Les éclats de la nuit

Rang B

Les éclats de la nuit
Printemps 114

Shizuka soupira de découragement, créant une gerbe de vapeur d’eau. Malgré que la neige était déjà fondue, les nuits restaient encore fraiches et humides. Le soleil commençait à poindre derrière les arbres de la forêt, chassant l’obscurité et cet air chargé de particules d’eau. Utilisant sa main gauche pour se frotter les yeux encore ensommeillés, la jeune fille se redressa et pris un kunaï de son autre main.

- Mais maman! Ça fait trois jours qu’on se lève à l’aube. J’ai 14 ans et ma croissance nécessite une bonne et longue nuit de sommeil!

- Nous ne serions pas ici si tu avais de meilleures notes à l’académie. Répondit sa mère se mettant les poings sur les hanches. Range ce kunaï, tu es bien assez forte au tir et tu le sais.

- Mais c’est ce que je préfère… Maugréa sa fille.

- Nous allons maintenant pratiquer ton taïjutsu. Dit-elle en se mettant en garde, faisant fît du commentaire.

Shizuka bascula la tête vers l’arrière en gémissant, mais sa mère ne broncha pas. Elle rangea donc le kunaï dans l’étui qu’elle portait à la jambe droite et se mis en garde à son tour. La cour arrière de leur petite maison n’était pas très grande, elles n’auraient donc pas l’occasion de faire plusieurs déplacements. D’autant plus que les plantes occupaient plus de la moitié du terrain et certaines étaient venimeuses au contact. À l’arrière, près de la clôture en bois, un banc et une petite fontaine étaient installés sous un grand arbre dont les branches pendantes créaient un rideau de verdure. La femme se déplaça doucement vers la droite, utilisant cette particularité du paysagement pour se camoufler. Sa fille n’eût d’autre choix que de la suivre et alors qu’elle soulevait le feuillage, la jeune fille reçu un coup de poing directement sur la mâchoire, la faisant basculer vers sur le côté. Elle atterrit dans l’herbe humide, mouillant ses vêtements d’eau glacée. Shizuka resta au sol quelques secondes, le temps de reprendre ses esprits, puis se releva. Sa mère la regardait les bras croisés, l’air moqueur.

- Toujours faire attention lorsque ton ennemi n’est pas dans ton champ de vision. Tu aurais pu envoyer un clone pour me forcer à révéler ma position. Ne jamais foncer tête baissée.

Se frottant la mâchoire qui avait déjà commencer à enfler, la jeune fille ne paraissait aucunement outrée que sa mère l’ait frappée de la sorte. Lors de ses entraînements, il était fréquent que sa mère lui inflige des blessures mineures. De toute façon, ce n’était rien comparé à ce que son père lui avait fait subir…

- Soigne cette blessure, continua la femme. Ensuite tu me feras 100 coups de poings et 100 coups de pieds. Viens me voir quand tu auras fini, je t’enseignerai autre chose.

Shizuka regarda sa mère s’éloigner et rentrer dans la maisonnette pendant qu’elle concentrait du chakra dans sa paume pour se soigner. À contre cœur, elle se plaça derrière le grand arbre qui avait aider sa mère à remporter le combat. De ce côté, l’écorce était abîmée, fragilisée par les entraînements forcés de la jeune fille. Se mettant en garde, elle commença sa série de coups de poings.

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Shizuka poussa péniblement la porte de la cuisine. Ses longs cheveux rouges étaient plaqués sur son front pâle et sa respiration haletante. Elle se traîna jusqu’à la table et s’affala sur une des chaises, observant sa mère. La jeune femme était debout devant elle, mélangeant une préparation terreuse dans un bol en inox qu’elle tenait dans ses mains. Par la fenêtre derrière elle, on voyait que la journée était maintenant bien entamée, le soleil radieux ayant réchauffé l’atmosphère. Levant les yeux vers elle, Shizuka lui demanda du regard ce qu’elle voulait lui enseigner de plus.

- Ha oui! Alors : tu n’es pas très bonne au taïjutsu.

*Sans blague* Se dit ironiquement sa fille en levant les yeux au ciel.

- Et en combat, si tu n’as plus de kunaïs – ce qui arrive assez rapidement – tu ne peux plus projeter tes poisons vers l’ennemi. Donc tu dois trouver une façon d’inoculer tes poisons. C’est ce que tu feras du reste de ta journée. Ne possédant pas le suiton, je ne pourrais donc pas t’aider là-dessus. Vas prendre une douche et ensuite, réfléchit-y!

La jeune fille la questionna du regard. C’était tout? Au fond, elle ne lui avait rien enseigner, elle lui demander de s’enseigner à elle-même… Voyant que sa mère retournait à ses préparations, Shizuka soupira et monta à l’étage prendre une douche rapide. Dans sa chemise et son pantalon propre, elle se sentait d’attaque à trouver LA technique qui lui permettrait d’utiliser ses talents. Elle descendit de nouveau à la cuisine, pris quelques nikuman qu’elle engouffra en deux bouchées et parti vers le village. Elle se dirigea d’abords vers la bibliothèque. C’était son premier réflex, puisque cet endroit était son sanctuaire, son refuge. Se disant qu’en parcourant quelques livres, elle pourrait se donner des idées.

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Shizuka repoussa l’épais livre devant elle en le glissant sur la table de bois massif. Levant les yeux au ciel, elle se mit à admirer les voûtes sculptées de ce lieu de savoir où la connaissance s’entassait sur des étagères de bois. Des feuilles, des flammes et des emblèmes de Konoha étaient gravés çà et là sur les voûtes, les moulures et les colonnes, rendant la pièce immense majestueuse. Au travers des fenêtres ornée de vitraux colorés, le soleil étalait sa lumière orangée entre les tables.

*La nuit tombe déjà?* S'étonna-t-elle.

Depuis tout le temps qu’elle était là, rien ne lui venait à l’esprit. Il faut dire que l’imagination, ce n’était pas son fort, mais tout de même! Rien n’a pu lui donner la moindre inspiration, le moindre indice. Refermant l’épais ouvrage, la jeune fille soupira de découragement avant de se lever et d’aller le porter à l’endroit approprié. Elle sortit ensuite de la bibliothèque en trainant les pieds et descendis les marches sans entrain. Dans le ciel, le coucher de soleil donnait des couleurs chaudes aux nuages, leur donnant des aspects de moutons roses dans un près orangé. Au loin, la ville diminuait tranquillement ses activités, mais Shizuka remarqua que les lumières du terrain d’entraînement étaient toujours ouvertes. Intriguée, elle se dirigea vers ce lieu avec lequel elle avait une relation amour-haine. En effet, elle détestait s’entraîner. Particulièrement à l’académie, puisque tous les autres se moquaient d’elle. Elle arrivait toujours dernière aux épreuves physiques, que ce soit de course, de saut, de nage, de force.

*Je suis plus une intellectuelle. Ce sont tous des ignares bornés et envieux!* Se dit-elle pour se réconforter alors qu’elle poussait la porte grillagée du terrain.

La jeune fille regarda autour d’elle. Malgré les lumières toujours ouvertes, il n’y avait pas âme qui vive. Probablement quelqu’un qui avait oublier de les fermer, ou encore qui avait accroché le bouton. Quoi qu’il en soit, elle décida de s’entrainer un peu, espoir que cela lui donne des idées. Instinctivement, elle se dirigea vers la cible de tir. De toutes les épreuves, c’était ça préférée, en grande partie parce qu’elle arrivait toujours en troisième ou quatrième place dans le classement. Sortant un kunai, elle s’apprêta à le lancer lorsqu’elle arrêta son geste et observa l’arme de plus près. Légère, compacte, tranchante, l’arme parfaite pour le combat à distance. Et comme elle n’était pas douée en taïjutsu, Shizuka appréciait particulièrement le kunaï. En plus, elle pouvait y mettre son sang pour projeter ses poisons.

*C’est ça! Je vais créer un kunai à partir d’eau avec mon chackra!* Se réjouit-elle.

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Sous les pâles rayons de la lune et des étoiles timides dans le ciel, la jeune femme se mis au travail, heureuse que le terrain soit équipé de lumières supplémentaires. Elle commença par concentrer l’eau présente dans l’air grâce à son chakra, créant une flaque informe dans la paume de sa main. C’était la partie facile. Il lui fallait maintenant la modeler afin de former un projectile. Encore et encore, elle essayait de donner une forme de kunaï à la masse d’eau. Certains étaient trop petits pour faire des dégats, d’autres trop gros et sans forme précise, d’autres se désintégraient lors du lancé. Frustrée, Shizuka fît une tentative qu’elle compressa de toute ses forces avant de lancer. Le kunaï d’eau, trop gros, se désintégra en plein vol en une plaque miroir sur le sable.

*Je dois y arriver avant de retourner voir maman! Je dois être capable!* Se dit-elle afin de ne pas se laisser gagner par le découragement.

Reflétant les éclats du ciel étoilé, l’eau qui perlait sur le sol étirait les rayons de lune en minces faisceau. Fronçant les sourcils, la jeune femme s’approcha.

*On dirait… On dirait des aiguilles…*

Minces, légères, compactes, faciles à lancer, difficiles à voir pour l’ennemi, des aiguilles seraient une solution plausible aux kunaïs trop gros. De toute façon, le but n’était pas de faire des dégâts importants, mais d’avoir un pouvoir de pénétration assez puissant pour inoculer n’importe quel poison. Incertaine de son idée, Shizuka frotta ses mains ensembles pour les réchauffer dans le froid de la nuit. Concentrant son chakra entre ses paumes, elle compacta l’eau de l’air le plus qu’elle pouvait avant de lancer le projectile vers la cible devant elle. Bien qu’il atteignît cette dernière, il se désintégra au contact.

*Il faut que ce soit encore plus mince.* Raisonna-t-elle.

Cette fois, au lieu de visualiser concrètement une aiguille, elle s’imagina plutôt un mince fil d’eau tranchant. Compressant une nouvelle fois l’eau au maximum à l’aide de son chakra, elle focussa sur son image mentale même lorsqu’elle lança le mince filet d’eau. Les yeux fermés pour mieux se concentrer, elle entendit un faible bruissement. Ouvrant doucement les yeux, excitée et inquiète à la fois de savoir si elle avait réussi, elle s’approcha de la cible. Au départ, il ne semblait rien y avoir. Pourtant, plissant les yeux et se rapprochant d’avantage, elle aperçut un trou minuscule dans le papier rouge et blanc. Levant le point vers le ciel, elle se félicita d’avoir réussi et remercia la lune de son aide. Maintenant, il ne lui restait plus qu’à peaufiner le tout pour que l’exécution soit fluide et rapide.

- Il est tard, Shizuka.

La jeune fille ne fut pas surprise de se retourner et de voir sa mère, adossée à la clôture, qui l’observait les bras croisés. Malgré l’échange verbale limité, le petit sourire sur les lèvres de la femme signifia à sa fille qu’elle était fière. Heureuse, Shizuka se tourna une dernière fois vers la cible, le sourire aux lèvres, avant d’emboîter le pas à sa mère.

» Premiers éclats de violence, le début de la fin.
» Songe d'une nuit d'été.
» Une nuit mouvementée
» L'oeuil rouge de la nuit
» Un hurlement dans la nuit.

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