Entraînement d'un Genin

Entraînement d'un Genin

Après notre cavalcade dans le Désert de roche j'avais entraperçu les perspectives offertes par une maîtrise accrue du chakra.
Nouvellement diplômé les marges de progrès étaient grandes.
En tentant de rester en selle à la poursuite d'Abe, j'avais réussi à concentrer mon énergie vitale dans certains points très précis de mon corps.
En revanche maintenir le flux s'était révélé bien plus délicat.

Notre voyage jusqu'à Kiri serait suffisamment long pour me permettre de m'entraîner.
Le Pays de la Roche était également suffisamment sécurisé pour que je relâche mon attention. Malgré son air détaché, je supposai que Kunimitsu Sensei serait à même d'éviter tout contretemps fâcheux.
J'hésitai encore à lui demander conseil sur le meilleur moyen d'améliorer mon contrôle. Je craignais que sa réponse ne m'embrouille plus qu'autre chose.
Finalement je me résolus à progresser seul. Après tout, mon entraînement au Lac Chuzenji avait été mené de façon plutôt autonome.

Rester en selle toute la journée offrait au moins un avantage : j'avançais sans solliciter directement mes muscles.
Ceux-ci étaient donc libres pour être les sujets de mes expériences.
La première étape fut de maîtriser plus précisément la circulation de mon chakra. De manière brève j'envoyai du chakra dans un point de mon corps : pied, talon, cuisse, main, doigt….
Après quelques jours je m'évertuai à augmenter le temps durant lequel le chakra se trouvait ainsi infusé dans mes muscles.
Puis j'eus une idée relativement basique. Pourquoi ne pas également jouer sur la quantité.

Ces exercices comportaient une espèce de biais. Je n'avais aucune idée de ce qu'ils pouvaient m'apporter sur mes propres mouvements.
L'immobilité ne me permettait pas d'évaluer le bon équilibre à trouver entre le muscle à renforcer en chakra, la durée et la dose à injecter.

Je savais d'ors et déjà que le chakra augmentait l'adhérence ou permettait de marcher sur l'eau comme n'importe quel Genin.
La finalité de cet entraînement serait-elle simplement de me transformer en mouche ou en araignée d'eau ?...
Cela n'aurait rien de très glorieux ni gratifiant.
Il allait falloir que je pratique un essai hors de ma selle et hors des regards.

Un soir où la journée avait été relativement calme, et clémente d'un point de vue météo, je décidai de passer à la pratique.
Les frontières du Pays de la Terre se rapprochaient et bientôt nous aurions l'esprit moins léger.

Messire Panda était avachi comme à son habitude près du feu qui commençait à grandir.
Sous peu il illuminerait les montagnes tel un fanal.
Son maître était parti débusquer les quelques animaux qui se terraient dans les anfractuosités de la roche pour en faire notre dîner. Petits mammifères ou reptiles, nous ne faisions pas les difficiles. Bien assaisonné et cuit, tout se mange ou presque.
Quant à Abe, il finissait de monter le camp et de s'occuper des chevaux.

Sous le prétexte d'aller ramasser suffisamment de bois pour tenir la nuit, je m'éloignai un peu.
Les derniers rayons du soleil éclairaient encore les alentours qui se paraient de teintes mordorées.
Les ombres s'allongeaient à n'en plus finir.
Je trouvai ça et là quelques brindilles et branches sèches. Il n'y aurait pas de quoi faire une grosse flambée mais au moins nous n'aurions pas froid.
Une fois ma mission accomplie, je déposai le petit tas et jetai un œil à droite et à gauche. Je tendis l'oreille. Personne… J'allais pouvoir passer à la pratique.

Je commençai alors à malaxer mon chakra puis à le diriger vers mes membres inférieurs.
Pour ce premier test grandeur nature je décidai de forcer un peu le trait et y concentrai une importante quantité de chakra. Je tenais à mesurer le potentiel de cette technique en devenir.
Au moment où je poussai sur mon pied pour avancer, le sol se déroba. Je tentai de me rééquilibrer de l'autre jambe mais rien n'y fit. J'avais l'impression d'être dans des sables mouvants tandis que mes jambes fracturaient la pierre.
Vraisemblablement j'avais eu la main un peu lourde sur la quantité de chakra.

Grâce à la maîtrise développée sur le dos d'Haya je trouvai assez rapidement la quantité à utiliser pour accroître mes capacités physiques sans franchir le seuil qui ruinait mes efforts.
Chose plus délicate encore, il fallait doser différemment selon le muscle sollicité, afin d'avoir un résultat harmonieux.

Le temps que je procède à tous ces tests, les ombres avaient disparu. La nuit avait recouvert les montagnes de son manteau étincelant.
La lune éclairait désormais le sol d'une lumière blafarde accompagnée par les étoiles.
Je décidai de continuer plus tard et ramassai le fagot.
Un brin têtu j'entrepris un dernier test.
Alors que je me mettais en route en courant pour rejoindre mes compagnons, je déployai mon chakra.
Le vent se leva d'un coup, une bourrasque me frappa le visage.
Espérons que ce n'est pas une tempête qui se prépare, pensai-je.
Ce n'est qu'après quelques secondes que je réalisai qu'il n'y avait pas davantage de vent mais que je filai à une vitesse incroyable.
J'atteignis le camp en un temps record.
Essoufflé, les jambes courbaturées, mais heureux. J'avais réussi !

Cette nuit-là, l'esprit léger comme une plume, je dormis d'un sommeil de plomb.