années auparavant. Une petite main agrippa son pantalon, la sortant de ses réflexions.
-On y va? Demanda la fillette.
Le timbre cristallin de sa voix résonna contre les parois bétonnées de l'immeuble. Amane esquissa un sourire en acquiesçant d'un signe de tête et elles partirent ensemble vers la forêt. Pendant le trajet, la jeune femme ne pouvait s'empêcher de regarder cette petite fille. Sa petite fille. Des cheveux rouges comme le crépuscule et des yeux gris comme ceux de son père. Grande et élancée avec un petit visage pointu, retenu de sa mère. Jamais la jeune femme n'aurait pensé aimer autant un autre être humain un jour. Arrivées à leur lieu de prédilection, elles sortirent leur matériel : des kunaïs. Beaucoup de kunaïs. À leur vue, la fillette sourit de toutes ses dents, car elle savait qu'aujourd'hui serait un grand jour.
-Commence par t'échauffer, Shizuka.La petite fille prit les armes et se positionna devant sa cible : un tronc d'arbre mort où on avait dessiné des cercles concentriques à la peinture rouge, arborant plusieurs cicatrices laissées par les entraînements quotidiens de Shizuka. Cette dernière lança un premier projectile, puis un autre, et encore un autre. Tous atteignirent leur cible. Du haut de ses cinq ans, elle était fière d'être aussi précise dans ses lancés. Se tournant vers sa mère, Shizuka semblait demander une permission des yeux. Amane lui fit un signe de tête et, sautillante de joie, l'enfant ramassa ses kunaïs avant de partir entre les arbres, suivie de près par sa mère. À l'affut du moindre son, du moindre mouvement, elle traquait sa nouvelle cible. Sa première vraie cible. Un petit oiseau dont sa mère avait mis une bague rouge à la patte droite. Depuis des mois, elle le traquait afin d'apprendre à le reconnaître, d'apprendre ses habitudes et ses endroits de prédilection. Plusieurs minutes s'écoulèrent, quand un sifflement retentit : c'était lui, elle en était certaine. Se déplaçant vers sa cible le plus discrètement possible, elle sortit un projectile de sa ceinture, puis le lança vigoureusement entre les branches. L'oiseau apparu au travers du feuillage épais de l'arbre dans lequel il se trouvait, puis tomba durement au sol. Shizuka souriait de toutes ses dents, heureuse que ses entraînements rigoureux avaient portés fruit. Sa mère et elle s'approchèrent du volatile pour s'apercevoir que le kunaï l'avait littéralement scindé en deux. Ses entrailles étaient réparties sur le sol, le sang avait giclé sur plusieurs mètres, tachant l'herbe verte d'une couleur écarlate. Amane se pencha au-dessus de la carcasse et se mit à pointer du doigt des éléments.
- Ici, les intestins, qui permettent de transformer la nourriture que l'on mange en éléments plus simples qu'on appelle nutriments. Ici, les poumons, qui inspirent de l'oxygène et expirent du gaz carbonique. Ici, c'est le cœur. C'est lui qui pompe le sang dans tout le corps pour amener l'oxygène et les nutriments. On voit que le sang s'étend par là, ce qui concorde avec ton angle de tir, puisque tu as lancé ton kunaï là-bas. Ici, le cerveau, qui coordonne les mouvements et bien d'autres choses. Ici, on peut voir la boîte crânienne…Shizuka n'en croyait pas ses yeux. Toutes ses merveilles se trouvaient à l'intérieur d'un si petit corps? Et toutes ces choses servaient à le maintenir en vie? Et maintenant qu'il était mort, elle avait accès à une mine de connaissances. Et la connaissance, c'est le pouvoir : sa mère lui avait toujours dit. Amane passa plusieurs minutes au-dessus du corps, à expliquer les principes de fonctionnement des divers organes afin d'assouvir la curiosité de sa fille. Toutefois, le soleil commençait déjà à se coucher et elles durent rentrer, car il était dangereux de sortir la nuit par les temps qui courent. Rendues à l'appartement, un homme les attendait. Il se leva et marcha tranquillement vers la jeune femme avant de la gifler violemment.
-Il est dangereux de sortir le soir.Aucune colère. Aucune tristesse. Même pas d'inquiétude ou de peur, juste un fait. À Kumo, des disparitions avaient lieux au crépuscule ou à la nuit tombée et Amane avait amené sa progéniture à l'extérieur dans ses heures là de la journée, mettant en danger son matériel génétique. La jeune femme encaissa sans broncher. Elle avait vécu bien pire lorsqu'elle avait déshonoré sa famille en échouant sa première mission d'infiltration avant de quitter les terres du clan. Habituée à ce genre de scènes, la fillette s'assit à une table avec des feuilles et des crayons de couleurs pour dessiner. Sa mère, faisant fit de la gifle, se dirigea vers la cuisine et se mit à préparer le repas du soir.
-Elle a eu sa cible, aujourd'hui. Cria Amane du fond de la cuisine.
Elle l'a coupé en deux! J'en ai profité pour lui faire une leçon d'anatomie…Aucune réponse de la part de Yokushi, mais il daigna lever les yeux lorsque sa fille brandit son dessin inachevé vers lui.
-C'est vrai! C'est vrai! Regarde, je note tout ce que maman m'a montré, pour pas l'oublier. Ici, c'est le cerveau, là les zintestins, là c'est le…-Bien, bien, répondis distraitement son père en ouvrant un journal.
Déçue, la fillette retourna à son dessin. Un jour, il serait fier d'elle. Elle deviendrait le meilleur ninja médecin que le monde shinobi ait connu et il n'aurait d'autre choix que d'être fier d'elle. Des larmes commençaient à lui chatouiller les yeux.
*Ne pas pleurer, ne pas pleurer…*Trop tard, des larmes coulaient déjà sur ses joues. Faisant comme si de rien était, Shizuka tourna la tête en direction opposée de son père dans le but de se cacher, en vain. Il l'avait déjà vu. Yokushi se leva et enleva sa ceinture avant de s'avancer vers sa fille.
-Tu sais ce qu'il arrive quand on pleure. Montrer ces émotions, c'est montrer ses faiblesses. Et personne ne doit connaître tes faiblesses.La fillette l'implorait des yeux, lui criant intérieurement de ne pas faire ça, mais elle n'avait pas assez de courage du haut de ses cinq ans pour tenir tête à son père. L'homme leva le bras, faisant toucher la ceinture au plafond, et l'abattit violemment sur l'enfant. Par réflexe, elle déplaça ses mains afin de se protéger et reçu le coût de plein fouet sur son bras gauche. Un grand crack se fit entendre dans l'appartement. Elle se mit alors à pleurer de plus belle.
Chapitre 3Shizuka marchait entre les arbres, son panier à la main. Sa mère lui avait demandé, comme tous les matins, de cueillir des plantes précises pour perfectionner son apprentissage. Maintenant qu'elle connaissait le nom et les propriétés de chaque plante aux abords de Konoha, elle devait s'aventurer de plus en plus loin. Ayant enfin trouvé ce qu'elle cherchait, la jeune fille coupa les feuilles de diverses plantes avant de les attacher dans un bouquet bien serré, pour éviter qu'elles ne s'envolent. Satisfaite, Shizuka tourna les talons et se dépêcha de revenir vers le village et après plusieurs minutes de marche, elle atteignit l'orée de la forêt. Se secouant légèrement pour enlever les feuilles et la terre de ses vêtements, elle jeta un coup d'œil aux gardes devant les portes du village. Encore une fois, ils la dévisageaient.
-Qui est-ce? Chuchota l'un des deux hommes.
-C'est vrai, tu es nouveau à la porte centrale. C'est Shizuka Gakumon. Sa mère et elle sont arrivées il y a environ trois ans au village. Depuis, c'est le même rituel à tous les matins : la fille va chercher des herbes et la mère l'attend pour faire des sortes de potions.-Et le père?-On ne sait pas qui c'est. Il y a une rumeur qui dit qu'il a violenté la fillette et que la mère l'aurait empoisonné!Le nouveau eu un regard inquiet en regardant passer la fille aux cheveux rouges, son panier rempli de plantes (vénéneuses, sans doute). Pourtant, Shizuka passa entre les gardes sans sourcillé ; elle était habituée aux commentaires de la sorte. Au lieu de passer par la rue principale, elle bifurqua dans les ruelles pour éviter de croiser les autres jeunes du quartier. Ils essayaient toujours de l'intercepter et de lui voler sa marchandise, mais elle était bien trop rusée. Elle n'empruntait jamais la même route, passait parfois par l'arrière-boutique des commerçants ou encore empruntait des escaliers de secours. Après avoir fait un long détour, Shizuka aperçu enfin sa maison. Un peu isolée du reste du quartier, le terrain semblait avoir été laissé à l'abandon. Des plantes grimpaient sur la façade et des arbres s'entremêlaient devant les fenêtres, cachées en partie par les herbes hautes. Shizuka connaissait chacune d'elle. Elles étaient ce qui se rapproche le plus d'un ami pour la jeune fille, ayant appris à les connaitre par leur nom, à savoir comment les cultiver, combler leurs caprices et les utilisés dans toutes sortes de recettes.
*J'imagine qu'on n'utilise pas ses amis dans une recette, d'habitude.* Pensa-t-elle, un petit sourire sur les lèvres.
Shizuka se sentit soulagée en poussant la porte de la petite maison, sachant que les autres villageois n'osaient venir ici de peur d'attraper une malédiction et/ou de mourir dans d'atroces souffrances. Les petits voyous du quartier ne l'ont pas encore eu! Elle ne put s'empêcher de sourire à cette pensée.
-À quoi penses-tu, pour sourire comme ça? Lui lança sa mère, l'air taquin.
Amane était déjà en train de mélanger une étrange mixture de couleur bleue nuit en train de mijoter. L'odeur qui s'en dégageait était étrangement agréable, un subtil parfum de terreau, d'herbe fraichement coupé et de fleurs de cerisier.
-Rien, rien, répondit sa fille en déposant le panier sur la table.
-HA! Les feuilles de prunelles de lune, ce qu'il me manquait.Sa mère se jeta sur les feuilles qu'elle avait ramassées comme un enfant sur ses cadeaux le jour de Noël. Arrachant quelques feuilles pour les écraser entre un mortier et un pilon, Amane lui demanda, l'air inquiète :
-Tu n'est pas sortie de la zone de sécurité pour aller les chercher, n'est-ce pas?-Maman! J'ai 15 ans maintenant! Je serai bientôt un juunin! J'ai vu presque tout le pays de feu, je suis capable de synthétiser des poisons avec les plantes, je suis capable de me débrouiller! Répondit sa fille, agacée.
-Tout le monde peut mélanger deux ou trois plantes, mais le savoir du clan est bien plus grand que cela. Tu dois perpétuer la mission du clan. Rétorqua Amane.
-Et c'est quoi d'abord, cette mission dont tu parles tout le temps? Vas-tu enfin me le dire?!La jeune fille était de plus en plus expressive et criait presque. Ha! L'adolescence et ses bouleversements hormonaux…
-Oui, je vais te le dire.Sous le choc que sa mère réponde enfin à sa requête, Shizuka se calma instantanément et s'assit à la table comme elle le faisait toujours lorsque sa mère lui prodiguait une leçon. Satisfaite de son effet, sa mère déposa la poudre de feuilles qu'elle écrasait depuis un moment déjà dans la marmite bouillonnante et la retira du feu.
-L'Iroujutsu, ou ninjutsu médical, est l'utilisation du chakra à l'échelle physiologique pour influencer les cellules. C'est la définition simple de n'importe quel dictionnaire. Ce que les gens ignorent, c'est que les cellules réagissent plus précisément aux molécules signalisatrices du chakra. On peut donc leur envoyer des signaux de régénérescence ou de mort avec plus ou moins de force et avec plus ou moins de précision. Donc, avec le chakra, on influence les réactions biochimiques du corps.Prenant une pause, Amane fit plusieurs signes avec ses mains avant de prendre un long couteau au manche recourbé et de s'entailler profondément la paume. Pendant que son sang coulait goutte à goutte dans la préparation devant elle, la femme aux cheveux roux poursuivit :
-On peut alors faire produire aux cellules de nouvelles molécules, retrouvées nul par ailleurs dans la nature. Des poisons foudroyants ou à action lente, indétectables. Et des antidotes inconnus de tous.Le sang tourbillonnait dans la marmite sous les yeux émerveillés de Shizuka qui buvait les paroles de sa mère. Tranquillement, la solution vira au vert, puis au jaune, pour finalement devenir transparente. Sa mère l'invita à goûter à la préparation, sachant qu'ayant hérité des talents du clan Fumetsu, elle était immunisée à tout poison. Ses yeux gris examinèrent le liquide avec incertitude un moment avant que sa fille n'ose en prendre une gorgée.
-C'est impossible… S'étonna-t-elle.
-Aucune odeur, aucune saveur, indétectable. Tu vois, la mission du clan est de créer le meilleur poison et, en contrepartie, le meilleur antidote.Shizuka se mit à sourire de toutes ses dents, excitée par un tel défi.
Chapitre 4Seule dans la grande bibliothèque à cette heure, Shizuka était absorbée par le livre de chimie devant elle. Elle venait si souvent ici, le décor ne l'émoustillait même plus. Le toit cathédrale et ses nombreuses colonnes, les étagères sculptées… mais surtout la montagne de connaissance qui y était déposée. Elle ne s'égarait plus entre les rayons à la recherche de la perle rare perdue dans la jungle administrative, trésor oublié à l'angle de deux planches de bois. Maintenant, elle ne fait qu'entrer, chercher un livre dans l'index, le prendre et s'asseoir à sa table habituelle pour s'y plonger. Comme elle l'avait fait quatre heures plus tôt avec ce livre de chimie. Un crayon à la main et un calepin près d'elle, la jeune femme notait tout ce qu'elle trouvait pertinent de retenir ou de tester plus tard. Des pas résonnèrent derrière elle et, croyant qu'il s'agissait de la bibliothécaire venue lui dire qu'il était l'heure de fermer, lança :
-Encore deux minutes, s'il vous plait. J'ai presque finit ce chapitre sur les éthers.Comme réponse, la chaise à sa droite se déplaça dans un crissement agressant, amplifié par l'écho de cette immense pièce vide, et une personne s'y assit. Shizuka leva alors les yeux pour apercevoir Mitsuki, le regard plein de tendresse et une pointe de pitié, ce qui agaça son disciple.
-Comment ça va ? Dit doucement la femme.
-Ça va, répondit sèchement Shizuka sans arrêter de prendre des notes.
Mitsuki eu un léger soupir. Elle savait que sa protégée voulait hurler, pleurer, lancer ce qui lui tombe sous la main. Mais elle n'avait jamais voulu s'ouvrir aux autres pour parler de sa peine, et encore moins la montrer.
-Tu peux m'en parler, si tu veux. Tu le sais?Exaspérée, la jeune femme ferma son livre et se leva d'un bond.
-Mon père nous a retrouvé, il a essayé de me kidnapper et ils sont morts tous les deux. Point. il n'y a rien d'autre à dire là-dessus.Elle avait tourné les talons et s'apprêtait à partir, mais sa professeure lui mis une main sur l'épaule.
-Tu es juunin depuis quelques temps maintenant. Tu peux choisir une spécialisation. Voudrais-tu que j'intervienne en ta faveur pour que tu sois ninja médecin?Shizuka baissa la tête, indécise. Elle avait beaucoup de talent en Iroujutsu, mais travailler dans un hôpital lui ferait perdre beaucoup trop de temps sur ses recherches. Pourtant, il lui faudrait encore un peu d'entrainement avant que sa maîtrise du chakra soit optimale.
-Il y a une autre option, si tu préfères, dit Mitsuki, comprenant son hésitation. Tu peux aussi prendre une spécialisation scientifique et continuer tes expériences. Bien sûr, il faudra aussi que tu travailles sur des projets dictés par le Hokage, mais…Shizuka se tourna tranquillement pour la remercier du regard, faisant sourire la femme devant elle. D'un hochement de tête, elles scellèrent leur accord et se dirent au revoir. Après avoir déposé le livre qu'elle avait pris dans une boite marquée « retour », la jeune femme aux cheveux rouges sortit de l'établissement. L'air frais de la nuit la revigorait et la nouvelle perspective de continuer ses recherches l'enchantait. Sa mère lui avait appris plusieurs techniques de fabrication de composés, il ne lui restait plus qu'à améliorer la précision de son chakra pour en synthétiser de plus en plus complexes. Avec un peu de temps, elle pourrait continuer la mission de sa mère et même la surpasser. Cette idée l'amusa au plus haut point, tellement qu'elle se surprit à rire légèrement. Un nouveau chapitre était sur le point de commencer.