[Eté 120] La mort de Drychda Yojimbo, et de sa doublure parfaite

Une voix s'éleva subitement de l'interphone qui se trouvait derrière Saisei. Relevant le nez de ses recherches, la scientifique écoutait attentivement l'intervention de sa secrétaire dont les interruptions se faisaient généralement rares.


— Madame, Uzumi Hibiki souhaite s'entretenir avec vous. D'après ses dires, elle posséderait d'importantes informations au sujet de la maladie.


Ce nom eu l'effet d'un crissement aux oreilles de la Ao, tel un son aigre qui lui était difficile d'entendre sans en avoir de frissons. Le tressaillement qui la traversait n'était pas nourri par la peur ; mais par la rage. Cette flopée de syllabes ressassait en elle une douleur encore vive : le lâche assassinat de son père par la juunin... Elle lui en voulait... L'envie de la voir souffrir lui parcourait indéniablement l'esprit. Elle souhaitait lui briser un à un chacun de ses misérables os ; lui scalper le cuir chevelu à l'aide d'outils rouillés afin d'entendre la « douce » mélodie de ses cris la suppliant d'arrêter... Mais non... Saisei ne pouvait se résoudre à punir quelqu'un pour sa stupidité. La violence de l'ex-esclave était basée sur l'ignorance, ce qui correspondait bien à ce qu'elle était. Banpei Ao et le conseil s'étaient accordés à lui donner une seconde chance de s'épanouir et elle l'avait gâchée. Cette sotte n'en restait pas moins une kirijin, elle devait être guidée comme le patriarche Ao l'avait toujours enseigné à sa fille... Une dernière faveur se dessinait pour Uzumi et cette fois-ci Saisei allait mener la barre. L'anciene pro-Aizen allait avoir le plaisir de regoûter au remodelage mémoriel... La doctoresse prenait enfin le contrôle des flots et la fille d'aubergiste n'avait pas intérêt à gâcher la dernière grâce qui lui était accordée...


Débarquant à l'accueil de sa section munie d'un masque, Saisei gardait une allure placide et olympienne. Rien ne laissait présager à son entourage que des idées macabres avaient pu la hanter quelques minutes auparavant. Faisant signe à la kunoichi de la suivre jusqu'à la chambre de la Kyûdaime, la scientifique remarqua sur le chemin l'état déplorable de la Hibiki et initia le dialogue avec fausse compassion.


— Tu es recouverte de sang, tu es blessée ? Tu as besoin de soins ?  

Il ne reste plus beaucoup de temps pour la Mizukage j'en ai bien peur. Nos minutes sont comptées alors pardonne mon manque de patience mais quelles sont les informations que tu as apprises ? Cela pourrait peut-être la sauver...

Les deux femmes parcouraient les couloirs sombres et étouffants du complexe scientifique, tout en partageant les informations que chacune avait pu récolter au cours de leurs dernières journées. Les nouvelles d'Uzumi ne présageaient rien de bon pour l'empire de Mizu : le remède de l'île mystère n'avait été qu'un traquenard, ou presque, de la part du Culte pour attirer de nouveaux fidèles à endoctriner... Ainsi, le soi-disant Kami, chef de l'organisation religieuse, était le seul à pouvoir épargner son peuple d'une mort lente, agonisante et encourageait les shinobis à le rejoindre afin d'être graciés par sa main. Les révélations de la Hibiki s'articulaient dans l'esprit de la directrice tels des rouages mécaniques fonctionnant à plein régime. La machine intellectuelle qu'était sa matière grise était en marche et rapidement un éclair de génie en aboutit ! Si les cultistes semblaient immunisés au mal qui rongeait le monde, leur sang devait certainement contenir les traces du remède qui les avait sauvé. Par chance, tout un tas d'hémoglobine de leur chef était à disposition ! Uzumi venait sûrement de ramener, sans le savoir, la clé de voûte d’un remède au pays de l'eau...

Acceptant la gourde que lui tendait la guerrière, Saisei se contenta d'acquiescer afin de signifier à la juunin que ses informations étaient bien comprises. Dégotant un tube de prélèvement sanguin de sa pochette ninja, elle demanda :

— Tu permets si je récupère quelques échantillons sur toi ? Ce sang doit être examiné, Kiri pourrait en avoir besoin.

Rapprochant le récupérateur de plasma au niveau de l'avant-bras de l'ex-esclave, la tâche fut terminée en une poignée de seconde. Par chance, quelques subordonnés passaient par là et Saisei en profita pour leur donner le nouvel échantillon et les charger de préparer le matériel en vue de futures analyses qu'elle effectuerait avec eux dans l'heure, une fois la Hibiki repartit à la surface du village...  Débarquant dans la chambre où se reposait la Kyûdaime, ou du moins sa doublure, les deux drôles de dames eurent le plaisir de remarquer que nombres médecins s'agiter autours de la couche de la neuvième ombre afin de la soigner et repousser le trépas du mieux qu'ils pouvaient. L'affairement des docteurs semblait étrangement mouvementé... Trop mouvementé... Les iryônins ne tentaient pas de soigner leur Mizukage comme à l'accoutumée... Il essayait de la réanimer ! Le pronostic était hélas déjà tombé. Il était trop tard... Drychda Yojimbo avait déjà sombrée !  

Saisei, à l'arrière de la pièce, grinçait des dents en observant le massacre. Le CRUSK n'avait pas réussi à obtenir un remède à temps et la Kyûdaime en avait hélas fait les frais... Bien que la doctoresse sût que la femme face à elle n'était qu'une doublure, elle savait également que sans tête officielle pour diriger le troupeau, Kiri et la bande d'idiots qui l'habitait courrait inévitablement à leur perte... Elle devait à tout prix y remédier. Un nouveau Mizukage allait devoir être choisit et le meilleur choix qui se dessinait semblait être Ushi. L'un des rares shinobis de la brume ayant assez d'intelligence pour mener la danse, son collègue lui devait également une dette la confortant d'autant plus dans l'idée d'en faire son nouveau "champion" : lui permettant ainsi d'avoir une main sur le village, tout en restant cachée dans l'ombre... Lorgnant du regard Uzumi, la Ao observait la jeune fille d'aubergiste en guettant de possibles répercussions psychologiques tout en restant sur ses gardes... Un si fort caractère subissant la mort d'un "proche", le pire était envisageable...