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| Sujet: Tsuki ♣ Born Again. Ven 31 Jan - 21:04 | |
| WATANABE Tsuki "Hime" In Rp... • Âge : 8 ans. • Nom : Watanabe. • Prénom : Tsuki, dite Hime. • Sexe : Féminin. • Nindo : Parcourir le monde entier. • Village : A déserté Oto, le village caché du Son. • Clan : Watanabe. • Grade : Genin. • Bingo-Book (Remplacer https://sns-rp.forumgratuit.org/URL_DE_VOTRE_BINGO_BOOK par l'adresse de votre Bingo-Book. Puis supprimer ce message.) Par-delà les illusions. Elle se balance au bout de la branche, faisant jouer ses maigres jambes dans le vide. Elle n’a pas peur. Elle sait qu’elle ne tombera pas. Son petit corps frêle et souple est bien trop léger pour se laisser avoir par la pesanteur. Et puis elle a l’habitude de jouer avec le feu. La hauteur ne l’effraye pas. Son agilité lui permet toute sorte d’acrobaties que les adultes peuvent lui envier. Eux qui doivent supporter leurs vieux os toute la journée regrettent très certainement leurs jeunes années lorsqu’ils posent les yeux sur cet énergumène haut comme trois pommes. C’est que la petite ne reste jamais en place bien longtemps. A peine entre-t-elle dans votre champ de vision qu’elle s’en éclipse aussitôt. Une envie de jouer à cache-cache, comme les enfants de son âge ? Pas du tout. Un simple trop-plein d’énergie permanent. Elle est constamment en mouvement. Une ombre qui accourt d’un point à l’autre, n’écoutant que sa curiosité maladive. Cette âme légère n’a que faire du danger. Elle veut découvrir chaque recoin du monde. Peu importe où la mènent ses pas, cette jeune inconsciente s’émerveille de tout. De rien. Une goutte de rosée, un caillou égaré, une prairie qui se courbe sous la violence d’une brise. Autant de petits rien qui font son bonheur. On dirait que tout la passionne. C’est faux. Si cette fille est capable de s’extasier sur d’infimes détails, elle ne prend rien au sérieux pour autant. Bien sûr qu’elle tient à sa propre vie et à son petit univers. Mais le reste n’a guère d’importance à ses grands yeux verts. Elle vit au jour le jour. Le danger ? Elle ne le décèle qu’une fois que sa toile se referme sur elle. Un peu trop inconsciente, elle a besoin d’être surveillée. C’est sans doute pour ça qu’il est là.
D’un habile sursaut, la gamine se hisse sur la branche, et y prend ses aises. Depuis son perchoir, elle se tourne vers l’homme, resté en bas. Elle ne saurait dire pourquoi il accepte sa présence. Elle n’y a même pas réfléchi. Comme si leur duo improbable était une évidence. Au fond d’elle-même, elle sait qu’elle ne peut se passer de lui. De sa présence à la fois rassurante et intimidante, de son talent à l’épée, de son aura sombre qu’il lui promet une certaine tranquillité. Ce type l’intimide. Mais elle lui fait confiance. Et ça, elle est bien trop fière pour l’admettre. Aussi, alors que le vieux lève les yeux en sa direction, elle détourne immédiatement le regard, faisant jouer ses boucles blondes dans le silence de la forêt. Des boucles naturelles. Vous pensez vraiment qu’une ninja de son âge voyage avec son matériel de coiffure sous le bras ? Il est vrai que son apparence peut prêter à confusion. La petite est inconditionnellement accro à tout ce qui est rose et qui déborde de froufrous et autres rubans en tous genres. Peu pratique pour se battre. Très encombrant quand on voyage autant qu’elle. Habituée aux tissus coûteux et confortables, la gamine a dû prendre sur elle en commençant son périple. Finies les longues robes chargées de dentelle. La voilà désormais obligée de porter une tenue simple, qui n’entrave aucun de ses mouvements. Rose, bien entendu. Mais les lourdes parures de velours ont laissé place à un léger tee-shirt en coton, associé à une veste cuirassée aux multiples poches débordant de secrets et d’armes discrètes. Un court short de toile rouge bouffant vient compléter son uniforme de tous les jours. Heureusement pour elle, les accessoires existent. Un gros nœud de dentelle coincé dans ses boucles blondes, un bracelet de ruban rose au poignet droit, et l’éternel anneau d’argent qu’elle arbore en permanence, refusant farouchement de s’en séparer. De chaudes chaussettes blanches viennent couvrir sa peau laiteuse jusqu’au niveau de ses genoux. De souples chaussures de cuir abritent ses petits orteils des fréquentes intempéries. Idéales pour passer à l'offensive. Car, bien que la petite fille ne soit pas une fervente combattante, elle a dû s’essayer à l’art de la guerre pour rester en vie jusqu’à présent. En dépit de ses capacités encore limitées, elle a appris à compter sur elle-même. A ne se fier à personne. Le monde est rempli d’abrutis violents qu’on ne peut toujours éviter. Voilà pourquoi la petite est devenue si méfiante. Elle qui autrefois accordait sa confiance sans peine…
Excédée de rester immobile, la pile électrique montée sur ressorts descend joyeusement de son perchoir, et s’avance, toute guillerette, en direction de son compagnon. Quelques secondes plus tard, elle s’éloigne déjà, une moue caractéristique déformant son visage rond. La petite n’aime pas se confronter à ce mur de refus. Elle n’accepte pas qu’on lui résiste. La petite princesse aime qu’on lui obéisse. Le tact et la patience sont deux notions qui lui restent inconnues. Les mots s’échappent de sa bouche avant qu’elle ait pu réfléchir à leur sens. Un peu trop jeune pour comprendre comment fonctionne le monde, elle n’a pas conscience du tort qu’elle peut causer en deux phrases. Elle use parfois de mots durs, particulièrement crus, qu’on ne s’attend pas à l’entendre prononcer. Ses réflexions, souvent vraies et spontanées, peuvent surprendre. Et être mal interprétées. Parce que la petite s’exprime presque instinctivement. Sa franchise ignore les remords. On pourrait presque affirmer qu’elle pense à haute voix. Elle peut tenir de longues conversations qui n’aboutissent à rien, pour le simple plaisir d’entendre sa voix. Le silence l’horripile. Venant du village caché du Son, la petite possède une ouïe surdéveloppée. Elle est attentive au moindre bruit environnant. Les rares moments où elle arrête de courir en tous sens sont ceux où elle prend le temps d’écouter. Alors que le commun des mortels se contente d’entendre, elle préfère prêter une importance toute particulière au concert du monde. Des notes aisément reconnaissables qui ont le pouvoir de la calmer, de la transporter. Ce petit bout est un être particulièrement sensible. Une facette de sa personnalité qui n’a pas que de bons côtés. En effet, aussi fragile de corps que d’esprit, la jeune ninja n’hésite pas à user de ses larmes pour parvenir à ses fins. On pourrait en douter, mais ses larmes ne sont jamais factices. Mais si elle pleurniche souvent, elle sourit encore plus. Emplie d’une joie de vivre inébranlable, son naturel joueur reprend vite le dessus. Un bon point pour cette débutante, qui rêve de progresser afin d’égaler le type qui lui sert de garde du corps. Un jour, elle saura le terrifier autant qu’il l’intimide. Le chemin sera long. Mais elle n’a pas encore vécu la moitié de la vie qu'il lui a donnée.
Vexée, la petite s’isole, drapée dans une fierté qui lui fait office de seconde peau. Quelques pas suffisent à la mener au pied d’un arbre. Elle s’y laisse choir, et pose ses yeux sur un point dans le vide. Les autres ne le voient pas. Ils ne comprennent pas. D’une voix plaintive, la gamine expose ses préoccupations au vent. Est-elle folle ? Oui. Elle a choisi d’abandonner les siens. De voyager en compagnie d’un tueur enragé. Et pour ne rien arranger, elle discute fréquemment avec cette entité inconsistante qu'elle est la seule à voir. Pourtant, la petite est convaincue de s’adresser à Sora. Sora, l’ami qui l’accompagne où qu’elle aille. Sora, sa silhouette élancée, sa peau translucide, sa tignasse constamment ébouriffée, ses gouffres bleus toujours tournés vers l’horizon. Sora, son confident sourd et peu réactif. Sora, l’ombre muette qui a pris la sale habitude de disparaître dès qu’elle tourne la tête. Sora, invisible aux yeux du monde. Un ami qu’elle a créé de toutes pièces. Issu tout droit de son imagination. Elle s’adresse à lui comme s’il était fait de chair et de sang, sans même s’étonner de le voir disparaître aussi rapidement qu’un rayon de soleil un jour de tempête. Elle ne s’en inquiète pas. Quand elle a besoin de parler, il est là. Pourquoi chercher à comprendre davantage ?
Peut-être parce que ce beau brun amorphe n’est pas seulement le fruit de l’imagination d’une petite fille survoltée. Il n’est pas qu’un reflet impalpable. Ce type a une consistance tout à fait humaine. Une âme à part entière abritée dans un corps au cœur battant. Le corps de la petite princesse. Alors qu’elle est persuadée qu’il s’agit d’un type normal qui se présente à elle quand bon lui semble, il est en réalité une part de son âme. Une personnalité foncièrement différente de la sienne, qui partage pourtant son esprit. Une présence étrangère qu’elle n’a encore jamais décelée depuis sa naissance. C’est que cette créature obscure reste tapie dans les ténèbres. Jamais elle ne réveille. Jamais elle n’a donné signe de vie. Sauf une fois. Une seule et unique fois. La petite fille n’en garde aucun souvenir. Les spectateurs de cette soudaine naissance sont morts. Ainsi, personne n’imagine que la gamine est bien plus dangereuse qu’elle en a l’air. Que, si l’envie lui prenait, l’autre pourrait prendre le dessus et déferler une rage qui ne lui appartient pas sur d’innocentes victimes. Même la petite ignore ce dont il est capable. Ce dont elle est capable. Cette force qui lui reste étrangère ne s’est manifestée qu’en cas de crise. Quand la situation arrivait à un point de non-retour. Il lui en faut beaucoup pour que l’autre facette se décide à exister. Mais qui peut se croire à l’abri ? La gamine n’a pas choisi la voie la plus sûre. Quand on voyage seule, à son âge qui plus est, le danger se cache partout. Et nombreuses sont les conséquences désastreuses qu’ils masquent…
Jamais je n'oublierai... La Lune baigne le village caché du Son de ses perles d’argent. Même plongée dans les ténèbres, la cité ne dort jamais vraiment. Le village ne cesse jamais de vivre. Chacune de ses rues est emplie de bruits en tous genres. Des baguettes raclant le fond d’un bol de râmen. Les conversations à voix basse de deux vieux amis. Des rires provenant d’une fenêtre ouvrant sur un monde qui ne nous appartient pas. Mais c’est un tout autre concert qui emplit l’hôpital ce soir-là. Une femme pousse des hurlements de douleur, exhortée par l’infirmière à ses côtés. Elle broie la main de l’homme qui partage sa vie, ne songeant plus à rien d’autre que la vie qu’elle est en train de donner. Son ventre se réduit à mesure que le petit être de chair pénètre le monde des vivants. Lorsque ses poumons font connaissance avec l’air que respire le commun des mortels, l’enfant fond en larmes, se joignant à la joyeuse cacophonie du village. C’est une petite fille qui vient agrandir l’orchestre. Un petit bout chauve, aussi léger qu’une plume, dont les yeux clos sont inondés de larmes. Ses parents lui choisissent le nom de l’astre qui les éclaire en cette nuit d’automne. Un nom qui convient au petit être qui vient illuminer leur vie.
Quelques jours plus tard, Amasa et Eisaburô Watanabe reprennent le chemin de leur modeste maison, l’héritière du nom dans les bras. Commence alors une vie à trois qu’ils attendaient depuis de nombreuses années. Cette enfant, c’est la concrétisation de leurs rêves. Ils consacrent tout leur temps, tous leurs efforts à l’éducation de la petite. Une situation qui paraît idéale, mais qui les précipite au fond du gouffre. Cette famille aux revenus modeste n’a pas les moyens de nourrir cette bouche supplémentaire. La mère est bien obligée de rester aux côtés de son enfant, qui ne peut se débrouiller seule. Le père se voit alors contraint de subvenir aux besoins des deux femmes de sa vie. L’homme tient un petit restaurant, en périphérie du village. Il redouble d’efforts pour attirer une nouvelle clientèle. Nouvelles recettes, nuits blanches, cargaisons d’ingrédients exotiques, … Autant d’arrangements qui aspirent son énergie vitale, ainsi que le peu de biens de la famille. Le pauvre homme ne rencontrera pas le succès escompté. C’est le début d’une longue période de tension entre les parents de la petite Tsuki. Ils ne se voient plus. Ne s’entendent plus. Ne se comprennent plus. Ils s’éloignent l’un de l’autre. Lentement, mais sûrement. La faute au travail, à l’argent, à la vie. Mais, malgré les coups durs, ils restent soudés. Parce qu’il y a cette petite fille, ses boucles blondes tout juste naissantes, ses grands yeux verts émerveillés, sa douceur. Ce petit bout d’un an à peine, qui ne demande qu’à découvrir la vie. Et ses parents savent qu’elle ne sera pas heureuse s’ils se séparent. Il est trop tôt. Alors ils prennent sur eux, adoptent un comportement exemplaire en sa présence. Trop jeune pour y comprendre quoi que ce soit, la petite connaît une enfance heureuse. Du moins jusqu’à son quatrième anniversaire.
Cette année-là, sa mère lui offre un cadeau. Un tout dernier. Il s’agit d’un anneau d’argent pendu au bout d’une fine chaîne de la même couleur. Un présent tout simple, auquel la petite fille va néanmoins s’attacher. Bien qu’elle semble déjà développer un amour inconditionnel pour les rubans de toutes tailles et de toutes les couleurs, elle ne se sépare plus du bijou, qu’elle porte en permanence autour du cou. Pour la bonne raison qu’il s’agit d’un cadeau de sa mère. Et que cette dernière tombe gravement malade quelques temps plus tard. Faute de moyens financiers, elle ne peut s’offrir les bons soins d’un médecin. La voilà condamnée à dépérir pendant de longs mois. Impuissante, la jeune enfant ne peut rien faire, si ce n’est la regarder mourir. Une nuit, la mère s’endort. Et ne rouvrira plus jamais les yeux. Amasa Watanabe est morte. Son père l’enterre sous les yeux embués de larmes de sa fille. Le sentiment d’abandon lui écrase la poitrine, lui déchire le cœur. Incapable de lutter contre son propre corps, la petite se contente de serrer son anneau entre ses doigts frêles. Alors que ses phalanges blanchissent, le corps de sa mère retourne à la terre. Des monticules d’humus volent devant ses yeux éteints. Son chagrin se cristallise sur sa peau de porcelaine. Le visage apaisé de celle qui lui a donné naissance et a su l’aimer disparaît à jamais dans les entrailles de la terre.
Quatre ans après les faits, la petite ne s’est toujours pas vraiment remise de cette perte irrémédiable.
Les choses changent. Sans figure maternelle pour veiller sur elle, la petite Tsuki se sent plus seule que jamais. Alors que son père s’acharne à gagner de quoi la nourrir, elle arpente lentement les couloirs vides et silencieux de la maison. Pas un bruit. Les sons du dehors ne parviennent plus à ses oreilles. Comme si son ouïe aussi était entravée par la terre humide. Elle ne parle plus. Elle ne sourit plus. Elle sait que sa mère ne reviendra pas. Mais elle espère. Elle tressaille dès que la porte s’ouvre. Elle veut voir ce visage si familier franchir une nouvelle fois le seuil de cette bâtisse hantée par son souvenir. Mais elle n’entre pas. Elle n’est plus là. Elle est ailleurs. Elle est en bas.
Alors la petite poursuit son errance fade dans sa maison plus grise que jamais. Elle ne voit son père que le soir, quand il rentre tôt. Comme elle dort mal, elle parvient à le croiser à l’aube, lorsqu’il part travailler. Mais quelque chose s’est définitivement brisé entre eux. Si la petite espérait qu’il prendrait son rôle de père plus au sérieux, elle fut bien déçue. L’homme maladroit ne sait pas comment engager une réelle conversation avec cette fille qu’il aime mais qu’il connaît peu. Pour lui, l’argent est la plus belle preuve d’amour. Il met tout son cœur, toute son âme dans ce restaurant qui tient encore à peine debout. Il en va de son honneur. Il est certain que, de son côté, la gamine trouve de quoi occuper ses journées. Après tout, c’est une enfant. Et les enfants ont une imagination débordante qui leur permet d’éviter l’ennui. L’esprit de la petite, lui, est plutôt empli de cauchemars. Des démons dont elle ne peut parler à personne. Parce qu’elle est seule. Parce qu’ils sont issus de ses peurs à elle. Elle passe la plupart des longues heures ensoleillées à les repousser. Sans succès. Plus isolée que jamais, les couloirs sinueux de sa propre demeure deviennent le théâtre de ses obscurs fantasmes. Persuadée que des monstres aux yeux de rubis n’attendent qu’elle, elle refuse de sortir de sa chambre. Elle se laisse dépérir. Et c’est à ce moment-là qu’il naît.
Sora, cette ombre illusoire, lui apparaît sous ses traits d’adolescent. A sa vue, l’enfant ne panique même pas, bien trop heureuse de se trouver en compagnie d’une figure humaine. Qui que soit ce type, quelle que soit la façon dont il s’est introduit chez elle, sa présence lui est un grand réconfort. La petite commence par se présenter. Le type reste muet. La gamine lui pose des questions. L’intrus ne répond pas. Elle fond en larmes. Lui ne bronche pas. Elle se calme. Lui l’est toujours. Elle lui énonce ses malheurs. L’autre ne répond pas. Mais elle sait qu’il l’écoute. Ça lui suffit. Pour la première fois depuis longtemps, elle entend le son de sa propre voix. Ses cordes vocales renaissent. Son ouïe également. L’enfant s’éveille à nouveau, après une trop longue période de prostration. Elle se livre à cet être brumeux qu’elle croit fait de chair et de sang. Elle exprime tout ce qu’elle a dû retenir coincé au fond de sa gorge pendant ces longs mois de déboires. Au fur et à mesures de ses monologues, la petite sent la plaie se refermer. Comme si le fait d’ouvrir la bouche l’exorcisait. Avec cet inconnu à ses côtés, elle se sent plus en sécurité. Elle ose de nouveau briser les remparts de sa chambre. Elle traverse de nouveau les couloirs sombres de son inconscient. Elle risque un œil au-dehors, rêvasse à la fenêtre, entrouvre cette porte qu’elle a tant rêvé de voir s’ouvrir sur le corps enterré de sa mère. Trop jeune pour se permettre de partir en vadrouille, elle se contente de faire quelques pas autour de la maison. Mais bientôt, un irrépressible désir de liberté la saisit. La coquille vide se remplit petit à petit. D’émotions, d’envies, de rêves. D’un goût nouveau pour la vie. Heureusement pour elle, la barrière de l’âge finit par s’écrouler. Elle atteint ses six ans, et sait pertinemment ce que ça signifie.
La voilà en âge d’entrer à l’académie des ninjas.
Devant ce soudain regain d’énergie, le père ne peut que céder aux demandes de sa fille. Et la voilà, petite blonde haute comme trois pommes, à tenter de se mêler aux apprentis ninjas du village. Ses rêves sont le seul moteur de son corps de poupée. La plupart de ses camarades ont passé leurs jeunes années à courir dans tous les sens, à grimper aux arbres et à poursuivre les chats du voisinage, tandis qu’elle restait assise sur son lit, recroquevillée sur elle-même, à pleurer la mort de sa mère. N’ayant pas la même force physique que les autres, elle part avec un gros désavantage. Il lui faut peu de temps pour s’en apercevoir. Elle aimerait en pleurer. Abandonner. C’est trop dur. Comment pourrait-elle se défendre face au destin lui-même ? Le monde lui paraît soudain injuste et trop cruel. Et malgré tout, elle ne baisse pas les bras. Quelque chose en elle lui crie de poursuivre dans cette voie. Que c’est une chance unique. L’adrénaline et l’espoir gonflent ses petits poumons. Elle relève la tête, et affronte la difficulté les yeux dans les yeux. Elle redouble d’efforts pour se mettre à niveau. En surpasse bientôt quelques-uns. Et prend un plaisir incomparable à s’épuiser ainsi. Elle n’est pas faite pour la vie d’intérieur. Elle est née pour vivre au grand air. Pour courir, sauter, s’élancer, se dépenser sans compter. Pour manipuler le chakra qui coule dans ses veines. Pour manier les armes qu’on met à sa disposition. Elle se sent comme un poisson dans l’eau. Plus légère qu’elle ne l’a été ces dernières années. Ses cauchemars s’envolent les uns après les autres. Même Sora ne lui apparaît plus. Noyée au milieu d’une foule d’enfants de son âge, elle ne s’en aperçoit pas. Elle goûte au bonheur, et pour rien au monde elle ne se passerait de cette douce sensation. Elle se sent invincible. Elle se sent vivante.
Mais comme chacun sait, le bonheur est de courte durée. Il n’est qu’une brève étincelle dans un orage de chaos. Pendant que sa fille s’entraîne à l’académie, le père de Tsuki fait une rencontre qui va changer le cours de sa vie. Il croise la route d’une autre femme. Incroyablement belle et charismatique. Riche, aussi. Et seule. Les deux adultes se fréquentent un temps, sans en toucher mot à la petite fille. C’est pour ça qu’elle a du mal à appréhender la suite des évènements. Son père a la patience d’attendre la fin de sa première année à l’académie. Et lorsqu’elle rentre de son dernier jour, elle ne se doute pas qu’elle n’y remettra jamais les pieds. Elle trouve son père et une belle inconnue assis à la table. Ils lui expliquent de nombreuses choses. Toute naïve, la gamine ne saisit pas immédiatement les conséquences de ce déménagement précipité. Elle va aller habiter en ville, chez cette femme dont elle ignore jusqu’au nom, mais qui semble un peu trop proche de son père. Ignorant le sentiment de malaise qui tente de s’insinuer en elle, la petite ne rechigne pas à les suivre, toute heureuse de quitter cette maison trop petite, trop pleine de souvenirs. On lui propose en plus d’habiter une gigantesque demeure, semblable à un château-fort. On dirait que celle qui partage la vie de son père n’a pas lésiné sur les moyens. Trois étages, six chambres, autant de dressings, plus de nourriture qu’on pourrait en consommer en une vie. Dans ce palais inespéré, la petite trouve une nouvelle forme de bonheur. Elle n’en finit pas de l’arpenter, cherchant à y déceler des passages secrets qu’elle présume nombreux. Elle passe de nombreuses heures dans les placards emplis de vêtements coûteux qui ne lui appartiennent pas. Voyant que les robes plaisent à la petite, sa belle-mère tente de faire taire son amour pour l’aventure en lui offrant nombre de soieries et de dentelle. Elle la couvre de perles et de rubans, espérant enterrer à tout jamais sa soif de liberté. Ça marche. Un temps. Les parures de velours et les chaussures de cuir font oublier à la gamine ce qu’il se passe au-dehors. Mais une fois qu’elle a essayé toutes les combinaisons possibles, elle commence à se lasser. Non pas qu’elle n’aime pas son nouveau statut de princesse. Elle adore être choyée, gâtée, crouler sous les cadeaux. Mais si son père a abandonné son restaurant, il ne passe pas beaucoup de temps avec elle. Il reste avec cette femme, qui, elle en est désormais sûre, tente de prendre la place de sa mère. Et elle se retrouve de nouveau seule. Elle a beau supplier les adultes de la laisser sortir, de la laisser devenir quelqu’un, ils ne lui cèdent pas. Et c’est bien la première fois. Le père semble obéir au doigt et à l’œil de cette marâtre qui le dompte sans en avoir l’air. A ses yeux, une jeune princesse n’a pas à combattre aux côtés des hommes. Les ninjas doivent la protéger, et non pas le contraire. Pourquoi se joindre à leurs rangs ? Parce que Tsuki ne veut pas être de ces princesses enfermées dans leur donjon scellé.
Le palais va pourtant devenir sa prison. Après une tentative de fugue, la petite se retrouve enfermée dans sa chambre. Son père vient de temps à autres lui apporter son repas. Il évite de croiser son regard. Mais quand il pose les yeux sur son petit trésor, on peut clairement y lire les remords qui emplissent ses pensées, la tristesse qui ronge son âme. Ce serait suffisant s’il rattrapait ses erreurs. Mais il reste persuadé que sa fille finira par se calmer, se montrer docile. Et qu’elle quittera bientôt les barreaux de sa prison rose pour mieux le retrouver. Il ne se doute pas de la blessure qu’il inflige à sa petite protégée. Pour la deuxième fois de sa courte existence, la gamine se retrouve déchirée par l’abandon. Son père lui tourne définitivement le dos. Sa nouvelle compagne veut les éloigner autant que possible. Ses camarades de l’académie ne savent pas qu’elle habite l’un des quartiers riches du village. Sa seule relation avec l’extérieur est sa fenêtre. Elle passe de longues heures à observer la vie d’Oto, consciente qu’elle n’en fait plus partie. Pour tuer le temps, elle fait de sa chambre une salle d’entraînement sommaire. Elle passe de longues heures à tenter de maîtriser les flots de chakra qui s’échappent de ses mains en ruisseaux d’argent. Faute d’avoir un sensei auquel se référer, elle ne fait que de maigres progrès. Bientôt, elle refuse de toucher aux plateaux-repas que lui livre son géniteur. Incapable de s’arracher à cette cellule trop étroitement surveillée, elle décide de se laisser dépérir. Elle aimerait bien retrouver sa mère. Alors qu’elle avait réussi à refouler sa peine, la voilà qui ressurgit en un geyser destructeur. Le manque se fait cruellement ressentir, à présent qu’elle n’a rien pour se distraire. Elle éprouve même des difficultés à se livrer à Sora, son vieil ami qui réapparaît après de longs mois d’absence. Elle se laisse mourir à petit feu. Et l’ombre en est bien consciente. Elle ne peut pas la laisser faire. Elle ne veut pas mourir en même temps. Si le corps ne survit pas, l’âme suivra le mouvement. Alors l’adolescent disparaît. Et prend les commandes.
La seconde personnalité qui habite le corps de la petite fille s’éveille pour la toute première fois. Espérons que ce soit aussi la dernière. Sora refuse de mourir à cause de la faiblesse d’esprit de la gamine. Il est prêt à céder à ses caprices, lui aussi. Si elle veut être libre, elle le sera.
Le type qui loge dans ce corps de fillette choisit de ne pas prendre de gants. C’est la première fois qu’il peut s’exprimer. Autant marquer les esprits. Il décide de mettre à profit les quantités affolantes de chakra qui dorment depuis trop longtemps dans ce corps qui n’est pas vraiment le sien. La force qu’elles lui confèrent lui permet de démolir sans mal la porte close qui les retient prisonniers. S’arrêter là serait trop facile. Les adultes, ces immondes créatures amoureuses du pouvoir, pourraient se lancer à leur poursuite. Et ce n’est pas une option envisageable. Ils doivent périr. Rien de plus facile. Le petit corps, tout en discrétion, se rend dans la cuisine boisée et laisse s’échapper du gaz. L’intrus puise encore un peu dans les ressources du petit corps, et exécute quelques signes inconnus de la fillette. Sa gorge le brûle soudain. Il entrouvre les lèvres, et laisse s’échapper un ardent flot de flammes brûlantes comme l’Enfer. Le temps pour les adultes de comprendre ce qui se passe, il est déjà trop tard. La silhouette en rose prend la fuite, aussi rapide qu’une ombre, alors que le palais explose. La secousse projette le petit corps à terre. Le choc ramène la petite fille à la raison. Elle n’a pas conscience de ce que son corps a fait. Aussi ne percute-t-elle pas immédiatement. C’est pourtant bien sa maison qui est en flammes. L’incendie danse devant ses yeux horrifiés. Son cœur rate un battement. Que peut-elle faire ? Appeler les secours ? Foncer tête baissée au cœur des flammes ? Se réfugier chez un voisin ? Elle choisit de fuir. Elle prend la direction opposée au centre du village. Elle court à en perdre haleine, en direction des plaines inconnues, dangereuses, sans penser un seul instant aux conséquences de cette folie. Son instinct la pousse simplement à saisir la seule chance qui se présente à elle. Elle a passé tant d’années à rêver de liberté… La voilà qui s’offre à elle. Un seul choix s’impose : s’accrocher à ce vent qui la pousse de l’avant, sans jamais le lâcher.
Ça fait deux mois maintenant. Deux mois qu’elle survit. Qu’elle se rend de village en village, se servant de son charme angélique pour dérober de la nourriture. Deux mois qu’elle se présente sous le nom de Hime, la princesse déchue qui rêvait d’air pur. Deux mois qu’elle a perdu l’habitude de dormir. Le monde au-delà des frontières est trop dangereux. Chaque forêt dissimule son lot de brigands. Jusqu’à présent, la petite a réussi à s’en sortir indemne. Armée de kunai et autres shuriken subtilisés, elle se sert essentiellement de son agilité pour échapper à ses poursuivants aux intentions malsaines. Elle pourrait très bien revenir sur ses pas, et rentrer au pays du Son. On l’y accueillerait sans broncher, et elle pourrait parfaire ses talents à l’académie, comme au bon vieux temps. Mais elle est trop heureuse de sa situation actuelle. Le danger la distrait, la pousse de l’avant. Les grands espaces s’offrent à elle, et elle veut en saisir chaque parcelle. Un château lui paraîtrait trop petit, trop étouffant. Elle est un peu seule, peut-être. Mais Sora, qu’elle voit toujours comme un ami, lui tient compagnie de temps à autres. Quand elle n’est pas occupée à escalader d’abruptes falaises ou à sauter de branche en branche à la manière des écureuils. Oh, elle peut bien se perdre. N’ayant aucun but précis, c’est encore la meilleure chose qui puisse lui arriver.
Mon clan, mon honneur Aussi loin que peut nous porter notre mémoire, le clan Watanabe a toujours vécu au sein d’Oto no Kuni. Ce village représente leurs racines. Le clan est implanté depuis de nombreuses générations au cœur du village caché du Son, ce qui lui confère une certaine notoriété. Il s’agit sans doute de l’une des familles les plus anciennes du pays. Ayant gagné le respect de leurs semblables ainsi que celui de la nouvelle génération, on peut affirmer sans mentir qu’ils sont très influents. Si les ancêtres étaient issus des milieux modestes, leur descendance a, depuis, gravi les échelons. Les Watanabe sont connus pour l’amour inconditionnel qu’ils portent à l’argent. Les membres du clan amassent autant de pièces d’or que possible, et s’évertuent à ne pas en dépenser une seule. La plupart sont des ninjas haut gradés, fiers de leur titre et de la contribution qu’ils apportent à redorer le nom de leur famille. Et puis, il y a l’exception. Eisaburô Watanabe, le traître qui a préféré suivre ses rêves plutôt que ceux qu’on fabriquait à son intention. Ne se sentant pas l’âme d’un combattant chevronné, il s’est tourné vers la cuisine. L’art du combat a laissé place à celui de la restauration. Et c’est une voie que ne peut tolérer son entourage. Être cuistot, c’est bon pour les autres. Les gens du petit peuple. Ceux qui ne peuvent gagner leur vie autrement. Pas pour un Watanabe. Malgré les menaces, Eisaburô tient bon. Personne ne saura jamais dire si ce fut une erreur ou non. Renié par les siens, déshérité, l’âme en peine, l’homme refuse de céder aux caprices de sa famille, et décide d’ouvrir son propre restaurant. Il y noie les derniers centimes qu’il possède. L’affaire fonctionne plutôt bien au début. Ses recettes rencontrent un franc succès. L’homme seul rencontre même l’amour en la personne d’Amasa Maeda. Une femme banale qui n’a rien fait de plus que de commander un plateau de sushis par un beau jour d’été. Eisaburô tombe immédiatement amoureux de sa fraîcheur, de sa simplicité. Mais son nom reste inconnu aux oreilles du clan Watanabe. Partisans du mariage entre individus de bonnes familles, ils ne comprennent pas ce nouveau faux pas, le désapprouvent. Eisaburô rompt définitivement avec les siens. Mais, bien que le chef de clan ne soit au courant de rien, le traître perpétue le nom qu’il a entaché. Sa fille porte le nom d’une famille dont elle ne connaît rien.
Ayant toujours vécu à Oto, les Watanabe ont développé une grande sensibilité à l’égard du son. Ils sont naturellement dotés d’une ouïe remarquable, qui s’affute au fil des années. Le clan est également connu pour maîtriser l’Onkyôton, l’art du son. Ils sont naturellement prédisposés aux techniques ayant attrait à cette affinité peu courante. La manipulation des bruits n’a plus aucun secret pour les plus expérimentés. Ils puisent leur essence dans n’importe quel environnement. L’eau qui ruisselle le long d’une falaise, le vacarme de la ville, le chant des oiseaux, les insectes grouillant sous terre ; toute source sonore est siège de leur pouvoir. Modifier leur voix comme bon leur semble leur est un jeu d’enfant. Les figures les plus puissantes du clan n’hésitent pas à convertir une sonorité en une autre afin de duper leurs adversaires. Quoi de plus aisé pour un ninja initié à cet art depuis son plus jeune âge ?
Vie Privée Les informations qui suivent sont facultatives sauf celle marquée d'un astérisque : • Âge : • Localisation : • Prénom : • Nindo : Rallier des slips à notre cause ! • Passions : Faire caca sur les pigeons ! • Personnage du manga préféré : Dieu. • Comment avez-vous découvert le forum ? Je le meuble depuis plusieurs années maintenant ! • Comment trouvez-vous le forum ? Caca • Que faudrait-il changer ? RIENDUTOUT • Autre chose ? : Je pensais m’être débarrassée de vous pour de bon mais en fait non, vous me manquiez trop J’ai l’accord de Gackt pour mélanger description physique et mentale, mais si ça vous gêne, je la refais ! Sachant que je risque de la retoucher dans les prochains jours Puis, comme j'ai une forte tendance à endormir mes lecteurs, toute critique constructive est la bienvenue • Avez-vous lu le règlement ?* : Oui et le Contexte.
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Dernière édition par T. Hime Watanabe le Dim 9 Fév - 16:14, édité 2 fois |
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