Une prise de pouvoir

Lorsque le vénérable Shiro Senju eut vent de l'énormité se profilant de bon matin, il vit son regard d'habitude si calme se tinter d'orage. Ainsi donc, la péronnelle se pensait capable et, qui plus est, en droit de "réclamer" son "héritage"... L'homme a qui le clan avait fait confiance ne comptait pas se laisser faire par une marginale en manque de reconnaissance, une gamine gâtée qui n'avait jamais connu le sens des mots "respect" et "déférence".

Quel gâchis... Son accord avec la loyale Mitsuki était pourtant clair et, même si Shihone devait initialement hériter des pleins pouvoirs sur la famille de son honorable ancêtre Hashirama-sama, la ridicule petite juunin n'avait pas le quart du dixième de la légitimité de ce dernier à arguer de telles revendications. Qu'avait-elle fait pour le clan au juste ? Hormis attirer la honte sur sa lignée par son concubinage éhontée avec un membre du même sexe entre autres choses... Shihone avait manqué à tous ses engagements et son "talent" ne plaidait guère en sa faveur, mais le vieil homme aurait-il besoin de remettre l'insolente à sa place ? Elle se ridiculisait déjà bien assez en ouvrant cette bouche qui avait traîné on ne savait où, rien que cette pensée lui arracha un rictus dégoûté.

" Quand bien même il vient à un enfant l'envie de défier ses aînés, il prend généralement garde au choix de ses mots et à la justesse de ses formulations. Auriez-vous oublié les quelques leçons d'élocution dont nous a parlé madame votre mère autrefois ou justifiez-vous d'un handicap quelconque qui justifierait la tolérance auditive dont nous devrions faire preuve à votre égard, Shihone-chan ?

Attaquant en premier lieu sous une forme peu conventionnelle, le patriarche prit ses aises parmi ses pairs qu'il fixa intensément. Certains dissimulaient un sourire en coin, d'autres masquaient une désapprobation quant à une tirade aussi basse que mesquine, mais qui pourrait en vouloir d’infantiliser une demoiselle qui se prenait pour une dame ?

- Sur ces entrefaites, pourrions-nous connaître la motivation de vos prérogatives ? Ce sont là des paroles graves et une demande osée pour quelqu'un dans votre genre. "

Le regard s'était fait dur, condescendant, et un murmure interloqué avait saisit les quelques dignitaires ici-présents. Shiro n'était pas tendre et tous savaient à quel point il méprisait celle qu'il considérait indigne du nom qu'elle portait. Partant de ce principe et des volontés passés du chef à vouloir écarter la rosette, il n'était pas difficile de comprendre la portée de ces mots précis dans la bouche d'un homme tel que la patriarche du clan Senju.

Si on m'avait dit que je dois assister à un conseil de clan, on s'attend également au contre-argument d'une revendication potentiel quand la légitimité du successeur rentre en ligne de compte. Il y avait l'ensemble des membres des Senju porteur du nom où nom ma petite soeur a pris sa décision, elle souhaitait réclamer son héritage en tant que descendante du premier hokage entre autres. Je me sentais un peu partagée entre mon envie de soutenir ma sœur dans sa démarche et me tenir éloigné de la situation que ça va entrainer, le plus probable sera une confrontation pour déterminer la qualité du prétendant au titre de chef ou héritier comme les Hyuga. Je suis sorti de la maison en laissant Tetsuya vaquer à ses occupations, soit aider à la formation des jeunes ninjas. Nagisa s'est rendu à l'Académie de Konoha avant mon petit ami et jeune père adoptif. On notait aucune menace qui approche nos frontières depuis l'invasion de Kiri, nous nous sommes remis à vivre normalement. Le mieux qu'il puisse faire est de participer à la vie du village.

je l'encourage en ce sens sans le frustrer quoique cela m'amuse de le voir traiter avec Nagisa, il lui faudra une certaine période d'adaptation. À l'intérieur d'une grande pièce de la demeure Senju a côté de ma mère je vois mes cousins ainsi que le patriarche descendant de Tobirama Senju. De ce que je savais ma mère et son cousin entretiennent de bonnes relations, elle aurait pu être à sa place néanmoins lui a concédé en sachant sa valeur, C'est un meneur et père attentif aux siens selon le nombre de fois où je côtoyais sa famille, sa femme Akisa était déterminée et aimante. Lorsque le conseil débute tout aussi résolue la princesse Senju exprime son attention clairement à nous, je pressens déjà la réaction de Shiro à ces mots. Kami Senju, Eiji Senju et Mitsuki Senju écoutent les deux individus calmement, ma sœur reconnaissait ses fautes sans se démonter devant lui. Mitsuki observe les réactions autour d'elle, se faisant une analyse de la situation tout le long et comment réagir. Agir de manière irréfléchi serait alimenté une dissonance et ne rien dire passer inactif. Elle jette un regard à sa fille aînée et cousins avant de prendre la parole.

- Je comprends le point de chacun néanmoins vous renvoyez les fautes commises ne mènera à rien de concluant.  Nous sommes ici pour ecouter la réclamation de Shihone Senju en tant que successeur de l'actuel chef.  Je suis celle qui aurait du reprendre la tête du clan à l'origine,  cela dit ce que j'ai vu en Shiro Senju m'a convaincu de ses intentions et qualités de meneur, il a maintenu le statut de notre clan jusqu'à présent. Je lui suis reconnaissante de l'implication dont il fait preuve.  Shihone,  ce que tu réclame est une place loin d'être simple a assumer,  je te sais capable d'y parvenir.  Tu as les predisposions mais faut-il prouver ta motivation à travers tes choix et actions,  en choisissant la revendication tu marche sur un chemin où tu devras démontrer ta force de caractère et raisonnement.  

- Je suis en réfléchissant à la meilleure façon de déterminer qui doit rester ou succéder à part équitable,  je pense donc qu'une confrontation entre un désigné du chef actuel et, la prétendante Shihone se fasse afin de voir si sa volonté est assez forte pour nous convaincre,  sagesse et raison vont de paire avec la détermination et le courage de progresser en se connaissant.  Non seulement nous-même mais le monde alentours.  Si le reste du conseil est prêt à approuver ma proposition nous pourrons procéder à un choix unanime.

Dit-elle en maintenant une lueur tenace dans ses yeux qui indiquait à autrui sa position sur ce sujet,  médiatrice ainsi qu'une femme forte de la lignée d'Hashirama. Ils songent à la proposition établit sous un timbre clair et éloquent.  kami et Eiji se joignent a ce moyen de résoudre la question d'un même élan. Kami s'adresse aux deux individus posément.

- Shiro Senju,  tu choisis un représentant qui se battra en ton nom,  il te défendra le long du combat contre la prétendante au titre.  Quand à toi Shihone sache les enjeux au cas où tu ne peux remporter , ton adversaire permettra au patriarche de conserver sa position. La force réside dans le corps et l'esprit,  sans raison ne nous pouvons discerner nos erreurs et y remédier.  Sans la volonté tu ne peux surpasser tes limites,  tous obstacles se dressant devant toi.

Dit-elle d'un timbre sûr et confiant,  il vient ensuite la voix d'Eiji Senju.

- Être chef n'est pas qu'une fonction, il requiert de penser aux autres avant soi,  mettre en avant leur besoin au détriment du tien parfois. Un chef ne sachant écouter ceux qui le soutiennent ne peut agir avec du bon sens et une vision d'ensemble juste car les imprévus sont fruit du hasard,  on ne prévoit nos actes à l'avance car la vie est ainsi.  Retiens bien qu'en gagnant ce combat tu te pense plus a toi seul,  l'intérêt du clan passera aussi bien. Shiro continue a nous montrer cela malgré le poids sur ses épaules,  sauras-tu en faire autant tu es celle qui doit me le prouver.

Finit-il d'un ton franc et réfléchi,  l'homme était attaché à ses parents et la notion qu'incombe la volonté du feu. Leurs enfants respectent leur décision en prenant conscience de l'importance de leur dires. La salle s'imprègne de l'atmosphère ambiante...

Le patriarche garda son regard calme, sa colère et son mépris intact. Shihone n'avait rien d'un chef, rien d'une meneuse, ce n'était encore qu'une gamine pleurnicharde qui n'avait même pas été fichue d'accomplir le simple devoir reproductif auquel Mitsuki l'avait si justement cantonnée. Il lui adressa un regard d'ailleurs et la remercia d'un signe de tête respectueux lorsqu'elle loua ses qualités, mais lorsque les autres prirent la parole, Shiro réclama un thé.

Irrespect ? Condescendance ? L'homme avait hâte de voir comment la rosette allait prendre cette action, car, à la vérité, le Senju avait cette manie depuis fort longtemps et avait pu tester de nombreuses fois comment un seul petit signe de désintéressement pouvait pousser à la faute le plus orgueilleux des soldats.

« Un combat, en êtes-vous sûr, mes amis ? entama le vénérable shinobi en soufflant délicatement sur sa tasse.

Le regard grave de Kami se posa sur son chef et l'homme lui sourit calmement. Malgré son âge, ses gestes demeuraient aussi souples que précis, d'un minimalisme travaillé par les ans. Shiro Senju pouvait se défendre seul, mais son vrai talent demeurait ailleurs, un talent que l'on venait d'ailleurs de vanter.

- Sommes-nous revenus en des instants primaires où les Hommes ne savaient que résoudre leurs conflits dans le sang ? Est-ce le retour de nos lointains rivaux qui vous échauffe la sève en ce sens ? Peut-être certains parmi vous désirent-ils mon approbation pour assouvir quelques pulsions ? questionna le patriarche en maîtrisant sa respiration entre chaque phrase. Que ceux qui ont songé répondre positivement disparaissent de ma vue, définitivement, ordonna-t-il d'un ton dur en reposant enfin son regard froid sur sa principale interlocutrice.

Personne ne bougea, mais des yeux se baissèrent et une tension manifeste plana dans la salle de réunion. Shiro était un homme réfléchi, un orateur et un shinobi aussi craint que respecté. Qu'allait donc pouvoir lui opposer Shihone ?

-Feu Hashirama-sama désirait la paix. Au milieu des bains de sang, il a rétabli le dialogue, a donné une voix à ceux qui n'avaient pas la force de s'imposer. Le rôle de chef de clan n'est peut-être qu'une fonction pour certains, une décoration pour d'autres, ou même un simple caprice, la réalité de la chose est qu'un seul doit se vouer à cette majorité qui croit en lui et non pas l'écraser ou même la dominer.

Marquant une pause et prenant une gorgée de thé, Shiro écoutait les chuchotements avant de reprendre.

- Pensez-vous toujours à me défier ou avez-vous enfin une idée capable de rendre votre ancêtre fier de vous, Shihone-chan ? »