Visite de courtoisie
Amegakure no Sato, printemps 120.
Endormie sur la pile de papiers qu’elle avait complétée juste avant de succomber à Morphée, l’Amejin fut doucement tirée de son sommeil par son horloge biologique, d’un rapide coup d’œil sur les documents elle constata (heureusement) qu’ils étaient remplis, se remémorant la soirée ou cette tâche fut accomplie.
Elle se leva et s’étira, son bandeau toujours à la même place, sa cape était cependant déposée sur une chaise en face de son bureau, laissant voir à quiconque entrerait dans la pièce sans se manifester la tenue que portait la jeune femme quand elle souhaitait s’entraîner, qui, il faut bien le dire, la mettait plutôt en valeur
Son attention se tourna tout naturellement vers la baie vitrée depuis laquelle elle avait une vue imprenable sur son village, elle n’avait pas de paperasse en vue aujourd’hui, du moins pour l’instant, elle allait en profiter pour rendre visite à la nouvelle génération.
Enfilant sa cape, toutefois restée seulement attachée au niveau de la nuque, ce qui laissait ses formes libres aux yeux des tendancieux, mais ça elle n’y prêtait guère attention, non pas que ça l’arrangeait mais que tout simplement elle avait d’autres choses auxquelles penser. Elle quitta son bureau et dévala les escaliers assez rapidement, non sans croiser quelques-uns de ses conseillers qui ne furent pas surpris de voir que leur Ombre préférait le contact de la population à la routine administrative.
Son trajet jusqu’au terrain d’entraînement du village fut calme, elle ne croisa que quelques enfants encore trop jeunes pour s’entraîner à quelque art Ninja que ce soit, préférant gambader sous la pluie éternelle. Un rictus se dessina sur son visage quand elle constata que le lieu recherché était quasiment bondé, une cinquantaine d’enfants y étaient présents, sous la tutelle d’environ dix adultes, l’un d’eux, apercevant la jeune femme, se permit d’interrompre l’entraînement de son groupe pour que tous puissent rencontrer en personne l’Ombre qui se tenait là.
Les quelques enfants présents semblaient ne pas réaliser exactement l’importance que Sanako avait pour leur professeur, mais ce dernier leur expliqua brièvement.
- Les enfants, je vous prierais de saluer cette jeune femme, elle est la dose d’espoir qui nous manquait cruellement depuis plus de 40 ans, veuillez la traiter avec tout le respect qui lui incombe.
Les élèves effectuèrent en groupe un salut respectueux pour celle qui se tenait en face d’eux, et demandèrent à leur professeur s’ils pouvaient retourner à leur entraînement, visiblement peu concernés par le reste. L’homme acquiesça et se retrouva seul en compagnie de Sanako.
- Ces petits sont encore bien naïfs, veuillez m’excuser de leur manque de politesse, mais leur jeune âge y est pour beaucoup. Ils comprendront bientôt le monde dans lequel ils vivent, je vous l’assure.
- N’ayez crainte enfin, je vois que vos jeunes pousses sont très compétentes en taijutsu, et pardonnez-moi mais deux d’entre elles ne maîtriseraient-elles pas l’art du Hachimon ? Je les ai trouvées bien vivaces comparées au reste.
- Je vois que votre œil est rompu à l’analyse, jeune femme, c’est en effet l’art des portes célestes, seulement ils ne sont encore en mesure que d’ouvrir la première et pendant un court laps de temps.
- Ce qui peut quand même occasionner de sérieux dégâts, veillez à ce qu’ils ne soient pas trop rudes avec le reste du groupe. Ame doit compter sur un maximum de futurs combattants, nous ne pouvons pas nous permettre que l’un d’eux soit blessé.
L’homme acquiesça et retourna auprès de ses élèves qui semblaient attendre une leçon, ou peut-être un simple conseil. L’Ombre s’installa de manière à pouvoir observer cette session d’entraînement pour la journée, intervenant parfois de manière à conseiller elle-même un élève sur un mouvement, un timing, une observation, et bien d’autres choses que son expérience discernait sans peine. Cette jeune génération semblait admirative de ce savoir, néanmoins l’Amejin espérait que ça ne durerait pas et qu’ils auraient tous bien vite un sens du combat similaire. Il en allait sans doute de la survie du village. Elle savait bien que les grands villages, dans leur caprice mégalomaniaque, pouvait revenir marcher sur ces terres n’importe quand.
Elle ne rentra chez elle que très tard dans la soirée, découvrant avec joie qu’assez peu de charges administratives l’attendait, seulement quelques annonces de décès supplémentaires, et donc quelques familles à voir en personne le lendemain, cela ne l’enchantait guère mais c’était après tout une partie de sa fonction.