Maître du Jeu
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 |  Sujet: Une fois, puis deux, puis trois Mar 13 Juin - 22:30 | |
| L’attente se faisait longue. Jamais Drychda n’avait quitté le village aussi longtemps sans prévenir sa doublure. Celle-ci scrutait Kiri depuis le haut de sa tour de fonction, se demandant comment elle devait gérer cette situation. Mais ce ne serait pas drôle si des rumeurs d’épidémie ne s’étaient pas propagées aussi vite… La femme au coeur de cette mascarade avait ordonné aux équipes médicales de se réunir pour travailler en urgence sur un remède. À l’heure actuelle, les recherches avançaient difficilement. Les réactions des Kirijins avaient été très disparates, et il était difficile, pour ne pas dire impossible, de tous les gérer avec la poigne de fer qu’avait naturellement la Yojimbo. D’habitude, son rôle était millimétré et consistait surtout à faire bonne figure… Jamais elle n’avait dû s’improviser dirigeante, jusqu’à ce jour. Ils finiraient par se rendre compte de l’entourloupe…
Elle porta sa main à sa bouche une première fois, puis toussa à plusieurs reprises.
Ce n’était rien qu’une petite toux après tout, rien d’alarmant. La doublure n’était pas sortie du village depuis des lustres, elle ne pouvait pas avoir contracté la maladie. N’est-ce pas ? Déstabilisée, elle se gratta le visage avant de se retourner. L’Anbu qui montait la garde à l’entrée de la pièce semblait avoir reculé d’un pas, se collant presque au mur. De quoi avait-il si peur ?
Elle porta sa main à sa bouche une seconde fois, puis toussa de plus belle.
C’était tout vu : elle rentrerait plus tôt chez elle et avalerait quelques médicaments pour se remettre sur pieds le plus vite possible. Avec tous ces ennuis, elle n’avait pas besoin de se sentir mal. Non, elle n’en avait pas besoin. Sa vue se brouilla l’espace d’un instant, si bien qu’elle perdit l’équilibre et trébucha avant de se rattraper in extremis au coin d’une table. D’ordinaire, l’Anbu aurait déjà bondi pour s’assurer de sa bonne santé. Mais rien n’était plus ordinaire. D’ailleurs, il passa une main dans son dos pour saisir discrètement la poignée de la porte, puis s’éclipsa au travers sans crier gare. Drychda l’avait lâchée, ses hommes de main aussi. Qu’est-ce qui lui restait ?
Elle porta sa main à sa bouche une troisième fois, puis elle toussa une dernière fois. Ce moment fut plus long que les autres. Et plus violent. Au bout de quelques secondes, elle observa ses doigts et y découvrit des taches de sang.
Le soir-même, la doublure fut internée en toute discrétion à l’hôpital, dans une salle souterraine. Tout le monde l’observait d’un air paniqué. Pourquoi maintenant ? Pourquoi ici ? Pourquoi elle ? La logique ne suffisait plus pour expliquer la fureur qui s’abattait sur le monde. Ironiquement, le destin avait déchargé la dame de ses lourdes responsabilités, aux dépens du village tout entier. En un pareil temps de crise, les shinobis de la brume avaient besoin d’un leader. Et ce ne serait pas elle.© Yumi Esuki |
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