Senju Soko Arakai

Comment décrire ce que la nature a crée de plus parfait sans omettre le potentiel risque de ne point pouvoir lui rendre justice ? Vous osez me demander à moi, de me présenter, de me décrire, alors que nul adjectif sur terre ne serait capable de me poser sur le digne piédestal qui est le mien ? Soit… Pour cette fois seulement je bafouerais l’interdit et utiliserais un vocable que des petites gens puissent comprendre… Mais cessez de soutenir mon regard, qu’un gueux pose ses yeux sur moi me révulse…

Il faut savoir que le ciel m’a doté d’un physique parfait, et encore, c’est peu dire. Mon visage a la forme délicate, possède un front légèrement bombé recouvert d’une délicate mèche de cheveux d’un blanc neigeux. Une longue parure, tel un long voile de soie, ondule dans mon dos, éblouissante tant cette couleur d’un blanc évoque la neige même, les reflets de l’astre solaire pouvant presque brûler lorsque ceux-ci s’y reflètent. Des yeux vairons, l’un bleu, l’autre vert. Des yeux qui malgré cette magnifique dualité, ne me plaisent guère, ceux-ci étant étriqués, petits, renforçant le regard perçant et sournois que je peux des fois jeter à autrui. Oui… Un regard glacial, presque dénué de vie paraitrait-il. Je n’en ai que faire au final… Car je sais que celui-ci s’allume d’un brasier ardent dès qu’il admire les choses dignes de l’être. De fines lèvres légèrement rosé, qui s’articulent pour déverser des paroles tantôt délicates, suaves (après tout je sais garder contenance, flatter les gens, mais aussi paraître le plus normal possible en société), tantôt acerbes et cinglantes, sifflantes et cruelles.

Un corps long et filiforme, presque maigre pour certains, cachant une légère musculature juste assez développée pour permettre de combattre, sans pour autant pouvoir rivaliser avec les guerriers les plus sauvage dont le cerveau est inversement égal à la masse musculaire. C’est pourquoi j’ai toujours préféré un style de combat sournois, jouant plus de ma flexibilité et de ma souplesse, de ma finesse, que d’une force implacable. Sous mes vêtements, mon corps comporte de nombreuses marques, rappelant les nombreuses mutilations et expériences que je me suis imposé à moi-même dans ma quête de venins et autres techniques létales. Le niveau vestimentaire reste des plus rudimentaires. Pourquoi chercher diverses fioritures car on se suffit à soi même ? Je n’aime porte que des vêtements plus ou moins traditionnels, yukata ample par exemple.

Chante, chante avec moi petit homme. Chante avec moi la symphonie de la folie, douce beauté qui à jamais illuminera ton corps des milles fleurs de la sublimation !

Bel homme je suis, bel homme à jamais oui… Que dis-tu petit être ? Narcissique moi ? Allons bon, je ne fais qu’énumérer une réalité. Rien en ce monde ne peut se comparer à moi, rien oui… Même le sombre reflet de ce miroir n’est que pâle imitation de ce que je représente. J’aime tant me contempler, m’admirer sous toutes les coutures, après tout c’est normal ! Je ferais sûrement pâlir la déesse Lakshmi elle-même ! Mais ma beauté a un prix oui… car tout me paraît si fade, si laid en comparaison… Tout doit être beau, plus beau encore… Je sublimerais tout cela, et je t’entraînerais dans les bras de la mort dans un linceul de couleurs. Ta souffrance sera enivrante, ton désespoir sera le chant d’un cygne, ton dernier souffle… une perle aux reflets de cristal.

J’ai beau faire parti d’un monde, d’une cité où tout semble si beau, si gentil, cela m’écœure. Cette niaiserie n’est que le reflet de la crasse humaine tapie au plus profond de nous. Je suis la plus belle créature sur terre, mais je ne renie pour autant pas le miasme répugnant qui fourmille au fond de moi. Pourquoi donc rejeter ce qui fait de moi un homme ? Cruauté, violence, luxure, avarice, colère… Je n’inhibe aucun de mes désirs, aucune de mes pulsions. Tu te dresse devant moi petit homme ? Alors je te ferais goûter milles souffrances aux jardins de la mort. Laisse-moi être ta dernière vision, et t’enlacer d’une étreinte mortelle. Foule donc les roses de la perdition à mes côtés, et tu découvriras le véritable parfum de la fin.

Sauvage, je ne me laisse pas cueillir ou piétiner si facilement. La pitié n’est que le bouclier des faibles, la douceur sur le champ de bataille n’est que le verbe utilisé par les faibles et lâches. Je me complet à détruire, éliminer les ignares qui se dressent contre moi. Je sème la belle mort derrière moi, semant les graines d’un édifice mortuaire, afin de me repaître de ce paysage que j’aurais moi-même crée. Je ne connais que peu la clémence, autant pour mes alliés que mes ennemis. Ah mais attendez… alliés ? Ou plutôt appâts et dommages collatéraux ? Bon… Cela ne que bien peu d’importance au final.

Oh ? Mince alors… Je n’ai fais que parler de la violence qui m’habite… Pourtant je reste un homme de grâce. Ai-je déjà dit que je suis beau ? Ah oui en effet… Et par conséquent, j’aime la beauté. Un de mes rares passe temps dénué de brutalité, et plutôt emplie de candeur, c’est ma volonté de couvrir des plus belles plantes ce monde afin de le sublimer. Même si les racines de celles-ci doivent baigner dans le sang. Oups, j’avais parlé de candeur, reprend toi mon grand…

Un de mes points faibles ? Les femmes, à condition qu’elles soient belles et dignes. Telles de frêles pousses, j’aime les cueillir, fraiches, délicates, afin de mes doigts en écarter les pétales et de récolter le pollen sucré qui les habitent. Je me sers souvent de mes charmes d’ailleurs… Afin de séduire des femmes qui pourraient m’être utiles. Et si celles-ci sont assez fortes pour résister à mon simple physique, je n’aurais aucune honte à me servir de mes capacités pour les amener à m’aimer. Les pions sont toujours utiles après tout.

Aucun homme ne naît unique, spécial. Il y a toujours des conditions qui rendent parfois un homme diffèrent des autres, mais tout créature peu importe sa condition naquit pure, simple et innocente. Comment pouvait-on donc douter, qu’un enfant de paria, allait un jour devenu un monstre d’égocentrisme et dont la douceur pouvait égaler la cruauté, le cynisme le tact et la beauté ? Beaucoup disent être née un sombre soir de pluie, ou tout simplement lors d’une nuit étoilée, où la reine nocturne se pare d’une immense robe de diamant. Mais notre homme était née une banale journée d’été, alors que le printemps se terminait. La naissance n’aurait pas du se produire à ce moment là, ainsi, était-ce un signe, l’être de beauté naquit au milieu d’une magnifique roseraie.

Pas d’enfance tragique non, juste celle d’un petit enfant roi élevé par deux êtres reniés par le reste du clan car portés sur une vision bien trop totalitaire. En effet selon les parents de ce petit être, les dirigeants du pays étaient beaucoup trop permissifs, laxiste. Il fallait redorer le blason des maisons fondatrices, et prouver que les plus grands noms du monde étaient dans le royaume des flammes, et non dans les autres domaines de ce monde. C’est pourquoi, mal vus par leurs pairs, ils s’étaient isolés, accomplissant leur devoir, mais ne se mêlant plus à la faible populace du village caché de la feuille. Elevé ainsi isolé, choyé, aimé, le petit garçon allait développer un égo démesuré. Après tout, il ne pouvait en être autrement. Considéré comme un petit prince par ses parents, tous ses caprices étaient assouvis. Se baladant, dansant telle une chimère, le petit homme passait ses journées à déambuler, absorbé dans les rêves et l’onirisme, son sens des réalités allait peu à peu s’altérer pour ne baigner que dans l’étrangeté de ce petit monde qui avait tissé autour de lui, empreint de beauté, de colère et de haine. Il se pensant spécial déjà, et ce sentiment ne faisait que grandir au fil des années alors cet orgueil ne faisait qu’enfler par les douces flatteries de ses parents. A présent, même le jardin qu’ils avaient eux même crées était fade, car la beauté de cette luxuriante nature ne pouvait plus l’égaler lui. Il savait qu’il possédait le même pouvoir que ses parents, ainsi Arakai se jura qu’un jour, il arriverait à créer un jardin capable de rivaliser avec sa beauté et son extraordinaire personne, et que pour ce faire, il devrait sublimer son pouvoir qu’était celui de manipuler la nature même.

Animé par l’ardente furie de ses parents, il était entré dans l’académie ninja dès qu’il fût assez grand pour se faire. Bien que sa seule famille ne voulait pas l’y voir entrer, par peur que le petit homme finisse par se faire emporté dans le flot des idéaux de Konoha, se faire corrompre comme ils disaient, et ne porte plus le sentiment de puissance et d’absolutisme qui devrait être sien. Mais cela ne fut que le contraire. Evoluant au milieu d’enfants qui n’avaient rien de spécial, une populace ordinaire, qui semblait à ses yeux l’engeance crasseuse sortie d’une boue malodorante, l’enfant s’était isolé des autres, ne se montrant au milieu de cette basse engeance que manifester l’étendu de son talent et de ses capacités, de sa beauté innée et superbe. Il se démarquait des autres, surtout par son arrogance, son franc parlé dérangeant, et son immaturité qui démontrait encore qu’il avait vécu cloisonné dans une bulle, dans un monde personnel d’où il n’évaderait jamais.

Le reste de l’histoire de cet homme reste sans importance. Il se contentait ainsi de jouer l’élève modèle, embarquant à ses côtés le masque des faux semblants, flattant ceux qui pouvaient l’aider, écrasant les autres, afin d’évoluer, de devenir une figure assez importante pour pouvoir convenir au nombrilisme qui le caractérisait. Ainsi, au fil des années, sans pour autant se mouiller dans de sombres affaires et dans les évènements du village, il parvint à monter en grade. Il ne faisait toutefois que peu parler de lui, jusqu’au jour où sa sombre personnalité finie par éclater au grand jour Malgré l’importance qu’il se donnait, il n’aimait guère se mouiller dans d’autres affaires que les siennes, et n’était bien souvent qu’un garde de haut grade, patrouillant au sommet d’une muraille déserte, ne flânant qu’avec les effluves de l’ennui et de la morne vie quotidienne. Jusqu’au soir où, deux silhouettes inconnues furent aperçues prêt des murailles. Deux ninjas à en juger leurs façons d’agir, de se mouvoir. Le combat ne  fut guère reluisant, les deux hommes n’étant que peu combattif, plutôt faibles même. Mais ce qui marqua les esprits ce soir là, ce fut de découvrir leurs deux cadavres défigurés par la douleur, marqués et souillés. Ce n’était plus que deux poupées de chiffons couvertes de sang. N’ayant pu obtenir pacifiquement de réponses d’eux, il s’était occupé de les interroger à sa façon, singulière, brutale, nauséabonde. Mais même ainsi, il fut impossible d’obtenir quoi que ce soit d’eux, un sceau les empêchant de parler ayant été découverts sur leurs langues.

Une sanction aurait du tomber, mais du fait qu’il faisait partie du clan Senju, qu’il restait un ninja médecin doué, il fut tout simplement muté dans la brigade d’interrogation du village, où il pouvait donner la pleine mesure son talent, et laisser éclater dans la pénombre sa sombre nature perverse. Il aimait humilier, faire souffrir ces prisonniers, car il se voyait comme l’ange de beauté, qui de ses capacités, mutilaient les hérétiques, et les transformaient en œuvre d’arts dignes de lui.

La légende d’un psychopathe narcissique était en train de pousser, au cœur même d’un océan de flammes.

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