J'ai vécu...
-Hmm ?
Seiton se retourna nonchalamment. Il était vêtu à ce moment d'une blouse classique, de gants et de petites lunettes de précision.
-Ah, vous êtes les étudiants de mon père ! Venez donc ! N'ayez pas peur, vous savez, dans l'état où sont ses corps, vous ne risquez rien !
Et ... Il rit. D'un petit rire cristallin suivi d'un sourire rassurant. Ils étaient, lui et les deux étudiants de son père, dans la morgue de la clinique du dit paternel.
-Mais non, ne me remerciez pas ! Allons, c'est tout naturel de transmettre son savoir. Je me souviens que ma première étude de macchabée était quand j'avais dix ans pour mon anniversaire ... Que c'était grisant ! Voir enfin en vrai l'emplacement des organes, donner une consistance aux veines, aux artères, aux organes ! Nous avons actuellement cinq objets d'études. Tout d'abord, je vais vous montrer comment faire une découpe propre du premier et vous imiterez ensuite le geste sur vos deux objets d'études ! Rien de bien complexe, rassurez vous, mais c'est un geste important !
Et c'est ainsi que pendant une bonne heure, il leur expliqua calmement la procédure. Une fois cela fait, les cadavres recousus par les étudiants, il délaisse sa blouse, sorti prendre la brise -et la pluie- nocturne, en allumant une cigarette.
Son père tenait une clinique dans le quartier civil de Kiri. Ce dernier n'était absolument pas un Ninja et n'était absolument pas versé en Iroujutsu. Seiton avait fait le choix de suivre une autre voie que celle de son père, tout en partageant les idéaux de ce dernier qu'il lui avait inculqué au fil des ans. Ce dernier lui avait bourré le crâne depuis son enfance afin qu'il soit médecin. "Un bon médecin est toujours celui qui arrive au plus tôt pour guérir autrui", "Nous ne combattons pas la mort, elle est simplement le signe de notre échec", "Un médecin est celui qui se veut être le défenseur de toute une population. Même le plus grand des combattants ne peut survivre à la plus terrible des maladies". Et bien d'autres phrases de cet acabit. Mais dans ce discours patriarcal, Seiton avait forgé sa propre idée de ce qu'est être un soignant. Ce cacher derrière les murs d'une ville ne permet pas la bonne prise en charge de ceux qui se battent en dehors, pour assurer notre protection. C'est le discours qu'il a tenu vers ses six ans et qui ai fait que son père ai accepté qu'il rejoigne l'académie Ninja de Kiri.
Il s'était montré d'une grande médiocrité en Taijutsu, en maîtrise des armes et sur le plan physique en général. Néanmoins, c'était un enfant intelligent doté d'une grande maîtrise de son chakra. De plus, son père lui avait inculqué son savoir avec passion et rigueur. Au fil des années, deux grandes forces purent être appréciés chez lui. D'une part ses connaissances médicales et ses facilités avec l'Iroujutsu, ainsi que ses capacités sensorielles.
Il fit assez rapidement ses preuves à la sortie de l'académie, ou plus d'une fois ses talents permirent de ne pas se faire surprendre par des pièges ennemis, ou de ramener vivant -bien que pas forcément en bon état- un ou plusieurs camarades blessés. Il fut de plus déjà amené à analyser les corps de certains de ses ennemis, afin d'en comprendre les jutsu et autres spécificités. Ne dit-on pas que le corps d'un shinobi est une mine d'information ? Lui pourrait vous le confirmer avec un grand sourire.
Il souffla ensuite sa fumée, jetant un regard vers la lune, venant d'apparaître en deux nuages. Puis commença à discuter avec lui-même.
-Oui, je sais. Certains dirons que prendre le temps d'instruire des civils est une perte de temps, et qu'il faudrait plutôt que j'oeuvre pour les ninjas du village ... Mais oh, j'suis en perm', et c'était pour rendre service au vieux ! Puis ça m'entraîne à enseigner à mes cadets, c'déjà ça. Malheureusement, personne est immortel et j'creverai peut être la gueule par terre avant d'avoir pu transmettre tout ce que j'ai appris ou pourrait apprendre d'ici la ... Autant commencer tôt, non ? Puis si c'est pour que mon corps sert au camp adverse ... Jamais ! Faudrait peut-être que je réfléchisse à un moyen de ne rien pouvoir trouver dessus ... Hmm ...
Il termina sa cigarette, jeta le mégot dans une petite poubelle et parti songeur de cette discussion. Puis il haussa les épaules. Le repos est fini, demain, on reprend le boulot.
Le lendemain.Armes de lancées prêtes, trousse de soin prête, rouleaux parés. Il serra son bandeau sur son avant bras et inspira un bon coup. C'était reparti pour une journée à risquer sa vie, en voulant à tout prix sauver celle des autres. Il sourit, amusé de sa propre réflexion et parti rejoindre son équipe. Si l'ordre du jour était normalement pour une simple patrouille de routine, une urgence venait de tomber. Une équipe revenue il y a quelques minutes, en piteux état, avait un membre manquant dans leur formation. La mission : le retrouvé, mort ou vif et le ramener à Kiri dans les plus brefs délais.
Sans perdre une seule seconde, nous quittions l'enceinte du village. L'équipe avait eu à faire contre une attaque de pirates, vers l'Est. Ils avaient réussi à couvrir la fuite du navire commercial, mais pas à vaincre les pirates. Selon eux, il était fort à parier que le membre manquant serai retenu prisonnier et qu'il serai monnayé contre une rançon. Mais c'était mal connaître le village caché de la Brume.
Nous prîmes donc la direction, avec les informations que nous avions. Ayant déjà eu à faire équipe avec notre objectif, je pourrais retrouver sa piste. Mais nous devions nous rapprocher.
Après un bon moment de chemin, je ressentis une faible présence. Je pris donc la tête, guidant ainsi notre groupe jusqu'à l'entrée d'une grotte bien dissimulée, dans une crique peu fréquentée. Nous avions gardés nos distances afin d'élaborer un plan. Mais nous avions une certitude, notre camarade était en vie, je pouvais ressentir son chakra. Je fis signe à mon équipe d'activer leurs oreillettes, pour le bon déroulement de la suite.
Je me suis approché avec prudence, par les hauteurs de l'entrée de la grotte. Mes sens étaient en éveil. Je ne pouvais pas faire d'erreur maintenant. J'attendis le moment opportun, m'assurant de l'inatention des gardes déjà bien éméchés, avant de lancer une bombe fumigène juste devant l'entrée et marquant ainsi le départ de notre assaut. Mes deux comparses commencèrent l'attaque, assisté de mes analyses grâce à mon art sensoriel et notre connexion audio. Surpris et déjà blessés par l'équipe précédente, mes coéquipiers chevronnés ne mirent pas longtemps à les mettre hors d'état de nuire. De façon définitive.
Je me suis ensuite précipité vers notre camarade. Elle se nommait Koharu. Ses blessures étaient critiques et son état pouvait empirer d'un instant à l'autre. Il fallait analyser rapidement. J'ai aposé mes mains à deux endroits diffèrents, en commençant par les endroits les plus urgents. Dans ses circonsrances, je ne pourrais pas la remettre en état. Je pouvais simplement la stabiliser et la rendre transportable sans risque pour le chemin retour, après quelques haltes. Mais de lourds soins médicaux seraient à prévoir.
Après presque une heure, je pu enfin arrêter les soins, terminer les bandages et les injections et me laissa choir contre une caisse non loin. Ce n'était pas une chose facile, mais elle était plus ou moins hors de danger pour l'instant. Mais nous ne devions pas traîner.
Je me suis relevé lourdement, le plus massif de mes coéquipier prit Koharu avec lui et nous primes le chemin du retour.
Cette fois, je n'avais pas échoué.
De nos jours :
Cette odeur ... je la supportais peut-être encore moins que celle des cadavres s'entassant au fil des jours depuis le début de la pandémie. Comme d'habitude après ma garde, je prenais un long bain de désinfectant. Et croyais moi, parfois, je préférai être malade que d'avoir encore à sentir une telle concentration de cette odeur pestilentielle. Mais je n'avais pas le droit de subir les affres de la maladie. Des gens comptaient sur moi pour les soigner, tel était le choix et le fardeau d'un médecin.
Je sortis enfin de ce bain répugnant afin de filer directement vers une douche salvatrice. Cette dernière achevée, je mis quelques vêtements et parti me vautrer sur le fauteuil de mon bureau.
Je pris quelques dossiers me passant sous la main en soupirant. Les antibiotiques étaient inefficaces. Comme les anti-tuberculeux, les anti-parasitaires, les antifongiques ... J'avais même tenté une coûteuse expérience avec des antirétroviaux n'ayant eu aucun effet particulier. J'étais totalement démunis. Aucune de mes tentatives, qu'elles soient de médecine classique ou Ninja n'a semblerai t'elles fonctionnées. J'avais peut-être eu l'impression d'avoir sauver quelqu'un pendant quelques heures supplémentaires, mais je crois maintenant que le patient avait juste eu une constitution plus solide que la moyenne. Tous mes essais étaient visiblement voués à l'échec. Je prescrivais maintenant des analgésiques de pallier II ou III et des antitussif narcotiques. Je n'avais rien de mieux pour les soulager.
Je pris mon kiseru, bourra le fourneau et l'alluma ensuite. Je me perdis un instant dans la contemplation des volutes blanches que je venais de recracher, avant de revenir à la réalité quand mon père entra dans la pièce, deux tasses de cafés à la main. Il jeta un regard en coin à mes dossiers.
-A chaque époque son épidémie, tu sais. Garde ton esprit clair et ne fait pas une fixation dessus. Un remède sera trouvé et nous pourrons guérir le village.-Nous avons déjà perdu un sixième du village, de ce que j'ai entendu dire. Ta morgue est plus proche d'une fosse publique qu'autre chose. Comment veux-tu que je garde un esprit clair sur cette situation ? Des gens nous crèvent littéralement dans les bras. Et tout ce que nous faisons nous mènes strictement à rien.-Je suis sûr que les savants trouverons rapidement un remède. Nous ne sommes pas les seuls à être victime de cela. Tu sais il se ...-Arrêtons d'en parler, si tu ne veux pas que je m'agace. Garde tes chimères de remède miraculeux pour la prochaine mère qui t'apportera son enfant en détresse respiratoire, les poumons gorgés de sang. Tu ne viens jamais dans mon bureau sans une bonne raison, qu'est-ce qui se passe ?Le vieux médecin déposa la tasse pour Seiton et prit une gorgée de la sienne.
-Il parait que le Mizukage c'est éteint et que l'élection du prochain est en cours actuellement. Ta place ne devrait-elle pas être là bas ?Seiton prit lui aussi une gorgée de sa tasse, en soufflant un nouveau nuage de fumée.
-Pour que faire ? La politique ne m'intéresse pas et je suis prêt à te parier que cette élection va finir en bain de sang. Nous sommes à Kiri après tout. Et réunir tout le monde sur une place à l'extérieur ... La façon rêver pour notre maladie de proliférer bien comme il faut et infecter encore plus de monde ! Quelle idée géniale ma foi. Le prochain Mizukage aura mon allégeance, de toute façon. Mais mon devoir de médecin est pour l'instant d'aider la population. Merci pour le café.Akihito prit donc congé, voyant que la discussion avec sa progéniture venait visiblement de prendre fin. Il lui adressa néanmoins un sourire, avant de quitter les lieux.
-Et maintenant, qu'est-ce que je dois faire ?