La nuit planant sur Konoha masquait les visages des rares passants. Dans l'obscurité, cinq ombres se mouvaient au dessus des toits, volant de bâtiment en bâtiment, se rapprochant toujours plus de l'Hôpital du grand village.
Haiko, comme à son habitude, méditait, seul entre les murs. Il n'aimait pas particulièrement les bruits et l'agitation des journées ici, qui l'empêchaient de penser. Son râle sombre anéantissait le silence ambiant, ses yeux rougis allumaient une mince lumière dans les ténèbres, et sa longe cape frôlait le sol. Il repensait aux derniers événements : La Hokage l'avait intégré au village, malgré ses airs louches et surtout malgré le fait qu'il ait porté une cape de l'Akatsuki, qu'il avait trouvé par hasard et qui lui avait valu une arrestation dans les règles. Puis elle était partie en mission dans une autre contrée, et était revenue à Konoha plongée dans un profond comas. Malgré le peu d'intérêt que portait généralement l'ex-Kumo-jin aux autres personnes, cette nouvelle l'avait profondément attristé. C'était elle qui lui avait permis de retrouver une vie quelque peu orientée, et il avait pu faire un véritable travail sur sa personne.
Alors qu'il passait non loin de l'Hôpital, ce qui avait ramené dans son esprit ces sombres pensées, un bruit léger le fit se retourner. Il aperçut les cinq ombres entrer à l'intérieur du bâtiment. Des rumeurs lui revinrent alors à l'esprit : Il avait entendu les habitants parler d'un groupuscule souhaitant assassiner la Hokage. Les manifestations et la non-décision du conseil à élire quelqu'un d'autre avaient entraîné une vague d'agitation négative sur l'ensemble de Konoha et de ses alentours. L'homme au masque mit rapidement en parallèle les rumeurs entendues et les cinq personnes entrant dans l'Hôpital, et son instinct s'alarma : cela ne présageait rien de bon.
La Hokage dort en silence
Dans l'Hôpital le jeu se lance
On tue des gardes sans un bruit
Personne ne peut sortir d'ici
Les infirmières se barricadent
Et tous leurs coeurs battent la chamade
Le groupe est fort, organisé
Personne ne peut les arrêter.
Il fallait faire vite. Celui que l'on nommait auparavant Juzo se lança lui aussi en direction de l'Hôpital. Il franchit la porte laissée ouverte, et monta les étages. Il savait où se trouvait la chambre de la Hokage pour lui avoir rendu visite à son retour. Devant lui, plusieurs corps s'entassaient. Certains étaient assommés, d'autres avaient trouvé la mort. Le nouveau Konoha-jin se demanda comment des personnes du village avaient pu faire ça à leurs compagnons. La politique est un odieux manège, qui pousse à l'inhumain.
Grimpant les escaliers jusqu'à arriver au quatrième, Haiko arriva sur un lieu de bataille. Plusieurs corps s'entassaient encore, et face à lui, deux groupes se confrontaient. De son côté, trois gardes, apparemment les seuls restant. Deux étaient grands, et l'un portait un Shuriken géant sur son dos. L'autre, plus petit, avait les mains noircies, signe qu'il était utilisateur de Raiton.
- Je ne comprends pas pourquoi les renforts ne répondent pas, dit l'un des deux grands.
En face d'eux, cinq shinobis : Une femme à la musculature saillante et à l'air féroce. Ses yeux d'un bleu électrique scintillaient dans la noirceur du couloir. À ses côtés, deux jumeaux, extrêmement maigres, au regard vide, comme sans émotion. Avec eux, un gros homme en armure, portant une lourde épée. Au centre de ce groupe, et certainement leur chef, un homme de taille moyenne, aux yeux vert pétillants, à la joue balafrée et à la longue cape rouge. Un sourire marquait son visage, et celui-ci reflétait l'expérience d'une vie de batailles.
-
C'est simple,dit-il,
mes amis ici présents sont capables de brouiller les ondes de votre radio. Ce sont deux manipulateurs de Raiton extrêmement utiles.Les deux concernés ne bronchaient pas, leurs regards morts scrutaient leurs adversaires.
Le gros à l'armure s'exclama alors :
- Oh, mais nous avons de la visite on dirait !Les trois gardes se retournèrent :
- Vas t-en, vas chercher de l'aide, ils sont bien trop forts !Cette inattention et cette parole valurent au petit aux mains noircies un kunaï dans la gorge, lancé par la femme du groupuscule. Le sang l'étouffa, et son corps s'effondra. Haiko put apercevoir les dernières lueurs de vie dans son regard avant qu'il ne quitte ce monde, tétanisé.
L'homme aux cendres n'hésita pas, il vint se mettre en travers des deux camps, à la hauteur de la porte menant à la chambre dans laquelle sommeillait Hanako Hyûga. Derrière, le Konoha-jin pouvait entendre les sanglots de d'un homme et d'une femme.
- À quoi vous servirait-il de la tuer ? Êtes vous si lâches, pour assassiner une personne qui dort ?De son air amusé, le chef du groupe répondit :
- Ne m'importune pas avec tes discours bien-pensants. Le Conseil se traîne à sortir Konoha de la crise que nous traversons. L'assassinat de la Hokage amènera à une décision plus rapide. Et puis, elle ne sortira probablement jamais du comas, elle n'est plus d'aucune utilité à personne. Haiko entendit derrière lui :
- Ce ninja va nous servir d'occupation, va vite chercher de l'aide.Le grand au Shuriken ne se fit pas prier, il commença à partir dans l'autre sens, mais :
- CoucouL'un des jumeaux avait utilisé son Raiton, et avait dépassé le fuyard. Sa paume avait atteint la gorge de ce dernier, et il tomba au sol, sans vie.
- Shiroko !Cette seconde de peine suffit à l'autre garde pour rejoindre son ami, un Kunaï utilisé par la shinobi musclée était venue se loger à l'arrière de son crâne. Dans un hurlement de douleur, le troisième corps s'effondra. Haiko était désormais seul.
- Bien, ceci étant fait, nous allons devoir te supprimer. Tu aurais du te mêler de tes affaires. Les gars, personne ne touche à la Hokage tant que cet idiot n'est pas mort. Ce serait con de laisser des témoins. On se chargera de la Hyûga et de son personnel après.Il claqua des doigts, et ses quatre confrères se lancèrent.
Haiko ne se fit pas attendre :
Haiton : Nuit d'orage.Le ninja au masque souffla à travers son masque, et un nuage de cendres vint envahir le grand couloir de l'Hôpital. Avant de disparaître dans la fumée de particules, le Konoha-jin put apercevoir le sourire du chef de groupe, campé à sa position de base.
Une main électrique passa à quelques centimètres de Haiko, et celui-ci envoya valser son pied dans le coude qui se présentait à lui. Un *crac* se fit entendre, ainsi qu'une plainte.
- Cet enculé m'a pété le bras !Haiton : Passage aux enfers.Dans le nuage qui grandissait petit à petit, un cadre de cendres se forma. Quiconque le traverserait aurait la sensation d'être gravement malade, fiévreux. Il serait à la merci de l'ancien Kumo-Jin. La ruse ne manqua pas, car les deux frères, usant de leur Raiton pour foncer sur Haiko le franchirent. Leur technique se stoppa net, déconcentrés qu'ils étaient pas l'effet soudain du Genjutsu. Il arrivèrent à un mètre du shinobi, et celui-ci put les apercevoir à travers l'obscurité.
Il sortit un kunaï en vitesse, et les exécuta, marquant à jamais sur leur visage si vide d'émotion auparavant un air hébété, désormais figé dans le temps.
Haiko n'eut pas le temps de se réjouir de ces deux adversaires en moins, qu'un kunaï lui entailla le sommet de l'épaule. Il devait faire attention, ces ninjas possédaient un très bon niveau.
Mais son piège était en place, et il se recula :
- Brûlez.Haiko cracha une mince boule de feu, qui vint transformer en véritable brasier ce qui était quelques secondes en arrière un nuage de cendres. Un cri à déchirer les entrailles se fit entendre, et dura plusieurs secondes avant de s'éteindre, et avec lui la Shinobi l'ayant poussé. Il ne restait à présent que deux ennemis.
Le brasier s'éteint vite, et l'homme aux cendres retrouva la vue sur le couloir. En face de lui, entre les murs noircis, le gros ninja en armure et à l'épée, ainsi que son chef se trouvaient en retrait. Le sourire du balafré avait désormais laissé la place à une mine contrariée. Le gros lui, suintait de rage.
- Calme-toi Toyishi. Je te laisse t'occuper de lui.- Avec le plus grand plaisir.Costaud mais rapide et fort, le Shinobi à l'épée se jeta sur Haiko. Il envoya sa lame sur plusieurs côtés, essayant de toucher l'homme au masque qui esquivait les coups du mieux qu'il pouvait. Le combat rapproché n'avait jamais été sa spécialité. Plus loin, l'homme à la balafre observait le combat.
La lame fint effleurer la joue de Haiko. Celui-ci ne pouvait pas riposter au corps à corps, son assaillant étant entièrement recouvert de métal.
Dans une esquive très approximative, Haiko parvint quand même à lancer sa technique :
- Haiton : Démonstration morbide.- Technique ::
L'utilisateur enverra sur l'ennemi, de par un nuage ou une autre projection, des cendres imprégnées d'un genjutsu. Touché par ces cendres, l'ennemi aura la sensation que celles-ci lui procurent la dernière vive douleur qu'il aura ressenti (exemple si sa dernière grosse douleur est une jambe cassée, la douleur s'apparentera à un os brisé dans la jambe), qu'elle soit physique ou morale (si en revanche il a subi une perte il y a peu, la douleur intérieure reviendra à la surface d'un coup).
Les cendres se firent rapidement et ne tardèrent pas à trouver leur cible.
- AAAAAAAAAAAAAH !L'homme en armure s'effondra sur le sol en se tenant les côtes, et son épée tomba. Visiblement, il avait reçu peu de temps avant une vive blessure au ventre. L'effet était parfait. Haiko ramassa l'épée de son adversaire, et se rapprocha du dénommé Toyishi. Celui-ci le regarda, se tenant toujours les côtes. Des larmes brillaient dans ses yeux. Haiko lui mit un coup de pied dans la tête, l'assommant sur le coup. À quoi bon le tuer, il fallait bien des gens pour raconter ce projet aux autorités. Elles sauraient extraire les informations de la tête du renégat.
Haiko lâcha l'épée. Il l'avait prise pour rien, il n'en avait pas l'utilité.
- Eh bien, eh bien. Tu ne me laisses pas le choix.Le malfrat exécuta plusieurs mudras. Une bourrasque de vent si puissante et violente qu'elle était quasiment visible à l'oeil nu explosa le mur derrière l'assassin, et vint emporter Haiko qui fut projeté contre l'autre mur, au début du couloir. Il s'enfonça quelque peu, et à l'intérieur de son corps, l'homme masqué sentit ses os grincer.
L'utilisateur de Futon arracha un bout de sa cape, qui avait été brûlé par le brasier précédemment créé. Ce détail n'échappa pas à Haiko, qui se releva durement après être tombé au sol.
- Intéressant, dit-il de sa voix grinçante.
Haiton : L'élément manquant.- Technique ::
L'utilisateur, d'une manière comme d'une autre (voir autres techniques genjutsu) touche la cible avec le genjutsu. Celle-ci, si elle a été touchée par un ninjutsu auparavant, ne verra plus l'affinité du ninjutsu qu'elle a subit.
Un fin nuage de cendres partit en direction de l'adversaire, qui les éparpilla en partie en agitant sa main.
- C'était une technique ça ? Je ne comprends pas comment un tel imbécile a pu venir à bout des autres. Futon !Le vent réapparu, puissant, dans un bruit dément. De par ses mains, le renégat le manipulait à sa guise. Il l'envoya voler en direction de Haiko, qui fut propulsé en l'air, avant de retomber lourdement. L'opération dura plusieurs minutes, l'assassin jouant avec les vents et lui, se vengeant du sort réservé à son groupe. Haiko se laissait faire patiemment, attendant un vent propice pour déclencher sa technique. Le moment vint enfin :
- Katon.L'homme au masque, mal en point, parvint à lancer sa technique dans le vent qui revenait vers son utilisateur. Les flammes prirent de la vitesse et de la puissance, mais l'homme à la balafre ne voyait rien venir : il était pris dans le genjutsu de Haiko. Ses cris fendirent la nuit, et bientôt le silence revint, si l'on exceptait les sanglots, qui se calmaient quelque peu dans la chambre de la Hokage. L'homme était gravement brûlé, et la douleur de sa peau brûlée l'avait fait perdre connaissance, mais il n'était pas mort. Le Konoha-jin encercla les deux corps de ses ennemis avec ses cendres solidifiées, et ouvrit la porte de la chambre de la Hokage. Un homme et une femme se tenaient derrière, le premier essaya de montrer bonne image malgré les traces de larmes sur ses joues, la seconde éclata une nouvelle fois en sanglots, en se jetant dans les bras de Haiko.
- Hm, il... Il faut que je les emmène.Il repoussa doucement l'infirmière, jeta un oeil au lit de la Hokage, indemne, puis, à l'aide de ses cendres, il fit traîner derrière lui les corps inconscients des deux assassins.
Victoire enfin,
elle est sauvée
Victoire demain,
rien n'est joué
J'ai beau tuer
Quand j'ai aidé
La joie vient me réanimer.
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- Le village vous doit beaucoup, Haiko. Vous avez sauvé la Hokage, ce n'est pas rien. Bien sûr, toutes ces pertes à l'Hôpital sont déplorables, et la mise en fonction des gardes a été mal gérée, ils n'avaient pas le niveau. Au moins, grâce à vous, nous avons mis un visage sur ceux qui se faisaient appeler la Limbe écarlate. Nous arriverons à extraire les informations nécessaires de leurs esprits, ne vous en faites pas.- Bien.Haiko se retira dans l'Aube naissante, son râle étrange devenant le premier bruit de la journée. Cette nuit, il avait cette impression qu'il n'avait pas connue depuis longtemps, d'avoir été utile. Il oubliait un peu Kumo, se rapprochant de Konoha.