Intégration de l'unité défensive spéciale [Pv Kazeshiro]

Je me mouvais entre les belles avenues du village, j’étais aujourd’hui convoqué à une conférence de Danosuke, le chef de sécurité et commandant de défense de Kumo. J’avais en effet inscrit mon nom parmi les volontaires pour l’unité de défense de kumo. Un poste plutôt tranquille d’habitude, mais ici, il faudrait se montrer fort et expérimenté pour bien surveiller les alentours, et défendre ce village fragile. Pendant que je marchais entre les gens, les masses, je pouvais distinguer quelques mots des discussions du peuple. Le raikage était en effet très contesté de ce que j’ai pu comprendre, une aubaine, encore, pour moi. J’avais le loisir d’intégrer Kumo plutôt tranquillement, j’avais réussi à passer les barrières de fuinjutsu très facilement. Il était désormais temps de devenir un autre, je n’étais qu’un pâle imposteur, étranger de tout ici et pourtant, j’étais accueilli chaque bras bien grand ouvert par les autres. Le simple nuage brouillon gravé sur un morceau de fer collé au-dessus de mon genou, sur un bandeau, faisait de moi un des leurs. Un frère de ces inconnus, comme la vie peut être si insignifiante et dérisoire, un fer me faisait passer pour leur ami de toujours, ils ne m’avaient jamais vu et pourtant, leur affection m’aurait presque parut tout à fait normale.


Mes pieds continuaient de s’agiter sur la pierre taillée de mon chemin, je m’approchais du bâtiment rond et situé en hauteur du village. Ce morceau de pierre donne accès aux remparts et à la route menant droit à ces fabuleuses et grandes tours de guet. Je m’infiltrais  dans la salle normalement, une vingtaine de shinobi du village se dressaient devant cet homme au regard masqué, on ne pouvait deviner ses pupilles derrière ces lunettes d’un noir profond. La conférence débutera bientôt, il semble régner une ambiance assez stricte, sévère, je me risquerais même à parler de tension militaire. Cette ambiance si particulière que seul un shinobi, un vrai, peut comprendre et reconnaître. Des chaises pliantes en fer étaient disposées pour nous autres, interlocuteur volontaire de cet homme particulièrement dure, son visage laissait entrevoir les blessures d’un passé lourd à souhait. Je remarquais malgré la luminosité faiblarde quelques éclats marqués de violences, des cicatrices sans réelle profondeur mais bien présente. Son visage nous parle comme un livre, j’imagine les scénarios auteurs de cette abomination physique, j’imagine les scarifications faciales d’un inspecteur lors d’un interrogatoire. Ces marques aussi laides soient elles nous parlent et témoignent de la volonté de cet individu. La preuve que celui-ci n’a jamais trahi verbalement son camp.

Alors que je me perdais dans mes pensées comme un gosse s’inventant une douce histoire pour combler sa solitude, le commandant toussa durement dans le micro, un rappel à l’attention et un premier test oral. Le micro semblait ne pas fonctionner alors il le prit et, malgré les ombres, je déchiffrai son étonnement mouvement. Il broya à main nue le fer et les fils électriques retenus en celui-ci, un geste d’agacement plutôt démesuré mais qui annonçait la couleur.

-Jeunesse de Kumo, vous êtes aujourd’hui présent par patriotisme, volontarisme et courage. Je vous remercie et vous félicite de nous rejoindre dans l’unité spéciale défensive de Kumo. Je demanderai dans un premier temps aux manieurs de fuinjutsu de s’avancer sur ma droite, au même titre que les senseurs et shinobis dotés de capacités sensorielles élevées.

C’était mon tour, mes invocations étaient capables de remplir ce rôle de percepteur. Je fis un pas sur le côté qu’il indiquait, je remarquais un gars, possédant une chevelure d’un noir brut et marquée de quelques boucles, sont teint de peau était plus clair que le mien, son corps était plus adulte que le mien mais son visage renfermait quelque chose de plus neuf et fougueux que le reste. J’approchais d’eux et sentis une main autour de mon biceps, elle m’entraina droit sur lui. J’entendis quelques mots sans vraiment les retenir, il me remarqua lui aussi.

-Sukai…

Je regardais derrière lui, sur sa gauche et sa droite rapidement tout en cherchant mes mots. Je remarquai une petite table orné de quelques tasses de thé, sans vraiment trop penser, je lui déclarai cette identité aussi fausse que tout ce que je prétends être depuis que je suis ici.


Ne voulant pas trop attirer sa curiosité, je me donnais un air particulièrement futile et niais d’un simple sourire tout aussi stupide. Je passe ma main droite dans mes longs cheveux semblables à une crinière animale, je plisse les yeux prenant cet air brave que je dénigre tant. Le Demi-dieu a pris en légèreté, apparemment.

Il m’avait guidé de sa gouvernante main sur mon épaule, guidé à la petite table garnie de quelques tasses, de thé aussi. Alors nous goûterions ensemble aux joies de ce fabuleux breuvage avant de recevoir les ordres. Je me posais sur un des petits sièges bordant cette table, je pince du bout des doigts le petit manche d’une des tasses et amène  la porcelaine fragile à mes lèvres. Le liquide chaud abreuva ma gorge, il revigora en moi une envie de jouer la mascarade encore plus fort, comme si mon inconscient voulait pousser le ridicule à un paroxysme dangereux.


J’engageai une conversation futile et pathétique à souhait, je m’égarais d’un sourire trompeur tout en le contemplant, la tasse à la main. Je sirotais le thé mais ne le lâchais pas des yeux. Je me surpris à rêver, me prenais-je au jeu de la tromperie avec un plaisir quelconque ? Appréciais-je ce rôle ? A vraiment y penser, je me convaincs que non. Le plaisir trouvé en cette comédie, c’est d’échapper à mon rôle un instant, c’est l’évasion d’un homme de sa propre carapace.

Je pense, encore et encore mais voilà qu’un shinobi du village se pointe pour nous appeler au travail. C’était donc mes premiers travaux, je me demandais à quoi consistais la défense et la surveillance du village. J’ose espérer que j’en apprendrais plus sur le système géant et réputé de fuinjutsu de type défensif installé autour de la cité. Je me redressai de mon siège puis posai mon liquide encore bouillant sur la petite table. D’un léger air nonchalant, Kazeshiro se redressa lui aussi. Je le sentais assez distant, peut être même blasé. Il ne capte pourtant pas mon intérêt, en revanche, il faudra que j’en apprenne plus du fuinjutsu et il semble en connaître un minimum là-dessus, puisque j’ai été assigné avec lui à l’unité.

Nous fûmes conduis dans les hauteurs du village, nous atteignîmes une haute tour centrale qui ouvrit le passage aux grands remparts. Nous devions rejoindre l’autre grande tour de guet, celle situé tout près des grandes entrées centrales de Kumo. La marche en hauteur me parût longue et étrangement fatigante, j’analysais les alentours, les points faibles et autres imperfections sans pour autant trouver un réel intérêt à tout cela.  Des cris d’hommes enragés au combat me vinrent en tête, me trottèrent dans l’esprit. J’imaginais un robuste assaut sur ces mêmes installations que j’observais, à peine eussè-je le temps d’oublier que je me retrouvais déjà en position.

-Analysez les commandes et surveillez les arrivées par l’entrée, vous partirez ensuite en reconnaissance des points de fuinjutsu, il faut effectuer une mise à jour des sceaux et faire un rapport de zone. Le senseur, assurez-vous des alentours.

Parfait, ainsi, je vais assister aux manipulations basiques sur ces sceaux. La chance était avec moi, tout ce que j’avais à faire, c’était observer un professionnel faire. Je ne pus retenir ce léger rictus qui, je l’eus cru, déforma un court instant mon célestin visage. Je jubilais de l’intérieur à l’idée de voir ces sceaux, de tenir entre mes minces doigts la sécurité d’un si grand village. Il fut presque indécent de connaître le fond de mes pensées, noires et bien différentes de ce que laisse présager mon visage.
Je me contente d’un chaleureux remerciement, je me tiens prêt à agir et invoque Fuu.


Le petit grizzly blanc apparut face à moi, elle eut une petite seconde d’affolement en remarquant le grand kazeshiro. Je m’accroupis devant elle puis la regarda de mes yeux si beaux, si joyeux et enfantins pour l’occasion. Elle se retrouvait comédienne de mon spectacle, le garçon dur et sauvage qu’elle connaissait était mort, enlacé dans la peau d’un autre. Je devinais aisément l’air médusé inscrit sur son visage, mais je ne laissai rien paraître, comme si elle rêvait et que rien d’anormal ne se produisait.


Je termine ma splendide représentation d’un simple sourire, niais et dénué de toute profondeur. Il était à la fois à l’image de ma représentation et aux antipodes de celles-ci. Sans profondeur aucune, mais pourtant si fantastiquement interprété.