Rêve et solitude.

Et il marchait, imperturbable, dans ce désert gelé. Il marchait, méconnaissable, dans cette atmosphère figée. Son souffle saccadé, ses jambes frigorifiées, son corps, presque paralysé. Mais il marchait, en quête d'une destinée.

Les flocons heurtaient son beau visage. Beau, n'était-ce pas qu'une image? Et les vents démesurés, de cette tempête étant le langage, se succédaient, à l'abordage du corps de l'homme en cage.

Car oui, il l'était. Privé de destinée, il ne savait où se donner. Juzo marchait dans ses pensées, ne sachant où aller, ni quel rêve caresser. Trouverait-il cet être désiré, semblable à lui, cet être qui lui ressemblait?

Ses pas l'avaient conduit loin de la ville, loin de la vie. Dans cet espace anéanti, avec ce froid qui vous détruit, prend votre corps, et le meurtrit. Prend votre coeur, et le réduit.

N'y a-t-il pas d'échappatoire? Au bout n'y a-t-il que l'abattoir? L'homme pâle rêvait d'apercevoir, dans cette discorde dérisoire, un but, un rêve vers lequel voir, un lendemain, à concevoir.

Mais Juzo la connaissait, cette quête. Au fond, il savait, n'était pas bête.

Il cherchait cet homme, cette femme, cet être. De même puissance que lui, de même avis. Sa vie était tracée pour ça, du moins sa survie, car sa vie sans lui, cet être qui serait son sosie, dans le caractère, dans l'âme, et dans l'esprit n'était que vide, abîme de temps, sous-vie.

Et il marchait, imperturbable, dans ce lieu enneigé. Il marchait, inarrêtable sur le chemin de sa destinée.

Au fond, mot pour mot, il recherchait un jumeau. Car qui d'autre, aurait la même volonté, les mêmes idées, le même ego?

Juzo se réveilla. Dans son esprit, s'éloignait encore la silhouette lointaine de l'adolescent, qui disparaissait de plus en plus dans la tempête.

- Un jour, je te trouverais.